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25/05/2009

Nouvelles en famille - 14 juin 2009

Nouvelles en famille - 14 juin 2009

Sommaire

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Le mot du Père Général

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Louez le Seigneur, vous qui cherchez sa face !

Aux origines de la vie consacrée, quand un baptisé exprimait le désir de se consacrer au Seigneur, son père spirituel lui faisait faire tout un travail sur lui-même ; le but était de l’amener à se connaître en vérité et à connaître le vrai Dieu révélé en Jésus Christ, afin de s’unir à Lui à travers la pratique des valeurs, des attitudes et des actes contenus dans l’Évangile. Ces exercices étaient désignés par la formule biblique : chercher la face du Seigneur.
Aujourd’hui, les jeunes qui nous approchent pour partager notre vie sont motivés par quelque chose à faire, un ministère à exercer. Le plus souvent, ils ont le désir d’être prêtres. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Les séminaires diocésains sont faits pour cela. Dans le sillage de la réflexion conciliaire, nous avons redécouvert l’originalité de notre charisme, et réalisé qu’avant d’être prêtres, nous étions d’abord des consacrés, des hommes de Dieu. Quelques uns d’entre nous, entrés à Bétharram pour devenir prêtres, ont fait l’expérience du charisme de saint Michel, ils s’y sont sentis à l’aise et mieux armés pour se donner aux autres dans la mission avec plus de générosité.
En certains endroits la vie communautaire devient difficile, et notre style de vie nous identifie plutôt à des prêtres diocésains. Les premiers compagnons de saint Michel Garicoïts étaient issus il est vrai, du clergé de Bayonne, ils avaient une mentalité très diocésaine. Mais il y avait une autre raison non moins importante : notre style de formation, au lieu de s’inspirer de la tradition de la vie consacrée, s’alignait fréquemment sur les séminaires diocésains.
Il est donc important que les formateurs annoncent d’entrée de jeu la couleur aux jeunes qui frappent à notre porte : à savoir qu’ils sont en présence d’une école de spiritualité, que l’Église a reconnue en approuvant la Congrégation et en canonisant son fondateur, comme disait le vieux Père Mirande. Être disciple à cette école consiste à chercher la face de Dieu, comme l’a fait et comme nous l’enseigne notre père saint Michel Garicoïts.
Dès qu’on prend au sérieux la quête de Dieu, on butte sur soi-même : passions, désirs, motivations de nos actes, les uns nous incitant à nous replier sur nous-mêmes, les autres à livrer à Dieu et aux autres le meilleur de notre fond. Cette expérience nous fait comprendre que la vie chrétienne est un combat spirituel, non contre des forces extérieures mais contre nous-mêmes, pour parvenir à la maîtrise de soi, un des fruits de l’Esprit Saint (Ga 5,23) à mériter et à demander.
Ce n’est qu’en me connaissant en vérité, en m’acceptant avec mes potentialités, mes fragilités et mes contradictions, et en étant disposé à me dépasser, que je pourrai poursuivre la quête du vrai visage de Dieu, non pas au dehors, mais dans mon intérieur, comme le plus intime de moi-même : un Dieu amour et miséricorde qui m’accepte, qui me désire et m’invite à me convertir parce qu’il me veut authentiquement libre, libre de choisir le vrai, le bien et le beau pour ma vie,  et que j’en dispose et la consacre à ce qu’il y a de mieux : l’amour de Dieu et des frères.
À cet égard, un sérieux accompagnement personnel est fondamental, afin que le postulant apprenne à mettre un nom sur les mouvements intérieurs qui l’animent. Ainsi, lorsque le bien apparent, les illusions et les tromperies lui apparaîtront au cours du processus spirituel, il lui sera plus facile de faire des choix libres qui le porteront à une vie pleine. Ce travail fondamental du postulat, le frère le poursuivra au noviciat, jusqu’à ce que l’expérience de l’Amour de Dieu devienne l’axe central de sa vie.
C’est comme si on s’arrêtait en chemin : alors que je cherchais le Seigneur, je tombe sur moi-même. Une fois que je me suis accepté et que je me suis disposé à changer avec l’aide de Jésus - je n’avais pas encore découvert quel drôle de type j’étais - je dois connaître, aimer et suivre Jésus passionnément, parce que lui seul a la clé de mon épanouissement. Je dois mettre en lui toutes mes énergies, mes passions, mes désirs – de tout mon cœur, de tout mon esprit, de toutes mes forces – pour reproduire en moi les sentiments et les attitudes du Christ. Je dois désirer être comme lui, dans une adhésion qui transforme : vivre la relation au Père comme un fils ; la relation aux autres comme un frère ; et la relation aux choses comme un maître, non comme un esclave. Et ce, selon le mot de saint Ignace de Loyola, pour aimer et servir en tout.
La rencontre de Jésus Christ, qui a été aussi une expérience de grâce, ne peut en rester à l’éblouissement et aux impressions du premier instant ; il faut la retravailler et en assimiler les valeurs à travers la pratique de ces vertus chrétiennes, et bétharramites en particulier : la charité, l’humilité, la douceur, le dévouement et l’obéissance. Cette tâche est trop souvent négligée dans la catéchèse mais aussi dans la formation à la vie religieuse.
On ne peut faire ce processus, ou ce chemin de disciple, en solitaire. Nous avons besoin d’être accompagnés par des frères aînés qui l’ont parcouru avant nous et à qui la Congrégation a reconnu la compétence de guider d’autres dans la quête de Dieu. Ce sont les Maîtres de formation. Avant nous, ils ont lutté avec leurs propres démons ; avant nous, ils ont découvert et contemplé la face aimante de Dieu ; avant nous ils ont essayé de vivre en fidélité aux commandements évangéliques, à l’exemple de Jésus. Quelle responsabilité pour la Congrégation : charger de cette mission des hommes qui en soient capables par le sérieux de leur vie, de leur vocation, de leur conduite, de leur témoignage et par leur préparation !

Gaspar Fernandez,SCJ


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... aux Pères et aux Frères d'Amérique, 18 juin 1886

Très chers Pères et Frères en Notre Seigneur, c’est avec grande consolation que j’offre, dans ce mois, vos cœurs au Divin Cœur de notre bon Maître. Je me rappelle les élans qui s’échappaient de l’âme du vénéré fondateur, lorsqu’il rappelait notre spéciale consécration à ce Cœur adorable, et notre solennelle profession de l’aimer, de l’imiter, de propager son culte et le règne de ses vertus. Je me le représente, au Ciel, redoublant ses prières pour obtenir de chacun de nous la fidélité croissante à cette vocation si belle, si appropriée aux besoins actuels !
Pensons-y, très chers Pères et Frères… regardons souvent notre blason, puis allons au fond de nos cœurs analyser les sentiments qui décident de nos paroles et de nos actes ; et si nous découvrons des traits de ressemblance avec le Modèle donné par Dieu, choisi par nous, rendons grâces à celui de qui découle tout don ; celui surtout de l’union au cœur et à l’amour de notre Dieu. Si au contraire, nous remarquons la guerre entre le drapeau et le soldat qui l’arbore, prions instamment le Divin Chef qui nous conduit, de nous donner un cœur nouveau et un esprit droit, digne de lui et de nos serments.


À propos de compassion et de Sacré Cœur

Quand nous regardons une icône, une statue ou une représentation traditionnelle du Sacré Cœur dans nos églises et nos maisons, nous voyons Jésus le doigt posé sur son cœur transpercé, la main trouée par les clous de la crucifixion. Parfois, sur l’image, Jésus tend son cœur blessé vers nous. Dans tous les cas c’est une invitation à méditer les souffrances de Jésus en croix et à lui offrir librement notre amour en réponse à l’amour qu’il nous a témoigné. Cette conception vient tout droit des visions de sainte Marguerite-Marie Alacoque.
En revanche, chez saint Michel, le sens de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ est sensiblement différent. Michel a été saisi par les paroles du Christ quand il est entré dans le monde. À l’incarnation l’amour du Sacré Cœur nous apparaît en pleine lumière : « Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Tu n'as pas accepté les holocaustes  ni les expiations pour le péché ; alors, je t'ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté. » (Hé 10,5-7)
L’acte par lequel le Christ s’est vidé lui-même de sa divinité lui a fait « prendre la place de toutes les victimes ». Cela a été possible parce qu’il est devenu ce qu’il n’était pas jusque là - une personne humaine où avait été versée la divinité. Et ce déversement a été le plus grand des sacrifices : « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur et devenant semblable aux hommes. » (Phi 2,6-7).
C’est ce que saint Michel appelle l’anéantissement ; de nos jours, dans un monde traumatisé par la guerre totale et le génocide, ce mot très fort est connoté négativement. Il vaudrait sans doute mieux parler de complet renoncement ou d’oblation de soi. En prenant un corps (cf. la citation de la lettre aux Hébreux), le Christ sanctifie l’humanité. L’échange de natures, exprimé par les anciens Pères grecs - Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu (saint Irénée, Adversus Haereses 7,9) – ou par l’Écriture (cf. la seconde lettre de Pierre 1,4), aboutit à la notion de THEOSIS ou DIVINISATION. En Colossiens 2,9-10 on peut lire : « En lui, dans son propre corps, habite la plénitude de la divinité. En lui vous avez tout reçu en plénitude, car il domine toutes les puissances de l'univers. » Cette kénose ou dépouillement est don de soi suprême, par amour, qui caractérise toute la conception du Sacré Cœur en saint Michel. Il est indissolublement lié à l’INCARNATION.
Par rapport à son expérience divine, l’existence terrestre du Christ en tant que personne a été un chemin de douleur. Il a rejoint notre condition humaine de faiblesse et de fragilité, toutes choses qui mènent à la souffrance. À ce stade, rappelons-nous que le mot « compassion » vient du latin passus, référé à la souffrance. Dans les langues modernes, « compassion » signifie « souffrir avec ». Faire preuve de compassion ne revient pas, pour quelqu’un de puissant, à montrer de la sympathie à plus faible que lui. Au contraire, il s’agit toujours de partager et de participer à la souffrance des autres.
Il y a longtemps de cela, alors que j’étais étudiant, un Père de Bétharrram d’une grande sagesse m’a indiqué comment. Il se trouvait qu’un jeune de 16 ans avait été électrocuté par une machine défectueuse - il travaillait à temps partiel pour se faire de l’argent de poche. Il était brillant, doué, beau garçon, et sur le point d’entamer des études supérieures prometteuses. Tout s’est écroulé en un instant. Comme il me demandait de l’accompagner d’urgence dans sa visite à la famille éprouvée, j’interrogeais le prêtre : Que pouvons-nous leur dire ? À l’époque, je croyais que nous avions pour mission de fixer les choses, de les redresser.
- Rien, ai-je obtenu pour toute réponse. On ne peut rien faire. Mais nous devons être là, en étant complètement honnêtes.  Si on nous demande pourquoi ce drame est arrivé, nous n’avons qu’une chose à dire : nous ne savons pas.
Nous avons passé deux heures avec cette famille. Par moments, nous n’avions qu’à laisser les mots d’angoisse faire leur chemin dans nos oreilles. À d’autres moments, il  suffisait de tenir la main de la mère ou de la sœur du jeune défunt. La seule chose à faire était de s’abandonner entre les mains de Dieu et de rester proches de ces pauvres gens, avec l’espoir que cela leur soit un soutien.
Ce n’est qu’une petite version de cette chose immense que Jésus a faite en venant parmi nous. L’Incarnation EST le Sacré Cœur, elle est l’ŒUVRE du Cœur de Dieu plein de compassion pour les hommes. Tandis que j’écris ce texte à Bethléem, je réalise que pour nous, Bétharramites, religieux et laïcs, l’icône du Sacré Cœur qui doit nous inspirer n’est pas tant la célèbre image due à sainte Marguerite-Marie que celle de l’Enfant Jésus, couché sans défense dans la crèche de Noël.

Colin Fortune,SCJ


Avec Benoît XVI, pèlerins de la paix dans un pays déchiré

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Après le Cameroun et l’Angola en mars, le Pape Benoît XVI a effectué en mai une visite en Terre Sainte. Les novices africains de Bethléem et leur Père Maître ont assisté aux célébrations en Judée. Reportage.

 

12 Mai, Jérusalem - Tôt le matin, nous prenons le bus pour Jérusalem. Contre toute attente, à la gare, les passagers ne se bousculent pas. Quelques minutes plus tard, on se croirait à une journée ville morte : très peu de véhicules civils en circulation, magasins fermés, rues désertes, présence militaire imposante. Nous prenons la direction de Gethsémani, lieu du rassemblement. Un barrage de police nous fait changer de route. En contournant le mur, une  troupe armée nous intime l’ordre de ne plus avancer et de laisser passer un cortège de voitures blindées roulant à vive allure vers l’ancienne ville : l’escorte papale se rend à la mosquée d’Omar pour une visite avant la Messe.
Une fois le barrage levé, nous descendons vers Gethsémani ; après être passés sous les portiques électroniques, nous sommes enfin en place pour la célébration. Celle-ci commençant à 16h30, restent 5 heures à patienter. Sous un soleil ardent, les fidèles répondent timidement à l’appel du jour, sans doute à cause des contrôles intempestifs. De part et d’autre de la vallée, plusieurs corps d’armée contrôlent et suivent les moindres gestes... Comment arriver à prier au milieu de ces engins?, me suis-je un instant demandé…
Dans son discours d’ouverture, le Patriarche Latin de Jérusalem, Mgr Fouad Toual dénonce sans détours l’injustice, l’occupation, toutes les formes de violences dans la terre natale du Christ. L’intervention est saluée par des salves d’applaudissement dans l’indifférence totale des forces de sécurité présentes. L’homélie du Pape rejoint la substance du message du Patriarche: Benoît XVI lance un appel à la paix et à la fin des souffrances du peuple palestinien. La messe suit son cours, devant cette assemblée modeste mais fervente. Rendez-vous à Bethléem le lendemain matin.

13 Mai, Bethléem (lieu de résidence du noviciat) - la pression est moins forte d’autant que la célébration a lieu sur la place de la Nativité : quelques minutes de marche nous suffisent  pour y arriver. Tous les accès sont bouclés par la police de Bethléem qui procède aux contrôles de rigueur, sans le déploiement de moyens de son homologue de Jérusalem. Il faut saluer la discrétion des agents de sécurité. Très vite, les fidèles prennent d’assaut la place.
La joie se lit sur les visages. Nous pouvons admirer les robes traditionnelles revêtues par de jeunes dames palestiniennes. Ici la fête est vraiment au rendez-vous et l’atmosphère favorable à la prière. Comme à Jérusalem, le Patriarche ouvre la célébration en restant sur le ton de la veille : face à tous les maux qui minent la Terre Sainte, il demande plus de justice, de paix et d’amour, et plaide pour la tolérance entre religions. Dans son homélie, le Pape exprime son soutien à la création d’un État Palestinien libre. Un peu plus tard, il quittera la place sous les acclamations d’une foule en liesse.
Pour nous, les novices, cette visite a été un motif de fierté, celle de vivre notre appartenance à l’Église universelle. La Bonne Nouvelle doit être portée à tous les peuples et notre présence sur cette terre inaugure la raison pour laquelle nous désirons consacrer notre vie à la suite de Jésus Christ. Et que le Seigneur dispose les intelligences à comprendre, les cœurs, à aimer et les volontés à agir pour la justice, la paix et le développement de la Terre Sainte.

Serge N'Da, novice


Un Indien en Thaïlande

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La Congrégation m’a permis de faire un stage en Thaïlande, dans le cadre de ma préparation aux vœux perpétuels. Dans ce pays bouddhiste règne une réelle harmonie entre les religions. Les gens sont gentils et accueillants. J’ai passé les trois premières semaines au scolasticat de Sampran. Grand merci aux bienfaiteurs qui ont aidé à bâtir une si belle maison pour former les futurs missionnaires. Pendant mon séjour, tout en donnant des leçons d’anglais et de jardinage à nos séminaristes, j’ai eu un fort sentiment d’appartenance à l’esprit et à la famille de Bétharram.
La plupart de nos missionnaires travaillent au nord du pays, autour de Chiang Maï. J’avais donc très envie de m’y rendre. À peine arrivé, le P. Tidkham m’a accompagné à la frontière de la Birmanie, à Maetawar, où œuvrent les Pères Phairot et Arun. Pendant ce voyage, j’ai souvent pensé à ma paroisse d’origine. Comme le faisait mon grand-père au Tamil Nadu, j’ai accompagné les Pères dans leurs tournées: ils font un travail formidable. J’ai eu la chance de visiter les postes missionnaires, dont deux en pleine montagne. Les montagnards sont des gens simples et ouverts, qui portent des vêtements bariolés. J’ai passé un bon moment avec les enfants. À la fin de la célébration, comme le Père m’avait invité à dire quelques mots, j’ai conclu par : « Jésus vous aime ».
J’ai célébré les Rameaux à Huay Tong où les Pères Chaiyot et Caset sont au service des tribus karens des montagnes. Le dimanche tout tourne autour de l’Eucharistie. Les chants étaient vibrants de louange ; les enfants du camp d’été du catéchisme ont ajouté une touche de couleur à la célébration. Rentré à Chiang Maï, j’ai assisté à la Messe chrismale, puis j’ai rencontré tous nos Pères à la communauté. Quelle joie de sentir la communion entre religieux !
Le Jeudi Saint, le P. Chanchaï m’a amené au Centre de Maepon pour le triduum pascal. De nouveau la montagne et les pistes. Nous avons célébré la Cène du Seigneur dans un village. Les gens étaient ravis de voir un nouveau visage… Le Vendredi Saint nous avons repris la route. Par deux fois la Jeep s’est embourbée à cause des fortes pluies. Finalement nous avons atteint le village où 16 adultes ont reçu le baptême pendant la Messe. À la sortie on a distribué bonbons et œufs de Pâques. Puis nous sommes rentrés à Maepon pour retrouver le P. Rodriguez.
Après ce séjour chez les Karens, je suis allé à Ban Pong où j’ai été accueilli par de grands sourires. La communauté vit sa mission auprès des Akkas, et gère le Centre de la Sainte-Famille pour la promotion des jeunes filles. On ne peut qu’admirer Mme Noï qui les aide par tous les moyens à s’en sortir, ainsi que le P. Pensa, dernier Père arrivé d’Europe, grand missionnaire mais aussi visionnaire. Avec lui, j’ai fait mon troisième voyage dans les montagnes; autrefois, me dit-il, il fallait des journées de marche aux Pères pour assister spirituellement les populations. Comment ne pas saluer un tel dévouement, et ne pas chercher à s’en inspirer ?...
L’Église de Thaïlande est jeune et fervente. Elle va de l’avant pour bâtir le Royaume de Dieu, et notre famille en est partie prenante. Ici, Bétharram travaille dur pour procurer aux autres le même bonheur. Et j’en suis fier.

John Britto Irudhayam,SCJ

 


5 minutes avec... le Père Jacky Moura

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Rencontre avec le Père Jacky Moura : de Paris à Limoges en passant par Corinthe, le Religieux de 63 ans se retourne sur une année pas comme les autres.

Nef : Dans la tradition hébraïque, l’année sabbatique est une période pendant laquelle on laisse la terre au repos. Qu’est-ce que cela représente pour toi ? Comment et à quels signes le besoin d’une année sabbatique s’est-il imposé à toi ?
- Je termine un cours de théologie sur la création où j’ai découvert l’importance du 7è jour où Dieu nous ouvre toute la gratuité du don qu’il nous fait  et la possibilité de lui en rendre grâce en devenant créateurs avec et comme Lui. Une année sabbatique, pour moi, c’est le temps où on laisse reposer toutes les capacités que l’on a mises en œuvre de tant de façons au long d’une vie active, et où l’on accepte, comme sur une terre en jachère, de laisser venir au jour d’autres « possibles » non exploités dans la routine du quotidien. J’en sentais confusément la nécessité pour ne pas épuiser le sol de mes réserves, intellectuelles et spirituelles surtout, et assouvir la curiosité de comprendre mieux ce monde de la « post-modernité », et de découvrir le langage adapté pour dire la Bonne Nouvelle aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui.

Pourquoi ton choix s’est-il porté sur des études aux Centre Sèvres , et quelles études y as-tu faites ?  Comment cette année de vie estudiantine a-t-elle répondu à tes aspirations?
-
Le Centre Sèvres regroupe les Facultés Jésuites de Paris. Le contexte ignatien m’intéressait. La possibilité d’intégrer une Année de Formation Annuelle avec un programme à-la-carte adapté à des personnes dans la même situation que moi me convenait parfaitement : la formation du groupe d’une trentaine pour la convivialité, un travail suivi, en groupe de 6, de lecture du livre du P. Congar :« Je crois en l’Esprit Saint », l’accompagnement d’un tuteur, et une matinée mensuelle autour d’un thème caractérisait cette « Année ».
Les cours que j’ai choisis et suivis concernaient d’abord l’Homme sous différentes facettes: « anthropologie théologique », « psychanalyse du sujet créateur de soi », « que faire du sentiment de culpabilité ? », « les écrits pauliniens », « les pères apologistes », « le crépuscule des mystiques au XVIIe s. », « les Confessions de St Augustin ». mais aussi d’autres sujets : « la Christologie de Teilhard de Chardin », « les Ecrits Sapientiaux », « l’Apocalypse de Jean », « Liberté et obligation : la décision morale », et surtout « l’Avenir de la Création » : voilà les titres, sans compter les conférences socio-économiques mensuelles, et une session sur la vie religieuse ! Cela peut donner une idée.  33 semaines de cours au rythme de 10 heures de cours par semaine avec un travail personnel de re-lecture des cours et de lectures surtout en bibliothèque.
J’ai rajeuni en retrouvant le rythme de la vie des étudiants, y compris le nomadisme de chambre en chambre, les longs temps de voyage en train, la fraternisation  sur les bancs des salles de cours puisque l’anonymat n’a pas place au Centre Sèvres, les conférences diverses, la possibilité d’aller au cinéma, ou de visiter un musée. 
Voici que j’ai redécouvert le plaisir de la lecture, l’enthousiasme de la  découverte sinon de la redécouverte, l’étonnement devant le travail de la pensée chrétienne dans l’histoire, avec les deux piliers que sont Paul et Augustin, l’émerveillement devant la fermentation de l’intelligence de l’homme pour rester créateur avec l’Esprit.  J’ai même ressenti la joie d’être intelligent !!!
Comment ne pas être comblé, d’autant que la vie de Communauté au Séminaire des Sulpiciens, où j’étais hébergé, me mettait en lien avec l’Eglise universelle : un groupe d’une 15aine de prêtres étudiants vietnamiens y résidaient à l’année.

Grâce aux paroissiens de Pau, tu es parti « vieux pèlerin » sur les pas de saint Paul. Quelles étapes t’ont le plus marqué… ? Qu’as-tu découvert des joies et des épreuves de l’apôtre ?
- Une autre grande chance de cette année! J’en avais rêvé, les paroissiens de
la Sainte-Famille l’ont fait !
Une croisière, c’est déjà merveilleux, mais avec enseignements remarquables, liturgies pascales et visites passionantes, c’est prodigieux : et dans cette année paulinienne, je dois dire que St Paul est devenu pour moi le génial compagnon qui nous dit vraiment comment se laisser saisir par le Christ qu’Il a rencontré. Les cours de Chantal Reynier au Centre Sèvres m’avait déjà bien ouvert les yeux sur l’émerveillement de Paul lorsqu’il réalise qui est le crucifié-ressuscité qui l’interpelle sur le chemin de Damas. Mais sur place, j’ai réalisé la passion qu’il a d’aller partout, sur les chemins du monde méditerranéen, profitant de ses relations dans le milieu des fabriquants de tente pour aller dire ce qu’Il découvre du projet d’Amour de Dieu. Lui, l’homme des trois cultures juive, grecque et romaine, trouve le langage qui convient pour dire Jésus Christ. Et il ne recule devant rien pour remplir sa mission. Quel homme !
Ses voyages, notre professeur, en avait fait un pôle important de sa thèse. Les suivre à la trace, en partie seulement, (et dans de tout autres conditions !) permet de lire les Lettres avec des images dans les yeux. Parcourir les beaux restes de la cité d’Ephèse, y relire, au théâtre, l’épisode où les artisans locaux revendique contre Paul de ne pas être privé de leur travail de « marchands d’Artémis » ; visiter à Pergame, une des églises à qui est adressée une lettre de l’Apocalypse, le complexe hospitalier où l’on honorait Esculape, et où l’on trouve l’origine du caducée ;  cheminer dans la vielle Corinthe et célébrer une eucharistie oecuménique à côté de la « bema » où Paul eut à assurer sa défense. (J’ai découvert, pas loin, une fontaine de Pyrène ... déesse qui a donné son nom à des montagnes familières !)?.

Pendant cette année 2008-09, tu as aussi retrouvé la communauté de Limoges dans laquelle tu avais déjà passé plusieurs années (de 1970 à 1981) ? Comment as-tu vécu ces retrouvailles ?
- Retrouver Limoges, 28 ans après, et une communauté bien différente par le nombre (5 au lieu de 15), l’habitat (une maison au lieu des bâtiments de l’Ecole) et l’activité (chacun à ses ministères dans le diocèse) m’a été fort agréable. D’autant que j’ai vécu avec eux, cette année, les changements de la Congrégation. Mais aussi le départ de Mgr Dufour, l’attente et l’ordination du nouvel évêque, Mgr François Kalist. Quelques occasions m’ont été données de retrouver des anciens d’Ozanam, mais ma demi-semaine à Paris ne me rendait pas assez présent sur place. J’ai redécouvert  les Ostensions, ces cérémonies où chaque commune fait mémoire du saint qui a fondé son église ; les dimanches des mois de mai et de juin suffisent à peine pour les fêter tous. J’ai apprécié grandement de voir, dans ce Diocèse, les fruits du Synode diocésain qui se préparait à l’époque où je partais en Côte d’Ivoire : des paroisses regroupées et vivantes, des prêtres qui ont vieilli et quelques jeunes soucieux de la mission, avec qui  j’ai partagé la joie de leur première rencontre avec leur nouvel évêque, et surtout de nombreux laïcs prêts à prendre leur part active dans  la mission.  

Toi qui as souvent été engagé auprès des laïcs, soit en tant que Conseiller général chargé des laïcs soit en paroisse, comment envisages-tu le partage de la mission avec eux ?
- Voilà une question qui me tient vraiment à cœur parce qu’elle me semble capitale pour aujoud’hui et pour demain. J’ai été très heureux de pouvoir accompagner, cette année,  le groupe de la Fraternité Me Voici de Limoges ; c’est  avec ses membres que nous avions commencé à balbutier les commencements de la Fraternité. Le besoin d’un nouveau souffle se fait sentir pour continuer à faire vivre ce lieu où l’on se nourrit dans le partage de l’esprit  de st Michel et du P. Etchécopar. La grande joie que j’ai eue est de voir comment chacun des membres de la Fraternité prend une part active dans la vie de l’église qui est à Limoges et s’y engage « sans réserve. » Ils nous sont vraiment frères et soeurs dans cet engagement, à notre façon bétharramite. Et c’est comme cela qu’il attendent que nous les considérions. Ils comptent vraiment sur chacun de nous pour être pour eux des «frères », simplement attelés avec eux à discerner au jour le jour ce qui peut nous rendre fidèles à l’appel du Seigneur, figures de priants, d’hommes simplement vulnérables mais confiants, lumineux de l’espérance d’un bonheur donné en cadeau. Ils sont engagés avec nous, par appel du Cœur du Christ dans notre histoire. Je ressens comme urgent dans l’Eglise aujourd’hui, ce nouveau mode de rapports entre prêtres et laïcs, celle que tant de communautés nouvelles mettent en œuvre. A nous, famille de Bétharram, dans l’esprit du P. Etchécopar avec sa famille, cela est donné comme une chose naturelle. N’ayons pas peur d’aller aussi loin que possible dans l’accueil réciproque, l’ouverture de notre prière, une fraternité véritable. 

Quel est ton état d’esprit au terme de cette année particulière?
- J’ai simplement envie de dire,  sans aucune forfanterie, le bonheur que j’ai aujourd’hui d’avoir été appelé par le Seigneur et conduit là où je suis. Je découvre notre famille comme un lieu de vie apostolique, riche de tant de diversités, affrontée sans cesse à ses fragilités, mais prise dans  cet élan qu’elle reçoit au jour le jour  du Cœur du Christ. Je dois dire que je suis toujours et de plus en plus fier de parler de ma famille et heureux de voir l’intérêt qu’elle suscite. N’est-ce pas déjà un premier élément pour appeler ceux qui le voudraient à venir partager ce bonheur que nous avons à « procurer » à tous ? « L’Esprit souffle où il veut », ce n’est pas l’inquiétude qui ouvre l’avenir, c’est une confiance pleine et joyeuse. Voilà ce qui aujourd’hui me conduit. Beati... !

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SOLIDARITÉ 2009 Un portrait pour un projet (2)

 

nef-090613.jpgYamoussoukro, Institut National Polytechnique: un ensemble, unique en Afrique, de grandes écoles et d’instituts supérieurs. Les lignes futuristes de l’aile sud se découpent sur un ciel d’aurore. Le P. Serge quitte sa chambre de la cité universitaire, et rejoint à grandes enjambées la salle de cours où il doit célébrer. Ses paroissiens ? Des étudiants comme lui, avec quelques années en moins. Chaque matin, une petite communauté se retrouve pour l’Eucharistie. Rien à voir avec les assemblées du samedi soir (entre 400 et 500 jeunes qui remplissent un gymnase ou un amphi), sauf l’essentiel : la Présence qui s’offre et qui renouvelle tout.

Serge Braga est né il y a 31 ans au bord de la lagune, en face d’Abidjan. En 2007, après huit ans de formation ecclésiastique, le jeune religieux a replongé dans les études professionnelles. Prêtre depuis un an, le P. Serge connaît la pression des examens ; il porte avec sa génération les espoirs, les souffrances et les défis d’une Côte d’Ivoire qui n’en finit pas de sortir de la crise. Mais pourquoi est-il là ?

Le P. Serge n’est pas l’aumônier de l’INP. Pourtant, au milieu de cette jeunesse déboussolée, il témoigne d’autres valeurs. Il n’est pas là seulement pour décrocher un diplôme de technicien supérieur. Cependant, il travaille dur pour tenir le rythme et avoir les compétences de sa nouvelle mission: piloter le centre de formation en mécanique automobile que Bétharram entend ouvrir à Adiapodoumé.

On est bien loin des grands collèges et des filières générales, néanmoins, cette initiative s’inscrit dans la tradition pédagogique de la Congrégation : répondre aux besoins de l’époque, éduquer les personnes, servir leur dignité. Une formation sérieuse ne sera pas de trop dans un secteur où les apprentis sont souvent exploités. Sans compter l’appoint financier qu’un tel atelier pourrait apporter à la communauté religieuse. Le projet est estimé à 140.000 euros en plusieurs tranches, étalées sur 4 ans. Pour le démarrage, le P. Serge et ses futurs mécanos attendent un coup de pouce : le vôtre.

Jean-Luc Morin,SCJ

 

POUR VERSER VOS DONS (déductibles des impôts): 
envoyer votre participation à Procure des Missions 64800 Lestelle-Bétharram
CCP 12880 P Toulouse (préciser "projet solidaire")  

Une figure de l'Église au Maroc

LE PÈRE ALBERT PEYRIGUÈRE (1883-1959)

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Cette année, nous fêtons le 50° anniversaire de la mort du Père Albert Peyriguère. Sans doute un illustre inconnu pour beaucoup d’entre nous ; mais tout de même un tout petit peu en lien avec Bétharram, car il était originaire de Trébons, un village près de Lourdes, et ayant vécu au Maroc de 1926 à 1959 (année de sa mort). Il habitait à El Kbab dans le Moyen Atlas ; et lorsqu’il venait à Casablanca, à partir des années 1940, il venait reprendre des forces dans notre communauté du collège Charles de Foucauld où il y retrouvait le Père Louis Duboé s.c.j, originaire du même village. Et puis la dynamique spirituelle impulsée par Charles de Foucauld est-elle si loin de ce « Me Voici, par Amour » que nous a enseigné Saint Michel !
Ordonné prêtre en 1906 pour le diocèse de Bordeaux, en lisant la vie du Père Charles de Foucauld, il découvre ce qu’il cherchait et veut essayer de devenir un de ses disciples. Après un ministère en Tunisie et en Algérie, en 1926 il se met à la disposition de l’évêque de Rabat qui comprend sa vocation. Il est alors envoyé en urgence à Taroudant pour soigner les malades du typhus; il est atteint à son tour, mais il surmonte la maladie et c’est alors qu’il s’installe en 1928 à El Kbab, un village du Moyen Atlas, à 35 Km de Khenifra. Il restera là jusqu’à sa mort.
Il va partager la vie de cette tribu berbère, s’improvisant infirmier pour soigner les nombreux malades qui viennent à lui où qu’il va visiter dans les campements nomades. Grâce à la générosité de nombreux bienfaiteurs il soigne, il habille, il nourrit cette population qui vit très pauvrement. Et en même temps, il travaille pour mieux connaître la culture berbère. Il défend la population contre l’administration du protectorat et est ainsi plusieurs fois menacé d’être exilé. Mais il garde toujours sa liberté de parole pour défendre les pauvres.
Il n’hésite pas non plus à aller dans les grandes paroisses des villes pour faire réfléchir les chrétiens sur leur responsabilité vis-à-vis de leurs frères musulmans. Sa parole là aussi dérange les bien pensants.
Cette vie de contacts amicaux, de services rendus est soutenue, vivifiée par de longues nuits qu’il passe dans la chapelle devant le Saint Sacrement. Célébrant le plus souvent seul l’eucharistie, il trouve là la source et le dynamisme de son activité. Il y puise sa solidarité avec ce peuple. Il veut alors vivre le Christ au milieu de tous, le laissant transparaître à travers toute sa vie et le reconnaissant dans chacun de ses frères humains.
Quelque temps après l’indépendance du Maroc (1956), avec le régime rude qu’il mène dans la montagne, il s’est usé ; alors il est hospitalisé à Casablanca où il meurt le 26 avril. Mais il sera enterré dans ce village qu’il avait tant aimé.
Au moment de l’inhumation, un jeune  berbère lira ce poème d’adieu « Le marabout n’avait pas de femme et d’enfants : tous les pauvres étaient sa famille. Il a donné à manger à ceux qui avaient faim. Il a habillé ceux qui étaient sans vêtements. Il a soigné les malades. Il a défendu ceux qui étaient injustement traités. Il a accueilli ceux qui n’avaient pas de maison. Tous les pauvres étaient sa famille, tous les hommes étaient ses frères. Dieu soit miséricordieux pour lui ! »
Ce poème n’est pas écrit par un saint évangéliste du temps de Jésus, mais par un jeune musulman du XX° siècle !
N’est-ce pas étrangement ressemblant à ce que nous sommes invités à vivre dans notre vie religieuse Bétharramite, à la suite d’un certain Jésus !

Mgr Vincent Landel,SCJ

En ces temps pas toujours faciles pour le dialogue islamo chrétien qui est un défi pour notre temps, écoutons ce qu’écrivait le P. Peyriguère : « Un vrai chrétien qui l’est jusqu’au bout et un vrai musulman qui l’est jusqu’au bout, comment pourraient-ils ne pas se comprendre et peut-être, à certains instants, marcher la main dans la main ? Ils ont en commun tout un trésor moral et spirituel qu’ils ne peuvent pas ne pas sentir en danger... Il faut prendre les autres comme ils sont parce qu’ils sont bien obligés de nous prendre comme nous sommes. Même s’ils n’ont pas les qualités que nous préférons ou s’ils ne les ont pas de la manière que nous préférons, ils en ont d’autres. Il faut de la variété dans le monde pour que le Bon Dieu ne le trouve pas uniforme, ni nous non plus. De la variété dans les qualités respectives comme dans les défauts ».


 

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1929-2009

BÉTHARRAM EN CÔTE D'IVOIRE

Notre Congrégation a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire il y aura bientôt 50 ans. Le récit de cette aventure nous accompagne tout au long de cette année jubilaire. Nous le devons au P. Laurent Bacho, conseiller général et formateur près d’Abidjan.

6. LE QUESTIONNEMENT

Le 4 août 1977 l’abbé Jean-Marie Kélétigui est nommé évêque de Katiola, en remplacement de Mgr Durrrheimer qui restait le dernier évêque missionnaire dans le pays ; l’ordination épiscopale a lieu le 30 octobre, en présence du Président de la République, Félix Houphouet Boigny. La réception a lieu à l’ombre des manguiers du séminaire. Ce changement va demander une plus grande implication de tous les chrétiens à la vie du diocèse. Au séminaire, on note quelques signes de découragement ; après la classe de terminale au Moyen Séminaire de Yopougon, nos anciens élèves ne font pas le pas du grand séminaire et s’orientent vers la fonction publique. En septembre 78, l’Evêque envoie l’abbé Dahiri aux études ; il est remplacé par le P. Pierre Jacquot, vicaire sma à Ferké. Avec lui, comme avec un laïc Denis Coulibaly, professeur au séminaire depuis 3 ans, la collaboration est excellente.
Avec le nouvel évêque, nouvelle tentative de diversification de mission ; le P. Laurent Bacho est nommé vicaire à la paroisse de Katiola, tout en gardant un pied au séminaire ; il est aumônier des jeunes, de la prison et chargé d’une important complexe agro-industriel de canne à sucre où travaillent un millier d’ouvriers, la plupart étant des immigrés du Burkina Faso. Un nouveau supérieur provincial en août 1979 : le P. Gabriel Verley, qui vient chercher le P. Ségur à Katiola pour l’animation vocationnelle. Le P. Beñat Oyhénart devient supérieur de communauté et directeur du séminaire, tout en assurant l’économat et de nombreuses heures de cours. Le nouveau provincial vient encourager la communauté bien réduite et consoler Fr. Jean-Claude, dont la menuiserie a brûlé après Noël. Bientôt, un ancien de Thaïlande, le P. Arialdo Urbani, vient en renfort comme vicaire à la paroisse de Katiola, avec la charge particulière du secteur « Ligbonou ».
En août 1981, la question du lieu de mission de la communauté devient importante : le P. Laurent rejoint Pibrac où la province envisage la communauté de formation des jeunes (…). Pouvons-nous continuer à garder la charge du séminaire ? Non, d’autant plus que le retour au diocèse de l’abbé Dahiri est prévu ; il a l’expérience et la compétence voulues. Devons-nous quitter le diocèse, notamment pour nous rapprocher du Fr. Jean-Claude qui se trouve depuis quelques mois  économe au Grand séminaire 1° cycle de Ouagadougou ? Avons-nous le droit de laisser un diocèse déjà pauvre en prêtres, parce qu’il y a eu quelques problèmes de communication ? 
Un vrai discernement  est engagé ; la communauté sur place plaide pour rester dans le diocèse, l’évêque propose à la congrégation la charge des paroisses de Boniéré et Dabakala.  C’est un secteur pastoral un peu délaissé qui n’attire pas grand monde : un endroit rêvé pour Bétharram qui reçoit mission « d’exercer l’immensité de la charité dans son emploi, quelque limité qu’il soit », « le dévouement aux œuvres dont les autres ne veulent pas ». Bétharram quitte ce carrefour devenu très coquet grâce à la fête nationale de 1979 avec eau courante, électricité, télévision, goudron…. pour s’enfoncer en pleine brousse !

Laurent Bacho,SCJ

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