LIETTI Giuseppe (Père) - Italie
Rho, 17 décembre 1939 – Albavilla, 17 septembre 2021 (Italie)
Extrait de l’homélie pour les obsèques du P. Giuseppe.
« Sois pour les croyants un modèle par ta parole et ta conduite, par ta charité, ta foi et ta pureté. En attendant que je vienne, applique-toi à lire l’Écriture aux fidèles, à les encourager et à les instruire. Ne néglige pas le don de la grâce en toi, qui t’a été donné au moyen d’une parole prophétique, quand le collège des Anciens a imposé les mains sur toi. » (1Tm 4,12-14)
A l’écoute des lectures de ce jour, les correspondances entre ces quelques mots et la vie du P. Lietti s’imposent immédiatement à l’esprit. Le message que le Seigneur nous a envoyé à travers sa vie – comme Il le fait avec la vie de chacun de nous – apparaît dans toute sa clarté. [...]
L’application à la lecture, aux encouragements affectueux et amicaux et à l’enseignement, est une constante dans la vie du P. Lietti.
Ses nombreux amis le savent bien : le seul cadeau que le P. Lietti pouvait leur demander était la dernière édition parue des livres de ses maîtres dans la foi.
Les centaines de fiancés qu’il a préparés au mariage n’ont guère oublié ces rencontres au cours desquelles il les submergeait de notes, de devises, d’aphorismes, de phrases à garder en mémoire. Ils se rappellent aussi le recours qu’il faisait volontiers aux techniques modernes du langage pour transmettre l’Evangile de l’amour.
Les fidèles du cinéclub d’Erba (sa ville de naissance, en Lombardie) se rappellent encore ses compétences et le professionnalisme dont il faisait preuve lorsqu’il présentait les films pour ensuite mener le débat, en partant des contenus présentés parla projection, pour aboutir aux problématiques les plus diverses sur la culture et le monde moderne.
Ceux de nos frères qui ont vécu avec lui connaissent la mer houleuse de dossiers, de coupures de journaux, d’images sur laquelle il naviguait tout à son aise, retiré dans sa chambre ouverte sur le monde entier.
Il aimait répéter qu’un chrétien devait avancer dans la vie avec l’Evangile dans une main et le journal dansl’autre. C’est ce qu’il a fait et enseigné jusqu’à son dernier jour.
Il nous a aussi appris, suivant saint Paul, à ne pas négliger les dons que le Seigneur a déposés dans le cœur de chacun ; il nous a enseigné à cheminer avec confiance quels que soient l’époque, la saison de la vie, l’environnement social et individuel, en restant humblement attentifs et redevables aussi aux nombreux maîtres de notre temps, toujours éclairés par la Parole venue d’en-haut jusqu’à nous pour qu’elle se répande dans le monde, et pour illuminer les recoins les plus obscurs.
Il nous a appris à regarder autour de nous avec une confiance inébranlable et dans une attitude presque enfantine : celle d’un enfant dans les bras d’une mère et d’un Dieu qui est à la fois Père et Mère.
C’est la confiance et la jeunesse d’esprit avec lesquelles il avait soutenu et animé un camp d’activités en Calabre, expérience marquée d’une pierre blanche pour certains [...].
C’est avec cette même confiance que ces dernières années il avait pénétré, disait-il, dans les bois, se détachant progressivement de tout, des choses matérielles, s’installant dans le silence, en quête d’absolu et en se préparant à la rencontre avec le Seigneur, qui a eu lieu subitement ce mercredi matin.
Une attitude que le P. Lietti avait apprise dans l’Evangile, qu’il avait faite sienne et enseignée à l’école, dans les rencontres comme dans la vie, était l’accueil de tous, sans exception.
Toujours considéré un peu comme un border line en raison de ses idées politiques, du choix de ses maîtres de vie, et du fait qu’il rompait avec la norme, il a incarné, rendu visible et concrète, l’attitude de Jésus, venu sur terre pour sauver l’humanité, pour annoncer la Miséricorde du Père pour les justes comme pour les pécheurs... Ou disons plutôt pour les pécheurs et les soi-disants justes.
« C’est la miséricorde que je veux, et non les sacrifices ; non pas les offrandes mais la communion avec moi » (Mt 12,7) : telle était devenue la devise de sa vie. Il aimait parler de l’ « Eglise du tablier » de Don Tonino Bello, voulue par Jésus, celle qui lave les pieds de ses disciples et qui est aussi celle de la femme pécheresse de la ville, qui parfume les pieds de Jésus et les sèche avec ses cheveux.
Je remercie le Seigneur de nous avoir donné le P. Lietti (Pinuccio pour ses amis) qui nous a transmis l’amour pour la Parole de Dieu et pour tous les mots des hommes de notre temps, qui a témoigné en toute circonstance de la miséricorde du Père et nous a appris à nous préparer sereinement à la rencontre avec Lui.
Que le Seigneur l’accueille dans ses bras miséricordieux. Amen.
P. Piero Trameri scj
Vicaire régional
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