Nouvelles en famille - 14 novembre 2009
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Dans les intempéries et dans l'itinérance
- 5mn avec Mgr Vincent Landel
- In memoriam: P. Dante Angelelli (1911-2009)
- 1959-2009: Bétharram en Côte d'Ivoire (8)
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Le mot du Père Général
Vous valez plus que les lys et les oiseaux
Je me rappelle le catéchisme de mon enfance : la Providence divine est le soin amoureux par lequel Dieu protège toute chose, spécialement les hommes. La Providence fait partie de notre foi en un Dieu Père qui est bon et cherche toujours notre bien, qui nous a créés par amour et qui, avec le même amour, veille sur nous pour nous garder en vie. Ce Père de bonté connaît bien nos limites et nos faiblesses, et veut que nous tirions profit de toutes les situations, favorables ou défavorables, pour grandir et mûrir. Le Bon Dieu nous protège afin de faciliter le déploiement du potentiel quil a mis en nous, dès la conception, et libérer ainsi le secret ressort de lamour dont parlait notre père saint Michel. Le Bon Dieu veille sur nous, tellement que si nous manquons de quelque chose, il nous le fait parvenir à travers la solidarité dun frère ou dune autre manière.
Je me rappelle aussi quen pleine crise de lArgentine, alors quil ny avait plus un peso dans la caisse provinciale, un inconnu a approché la communauté de Montevideo et lui a fait don de 30.000 dollars. Le Supérieur de la communauté envoya sa part à la caisse provinciale, de sorte quon a pu faire face aux échéances urgentes de la fin du mois.
Le 11 octobre, jai eu la joie dassister à la canonisation de Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Surs des Pauvres, à la basilique St-Pierre. Jai connu ces religieuses au Foyer Marin de la Plata, où elles soignaient le P. Antonio Perez,scj les derniers années de sa vie. Jai eu la grâce de leur prêcher une retraite annuelle. Je me souviens davoir vu, à lentrée du Foyer, une statue de saint Joseph et les billets lui demandant COUCHES, RIZ, LAIT, HUILE
Je me souviens que le P. Miner, de notre collège de La Plata, leur apportait de lhuile chaque mois. La crise se fait sentir aussi dans les dons. Des portes se ferment, mais dautres souvrent, mexpliqua Sur Maria del Monte. Beaucoup regrettent de ne pouvoir donner comme avant, mais dautres bienfaiteurs se présentent, nous recevons un legs inespéré ou les surplus dun magasin
Le monde a déjà traversé bien des crises, mais la Congrégation est toujours allée de lavant. Le Seigneur fait en sorte que laide nous parvienne
On a du mal à croire à la Providence en un temps où certains pensent que lhomme peut tout, ou peut arriver à tout pouvoir. Où il faut profiter de tout et où on cultive lillusion quon peut disposer de tout. Cette mentalité nous empêche de voir comment notre vie et celle de tout homme est remplie chaque jour dinterventions discrètes de Dieu, des « petits miracles », ignorés bien souvent de leurs bénéficiaires. Saint Michel Garicoïts le dit en ces termes : Il faut s'abandonner à la Providence, s'attendre à tout, quelque juste qu'on soit
Et puis, nous devons montrer, dans toute notre conduite délibérée, que notre parti est pris là-dessus et que notre cur est tout rempli de ce sentiment de complet abandon, sans lequel il n'y a pas même de vraie conversion. (D.S. 67)
Bétharramites, le vu de pauvreté fait de nous des hommes attachés à Jésus pauvre, confiants dans la Providence et détachés de tous liens de possession (R.V. 47). Sans la confiance en lattention aimante que Dieu a pour chacun, il est impossible de vivre sa foi. Il est tout aussi impossible dexercer des ministères risqués quant à la mission - soit par manque de moyens pour travailler auprès des pauvres dont on ne peut rien attendre du point de vue matériel, soit par persécution ou rejet de la foi. Croire en la Providence aimante de Dieu permet dêtre responsables, reconnaissants ; elle délivre de la cupidité, de la prétention que nous pouvons tout avoir et disposer de tout pour en retirer prestige, honneurs, influence. La foi en la Providence nous libère de toutes ces illusions et nous aide à vivre dans la vérité, en faisant notre devoir de façon responsable et fidèle, en gagnant notre pain dun effort soutenu, à la sueur de notre front.
Puissions-nous être capables de nous émerveiller de tant damour, lequel sexprime dans les mille détails de notre vie lorsque, sans trop savoir comment, nous faisons lexpérience de ce qui donne valeur et sens à lexistence. Car Dieu manifeste sa Providence à travers quantité de bonnes actions, réalisées par des anonymes, qui rendent meilleur. Par exemple, le soutien de bienfaiteurs pour plus defficacité dans notre mission et dans la promotion humaine. Puisse tout cela redoubler notre reconnaissance ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse ; il comble de biens tes vieux jours : tu renouvelles, comme l'aigle, ta jeunesse. (Ps 102,2-5)
La raison principale de notre foi en la Providence, cest la personne de Jésus : il était confiant et ému lorsquil pensait à la sollicitude du Père envers les petits. Je te loue, Père
(Lc 10,21) Comment retenir son émotion en écoutant ces si belles paroles de Jésus sur la Providence : La vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Voyez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n'ont ni greniers ni magasins, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! (Lc 12,23-24)
Le Père Auguste Etchécopar écrit... à son frère Maxime, le 21 novembre 1873
Nous sommes privés de tes nouvelles depuis un an. Dieu veuille que tu ne sois pas malade. Quant aux retards et aux pertes matérielles et dargent, patience ! Ne te décourage pas de ces contretemps, de ces accidents, de ces mécomptes si pénibles à la nature. Le laboureur comptait sur sa moisson et bâtissait tout un plan de bel avenir. La grêle passe. Dieu la voulu ! Courage, pauvre laboureur ; lépreuve est rude ; mais quand la moisson manque pour la terre, sache la récolter abondante pour le Ciel. Oh ! cher enfant, profitons de tout, faisons trésor éternel de tout, des succès et surtout des revers Et en avant toujours, en bénissant Dieu toujours et en disant : Ô Père, votre volonté et non la mienne.
Écris-moi, cher ami, la cause de ton long silence ; tu sais que jai un cur où tu peux déposer sans crainte tous tes soucis. Confiance en la Très Ste Vierge ; si tu souffres, si tu es désolé, Elle est là au pied de la Croix avec son Fils, qui mourait, abandonné de tous, et rendait son esprit. Ô Mère, source damour, donne-moi la force dans la douleur pour que je pleure avec toi. ( Stabat Mater).
Dans les intempéries et dans l'itinérance
Ce 14 novembre à Buenos Aires, le Fr. Sebastian Garcia est ordonné prêtre. Sa réflexion et son témoignage résonnent dautant plus aux oreilles et aux curs bétharramites.
Il y a quelques jours je suis tombé sur ce texte intéressant (2 Sm 7,5-6) : Va dire à mon serviteur David :Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que jy habite ? Depuis le jour où jai fait monter dÉgypte les fils dIsraël jusquà ce jour, je nai jamais habité dans une maison. Jai été comme un voyageur, sous la tente qui était ma demeure. Je lai aussitôt relié à ce passage du Nouveau Testament :Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de lhomme na pas dendroit où reposer sa tête. (Mt 8,20) Ces paroles mont donné à réfléchir. Beaucoup. Tout sest organisé dans mon esprit autour dune notion omniprésente dans la Bible : litinérance. En réalité, on peut comprendre tout le texte sacré à partir de lexode, depuis Adam, Abraham, Isaac, Jacob, Samuel, David, lexil à Babylone, Amos, Jérémie, Jean-Baptiste, Jésus et les Douze. Au fond, itinérance signifie exode, incessante sortie de soi pour se mettre en marche, ouvrir un chemin, vivre un peu en nomade. Cest lidée de Jésus rapportée par saint Matthieu : pas de demeure permanente ni de patrie définitive en dehors du Royaume.
Cest ce que confirme lÉvangile selon saint Marc (6,8-9): Et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce nest un bâton ; de navoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. Dans la perspective de la venue prochaine du Royaume, tout repose sur une confiance absolue en la Providence: Dieu prend en charge la vie du disciple. Doù lintuition personnelle quintempéries et itinérance sont deux faces de la même pièce.
On vit dans les intempéries quand on na pas de lieu propre où se sentir propriétaire de quoi que ce soit, à lexception de sa vie. On vit dans litinérance quand on fait de sa vie un long pèlerinage, sans domicile fixe où sankyloser, sans céder à la tentation de lenlisement et de lembourgeoisement. En réalité les deux sont intimement liées : pour tout chrétien, intempéries et itinérance sont deux traits de la suite radicale de Jésus. On remet toute sa vie à Dieu qui nabandonne personne et on vit en sortant sans cesse de soi pour procurer un bien aux autres, aux frères.
Si on envisage cela depuis notre charisme, je crois que tout prend sens. Nous, Bétharramites, avons été saisis par le Cur de Jésus anéanti et obéissant, disant à son Père : Me voici ! et par amour assume notre chair, cest-à-dire se fait pleinement homme. Nous suivons donc un Jésus qui na pas de demeure permanente ici-bas et vit constamment pour les autres, pour quils aient la vie en abondance.
Être bétharramite, cest donc faire des intempéries et de litinérance de Jésus notre propre projet de vie. En lui nous voyons ce que signifie ne pas avoir de lieu propre : il sort du sein du Père pour entrer dans le sein de Marie et se faire lun de nous. Et cet anéantissement le conduit à sortir en permanence de lui-même, pour uvrer au salut des hommes. Ce dépouillement est chaque fois plus grand, il atteint son paroxysme dans le drame de la Croix. Il nest pas dintempérie supérieure à celle dun Christ exposé, décharné, cloué sur la croix. Il nest pas ditinérance supérieure à celle dun Jésus parcourant les routes poussiéreuses de Judée pour manifester lamour de Dieu, se diriger résolument vers Jérusalem et donner ainsi un sens nouveau, définitivement sauveur, à la fête de la Pâque.
Toute la vie de Jésus balance entre intempéries et itinérance. Le Christ na dautre demeure que le Cur du Père, et le cur des hommes ses frères. Toute la vie de Jésus est renoncement au confort, à la stagnation, à la vie facile pour faire du cur des hommes sa demeure la plus intime et la plus personnelle. Vivre la vie sous langle de lintempérie et de litinérance est profondément bétharramite : nous sommes le camp volant de saint Michel, prêts à aller là où on nous appelle et partager aux autres le même bonheur, prêts à nous retirer quand on na plus besoin de nous.
Cest cet idéal que nous avons voulu vivre, au début de lannée, en formant à Barracas la communauté de pastorale éducative. Un groupe de religieux (6 prêtres et 2 frères) chargés du suivi pastoral des 8 collèges du Vicariat dArgentine-Uruguay. À partir de ce camp de base, nous faisons des visites périodiques dans les collèges. Nous assurons un nouveau type de présence, en nous situant avant tout comme des religieux. Nous parcourons les établissements avec une seule mission : procurer aux autres le même bonheur, en gardant le contact avec les élèves, en accompagnant des camps, des excursions et des retraites, en travaillant au côté des catéchistes et des directeurs, en rencontrant les parents délèves, en réfléchissant et en partageant avec les laïcs la pastorale densemble. Parfois, nous navons quune pièce dans les communautés où nous travaillons. Loin de nous enkyster dans le confort, cela nous donne la liberté suffisante pour nous incarner dans les diverses réalités dArgentine et dUruguay.
Cest une semblable itinérance que vit la communauté religieuse en pastorale missionnaire, perdue au nord de Santiago del Estero, là où le pays souffre. Trois religieux ont la charge dune paroisse de 200km de long sur 150 de large, avec plus de 75 communautés chrétiennes à visiter, assister, confesser, où célébrer la Messe et les sacrements
Nous avons décidé de faire de litinérance et des intempéries les deux caractéristiques fondamentales de notre nouvelle vie personnelle et communautaire. Nouvelle assurément, parce quil ny a pas de trace dexpériences de ce type à Bétharram du Rio de la Plata. Nouvelle surtout parce quelle veut exprimer de façon plus intime et personnelle notre identité de religieux : ne pas avoir dautre demeure que lexpérience de Dieu, vécue dans la prière et partagée, célébrée avec les Frères, et en vivant litinérance, pour que personne ne soit exclu de la joie de connaître, déprouver et de célébrer lamour du Christ.
Les intempéries et litinérance sont peut-être les deux faces renouvelées du visage de Jésus anéanti et obéissant, qui nous a fascinés au point de lui consacrer notre vie. Que le Seigneur ne cesse de nous faire ce don de la disponibilité, pour vivre comme Jésus, sans autre patrie définitive que le Cur du Père.
Sebastian Garcia,SCJ
5 minutes avec... Mgr Vincent Landel
Du 2 au 26 octobre, Mgr Vincent Landel a posé ses bagages à la Maison générale. Larchevêque bétharramite de Rabat (Maroc) participait en effet à la IIe assemblée spéciale du Synode pour lAfrique, en tant que président de la conférence régionale du Nord de ce continent. En ce 50e anniversaire de présence de Bétharram au sud du Sahara (Côte dIvoire), et près de 70 ans en Afrique (Maroc, Algérie), il était important de recueillir ses impressions et convictions.
Nef : En quelques mots, pouvez-vous nous présenter ce que vous vivez au Maroc ?
- Jessaie, au nom du Seigneur, daccomplir ce service de communion que le Seigneur ma confié dans ce diocèse un peu atypique (plus grand que la France). Un peu atypique car nous sommes 25000 catholiques, tous étrangers vivant en bonne intelligence avec 35 millions dhabitants, tous musulmans. Nous avons la liberté de culte pour les étrangers, mais dans un contexte de non liberté religieuse pour les habitants du pays. Ce service de communion entre chrétiens dabord, car nous sommes dau moins 90 nationalités différentes ; ce qui représente des cultures et des langues très différentes. Mais ce service de communion aussi avec ce monde musulman avec lequel nous travaillons et qui marque toute notre vie sociale ; ce nest pas évident, car en arrivant nous navons pas tous la même approche du monde musulman. Cest au cur de cette communion que nous avons à être, par notre vie, les témoins dun Dieu qui se donne et qui est tellement miséricordieux. Il faut que nous arrivions à nous dépouiller de nos certitudes, pour arriver à faire communion « autour de Jésus Christ et du Maroc ».
Dans quel état desprit êtes-vous arrivé à Rome et comment en repartez-vous ?
- En arrivant au Synode, avec mes frères évêques de la CERNA (Conférence Episcopale des régions du Nord de lAfrique), nous étions un peu inquiets, car dans toute la préparation, nous navions pas eu limpression dêtre pris comme une réalité ; même pour le petit paragraphe qui parlait de lIslam, on ne parlait que de la réalité de lIslam dans le monde subsaharien. Aussi avons nous préparé, en Conférence, nos interventions pour quelles puissent manifester vraiment notre réalité. Ce qui a le plus frappé nos frères évêques cest le fait que dans nos pays du Maghreb nous accueillons plus de 30000 étudiants subsahariens et de nombreux migrants clandestins. Ce qui fait que nous avons souvent parlé dans les lieux officiels, mais aussi durant les poses café, et à la fin, plusieurs de nos frères évêques nous ont remerciés de leur avoir fait découvrir une réalité quils nimaginaient pas. Par notre témoignage, ils ont eu limpression dêtre invités à sortir dun « ghetto » dans lequel lÉglise risquerait de senfermer.
Ce synode était une première pour vous : quel regard portez-vous sur son déroulement ?
- Ce Synode était une première pour moi ; mais dès le début je ne fus pas perdu, car je connaissais plusieurs évêques que javais déjà rencontrés dans des réunions, car je fais partie du comité permanent du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales dAfrique et de Madagascar). Mais il sest déroulé dune façon très sereine, grâce à la compétence du Secrétaire Général (Mgr Eterovic) et de linstrument de travail que nous avions ; une salle hyper bien équipée avec des traducteurs parfaits ; dès que nous étions invités à parler notre micro sallumait et notre photo apparaissait sur un écran avec la carte de notre pays ; ainsi devant tout le monde nous étions déjà situés. Et puis quelle écoute ; nous avons été plus de 220 à parler (5 minutes)....ce fut un temps découte transcendant et parfois très émouvant devant telle ou telle situation que nous connaissions par les médias ; mais devant nous, nous avions des témoins vivants !
LÉglise dAfrique du Nord tient une place à part sur le continent ; a-t-elle été prise en compte dans le concert des réalités africaines ?
- Cétait notre grande crainte, en arrivant, car dans les mentalités, un africain ne peut être que « noir », et les arabes ne veulent pas se considérer comme « africains ». Mais je ne sais pas si nous avons fait du « lobbying » ou du « forcing », mais au fil des jours, nous avons eu limpression que limage se transformait. Si bien que dans les derniers documents, aussi bien dans le message envoyé aux hommes de bonne volonté que dans les « propositions » pour le Pape, il a été tenu compte de ce que nous avions dit. En fin de rencontre un évêque Ethiopien est même venu me trouver pour me demander si éventuellement il pourrait envoyer des prêtres chez nous et comment il faudrait les préparer ! Cest la grâce du Synode. Je ne lui avais pas parlé durant le travail, à cause de la langue, mais il avait écouté et entendu !
Quelles convictions et lignes daction ont émergé de ces trois semaines déchanges ? Desquelles entendez-vous vous saisir en priorité dans votre ministère ?
- À la suite du thème central du synode, il a été baucoup insisté sur la justice, la paix et la réconciliation ; et pour cela nous avons beaucoup centré nos interventions sur la « Doctrine sociale de lÉglise », sur léducation, sur la place de la famille et en particulier de la femme, sur limportance daccompagner les hommes politiques. Sous notre impulsion a été mis aussi en exergue le dialogue inter religieux et limportance de faire des « choses ensemble ». Comme vous vous en doutez ce sont ces deux dernières interventions qui auront ma priorité, surtout que je me dis que de nombreux musulmans, dans les univrsités ou les entreprises auront connaissance du christianisme que par le témoignage chrétien de ces responsables ou de ces étudiants. Il faut aider ces chrétiens à vvire une véritable conversion, car en arrivant chez nous, ils nimaginaient pas une telle responsabilité ecclésiale
En quoi votre identité de Religieux nourrit-elle votre vie personnelle et votre mission de Pasteur ?
- Ma vie religieuse minvite, comme chacun dentre vous à « manifester lélan du Verbe Incarné disant à son Père Me Voici ». Avec vous je suis invité à continué à le vivre ; cest cela qui me fait aller sur les routes à la rencontre des uns et des autres « pour procurer aux autres ce même bonheur ». Cest toute ma vie de pasteur qui est illuminée par ce message. Et de plus ce message laissé par saint Michel correspond très fortement au message du Père de Foucauld qui a retrouvé le Jésus de son enfance sur els routes du Maroc en voyant prier des musulmans. Saint Michel ne nous dit-il pas aussi que la rencontre de « lautre différent » nous enrichit, même dans notre foi chrétienne.
Dans vos responsabilités provinciales et générales, vous avez suivi de près les développements de Bétharram en Afrique ; le 13 septembre, vous étiez en Côte dIvoire pour des ordinations et des vux perpétuels ; quels appels y voyez-vous pour la Congrégation aujourdhui ?
- Je rends grâce à la Congrégation de mavoir invité, à loccasion du cinquantenaire de notre présence en Côte dIvoire, à venir ordonner Emmanuel. LAfrique a toujours amrqué ma vie religieuse ; en effet jai commencé mon noviciat en 1959, juste au moment où nos pères fondaient Ferkéssedougou. Et jétais très attenitf à ce qui se vivait dans ce pays. Jai été admiratif de voir nos frères chercher dabord à sincarner dans le pays, chercher à servir lÉglise tout gratuitement. Et ce nest que doucement que nous avons accepté daccueillir des jeunes ; je me souviendrai toujours de cette réfelxion de Mgr Kélétégui (alors évêque de Katiola) alors que je lui demandais si nous pouvions accepter des jeunes dans la Congrégation, « comment pourrais-je empêcher des jeunes ivoiriens de vous suivre dans ce qui vous fait vivre ». Et puis je me rappelle aussi de cette promende avec lévêque Yopougon qui nous a proposé la paroisse Saint Bernard dAdiapodoumé. Ayant été gratuitement au service de lÉglise, les évêques nous ont fait confiance. Nest-ce pas être totalement bétharramite ! Jy vois un appel à contineur dans ce sens, non pas pour être des « fonctionnaires du culte », mais des témoins dun Amour qui nous a saisi et qui nous fait vivre. De plus en plus je crois que lÉglise manque de véritables témoins ; ne serait-ce pas une vocation de Bétharram pour lÉglise et pour le monde daujourdhui, dêtre de ces témoins authentiques par la vérité de leur vie.
Une dimension de la spiritualité de saint Michel Garicoïts qui vous tient à cur, et que vous voudriez-nous partager
- Ce qui me tiendrait à cur aujourdhui, cest cette disponibilité au service de lÉglise pour accomplir la « mission de lÉglise » et non sa « propre mission ». Nest-ce pas cela qui a fait souffrir Saint Michel, et qui en même temps la lancé au service de lÉglise universelle. Ce service dans la disponibilité est à vivre dans ce véritable amour, enraciné dans le Cur de Dieu. Nous ne pouvons pas être de ces serviteurs si nous ne sommes pas de ces contempaltifs. « Où sapprend cette loi damour, sinon au pied de la Croix » où nous nous laissons irradier par lAmour qui jaillit de ce Cur transpercé?
In memoriam: Vicariat de Brésil
Monte Corrado (Italie), 8 septembre 1911 - Brumadinho (Brésil), 6 octobre 2009
10. Le commencement
En septembre 90, cest louverture de la communauté de formation « St Bernard dAdiapodoumé », avec le P. Beñat Oyhénart qui a la responsabilité de la paroisse et qui prend des cours à lICAO (Institut catholique de lAfrique de lOues) et Anatole qui suit la première année de philosophie au grand séminaire dAnyama en étant hébergé la semaine chez les SMA qui ont leur maison de formation à Ebimpé, à quelque pas du grand séminaire. Le P. Beñat Ségur les rejoindra en novembre, après le feu vert des docteurs ; il donne des cours au lycée catholique « Mgr René Kouassi » à Dabou et il en est laumônier. Puis Félicien sajoutera en décembre pour suivre des cours de comptabilité à Yopougon ; ils sont conscients de vivre un commencement. Une apparence de faiblesse qui enveloppe une grande espérance ; notre Fondateur nous invite à ce regard de Foi : « Quoi de plus grand devant dieu et devant les hommes que ce petit morceau de pain que le prêtre tient tous les jours entre ses mains ! Pourtant il ny a là que les plus chétives apparences. Cest ainsi que les plus grandes choses se trouvent dans les plus petites ». Par sa présence à lICAO, Le P. Beñat Oyhénart nous aide dans la réflexion théologique et son mémoire « Du Bétharram ivoirien aux Ivoiriens Bétharramites » contribue à nous rendre plus sensibles aux questions de linculturation. Notre présence dans le Sud nous permet aussi davoir des liens fréquents avec les Servantes de Marie de Toupah et dAdzopé.
Dans le pays djimini, les avancées apostoliques sont repérables grâce à une réelle collaboration entre frères et surs ; à Boniéré avec les Filles de la Croix, P. Tarcisio et Fr Jean-Claude ; à Dabakala-Nyangourougbonon, avec les Surs de Peltre, Pères Laurent Bacho et Jean-Marie Ruspil auquel lEvêque a joint, lAbbé Germain Kalari, jeune prêtre diocésain de quelques mois. Chaque semaine, une matinée commune de prière et de partage entre religieux et religieuses pour évaluer le travail et donner des orientations : « Ce regard masculin-féminin posé sur ces réalités est dune étonnante richesse ». La présence des Surs rend notre pastorale plus sensible aux questions humaines. Fr Jean-Claude sactive aussi à lédification dun barrage qui permettra plusieurs hectares de rizières. Des horizons nouveaux souvrent ; des campements de lobbis demandent à ce que lon vienne enlever leurs fétiches pour connaître Jésus ; des villages autour de Bassawa organisent des rencontres dinformation ; un village Sokala-Sobarra ne veut plus servir de route de passage pour le Père vers Nyangourougbonon, ils demandent à être catéchisés.
Lors de sa deuxième visite en janvier 1990, le P. Firmin Bourguinat nous fait entrevoir la possibilité de construire un scolasticat, dy penser sérieusement, détablir des plans et des devis pour les présenter à des organismes ; léconome général sera notre intermédiaire en particulier auprès du Vatican. Lannée suivante voit le retour du P. Beñat Oyhénart à Boniéré et le départ du P. Laurent Bacho à Adiapodoumé ; deux autres jeunes rejoignent Anatole et Félicien. Les tractations pour lachat dun terrain prennent du temps et de lénergie ; finalement il se situe en face de la paroisse, encore un clin dil de la Providence. Ce sont aussi les préparatifs du premier noviciat qui commence le 14 septembre 1992 pour 4 ivoiriens avec P. Laurent Bacho comme maître des novices dans des dépendances de la paroisse qui ont été aménagées, grâce à la solidarité financière de la province de France. Pour la circonstance, la congrégation envoie du renfort ; le P. Élie Kurzum, religieux-prêtre bétharramite depuis trois ans, arabe de notre communauté de Bethléem ; il est vicaire à Saint-Bernard pendant deux ans.
Dès décembre 1992, les premiers coups de pioche des fondations de notre maison de formation ; cinq pavillons qui favoriseront une vie communautaire plus fraternelle car on est déjà un peu à létroit à la paroisse ; avec les aspirants qui suivent des cours au lycée catholique de Dabou et qui rejoignent la communauté en certaines circonstances, nous sommes vingt. Le 14 septembre 1993, cest la bénédiction de la maison de formation par Mgr Laurent Mandjo et la première profession religieuse pour 3 novices dans les mains du P. Firmin Bourguinat, supérieur provincial ; le même jour 4 autres (deux Ivoiriens et deux Zaïrois) commencent le noviciat. Cette réalisation naurait pas pu exister sans la contribution de lEglise Universelle qui est intervenue pour 55% du budget à travers les « Oeuvres Pontificales Missionnaires » ; le restant a été fourni par les Religieux de la Province de France.
Au même moment cest un autre chantier qui démarre à Dabakala ; une nouvelle église va prendre place de lancienne ; le 11 avril 1994, cest la consécration de la « mini-basilique » par Mgr Jean-Marie Kélétigui ; nos frères sont plus heureux de la grande fête populaire que de la présence des plus hautes autorités de la république ! Le Père Paulo César, religieux-prêtre brésilien, nouvellement arrivé, apprécie lenthousiasme africain ; il remplace dune certaine manière le P. Tarcisio Vera qui a rejoint le Paraguay après 5 ans de service. A Adiapodoumé, cest aussi le passage du relais en ce mois de mai : cest ladieu au P. Beñat Ségur et au P. Elie Kurzum et lakwaba au P. Gabriel Verley, tout heureux de ce 2° séjour après le 1er (1965-1970). Ceci a lieu en présence du nouveau supérieur général, le P. Francesco Radaelli et de léconome général, le P. Pierre Carricart ; architecte de profession, notre supérieur général donne des idées intéressantes pour la construction de la future chapelle de communauté qui sera dédiée à la Bienheureuse Marie de jésus Crucifié, suivant lintention de la bienfaitrice. En attendant cette construction, cest léglise de Dabakala qui accueille la première profession religieuse de nos 4 novices le 14 sept, devant le P. Firmin Bourguinat, supérieur provincial ; au cours de sa visite il filme largement pour créer une vidéo dans le but dintéresser des personnes en France à notre présence en Côte dIvoire.
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