DUCA Giovanni (Père) - Italie
Talamona, 18 juillet 1927 – Albiate, 27 septembre 2021 (Italie)
Extrait de l’homélie du P. Jean-Luc Morin scj, Supérieur régional, lors des obsèques du P. Giovanni Duca, décédé le jour de ses 75 ans de vœux religieux, le 27 septembre, fête de saint Vincent de Paul, formateur de prêtres et apôtre de la charité.
Un jour, à table, au réfectoire de notre maison d’Albiate, j’évoquais mon manque d’inspiration pour un temps spirituel que je devais animer. Aussitôt, le P. Giovanni me raconta cette anecdote : « Dans les années 90, à l’occasion d’un congrès d’aumôniers de l’Action Catholique à Rome, nous avons été reçus par Jean-Paul II. À la fin de l’audience, le chef de la délégation a présenté les participants un à un. Lorsque ce fut mon tour, il a murmuré à l’oreille du Pape : “Le Père Duca : un grand prédicateur.” “Alors, mon Père – m’a demandé le Pape –, combien de carêmes allez-vous prêcher cette année ? – Très Saint Père, ai-je répondu, il y en a trop, d’autant que j’ai du mal à me renouveler. » Réponse du Pape : « Voulez-vous un sujet ? Le voici : Dieu ne se lasse jamais de nous aimer et de nous pardonner. Tout est là. Dieu ne se lasse jamais d’aimer... Nul besoin de chercher autre chose ! » [...]
Tout au long de sa riche existence, le P. Giovanni a employé toutes ses énergies, qui étaient nombreuses, à faire connaître et aimer Dieu, ce Père qui a pour nous un cœur de mère. On ne compte plus les retraites, triduums, récollections (notamment pour ses chères « petites dames », comme il les appelait, avec une affection qu’elles lui rendaient bien), Quarante-Heures et bien évidemment les sermons qu’il a donnés avec un grand talent oratoire, et par-dessus tout un grand cœur. Il avait un don particulier pour la prédication, ce dont il était conscient, avec parfois une pointe d’orgueil. Comme le constatait un de ses confrères, dont les homélies imprégnées de haute théologie n’accrochaient guère les fidèles : « Au Père Duca, en revanche, il suffit de monter en chaire et de dire : Jésus de sa voix profonde, pour que tout le monde l’écoute bouche bée ! »
Homme de prédication, c’était aussi un homme d’écoute. Il savait stimuler, remonter le moral ; il savait aussi consoler, porter à bout de bras. Il parlait de Dieu aux hommes et des hommes à Dieu, en priant le chapelet, seul dans sa chambre, de bonne heure le matin, ou en recevant ses dirigés au parloir communautaire. Ses frères n’ont pas oublié les nombreux coups de sonnette ou de téléphone de personnes en quête du P. Giovanni, et surtout d’un dialogue de foi et d’espérance.
Il a écouté et absout des centaines de Religieuses à Asso, Erba, Mandello, Albese, Côme, et tant d’autres communautés. Il a accueilli et accompagné de nombreux jeunes du collège de Colico ou des multiples patronages de la Brianza, des couples qui se préparaient au mariage, des familles dans leur parcours de vie, avec une attention particulière pour les veuves. Il a peut-être passé plus de temps au confessionnal qu’en tout autre endroit. [...]
Le P. Giovanni avait une grande dévotion pour Notre Dame. Quoi deplus normal pour un fils de Marie...Ciocchina, épouse Duca ! Sa maman ne lui a adressé qu’une seule recommandation quand il est devenu prêtre : « Promets-moi de ne jamais dire non lorsqu’on fera appel à toi pour le ministère. » Le Me voici, cher à notre fondateur, il l’a vécu à la première personne, en vrai prêtre du Sacré Cœur. Quand on lui demandait un service pastoral, il était toujours prêt, disponible : « J’y vais », disait-il avec empressement. Même fatigué, il ne s’est jamais dérobé à l’appel d’un curé, ni d’un Père ou d’une Mère supérieure. [...]
Permettez-moi une dernière anecdote, significative de sa personnalité et du message qu’il nous laisse.
Il y a quelque temps de cela, jem’étais ouvert à lui de certains doutes existentiels. « Ne te demande pas si tu as bien fait ou mal fait », m’avait-il dit. « À la fin de la journée, pose-toi une seule question : le Seigneur sera-t-il content de moi aujourd’hui ? »
Eh bien, à la fin de sa vie, au premier jour d’éternité, l’important est que le P. Duca ait entendu dire, comme nous l’avons si souvent senti à son contact : « Je suis content que tu sois là. Giovanni, entre dans ma joie. » Nous y voilà.
Merci, mon Père. Repose sur le Cœur du Seigneur. Pour toujours.
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