LEÓN RAMÍREZ CARDOZO Rogelio (Père) - Paraguay
Ybycui (Paraguay), 16 septembre 1936 - Asunción (Paraguay), 9 août 2012
Rogelio León Ramírez Cardozo est né le 16 septembre 1936 dans la ville de Ybycui, au sein dune famille qui vivait les valeurs authentiquement chrétiennes, et il est parti vers la Maison du Père, le jeudi 9 août 2012, pour y célébrer la pâque définitive.
Très tôt ses qualités de navigateur et pêcheur se sont révélées. Lui-même racontait quavec son frère, ils constuisirent une grande poubelle (qui devait ressembler à un canoë rustique) qui servait, à la saison de la pluie, à pêcher et naviguer ensemble sur la rivière qui longeait la ville.
Cest ainsi quil manifestait sa créativité et sa capacité à affronter les grands défis. Ces qualités, vécues avec le Seigneur, lui ont servi plus tard à devenir ce pêcheur dhommes convaincu et passionné.
Depuis sa jeunesse, il a entendu en lui lappel du Seigneur à devenir pêcheur dhommes dans le ministère presbytéral. Il a été dirigé vers le collège San José à Asuncion, où se trouvait lapostolicat pour y continuer les études avec les autres séminaristes. A la fin des études secondaires, il est allé à Buenos Aires (1958), dans le cadre du séminaire Notre-Dame de Bétharram dAdrogué où il fit son noviciat, les études de philosophie puis de théologie jusquau moment de son ordination en décembre 1964.
Le P. Rogelio a su conquérir le cur de tous ceux qui ont eu la chance de le connaître. Depuis le noviciat, mettant en pratique ses connaissances, son inventivité, sa créativité ainsi que ses dons, il a su régler tous les problèmes de vie commune et les détails de la maintenance dans le séminaire de Bétharram. Armé de sa guitare, de la flûte et même de lharmonium quil avait fabriqué (il enseignait aussi bien à ses compagnons comment en jouer), il ne trouvait jamais à sennuyer lors de ses après-midis libres. Loptimisme et un enthousiasme authentique, joints à la passion de la vie, rayonnaient de sa personne et se transmettaient à tous ses compagnons de route. Peu après son ordination au presbytérat, il sest dépensé dans lenseignement comme professeur à lapostolicat dAsuncion. Cétait sa base de départ pour dinnombrables voyages vers lintérieur du pays sur sa moto (Caazapa, San Juan, Ybycui, Encarnacion, etc.) sinvestissant dans la pastorale vocationnelle, invitant les jeunes rencontrés à se consacrer dans la vie religieuse et le ministère. A la demande des supérieurs, il est allé au collège San José de Buenos Aires en tant quadministrateur pour une brève durée. De retour au Paraguay, il devient directeur du collège apostolique San José (1979-1984) passant de là au collège San José de Ciudad del Este (1985-1990).
Comme supérieur de la Vice Province Notre-Dame dAsuncion (1991-1998), il a accompagné chacun des religieux de la congrégation. Il a pu aussi partager sa riche expérience spirituelle bétharramite avec les séminaristes, les prêtres, les religieuses et les couples. Il inspirait tellement la confiance : il sut être père, frère, directeur spirituel, conseiller pour les couples, pasteur, compagnon, ami offrant généreusement son aide à tout instant. Ce qui est sûr, cest que ceux qui firent appel à lui, aussi bien anciens séminaristes, anciens prêtres que personnes âgées, malades, enfants de la rue, tous, tous les petits du Seigneur, ont rencontré le conseil et laide quils espéraient. Personne ne repartait dune telle rencontre les mains vides. Quel cur ! Il répétait souvent : « lami et le frère, cest celui qui taccueille et taide avant que tu ne fasses appel à lui. » Le P. Rogelio a eu le privilège de découvrir Marie et Joseph dans leur terre natale. Il a vécu à Nazareth, comme aumônier des carmélites (2002-2003) où il a développé une profonde spiritualité mariale. Puis il est devenu curé de la paroisse du Sacré-Cur de Jésus à 7 km de Ciudad del Este (2004-2008), de Saint-François-Xavier de la Colmena (2009-2011) et Saint-Joseph dAsuncion (2012). Il a assumé aussi la responsabilité de conseiller national des cours de christianisme. En mai, à peine sorti du sanatorium, il a continué de prêcher la retraite à des couples. Il avait ce refrain : « Comme prêtres, nous devons avoir lobjectif prioritaire de lévangélisation des familles et de la formation des communautés, sinon la foi se délitera sans le partage communautaire. »
Nous saurons apprécier dans la vie ministérielle du P. Rogelio la profondeur de sa foi et sa paix intérieure, sa charité et sa sensibilité, sa force et sa ténacité dans les luttes, sa patience et sa sagesse dans laccompagnement spirituel. Toutes ces qualités et vertus, il les puisait dans les visites quotidiennes prolongées au Saint Sacrement, la prière quotidienne du Rosaire, la lecture assidue de la Parole de Dieu. Sa passion du Christ le conduisit à tirer de lEcriture le projet du Royaume de Dieu. Il disait encore : « si chaque jour nous lisons la Bible en la mettant en pratique, nous allons rencontrer le vrai chemin du bonheur.?» Convaincu de cette vérité, il apprenait par cur et récitait des phrases entières de la Bible dans ses homélies comme dans ses retraites. Nous en sommes les témoins nous qui y avons participé, comme de nombreux couples appartenant aux cours de christianisme qui ont vécu avec lui leur formation spirituelle. Son amour et sa passion pour la vie lont soutenu au moment du combat, sans faiblir contre les douleurs intenses que lui causait sa maladie. Cette acceptation de la volonté du Seigneur, sans la moindre plainte, a été une leçon essentielle en même temps quune invitation à tous les religieux et laïcs bétharramites, de renouveler notre fidélité à Jésus : « Cela vaut la peine de sacrifier tout à Jésus et pour le projet du Royaume de Dieu et pour sa justice.?»
Tarcisio Vera Acosta scj
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