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11/09/2009

Nouvelles en famille - 14 novembre 2009

Sommaire

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Le mot du Père Général

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Vous valez plus que les lys et les oiseaux

Je me rappelle le catéchisme de mon enfance : la Providence divine est le soin amoureux par lequel Dieu protège toute chose, spécialement les hommes. La Providence fait partie de notre foi en un Dieu Père qui est bon et cherche toujours notre bien, qui nous a créés par amour et qui, avec le même amour, veille sur nous pour nous garder en vie. Ce Père de bonté connaît bien nos limites et nos faiblesses, et veut que nous tirions profit de toutes les situations, favorables ou défavorables, pour grandir et mûrir. Le Bon Dieu nous protège afin de faciliter le déploiement du potentiel qu’il a mis en nous, dès la conception, et libérer ainsi le secret ressort de l’amour dont parlait notre père saint Michel. Le Bon Dieu veille sur nous, tellement que si nous manquons de quelque chose, il nous le fait parvenir à travers la solidarité d’un frère ou d’une autre manière.
Je me rappelle aussi qu’en pleine crise de l’Argentine, alors qu’il n’y avait plus un peso dans la caisse provinciale, un inconnu a approché la communauté de Montevideo et lui a fait don de 30.000 dollars. Le Supérieur de la communauté envoya sa part à la caisse provinciale, de sorte qu’on a pu faire face aux échéances urgentes de la fin du mois.
Le 11 octobre, j’ai eu la joie d’assister à la canonisation de Jeanne Jugan, fondatrice des Petites Sœurs des Pauvres, à la basilique St-Pierre. J’ai connu ces religieuses au Foyer Marin de la Plata, où elles soignaient le P. Antonio Perez,scj les derniers années de sa vie. J’ai eu la grâce de leur prêcher une retraite annuelle. Je me souviens d’avoir vu, à l’entrée du Foyer, une statue de saint Joseph et les billets lui demandant COUCHES, RIZ, LAIT, HUILE… Je me souviens que le P. Miner, de notre collège de La Plata, leur apportait de l’huile chaque mois. La crise se fait sentir aussi dans les dons. Des portes se ferment, mais d’autres s’ouvrent, m’expliqua Sœur Maria del Monte. Beaucoup regrettent de ne pouvoir donner comme avant, mais d’autres bienfaiteurs se présentent, nous recevons un legs inespéré ou les surplus d’un magasin… Le monde a déjà traversé bien des crises, mais la Congrégation est toujours allée de l’avant. Le Seigneur fait en sorte que l’aide nous parvienne…
On a du mal à croire à la Providence en un temps où certains pensent que l’homme peut tout, ou peut arriver à tout pouvoir. Où il faut profiter de tout et où on cultive l’illusion qu’on peut disposer de tout. Cette mentalité nous empêche de voir comment notre vie et celle de tout homme est remplie chaque jour d’interventions discrètes de Dieu, des « petits miracles », ignorés bien souvent de leurs bénéficiaires. Saint Michel Garicoïts le dit en ces termes : Il faut s'abandonner à la Providence, s'attendre à tout, quelque juste qu'on soit… Et puis, nous devons montrer, dans toute notre conduite délibérée, que notre parti est pris là-dessus et que notre cœur est tout rempli de ce sentiment de complet abandon, sans lequel il n'y a pas même de vraie conversion. (D.S. 67)
Bétharramites, le vœu de pauvreté fait de nous des hommes attachés à Jésus pauvre, confiants dans la Providence et détachés de tous liens de possession (R.V. 47). Sans la confiance en l’attention aimante que Dieu a pour chacun, il est impossible de vivre sa foi. Il est tout aussi impossible d’exercer des ministères risqués quant à la mission - soit par manque de moyens pour travailler auprès des pauvres dont on ne peut rien attendre du point de vue matériel, soit par persécution ou rejet de la foi. Croire en la Providence aimante de Dieu permet d’être responsables, reconnaissants ; elle délivre de la cupidité, de la prétention que nous pouvons tout avoir et disposer de tout pour en retirer prestige, honneurs, influence. La foi en la Providence nous libère de toutes ces illusions et nous aide à vivre dans la vérité, en faisant notre devoir de façon responsable et fidèle, en gagnant notre pain d’un effort soutenu, à la sueur de notre front.
Puissions-nous être capables de nous émerveiller de tant d’amour, lequel s’exprime dans les mille détails de notre vie lorsque, sans trop savoir comment, nous faisons l’expérience de ce qui donne valeur et sens à l’existence. Car Dieu manifeste sa Providence à travers quantité de bonnes actions, réalisées par des anonymes, qui rendent meilleur. Par exemple, le soutien de bienfaiteurs pour plus d’efficacité dans notre mission et dans la promotion humaine. Puisse tout cela redoubler notre reconnaissance ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits ! Car il pardonne toutes tes offenses et te guérit de toute maladie ; il réclame ta vie à la tombe et te couronne d'amour et de tendresse ;  il comble de biens tes vieux jours : tu renouvelles, comme l'aigle, ta jeunesse. (Ps 102,2-5)
La raison principale de notre foi en la Providence, c’est la personne de Jésus : il était confiant et ému lorsqu’il pensait à la sollicitude du Père envers les petits. Je te loue, Père… (Lc 10,21) Comment retenir son émotion en écoutant ces si belles paroles de Jésus sur la Providence : La vie vaut plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement. Voyez les corbeaux : ils ne font ni semailles ni moisson, ils n'ont ni greniers ni magasins, et Dieu les nourrit. Vous valez tellement plus que les oiseaux ! (Lc 12,23-24)

Gaspar Fernandez,SCJ 

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nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... à son frère Maxime, le 21 novembre 1873

Nous sommes privés de tes nouvelles depuis un an. Dieu veuille que tu ne sois pas malade. Quant aux retards et aux pertes matérielles et d’argent, patience ! Ne te décourage pas de ces contretemps, de ces accidents, de ces mécomptes si pénibles à la nature. Le laboureur comptait sur sa moisson et bâtissait tout un plan de bel avenir. La grêle passe. Dieu l’a voulu ! Courage, pauvre laboureur ; l’épreuve est rude ; mais quand la moisson manque pour la terre, sache la récolter abondante pour le Ciel. Oh ! cher enfant, profitons de tout, faisons trésor éternel de tout, des succès et surtout des revers… Et en avant toujours, en bénissant Dieu toujours et en disant : Ô Père, votre volonté et non la mienne.

Écris-moi, cher ami, la cause de ton long silence ; tu sais que j’ai un cœur où tu peux déposer sans crainte tous tes soucis. Confiance en la Très Ste Vierge ; si tu souffres, si tu es désolé, Elle est là au pied de la Croix avec son Fils, qui mourait, abandonné de tous, et rendait son esprit. Ô Mère, source d’amour, donne-moi la force dans la douleur pour que je pleure avec toi. ( Stabat Mater).


Dans les intempéries et dans l'itinérance

 

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nef-091104b.jpgCe 14 novembre à Buenos Aires, le Fr. Sebastian Garcia est ordonné prêtre. Sa réflexion et son témoignage résonnent d’autant plus aux oreilles et aux cœurs bétharramites.

Il y a quelques jours je suis tombé sur ce texte intéressant (2 Sm 7,5-6) : Va dire à mon serviteur David :Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? Depuis le jour où j’ai fait monter d’Égypte les fils d’Israël jusqu’à ce jour, je n’ai jamais habité dans une maison. J’ai été comme un voyageur, sous la tente qui était ma demeure. Je l’ai aussitôt relié à ce passage du Nouveau Testament :Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer sa tête. (Mt 8,20) Ces paroles m’ont donné à réfléchir. Beaucoup. Tout s’est organisé dans mon esprit autour d’une notion omniprésente dans la Bible : l’itinérance. En réalité, on peut comprendre tout le texte sacré à partir de l’exode, depuis Adam, Abraham, Isaac, Jacob, Samuel, David, l’exil à Babylone, Amos, Jérémie, Jean-Baptiste, Jésus et les Douze. Au fond, itinérance signifie exode, incessante sortie de soi pour se mettre en marche, ouvrir un chemin, vivre un peu en nomade. C’est l’idée de Jésus rapportée par saint Matthieu : pas de demeure permanente ni de patrie définitive en dehors du Royaume.
C’est ce que confirme l’Évangile selon saint Marc (6,8-9): Et il leur prescrivit de ne rien emporter pour la route, si ce n’est un bâton ; de n’avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaie dans leur ceinture. Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. Dans la perspective de la venue prochaine du Royaume, tout repose sur une confiance absolue en la Providence: Dieu prend en charge la vie du disciple. D’où l’intuition personnelle qu’intempéries et itinérance sont deux faces de la même pièce.
On vit dans les intempéries quand on n’a pas de lieu propre où se sentir propriétaire de quoi que ce soit, à l’exception de sa vie. On vit dans l’itinérance quand on fait de sa vie un long pèlerinage, sans domicile fixe où s’ankyloser, sans céder à la tentation de l’enlisement et de l’embourgeoisement. En réalité les deux sont intimement liées : pour tout chrétien, intempéries et itinérance sont deux traits de la suite radicale de Jésus. On remet toute sa vie à Dieu qui n’abandonne personne et on vit en sortant sans cesse de soi pour procurer un bien aux autres, aux frères.
Si on envisage cela depuis notre charisme, je crois que tout prend sens. Nous, Bétharramites, avons été saisis par le Cœur de Jésus anéanti et obéissant, disant à son Père : Me voici ! et par amour assume notre chair, c’est-à-dire se fait pleinement homme. Nous suivons donc un Jésus qui n’a pas de demeure permanente ici-bas et vit constamment pour les autres, pour qu’ils aient la vie en abondance.
Être bétharramite, c’est donc faire des intempéries et de l’itinérance de Jésus notre propre projet de vie. En lui nous voyons ce que signifie ne pas avoir de lieu propre : il sort du sein du Père pour entrer dans le sein de Marie et se faire l’un de nous. Et cet anéantissement le conduit à sortir en permanence de lui-même, pour œuvrer au salut des hommes. Ce dépouillement est chaque fois plus grand, il atteint son paroxysme dans le drame de la Croix. Il n’est pas d’intempérie supérieure à celle d’un Christ exposé, décharné, cloué sur la croix. Il n’est pas d’itinérance supérieure à celle d’un Jésus parcourant les routes poussiéreuses de Judée pour manifester l’amour de Dieu, se diriger résolument vers Jérusalem et donner ainsi un sens nouveau, définitivement sauveur, à la fête de la Pâque. 
Toute la vie de Jésus balance entre intempéries et itinérance. Le Christ n’a d’autre demeure que le Cœur du Père, et le cœur des hommes ses frères. Toute la vie de Jésus est renoncement au confort, à la stagnation, à la vie facile pour faire du cœur des hommes sa demeure la plus intime et la plus personnelle. Vivre la vie sous l’angle de l’intempérie et de l’itinérance est profondément bétharramite : nous sommes le camp volant de saint Michel, prêts à aller là où on nous appelle et partager aux autres le même bonheur, prêts à nous retirer quand on n’a plus besoin de nous.
C’est cet idéal que nous avons voulu vivre, au début de l’année, en formant à Barracas la communauté de pastorale éducative. Un groupe de religieux  (6 prêtres et 2 frères) chargés du suivi pastoral des 8 collèges du Vicariat d’Argentine-Uruguay. À partir de ce camp de base, nous faisons des visites périodiques dans les collèges. Nous assurons un nouveau type de présence, en nous situant avant tout comme des religieux. Nous parcourons les établissements avec une seule mission : procurer aux autres le même bonheur, en gardant le contact avec les élèves, en accompagnant des camps, des excursions et des retraites, en travaillant au côté des catéchistes et des directeurs, en rencontrant les parents d’élèves, en réfléchissant et en partageant avec les laïcs la pastorale d’ensemble. Parfois, nous n’avons qu’une pièce dans les communautés où nous travaillons. Loin de nous enkyster dans le confort, cela nous donne la liberté suffisante pour nous incarner dans les diverses réalités d’Argentine et d’Uruguay.
C’est une semblable itinérance que vit la communauté religieuse en pastorale missionnaire, perdue au nord de Santiago del Estero, là où le pays souffre. Trois religieux ont la charge d’une paroisse de 200km de long sur 150 de large, avec plus de 75 communautés chrétiennes à visiter, assister, confesser, où célébrer la Messe et les sacrements…
Nous avons décidé de faire de l’itinérance et des intempéries les deux caractéristiques fondamentales de notre nouvelle vie personnelle et communautaire. Nouvelle assurément, parce qu’il n’y a pas de trace d’expériences de ce type à Bétharram du Rio de la Plata. Nouvelle surtout parce qu’elle veut exprimer de façon plus intime et personnelle notre identité de religieux : ne pas avoir d’autre demeure que l’expérience de Dieu, vécue dans la prière et partagée, célébrée avec les Frères, et en vivant l’itinérance, pour que personne ne soit exclu de la joie de connaître, d’éprouver et de célébrer l’amour du Christ. 
Les intempéries et l’itinérance sont peut-être les deux faces renouvelées du visage de Jésus anéanti et obéissant, qui nous a fascinés au point de lui consacrer notre vie. Que le Seigneur ne cesse de nous faire ce don de la disponibilité, pour vivre comme Jésus, sans autre patrie définitive que le Cœur du Père.

Sebastian Garcia,SCJ


5 minutes avec... Mgr Vincent Landel

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Du 2 au 26 octobre, Mgr Vincent Landel a posé ses bagages à la Maison générale. L’archevêque bétharramite de Rabat (Maroc) participait en effet à la IIe assemblée spéciale du Synode pour l’Afrique, en tant que président de la conférence régionale du Nord de ce continent. En ce 50e anniversaire de présence de Bétharram au sud du Sahara (Côte d’Ivoire), et près de 70 ans en Afrique (Maroc, Algérie), il était important de recueillir ses impressions et convictions.

Nef : En quelques mots, pouvez-vous nous présenter ce que vous vivez au Maroc ? 
- J’essaie, au nom du Seigneur, d’accomplir ce service de communion que le Seigneur m’a confié dans ce diocèse un peu atypique (plus grand que la France). Un peu atypique car nous sommes 25000 catholiques, tous étrangers vivant en bonne intelligence avec 35 millions d’habitants, tous musulmans. Nous avons la liberté de culte pour les étrangers, mais dans un contexte de non liberté religieuse pour les habitants du pays. Ce service de communion entre chrétiens d’abord, car nous sommes d’au moins 90 nationalités différentes ; ce qui représente des cultures et des langues très différentes. Mais ce service de communion aussi avec ce monde musulman avec lequel nous travaillons et qui marque toute notre vie sociale ; ce n’est pas évident, car en arrivant nous n’avons pas tous la même approche du monde musulman. C’est au cœur  de cette communion que nous avons à être, par notre vie, les témoins d’un Dieu qui se donne et qui est tellement miséricordieux. Il faut que nous arrivions à nous dépouiller de nos certitudes, pour arriver à faire communion « autour de Jésus Christ et du Maroc ».

Dans quel état d’esprit êtes-vous arrivé à Rome et comment en repartez-vous ?
- En arrivant au Synode, avec mes frères évêques de la CERNA (Conférence Episcopale des régions du Nord de l’Afrique), nous étions un peu inquiets, car dans toute la préparation, nous n’avions pas eu l’impression d’être pris comme une réalité ; même pour le petit paragraphe qui parlait de l’Islam, on ne parlait que de la réalité de l’Islam dans le monde subsaharien. Aussi avons nous préparé, en Conférence, nos interventions pour qu’elles puissent manifester vraiment notre réalité. Ce qui a le plus frappé nos frères évêques c’est le fait que dans nos pays du Maghreb nous accueillons plus de 30000 étudiants subsahariens et de nombreux migrants clandestins. Ce qui fait que nous avons souvent parlé dans les lieux officiels, mais aussi durant les poses café, et à la fin, plusieurs de nos frères évêques nous ont remerciés de leur avoir fait découvrir une réalité qu’ils n’imaginaient pas. Par notre témoignage, ils ont eu l’impression d’être invités à sortir d’un « ghetto » dans lequel l’Église risquerait de s’enfermer.

Ce synode était une première pour vous : quel regard portez-vous sur son déroulement ?
- Ce Synode était une première pour moi ; mais dès le début je ne fus pas perdu, car je connaissais plusieurs évêques que j’avais déjà rencontrés dans des réunions, car je fais partie du comité permanent du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar). Mais il s’est déroulé d’une façon très sereine, grâce à la compétence du Secrétaire Général (Mgr Eterovic) et de l’instrument de travail que nous avions ; une salle hyper bien équipée avec des traducteurs parfaits ; dès que nous étions invités à parler notre micro s’allumait et notre photo apparaissait sur un écran avec la carte de notre pays ; ainsi devant tout le monde nous étions déjà situés. Et puis quelle écoute ; nous avons été plus de 220 à parler (5 minutes)....ce fut un temps d’écoute transcendant et parfois très émouvant devant telle ou telle situation que nous connaissions par les médias ; mais devant nous, nous avions des témoins vivants ! 

L’Église d’Afrique du Nord tient une place à part sur le continent ; a-t-elle été prise en compte dans le concert des réalités africaines ?
- C’était notre grande crainte, en arrivant, car dans les mentalités, un africain ne peut être que « noir », et les arabes ne veulent pas se considérer comme « africains ». Mais je ne sais pas si nous avons fait du « lobbying » ou du « forcing », mais au fil des jours, nous avons eu l’impression que l’image se transformait. Si bien que dans les derniers documents, aussi bien dans le message envoyé aux hommes de bonne volonté que dans les « propositions » pour le Pape, il a été tenu compte de ce que nous avions dit. En fin de rencontre un évêque Ethiopien est même venu me trouver pour me demander si éventuellement il pourrait envoyer des prêtres chez nous et comment il faudrait les préparer ! C’est la grâce du Synode. Je ne lui avais pas parlé durant le travail, à cause de la langue, mais il avait écouté et entendu !

Quelles convictions et lignes d’action ont émergé de ces trois semaines d’échanges ? Desquelles entendez-vous vous saisir en priorité dans votre ministère ?
- À la suite du thème central du synode, il a été baucoup insisté sur la justice, la paix et la réconciliation ; et pour cela nous avons beaucoup centré nos interventions sur la « Doctrine sociale de l’Église », sur l’éducation, sur la place de la famille et en particulier de la femme, sur l’importance d’accompagner les hommes politiques. Sous notre impulsion a été mis aussi en exergue le dialogue inter religieux et l’importance de faire des « choses ensemble ». Comme vous vous en doutez ce sont ces deux dernières interventions qui auront ma priorité, surtout que je me dis que de nombreux musulmans, dans les univrsités ou les entreprises auront connaissance du christianisme que par le témoignage chrétien de ces responsables ou de ces étudiants. Il faut aider ces chrétiens à vvire une véritable conversion, car en arrivant chez nous, ils n’imaginaient pas une telle responsabilité ecclésiale

En quoi votre identité de Religieux nourrit-elle votre vie personnelle et votre mission de Pasteur ?
- Ma vie religieuse m’invite, comme chacun d’entre vous à « manifester l’élan du Verbe Incarné disant à son Père ‘Me Voici’ ». Avec vous je suis invité à continué à le vivre ; c’est cela qui me fait aller sur les routes à la rencontre des uns et des autres « pour procurer aux autres ce même bonheur ». C’est toute ma vie de pasteur qui est illuminée par ce message. Et de plus ce message laissé par saint Michel correspond très fortement au message du Père de Foucauld qui a retrouvé le Jésus de son enfance sur els routes du Maroc en voyant prier des musulmans. Saint Michel ne nous dit-il pas aussi que la rencontre de « l’autre différent » nous enrichit, même dans notre foi chrétienne.

Dans vos responsabilités provinciales et générales, vous avez suivi de près les développements de Bétharram en Afrique ; le 13 septembre, vous étiez en Côte d’Ivoire pour des ordinations et des vœux perpétuels ; quels appels y voyez-vous pour la Congrégation aujourd’hui ?
- Je rends grâce à la Congrégation de m’avoir invité, à l’occasion du cinquantenaire de notre présence en Côte d’Ivoire, à venir ordonner Emmanuel. L’Afrique a toujours amrqué ma vie religieuse ; en effet j’ai commencé mon noviciat en 1959, juste au moment où nos pères fondaient Ferkéssedougou. Et j’étais très attenitf à ce qui se vivait dans ce pays. J’ai été admiratif de voir nos frères chercher d’abord à s’incarner dans le pays, chercher à servir l’Église tout gratuitement. Et ce n’est que doucement que nous avons accepté d’accueillir des jeunes ; je me souviendrai toujours de cette réfelxion de Mgr Kélétégui (alors évêque de Katiola) alors que je lui demandais si nous pouvions accepter des jeunes dans la Congrégation, « comment pourrais-je empêcher des jeunes ivoiriens de vous suivre dans ‘ce qui vous fait vivre’ ». Et puis je me rappelle aussi de cette promende avec l’évêque Yopougon qui nous a proposé la paroisse Saint Bernard d’Adiapodoumé. Ayant été gratuitement au service de l’Église, les évêques nous ont fait confiance. N’est-ce pas être totalement bétharramite ! J’y vois un appel à contineur dans ce sens, non pas pour être des « fonctionnaires du culte », mais des témoins d’un Amour qui nous a saisi et qui nous fait vivre. De plus en plus je crois que l’Église manque de véritables témoins ; ne serait-ce pas une vocation de Bétharram pour l’Église et pour le monde d’aujourd’hui, d’être de ces témoins authentiques par la vérité de leur vie.  

Une dimension de la spiritualité de saint Michel Garicoïts qui vous tient à cœur, et que vous voudriez-nous partager… 
- Ce qui me tiendrait à cœur  aujourd’hui, c’est cette disponibilité au service de l’Église pour accomplir la « mission de l’Église » et non sa « propre mission ». N’est-ce pas cela qui a fait souffrir Saint Michel, et qui en même temps l’a lancé au service de l’Église universelle. Ce service dans la disponibilité est à vivre dans ce véritable amour, enraciné dans le Cœur de Dieu. Nous ne pouvons pas être de ces serviteurs si nous ne sommes pas de ces contempaltifs. « Où s’apprend cette loi d’amour, sinon au pied de la Croix » où nous nous laissons irradier par l’Amour qui jaillit de ce Cœur transpercé?

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In memoriam: Vicariat de Brésil

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Monte Corrado (Italie), 8 septembre 1911 - Brumadinho (Brésil), 6 octobre 2009

Il me faudrait le coup de crayon du P. Dante pour dessiner son portrait de manière assez suggestive sans tomber dans la caricature... mais son talent nous a quittés avec lui. Artiste, il l'était dans des domaines variés. Sa sensibilité fort développée s´exprimait tout autant dans le dessin, la musique et la littérature. Ses tendances naturelles furent encore accentuées par la saine compétition qu´íl rencontra pendant ses études supérieures en Terre Sainte, avec des compagnons dont il gardera le souvenir jusqu'à la fin. Une génération qui eut à se confronter aux horreurs du deuxième conflit mondial, et plus tard au souffle printanier du Concile Vatican II.
Dans la musique, Dante apparaissait davantage comme parolier et interprète. Il n'a, je pense, guère composé lui-même de mélodies. Comme interprète, il fut marqué par ses débuts de soliste à l´église dei Miracoli. Ses paroles et adaptations sont souvent remarquables de poésie et de créativité. Et il était capable d'écrire simultanément un sonnet en trois langues différentes, tout en respectant le génie propre de chacune.
Mais le P. Dante a été beaucoup plus que cela. On pourrait le définir comme un pionnier: pionnier pour l´oeuvre du Brésil où il fut le premier auxiliaire du Père Apetche; plus tard pionnier de l´insertion à São Paulo, de l´ouverture de la communauté de Nova Granada, aux côtés du P. Lasuén. Plus tard, il accompagne le Père Paulo Vital dans la prise en mains de la paroisse de Brumadinho. Et là, dans un coin de campagne un peu isolé, alors qu'on lui prédisait un bref séjour parce qu'il semblait taillé pour la grande ville, il restera une quarantaine d´années, avec deux ou trois interruptions jamais supérieures à 3 ans.
À Brumadinho, sa créativité s'exprimera par la construction d´innombrables chapelles au cœur des petites communautés. Dès son arrivée au Brésil, il s'était muni d´un diplôme qui lui permettait d´être "constructeur". Partout, il a laissé sa marque, mais c'est à Brumadinho que ses chapelles se comptent par dizaines. Le joyau en est le “sanctuaire” du Belo Ramo où il vivra les dernières années de sa vie et mourra, aux bons soins de Carmélites de Saint-Joseph qu'il y avait installées. S'il lui arrivait de répéter ses plans, on ne peut nier que c'était un fonceur, et que fort souvent, non seulement il dirigeait les travaux, mais encore se chargeait d'obtenir les fonds nécessaires...
Il avait, bien sûr, les défauts de ses qualités: ses moments de "porc-épic"; une certaine inconstance, et il a parfois donné l´impression de faire un peu ce qu´il voulait. Par ailleurs, en cherchant à être populaire, il avait des réparties brutales qui auraient pu décourager ceux qui le connaissaient mal. 
Plus profondément, au-delà du côté humain positif et négatif, on découvrait chez lui une personne totalement guidée par la foi. En diverses circonstances bien concrètes, il donna la preuve d'une obéissance absolue et d´un esprit d´enfance tout à fait évangélique. Il était sincère et définitif en amitié et savait pratiquer la douceur. Finalement, un homme tout en contrastes. 
De ses trois noms de baptême, il faisait usage de Dante, mais je le soupçonne d'avoir donné sa préférence au troisième: Mariano. Les signes ? D´abord, c´était le nom, relatif à sa date de naissance, du choix de sa maman, à qui il a toujours gardé un immense attachement; et puis, sa dévotion inébranlable à Notre-Dame du Beau Rameau, qu'il a louée par le chant, l´image, la poésie et l´architecture...
De son père, il savait que c´était un homme qui labourait droit, et que les voisins invitaient à leur tracer le premier sillon à la saison nouvelle: toute la plantation s´en trouverait plus harmonieuse... Dante, comme lui, a su faire de sa vie ce sillon rectiligne dont il ne s´est jamais départi.
Son souvenir ne périra pas de si tôt: déjà, dans la communauté de la Bienheureuse Mariam, un bébé à naître ces jours-ci a nom Dante Angel....
 
José Mirande,SCJ 

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1929-2009

BÉTHARRAM EN CÔTE D'IVOIRE

Notre Congrégation a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire il y aura bientôt 50 ans. Le récit de cette aventure nous accompagne tout au long de cette année jubilaire. Nous le devons au P. Laurent Bacho, conseiller général et formateur près d’Abidjan.

10. Le commencement

En septembre 90, c’est l’ouverture de la communauté de formation « St Bernard d’Adiapodoumé », avec le P. Beñat Oyhénart qui a la responsabilité de la paroisse et qui prend des cours à l’ICAO (Institut catholique de l’Afrique de l’Oues) et Anatole qui suit la première année de philosophie au grand séminaire d’Anyama en étant hébergé la semaine chez les SMA qui ont leur maison de formation à Ebimpé, à quelque pas du grand séminaire. Le P. Beñat Ségur les rejoindra en novembre, après le feu vert des docteurs ; il donne des cours au lycée catholique « Mgr René Kouassi » à Dabou et il en est l’aumônier. Puis Félicien s’ajoutera en décembre pour suivre des cours de comptabilité à Yopougon ; ils sont conscients de vivre un commencement. Une apparence de faiblesse qui enveloppe une grande espérance ; notre Fondateur nous invite à ce regard de Foi : « Quoi de plus grand devant dieu et devant les hommes que ce petit morceau de pain que le prêtre tient tous les jours entre ses mains ! Pourtant il n’y a là que les plus chétives apparences. C’est ainsi que les plus grandes choses se trouvent dans les plus petites ». Par sa présence à l’ICAO, Le P. Beñat Oyhénart nous aide dans la réflexion théologique et son mémoire « Du Bétharram ivoirien aux Ivoiriens Bétharramites » contribue à nous rendre plus sensibles aux questions de l’inculturation. Notre présence dans le Sud nous permet aussi d’avoir des liens fréquents avec les Servantes de Marie de Toupah et d’Adzopé.
Dans le pays djimini, les avancées apostoliques sont repérables grâce à une réelle collaboration entre frères et sœurs ; à Boniéré avec les Filles de la Croix, P. Tarcisio et Fr Jean-Claude ; à Dabakala-Nyangourougbonon, avec les Sœurs de Peltre, Pères Laurent Bacho et Jean-Marie Ruspil auquel l’Evêque a joint, l’Abbé Germain Kalari, jeune prêtre diocésain de quelques mois. Chaque semaine, une matinée commune de prière et de partage entre religieux et religieuses pour évaluer le travail et donner des orientations : « Ce regard masculin-féminin posé sur ces réalités est d’une étonnante richesse ». La présence des Sœurs rend notre pastorale plus sensible aux questions humaines. Fr Jean-Claude s’active aussi à l’édification d’un barrage qui permettra plusieurs hectares de rizières. Des horizons nouveaux s’ouvrent ; des campements de lobbis demandent à ce que l’on vienne enlever leurs fétiches pour connaître Jésus ; des villages autour de Bassawa organisent des rencontres d’information ; un village Sokala-Sobarra ne veut plus servir de route de passage pour le Père vers Nyangourougbonon, ils demandent à être catéchisés.
Lors de sa deuxième visite en janvier 1990, le P. Firmin Bourguinat nous fait entrevoir la possibilité de construire un scolasticat, d’y penser sérieusement, d’établir des plans et des devis pour les présenter à des organismes ; l’économe général sera notre intermédiaire en particulier auprès du Vatican. L’année suivante voit le retour du P. Beñat Oyhénart à Boniéré et le départ du P. Laurent Bacho à Adiapodoumé ; deux autres jeunes rejoignent Anatole et Félicien. Les tractations pour l’achat d’un terrain prennent du temps et de l’énergie ; finalement il se situe en face de la paroisse, encore un clin d’œil de la Providence. Ce sont aussi les préparatifs du premier noviciat qui commence le 14 septembre 1992 pour 4 ivoiriens avec P. Laurent Bacho comme maître des novices dans des dépendances de la paroisse qui ont été aménagées, grâce à la solidarité financière de la province de France. Pour la circonstance, la congrégation envoie du renfort ; le P. Élie Kurzum, religieux-prêtre bétharramite depuis trois ans, arabe de notre communauté de Bethléem ; il est vicaire à Saint-Bernard pendant deux ans.
Dès décembre 1992, les premiers coups de pioche des fondations de notre maison de formation ;  cinq pavillons qui favoriseront une vie communautaire plus fraternelle car on est déjà un peu à l’étroit à la paroisse ; avec les aspirants qui suivent des cours au lycée catholique de Dabou et qui rejoignent la communauté en certaines circonstances, nous sommes vingt. Le 14 septembre 1993, c’est la bénédiction de la maison de formation par Mgr Laurent Mandjo et la première profession religieuse pour 3 novices dans les mains du P. Firmin Bourguinat, supérieur provincial ; le même jour 4 autres (deux Ivoiriens et deux Zaïrois) commencent le noviciat. Cette réalisation  n’aurait pas pu exister sans la contribution de l’Eglise Universelle qui est intervenue pour 55% du budget à travers les « Oeuvres Pontificales Missionnaires » ; le restant a été fourni par les Religieux de la Province de France.
Au même moment c’est un autre chantier qui démarre à Dabakala ; une nouvelle église va prendre place de l’ancienne ; le 11 avril 1994, c’est la consécration de la « mini-basilique » par Mgr Jean-Marie Kélétigui ; nos frères sont plus heureux de la grande fête populaire que de la présence des plus hautes autorités de la république ! Le Père Paulo César, religieux-prêtre brésilien, nouvellement arrivé, apprécie  l’enthousiasme africain ; il remplace d’une certaine manière le P. Tarcisio Vera qui a rejoint le Paraguay après 5 ans de service. A Adiapodoumé, c’est aussi le passage du relais en ce mois de mai : c’est l’adieu au P. Beñat Ségur et au P. Elie Kurzum et l’akwaba au P. Gabriel Verley, tout heureux de ce 2° séjour après le 1er (1965-1970). Ceci a lieu en présence du nouveau supérieur général, le P. Francesco Radaelli et de l’économe général, le P. Pierre Carricart ; architecte de profession, notre supérieur général donne des idées intéressantes pour la construction de la future chapelle de communauté qui sera dédiée à la Bienheureuse Marie de jésus Crucifié, suivant l’intention de la bienfaitrice. En attendant cette construction, c’est l’église de Dabakala qui accueille la première profession religieuse de nos 4 novices le 14 sept, devant le P. Firmin Bourguinat, supérieur provincial ; au cours de sa visite il filme largement pour créer une vidéo dans le but d’intéresser des personnes en France à notre présence en Côte d’Ivoire.

Laurent Bacho,SCJ

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