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26/06/2009

Nouvelles en famille - 14 juillet 2009

Sommaire

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Le mot du Père Général

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Procurer aux autres le même bonheur

Lors d’une de mes visites aux communautés, un de nos frères bétharramites qui s’est rétabli d’une dépendance à la boisson, m’a invité à l’accompagner à un centre d’accueil des alcooliques anonymes. La première chose à signaler est que ce religieux met tous ses efforts à s’en sortir, et qu’en dépit des difficultés, il ne manque jamais aucune réunion du groupe. En le voyant vivre, on comprend que ce rétablissement est essentiel pour lui : cela lui a permis de retrouver bien des éléments de sa vie et d’assumer avec sérieux les responsabilités de sa vocation et de sa mission.
Au centre d’accueil nous avons participé à une réunion avec des personnes qui sont en cours de traitement de leur addiction. Notre frère a témoigné de ce qu’il a vécu, avant et après son rétablissement. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il a parlé une heure durant, lui qui se plaint toujours de la longueur des sermons de certains évêques. Mais j’ai compris cette attitude : quand on est convaincu de quelque chose pour l’avoir vécu dans sa chair – une expérience qui signifie beaucoup dans une existence en termes de pertes et de gains – tout le temps passé à rendre raison de son espérance pèse peu, dès lors qu’il s’agit de convaincre d’autres de ne pas passer à côté d’une libération vitale pour eux.
Cette expérience m’a fait penser à la mission de Bétharram, laquelle consiste, selon l’expression de saint Michel Garicoïts, à procurer aux autres le même bonheur. À ceux qui font la triste expérience par laquelle il est passé, le frère en question cherche à transmettre la qualité de vie consécutive à la libération de l’addiction. Deux qualités de vie sont en jeu : celle dont il témoigne comme d'un acquis pour lui, et celle à laquelle que ses auditeurs peuvent parvenir s’ils y croient, et s’ils en prennent les moyens.
À travers le témoignage de la vie consacrée et les activités de sa mission, le Bétharramite proclame l’amour que Dieu a pour lui mais aussi l’amour qu’il a pour tout homme, tel que nous l’a révélé Jésus anéanti et obéissant. La finalité de la mission est de nous introduire dans une dynamique de qualité de vie ou de bonheur. À travers cette expérience de l’Amour de Dieu, toute personne croisée sur notre route, l’une après l’autre, pourra parvenir à une meilleure qualité de vie, au bonheur, au salut.
C’est le même bonheur que celui des Prêtres de Bétharram. C’est aussi une expérience particulière, cachée celle-là : le même bonheur éprouvé par notre père saint Michel Garicoïts. Et le bonheur des prêtres de Bétharram est le même que celui de Jésus anéanti et obéissant devant le Père, dont il reçoit l’Amour qui émane de ses attitudes, de ses actes, de ses gestes et de ses paroles.
Le bonheur de Jésus. Jésus, incarné, mort et ressuscité, est la source du bonheur. En lui le bonheur est le fruit de la conviction d’être Fils bien-aimé du Père, qui l’aime d’un amour tendre et engagé. Un amour, réponse à celui du Père, qui conduit Jésus à livrer généreusement sa vie, et consiste à ne rien faire par lui-même mais à agir toujours par l'Esprit de Dieu, constamment abandonné aux ordres de Dieu pour souffrir et faire tout ce qu'il voudrait. Tel est le bonheur de Jésus anéanti et obéissant, attrait, modèle et moyen de parvenir à l'amour divin.
C’est le même bonheur de saint Michel Garicoïts : il a répondu à l’amour de Dieu à son égard en consacrant sa vie à organiser la Congrégation voulue par Dieu ; il est mort sur la croix de l’obéissance, sans avoir vu la reconnaissance de son œuvre et avec bien des signes d’une possible dissolution.
C’est le même bonheur des religieux - et des laïcs, dirions-nous aujourd’hui - bétharramites : dans la contemplation de Jésus et de saint Michel, eux aussi ont fait l’expérience de l’amour de Dieu, qui les pousse à consacrer leur vie par les vœux à la mission de procurer aux autres le même bonheur. C’est un bonheur contagieux. S’il manque chez un religieux, par quoi sera-t-il remplacé ?
Le même bonheur des autres : le témoignage de notre bonheur éveillera une question irrésistible chez les autres : et lui, pourquoi est-il ainsi ? Et comme le héros de l’histoire qui ouvrait ma réflexion, nous donnerons les raisons de notre qualité de vie et de notre bonheur. Nous leur annoncerons l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, nous leur dirons qu’il est aussi pour eux, qu’ils le connaîtront, l’éprouveront, le proclameront et à leur tour procureront à d’autres ce même bonheur. Jusqu’au bout du monde et jusqu’à la fin des temps.

Gaspar Fernandez,SCJ 


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... dans son cahier intime, n°38

Oui, je n'en puis douter : le sacerdoce est quelque chose de si sublime, de si divin que le Prêtre doit être un autre Jésus Christ.
Ô mon Sauveur, que vous aurez un misérable représentant! Quelle copie imparfaite, dégradé, méconnaissable de ce modèle admirable, de votre sainteté, ô mon Dieu, de vos perfections, ô Jésus. Et cependant « Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force » (Phi 4,13). Vous pouvez changer des pierres en enfants d'Abraham. Remplissez-moi,  Seigneur, de votre esprit. « Si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels » (Ro 8,11).
Faites revivre en moi, augmentez, dilatez cet esprit de force et de grâce que vous avez daigné m'accorder dans l'ordination du diaconat. (…) Que je corresponde à votre grâce, que je mette ma confiance en la  sainte Vierge, votre divine Mère.
Ô Jésus j'espère en vous ! Ô Jésus je désire de vous plaire !  Ô Jésus que vous êtes bon ! je désire vous louer éternellement.


À mes frères prêtres

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À l’occasion de la solennité du Cœur de Jésus et des 150 ans de la mort du curé d’Ars, l'archevêque bétharramite de Rabat a écrit cette lettre ouverte aux prêtres. De quoi méditer et rendre grâces...

Le 19 juin 2009, fête du Sacré Cœur, le Saint Père a ouvert l’année sacerdotale. Que cette année soit pour chacun d’entre nous une année d’action de grâce pour tout ce qu’il nous a été donné de vivre depuis notre ordination.
Action de grâce pour tout cet amour par lequel nous nous sommes laissés envahir ; un amour qui jaillit chaque jour de ce Cœur transpercé.
Action de grâce pour toutes ces rencontres faites, qui nous ont en même temps, rapprochés de Dieu et de cette humanité à qui le monde est confié.
Action de grâce pour tous ces autres différents qui nous ont tellement fait grandir en humanité et dans notre foi.
Action de grâce pour tout cet amour reçu et donné.
Action de grâce pour avoir mieux compris combien nous faisons partie de cette Église qui se veut signe de cet amour inouï de Dieu pour les hommes et femmes de toute culture et de toute religion, en particulier dans ce pays qui nous accueille.
Action de grâce d’être invité à être non seulement au service d’un peuple chrétien ; mais nous comprenons mieux que nous sommes prêtres pour tous les hommes et toutes les femmes que nous rencontrons.
En pensant à tout ce chemin parcouru depuis notre ordination, nous faisons mémoire aussi de toutes ces personnes, prêtres ou laïcs, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes qui nous ont accompagnés sur notre route ; n’est-ce pas un peu grâce à eux que nous sommes ce que nous sommes aujourd’hui ?
Et en vivant un tel jour, n’avons-nous pas à rendre grâce pour ce don de l’Eucharistie que nous sommes invités à célébrer en nous rappelant comme nous l’écrivait Jean Paul II : « L’Eucharistie n’est pas seulement une expression de communion dans la vie de l’Église, elle est aussi un projet de solidarité pour l’humanité tout entière ». Quelle dimension elle prend pour nous où que nous soyons dans ce pays !
Et le Pape de continuer : « Le chrétien qui participe à l’eucharistie apprend par elle à se faire artisan de communion, de paix, de solidarité ». Quelle responsabilité formidable nous recevons à chaque célébration !

+Vincent Landel,SCJ


Ce lac que j'ai vu

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Étendu dans une cuvette solitaire
Flanqué de part et d’autre de vaillantes collines
Que berce un chaleureux climat méditerranéen,
Paisible et silencieux, véritable merveille de la nature.

En longeant son rivage accessible
Je pose les pieds sur des pierres polies par les âges
Qu’il dispose à la contemplation des mille regards,
De toutes les couleurs, des quatre coins du monde.

De loin, j’aperçois une barque dans sa solitude
Que les courants d’eau font danser
Avec égard, délicatesse et affection,
Comme une mère cajole son enfant.

Le Nord de ce beau paysage contrasté, indice historique inégalable
Cette oasis, Source de Vie et de refuge
Appelée Lac de Tibériade,
A été témoin à la naissance de la Sainte Église de Dieu.

Tendre et douce source intarissable
Au pied des vestiges, restes des civilisations fondatrices ;
Des paroles de feu ont été dites ici
Pour renouveler la face de la terre.

Aller voir le lac de Tibériade et se laisser aller
Rêve- imagination- méditation- louange-Prière…
Je ne doute pas un instant :
Ici le Fils de Dieu a parlé, l’Ère de l’Amour s’est ouverte à jamais.

Serge N'Da, novice à Bethléem
poème écrit lors du pèlerinage communautaire en Galilée


La générosité bétharramite

Bétharram: retable de Sr Mercedes

La famille de Bétharram est née de la générosité, par excellence, du Verbe incarné : par un acte d’amour, Il a renoncé à sa condition divine, Il s’est penché vers notre misère pour nous élever jusqu’à Dieu.
Saint Michel a su contempler l’élan de Jésus qui s’est fait homme par amour, et qui a vécu parmi nous comme l’un de nous, à l’exception du péché. Il a alors cherché la manière de reproduire cette générosité incarné.
Par essence, tout Bétharramite est appelé à vivre à la manière de Jésus, en se donnant totalement aux autres, en priorité les plus pauvres et les malades. La générosité du Me Voici l’a conduit à vivre pleinement abandonné à Dieu. Il n’a jamais cherché à être honoré ni reconnu. Au contraire, il a cherché à faire connaître et aimer de tous le Nom du Père.
Un vrai Bétharramite, à l’exemple du Verbe incarné, est toujours prêt à faire la volonté du Père. Il sait agir, il sait aussi se retirer. Il a conscience d’être un serviteur, et un serviteur inutile. Il est généreux en tout ce qu’il entreprend. Il sait que l’important n’est pas d’en faire beaucoup mais de faire d’un cœur généreux ce qu’on lui a confié. Il est capable de déployer l’immensité de la charité dans les limites de sa position. Il ne garde jamais rien pour lui-même, il sait partager. Comme la veuve de l’Évangile qui versa au Temple les derniers sous qui lui restait, le Bétharramite a confiance dans la Providence. Il sait que toutes les choses créées, notre Congrégation même, tiennent leur existence de Dieu.
Bétharram s’est toujours signalé par sa générosité. Dès sa fondation, il a existé pour servir l’Église. Nos premiers Bétharramites se sont dévoués dans le diocèse de Bayonne en priant, en confessant, en évangélisant, en instruisant… ils ont vécu pour les autres.
La mission en Amérique manifeste clairement la grande générosité de notre Père fondateur : aux appels de l’évêque de Buenos Aires, il n’a pas tardé à répondre ; il lui a envoyé ses meilleurs religieux, alors même que sa communauté comptait moins de trente profès perpétuels.
Bétharram est pauvre, et sait donner généreusement. Il croit qu’il faut faire tout ce qui dépend de nous, puis laisser à Dieu le miracle - comme pour la multiplication des pains.
Le Me voici de saint Michel est généreux, il ne se limite à aucune tâche spécifique, il est ouvert aux temps et aux besoins de l’Église.
Quand le pape Léon XIII demanda au P. Bourdenne, Supérieur général, d’implanter le Beau Rameau au Paraguay, aussitôt, les Bétharramites ont dit me voici, et sont partis travailler dans les collèges, les paroisses, les missions auprès des pauvres.
Il en fut de même au Brésil lorsqu’à la demande du cardinal de Rio de Janeiro, Dom Sebastião, les Bétharramites ont posé leur camp de base au pied de la Serra de Mantiqueira ; de là, ils se sont répandus en d’autres lieux, et porté de beaux fruits.
Le Bétharramite est un soldat vaillant, consacré à Dieu et à l’Église. Les obstacles ne le découragent pas. Il va toujours de l’avant, convaincu que tout est possible si on y met le cœur.
C’est pourquoi le Bétharramite est obéissant : se laisser guider par les desseins de Dieu, voilà la plus généreuse façon de se donner à Lui.
Saint Michel a rêvé d’hommes totalement dévoués, prêts à obéir sans retard, sans réserve, sans retour, par amour plutôt que pour tout autre motif.
Qu’à l’exemple de Notre Dame du Beau Rameau, dans son immense générosité à dire oui au Seigneur, nous apprenions à vivre généreusement, de plus en plus livrés à la mission qui nous est confiée, et à nous exclamer à la fin du jour : nous n’avons fait que notre devoir.

Davi Lara,SCJ
scolastique à Belo Horizonte


5 minutes avec... le Père Alessando Locatelli

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“Être curé est sans doute une belle et exigeante aventure. Belle, parce qu’après un certain nombre d’années, on se retrouve à la tête d’une grande famille; exigeante, parce qu’il n’est pas facile de garder les brebis dans la bergerie, à savoir l’Église, les Sacrements, la Vérité. Le Père Alessandro est un prête attentif, soucieux que ses ouailles ne s’égarent pas loin du Chemin, de la Vérité et de la Vie, agissant par le dialogue et la prière. Mais c’est surtout auprès des jeunes que le P. Alessandro donne le meilleur de lui-même… » (une paroissienne, Annalisa Colzi)  Rencontre avec le P. Locatelli.

Nef : Tu as passé la majeure partie de ton ministère de prêtre à la paroisse du Sacré Cœur, à Montemurlo. De cette expérience, tu as sûrement bien des choses à raconter…  
- C’est vrai ; sans exagérer, on pourrait écrire un livre ! Mais je m’en tiendrai à un point, une réflexion que je me fais depuis quelque temps. En regardant les enfants et les jeunes, ceux du caté, de l’aumônerie, ou du patronage en été, un verset du psaume 128 m’est venu à l’esprit: Tu verras les fils de tes fils. Quand je vois, à la paroisse, les enfants de ceux qui ont fréquenté les groupes d’aumônerie et le patronage pendant ces 21 ans, je me sens béni de Dieu ; en effet, de nos jours, tous les curés n’ont pas ce bonheur de voir grandir des jeunes, et une fois devenus parents, au nom des bons moments vécus dans la paroisse, de les voir te confier leurs propres enfants, tandis qu’eux-mêmes sont bien présents à la communauté chrétienne.

Le point faible de la plupart des paroisses, c’est la jeunesse précisément. On dit qu’après la confirmation, la plupart déserte les sacrements. Est-ce vrai ou est-ce exagéré, d’après toi?  
- C’est vrai; tous ceux qui travaillent en paroisse en font l’expérience. Même ici, une fois reçus les sacrements de l’initiation chrétienne, peu de jeunes continuent leur chemin en Église. Personnellement, je garde espoir, pas seulement parce que certains restent : les bonnes relations humaines nouées avec tous, et le fait de laisser toujours la porte grande ouverte, permettent de maintenir un contact qui pourra se transformer un jour en retour vers l’Église. Ce qui aide bien à garder le contact, c’est le petit blog que je tiens, et le réseau social facebook qui me permet d’entretenir des liens avec quantités de jeunes.

À propos, avec le spectacle Narnia, tu as mis de nombreux jeunes dans le coup. Peux-tu nous en dire plus sur cette passion pour les chroniques de Narnia ?
 - L’expérience de Narnia, qui en est à sa troisième année, nous avons pris l’habitude de la qualifier de « merveilleuse aventure ». Tout à commencé comme un jeu et personne, moi le premier, ne s’attendait à un tel engouement : cette année, 130 acteurs (enfants, ados, jeunes, adultes) ont planché pendant six mois à cette représentation, que beaucoup ont trouvée réussie et suggestive. Et je ne compte pas la troupe des collaborateurs : costumiers, metteurs en scène, décorateurs, techniciens du son, chorégraphes… C’est à dessein que j’ai parlé de « plancher » car Narnia est l’œuvre de Lewis, un grand ami de Tolkien ; leurs romans relèvent de la littérature fantastique d’inspiration chrétienne, et offrent donc matière à réflexion et catéchèse.

Le 19 juin, fête du Sacré Cœur de Jésus, s’est ouverte l’Année du sacerdoce. Le curé d’Ars disait qu’ « au ciel seulement on mesurera toute la grandeur. Si on la comprenait déjà sur terre, on mourrait, non de peur, mais d’amour… Après Dieu, le prêtre c’est tout”. Cette grandeur ne t’effraie-t-elle pas ?
 - Bien sûr qu’elle m’effraie, mais je me souviens toujours de ce que me disait Don Gino, le curé de mon village aujourd’hui défunt, peu avant mon entrée au séminaire. À ma peur de n’être ni digne ni capable d’être prêtre, il répondait : Ce n’est pas la dignité qui compte mais l’appel. Et ces mots continuent de m’établir dans la confiance.

D’après toi, que doit faire le prêtre pour ne pas crouler sous le poids des responsabilités ?
 - Il va de soi que le souci de sa vie spirituelle, en tant que religieux et prêtre, n’est pas qu’un devoir : c’est un acte d’amour envers soi, envers le peuple qui t’est confié et envers Dieu. Cela dit, je crois qu’il est tout aussi important de ne pas négliger la dimension purement humaine, de cultiver des amitiés sincères et loyales, des personnes avec qui se confronter, vivre des moments de détente et avoir des points d’intérêts, quels qu’ils soient, qui permettent de se construire dans toutes les dimensions de la vie.

Comme religieux-prêtre justement, comment situer la communauté dans la pastorale ?
 - Outre la mienne, deux autres paroisses ont été confiées à notre communauté. Entre nous existe une réelle entraide dans l’action pastorale. Reste que, depuis des années, nous attendons des Supérieurs qu’ils définissent les personnes, les modalités et le calendrier pour lancer l’Unité pastorale qui rendrait plus incisive la présence de Bétharram, ici, à Montemurlo.

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Avis du Conseil général sur le P. Gilbert Koffi Kouman

En septembre 2007, l’assemblée des religieux du Rio de la Plata (Argentine et Uruguay) avait décidé de restructurer les communautés, et notamment de quitter la paroisse San Roque de Santiago del Estero pour renforcer notre présence à Nueva Esperanza (à 200km au nord). Le P. Gilbert Koffi Kouman, Bétharramite ivoirien accueilli à Santiago en 2003, n’a pas accepté ce changement; il n’est pas allé à Nueva Esperanza et n’a pas voulu rejoindre une autre communauté de Bétharram, en Argentine ou ailleurs.

Début 2008, des comités de soutien ont organisé des marches de protestation en sa faveur; les médias se sont emparés de l’affaire. Persévérant dans sa position, et déniant à l’Eglise toute autorité sur lui, le P. Gilbert, malgré l’interdiction épiscopale, a continué d’exercer son ministère et de célébrer les messes de guérison qui l’avaient fait connaître. Les tentatives de rapprochement n’ont pu faire évoluer la situation.

Après avoir épuisé toutes les voies du dialogue, selon les procédures canoniques, le Conseil général a pris acte du refus de réintégrer la famille de Bétharram et présenté son cas à la Sacrée Congrégation pour les Religieux et les Instituts de vie consacrée.  Par décret confirmé par le Saint-Siège le 27 avril 2009, le P. Gilbert Koffi Kouman a été renvoyé de la Congrégation. Nous prions pour le religieux suspendu "a divinis", et pour les communautés affectées par l’affaire et son dénouement.


In memoriam: Vicariat de France-Espagne

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Hasparren, 25 septembre 1922 - Bétharram, 5 juin 2009

L’évangile des Béatitudes est comme le condensé, le résumé de tout l’Évangile. C’est l’idéal de tout chrétien, de tout prêtre et de nous tous, les religieux. Alors que partout, nous entendons crier : "Heureux les riches, les puissants, les forts", le Seigneur nous dit : "Heureux les pauvres, les miséricordieux, les cœurs purs".
Cet idéal a été celui du P. Jean Tipy. Très jeune, ce natif du Pays basque a entendu l’appel ; entré au noviciat de Balarin en août 1940, faisant ses études en Palestine, il a pu s’imprégner de cet esprit des Béatitudes. Ordonné prêtre à Bethléem le 4 juillet 1948,  le P. Tipy a été lancé, avec d’autres Bétharramites, dans la mission de l’éducation ; il s’y est dévoué corps et âme, pendant des années et des années.
Professeur consciencieux, il a toujours considéré son rôle d’éducateur enseignant comme une mission, et il s’étonnait d’entendre quelques voix qui ne pensaient pas comme lui. Il est vrai que, bien préparé, le Père Tipy a été un excellent professeur aimé et respecté par ses élèves. Très tôt, il a dû prendre la direction de plusieurs collèges : il a toujours été un supérieur compétent, bon organisateur, très soucieux du bien de ses élèves. Quand il était nommé à la tête d’un établissement scolaire, au collège de Bétharram comme à Ozanam, à Limoges, on pouvait être sûr que l’œuvre éducatrice serait bien menée.
Un trait qui mérite d’être souligné : la communauté religieuse dont il avait la charge l’a toujours estimé et même aimé. Certes, les difficultés n’ont pas manqué, mais dans le tourbillon de notre époque, le Père Tipy est resté fidèle à sa vocation d’éducateur.
Au collège Stanislas de Paris, il a donné le meilleur de lui-même, trouvant là un milieu où il pouvait s’épanouir complètement. Il a été un professeur de religion très apprécié par ses élèves qui lui ont été reconnaissants. Car le Père Tipy n’a jamais oublié qu’il était prêtre, considérant que l’éducation de la jeunesse fait partie de la mission confiée aux Pères de Bétharram : jusqu’au bout il a voulu être fidèle à cette mission.
Quand l’heure de la retraite est venue, le Père a su se rendre utile à la paroisse Saint-Amand du diocèse de Bayonne, ce diocèse auquel il était fier d’appartenir. Car il n’a jamais oublié, tout brillant professeur qu’il était, ses racines humaines et spirituelles : là aussi il a été fidèle.
Merci, Père Tipy, pour tant de services rendus, pour l’éducateur consciencieux que vous avez été. Merci pour tant de jeunes que vous avez aidé à grandir : ils ne vous oublieront pas.
Dire merci, c’est reconnaître l’œuvre de l’Esprit dans l’existence du P. Tipy, une existence toute de service. Merci, c’est aussi le sens du mot Eucharistie, action de grâces. « L’heure de l’Eucharistie comble ma journée », disait le Père Tipy. Qu’il soit comblé de reconnaissance pour l’éternité.

Gaston Gabaix-Hialé,SCJ



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1929-2009

BÉTHARRAM EN CÔTE D'IVOIRE

Notre Congrégation a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire il y aura bientôt 50 ans. Le récit de cette aventure nous accompagne tout au long de cette année jubilaire. Nous le devons au P. Laurent Bacho, conseiller général et formateur près d’Abidjan.

7. L'ENFOUISSEMENT

« Un petit chemin étroit et encore sans issue, de petits riens, qui semblent ne devoir aboutir à rien. Ensuite tout cela marche et marche encore, lentement, silencieusement, pendant trente ans à Nazareth ». Les fils de Saint Michel qui quittent Katiola pour s’enfoncer vers le pays djimini en cette année 1982 méditent cette réalité du mystère de l’Incarnation indiquée par le Fondateur. Les débuts sont humbles : en juillet c’est le Père Arialdo Urbani qui rejoint Boniéré, en septembre c’est le P. Jacky Moura qui s’installe à Dabakala, arrivant de Limoges ; après Noël, c’est le P. Beñat Oyhénart à qui on a demandé de se reposer quelques mois qui rejoint le P. Jacky.
Boniéré, c’est un petit centre avec 24 villages, visités régulièrement par des missionnaires SMA depuis 1937 ; près de 1 500 chrétiens sur 14 000 habitants, venus à l’église parfois pour des avantages matériels (école, dispensaire…). Depuis 5 ans, les prêtres diocésains en ont la charge pastorale et ne peuvent apporter les mêmes soutiens matériels ; la pratique a chuté « on n’a rien gagné à être baptisé », disent certains vieux. 35 kilomètres plus loin, Dabakala est bien différent ; ici une imposante mosquée est en construction. L’église est une chapelle de brousse et aucun des sept villages évangélisés n’a de lieu de culte ; le rassemblement eucharistique se fait sous un manguier. Au centre, la communauté chrétienne est constituée de fonctionnaires et de collégiens ; les autochtones y sont minoritaires.
Les Religieux de Bétharram sont heureux de vivre un dépaysement total par rapport à ce qu’ils ont pu connaître à Katiola : Ce qui nous rend heureux d’abord, c’est de pouvoir nous rencontrer tous les trois ; le trajet dans les deux sens nous regroupe trois fois par semaine, pour échanger à bâtons rompus, prier, manger ensemble, mener une vie fraternelle. Vivre ensemble, c’est ce qui est le plus important. Pouvoir dire à l’autre les joies, les surprises, les inquiétudes, les espérances de notre travail pastoral… À Dabakala, la chance d’être deux permet un échange complet. À Boniéré il n’y a pas encore cette possibilité de partage. C’est là qu’on sent la nécessité d’un quatrième »
L’arrivée du 4° ? A la fin de l’année pastorale 83-84 ; c’est le départ du P. Arialdo pour l’Italie ; ils restent à deux pour l’animation des deux paroisses pour l’année pastorale suivante. L’ardeur apostolique ne faiblit pas : le P. Vincent Landel, supérieur provincial en visite à Dabakala en est témoin et apporte son soutien aux Pères Jacky et Beñat pour la rédaction d’un projet communautaire missionnaire. Ils veulent une collaboration très étroite avec les catéchistes : « il nous semble important d’élargir l’horizon des catéchistes qui, avant d’être des spécialistes en catéchèse, devraient être des hommes qui apportent leur humanité. Nous souhaitons entrer avec les catéchistes et d’autres dans l’alphabétisation en djimini en lien avec l’église baptiste ». Nos frères sont sensibles aussi à aider les jeunes apprentis, les chômeurs, les déscolarisés, les travailleurs des champs pour qu’ils se mettent debout et préparent plus activement leur avenir ; le risque est réel de se contenter de se lamenter ou de se satisfaire d’être assistés.
La présence de notre petite communauté ne se limite pas à ce secteur pastoral du département de Dabakala ; au sein du presbyterium, elle facilite un dialogue plus fraternel avec l’Évêque, d’une organisation entre religieux et religieuses du diocèse. Parmi les déceptions nos frères regrettent une Église trop « masculine » ; il n’y a plus de communauté de religieuses et les femmes semblent très réservées. De plus les chrétiens continuent à vivre la polygamie, ce qui est un obstacle pour l’Eucharistie ; très peu de communions lors des messes. Leur témoignage de pauvreté en particulier butte aux réalités de précarité généralisées dans cette région enclavée où les fonctionnaires n’aspirent qu’à partir au plus tôt.

Laurent Bacho,SCJ

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