MOTTA Massimo (Père)
Monza, 2 juillet 1957 - Rome, 13 avril 2021 (Italie)
« Durant ces journées de deuil, voici l’expression reprise le plus souvent sur les réseaux sociaux : “Merci, Seigneur, de nous avoir donné le P. Massimo.”
Nous aussi nous remercions le Seigneur de nous avoir fait don de Massimo.
D’un point de vue simplement humain, nous serions tentés de dire que Tu as été sévère avec lui. Une poliomyélite l’a contraint à marcher, non sans difficulté, avec des prothèses et des béquilles avant de lui imposer le fauteuil roulant. Ce n’était pas facile pour lui de suivre le rythme de vie des autres en communauté !
Cependant l’expérience nous dit que Tu sais faire de chacun de nous un don de Ton Amour pour beaucoup de gens. Lorsqu’on se met à ton écoute, à l’écoute de Ta Parole, Tu sais offrir à chacun des capacités insoupçonnées.
Il en a été ainsi pour Massimo. Fragile et robuste à la fois, il ne s’est jamais avoué vaincu face à son handicap physique. S’il n’a pu escalader les montagnes, il a néanmoins entrepris une ascension vers là-haut, vers le Très-Haut, avec la ténacité qui le caractérisait.
Nous sommes nombreux à nous rappeler son visage arrondi qui surgissait dans l’encadrement vitré de la salle d’accueil de l’Hôpital de Carate Brianza (Lombardie). C’est avec un grand sourire accueillant que Massimo donnait toutes les informations dont on avait besoin. C’était le visage d’un jeune qui, dès cette époque-là, essayait de pénétrer l’âme des personnes. Sans doute était-ce là le fruit de la fascination qu’exerçait sur lui Celui qui « scrute le cœur » des hommes et qu’il commençait à mieux connaître.
Massimo écrira sur l’image-souvenir de son ordination : « Apprends-moi, Seigneur, dans le silence de Ta Présence, à lire les signes des temps et à “glisser” cette graine que tu as placée en moi chez ceux qui m’approchent, comme Marie Ta Mère l’a semée après l’expérience de la Croix de Ton Fils. »
C’est à un âge mûr qu’il avait décidé de suivre de près ce Maître dont il « lisait la Présence dans le silence », en premier lieu au séminaire San Pietro à Seveso, puis dans la communauté de formation des Pères de Bétharram à Sala Baganza en Emilie-Romagne et enfin à Albavilla (Lombardie).
A 43 ans, à l’aube du nouveau millénaire, il écrivait aussi le jour de son ordination presbytérale : « Prends, ô Seigneur, la graine que tu as placée en moi. Renforce-la par le don de Ton Esprit, pour que grandisse en moi le courage de la foi. Disperse-la où tu voudras. Dépose-la dans le cœur de celui qui souffre et qui est loin de Toi. »
Et le Seigneur a semé la graine de sa Parole, déposée, germée et mastiquée en lui, dans le cœur des personnes de la paroisse de Montemurlo en Toscane, de celle de Santa Rosa à Rome et puis, pendant près de vingt ans, dans la Casa Famiglia pour les malades du sida de Monteporzio Catone, sur les collines au sud-est de Rome.
C’est au cours de ces années vécues près de Rome, qu’il a connu le « Cammino delle 10 parole » (Chemin des dix paroles) et qu’il a pris part à cette forme originale de catéchèse qui est désormais répandue dans toute l’Italie : elle aide les personnes à relire les commandements non seulement comme des règles à observer, mais aussi comme des messages les aidant à réaliser pleinement leur vie.
Le P. Massimo y a découvert le noyau profond de sa propre vie de prêtre : annoncer à tous les 10 Paroles qui aident à découvrir le sens de la vie.
Pendant cette dernière et terrible année marquée par la pandémie, le P. Massimo a su associer le thème choisi par notre Congrégation (« Sortir de soi pour aller à la rencontre des autres et porter aux autres la joie de vivre ») à l’engagement et à l’urgence d’annoncer ces 10 commandements, promulgués sur le Sinaï, puis renouvelés et revivifiés par Jésus.
Etre une « église en sortie », thème si cher au pape François, peut résonner de manière ironique pour Massimo, bloqué dans un fauteuil roulant, comme pour chacun de nous, cloîtrés chez nous. Mais pour lui, toujours déterminé et entreprenant, cette année a été au contraire l’occasion d’utiliser tous les moyens – Internet, téléphone, whatsapp, célébrations en streaming – pour entrer dans les maisons des amis et annoncer la Parole, pour consoler, diriger spirituellement et encourager. C’était son ministère le plus spécifique.
La graine de la Parole, déposée dans son cœur, continue aujourd’hui de germer et de donner des fruits dans le cœur de beaucoup de ceux qui l’ont connu.
Il avait cité, toujours sur l’image-souvenir de son ordination, ces mots du Psaume 83 : « Heureux les hommes dont tu es la force : des chemins s’ouvrent dans leur cœur ! Quand ils traversent la vallée de la soif, ils la changent en source. »
Merci Seigneur, merci de nous avoir donné le P. Massimo. Dans notre vallée de la soif, il a fait jaillir une source d’eau cristalline.
(extrait de l’homélie lors des obsèques)
P. Piero Trameri scj
Vicaire régional
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