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13/05/2009

Nouvelles en famille - 14 mai 2009

Sommaire

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Le mot du Père Général

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Doux de cœur, comme Jésus

La douceur est l’une des cinq vertus que saint Michel Garicoïts contemple dans le Cœur de Jésus, et qu’il veut pour ses religieux. Dans l’Évangile, Jésus se présente lui-même comme doux et humble de cœur (Mt 11,29). Le même Jésus déclare les doux bienheureux et affirme qu’ils recevront la terre en héritage (Mt 5,4), dans la droite ligne du Psaume 37 : Laisse ta colère, calme ta fièvre, ne t'indigne pas : il n'en viendrait que du mal… les méchants seront déracinés, mais qui espère le Seigneur possédera la terre. (Ps 37, 8-9, id. 22.34).
Notre père saint Michel commente ainsi le passage de Lc 9,54-56, lorsque les fils du tonnerre veulent détruire par le feu ceux qui n’ont pas voulu les recevoir: Élie faisait bien en suivant l’esprit de son état, mais les apôtres auraient fait mal en suivant l’esprit d’Élie, parce que ce n’était pas l’esprit de leur vocation. L’esprit de leur vocation était l’esprit de Notre-Seigneur, un esprit de douceur, d’humilité et de dévouement, pour attirer les pécheurs doucement à la pénitence et à son imitation. (M.S. 203).        
Nous contemplons la douceur dont Jésus témoigne dans les moments difficiles: (le Christ) n'a jamais commis de péché ni proféré de mensonge : couvert d'insultes, il n'insultait pas ; accablé de souffrances, il ne menaçait pas, mais il confiait sa cause à Celui qui juge avec justice. (1P 2, 22-23). Lorsqu'on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l'un à droite et l'autre à gauche. Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font. » Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. (Lc 23, 33-34). Voyant ce qui allait se passer, ceux qui entouraient Jésus lui dirent: « Seigneur, faut-il frapper avec l'épée?»  L'un d'eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l'oreille droite. Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l'oreille de l'homme, il le guérit. (Lc 22, 49-51)
La douceur de Jésus ressort clairement de ces textes. Ce que je vais maintenant présenter ce sont des attitudes de ce même Jésus doux de cœur, même si elles semblent dire le contraire. Les pharisiens espionnent Jésus pour voir s’il va guérir un jour de sabbat, et pouvoir ainsi le poursuivre. Alors, promenant sur eux un regard de colère, navré de l'endurcissement de leurs cœurs, il dit à l'homme : « É-tends la main. » Il l'étendit, et sa main redevint normale. Une fois sortis, les pharisiens se réunirent avec les partisans d'Hérode contre Jésus, pour voir comment le faire périr. (Mc 3,5-6). Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple... et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » (Jn. 2, 13-16). On ne saurait non plus oublier les propos virulents de Jésus contre la fausseté dont font preuve les pharisiens (Mt 23, 13-36).  
Il me semble que la douceur est le trait le plus caractéristique de la charité. C’est la charité exprimée avec une grande finesse, avec discernement et maîtrise de soi. Être doux est bien plus qu’être non-violent. Est doux celui qui pardonne, qui refuse d’entrer dans une dynamique de vengeance, qui renonce à ses droits pour briser la spirale de la violence, qui répond au mal par le bien pour ne pas porter tort aux autres et pouvoir vivre ensemble, en frères, faute de quoi ce monde devient vite un enfer. Quoi qu’en pensent certains, le doux n’est ni un sot, ni quelqu’un d’indifférent au bien ou au mal, ni un lâche bourrelé de peurs. Le doux véritable est celui qui s’engage pour la vérité, la justice et l’amour, qui appelle les choses par leur nom avec courage, et de ce fait passe pour un violent aux yeux des ennemis parce qu’ils se sentent touchés dans l’incohérence de leur vie.
Disciples de Jésus, nous mettons toute notre énergie à ressembler à Jésus, à faire un travail sur nous-mêmes pour assimiler ses vertus. Les occasions de cultiver et d’intérioriser la douceur ne manquent pas. Tous, à un moment donné, il nous arrive de vivre avec des personnes qui ne nous aiment pas, qui nous rendent la vie impossible, qui nous méprisent, qui veulent nous rayer de leur existence… Tous nous avons vécu des situations où nos façons de faire ont poussé certaines de nos connaissances à s’opposer frontalement à nous. Ces contradictions sont l’occasion de modeler et de manifester de la douceur : en choisissant de nous taire pour éviter d’exploser dans un flot de reproches ; en accomplissant notre devoir au lieu de rester passifs ; en ne cédant pas aux pressions qui nous incitent à renoncer à nos convictions, pour rester fidèles à ce qu’en adultes nous avons discerné comme la vérité.
Seule la douceur, et non l’agressivité, peut accueillir, écouter, comprendre, concilier, laisser grandir, pacifier le frère. Car ce n’est que par une attitude de douceur que se manifeste le respect des temps de Dieu pour chacun. Ce n’est que par la douceur qu’on est en mesure de reprendre un frère. Une façon de faire douce, au sens que nous avons défini, est source de paix, de consolation, de plaisir, de joie et d’équilibre.

Gaspar Fernandez,SCJ 


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... à son frère Séverin, lettre non datée, 1863

Ne t’ai-je pas écrit pour t’annoncer la mort du bon et saint M. Garicoïts, notre supérieur ? Quelle perte nous avons faite ! C’était notre guide assuré, notre père plein de tendresse, notre appui inébranlable, notre force dans toutes nos faiblesses et tous nos besoins, notre modèle en tout, qui nous traçait et nous facilitait le chemin vers l’Éternité.
Nous l’avons perdu alors que nous le croyions guéri d’une maladie qui l’avait retenu dans sa chambre, à peu près, un mois depuis Pâques. La veille de sa mort, il alla, quoique un peu faible, voir Monseigneur l’Évêque qui donnait le sacrement de confirmation dans un village d’ici.
À la récréation du soir, ce bon supérieur était d’une gaieté tout aimable, et répandait la joie autour de lui. Nous ne devions plus revoir que son cadavre. Le lendemain, jour de l’Ascension de N. Seigneur, on vient à ma chambre à 2 h. ¾ du matin : M. le Supérieur est très mal. Je m’habille et je cours… Je trouve M. Garicoïts expirant. Une suffocation l’avait pris à 2 heures du matin. Je m’agenouillai, j’offris au bon Dieu ce sacrifice, grand comme celui de ma vie… et bientôt tout fut fini, et notre saint mourant comme il avait vécu, s’en allait au ciel, le jour même du triomphe de Jésus ; il est mort à 3 heures, au temps où il avait coutume de se lever pour commencer sa rude journée. Nous l’avons pleuré de toutes nos larmes, et si la douleur a passé, le souvenir est toujours vivant et le sera jusqu’à la réunion au ciel.
Monseigneur l’Évêque arriva le lendemain ! Il éclate en sanglots devant le cadavre ! Quelle perte, disait-il, pour le diocèse, c’était le modèle de mes prêtres. Il a prononcé, le jour des obsèques, l’oraison funèbre du défunt. (…) Plusieurs personnes assurent avoir reçu des faveurs signalées en se recommandant à ce bon saint prêtre ! Voilà le privilège des saints. Pendant leur vie, ils sont chers à Dieu et aux hommes par leur charité, leur humilité et leur patience, leur pureté ; ils sont les images vivantes de Dieu, les lumières du monde, le sel de la terre ; ils passent comme le divin maître en faisant du bien…
Vraiment ceux qui aiment la gloire, peuvent-ils aspirer à une gloire plus haute, plus solide, plus utile, plus durable que celle qu’on acquiert par une vie chrétienne ?


Avec Marie: Ecce, Fiat... Magnificat!

L'ECCE ANCILLA DE MARIE
L'humilité de Marie est d'autant plus grande que sa générosité est héroïque, et celle-ci croît en proportion de son humilité. « À quel moment Marie dit-elle "ecce ancilla" ? Quand s'abîme-t-elle le plus profondément dans son néant ? C'est quand elle se prête à la sublime dignité de Mère de Dieu. » (DS 242)
En Marie, la magnificence de la Grâce de la vocation va de pair avec une simplicité et un réalisme absolus. Tertullien écrivait: « Rien ne déconcerte plus l'esprit humain que la simplicité des œuvres divines que l'on voit à l'action, comparée à la magnificence des effets obtenus en elle… » Tertullien faisait alors allusion à la grandeur des effets du Baptême et à la simplicité des moyens des signes extérieurs qui se réduisent à un peu d'eau et quelques mots. Il en fut ainsi de Marie et de la venue au monde du Sauveur. Marie est l'exemple de cette disproportion divine entre ce que l'on voit du dehors et ce qui se passe à l'intérieur.
À propos de l'Ecce ancilla, saint Michel dit : « Marie apporte au sublime dessein de Dieu une parfaite coopération : elle s'abaisse, ecce ancilla Domini ; elle obéit dans l'élan d'une foi et d'une charité héroïques : fiat mihi secundum verbum tuum. » (DS 134)
Origène compare Marie à une tablette de cire, comme si elle disait : Me voici: que l'écrivain grave sur moi ce qu'il veut ; que le Seigneur Tout-Puissant fasse de moi ce qu'il veut. À l'instar de Zacharie, Marie pose elle aussi une question à l'ange : Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge? (Lc 1,34), mais elle le fait dans un esprit bien différent de celui de Zacharie. Elle demande une explication non pour comprendre, mais pour savoir comment elle peut mettre à exécution la volonté de Dieu. Ce faisant, elle nous montre que, dans bien des cas, il n'est pas juste de vouloir connaître à tout prix la volonté de Dieu, ou le pourquoi de certaines situations apparemment absurdes, mais qu'il est juste en revanche de demander à Dieu d'être éclairé et aidé pour accomplir Sa volonté.

LE FIAT DE MARIE
Le fiat de Marie demeure donc total et inconditionnel. On peut comparer ce fiat, prononcé par Marie, au fiat qui résonne à d'autres moments cruciaux de l'histoire du salut, au début de la création et à la rédemption. Ils expriment tous trois un acte de volonté, une décision.
Le premier, c'est-à-dire le fiat lux, est le oui divin d'un Dieu : divin par sa nature, divin par la personne qui le prononce. Le second, le fiat de Jésus au Gethsémani (Lc 22,42), est l'acte humain d'un Dieu : humain parce qu'il est prononcé selon l'expression de la volonté humaine, divin dans la mesure où cette volonté est celle de la personne du Verbe. Saint Michel écrit : « Jésus sait le désir de son Père : cela suffit pour qu'il dise à toute heure : Ecce venio !… Depuis qu'il a dit : Me voici ! jusqu'à ce qu'il ait expiré sur la croix, toute sa vie n'a été que la continuation de ce premier acte. » (MS 157)
Le fiat de Marie est le oui humain émanant d'une créature. Dans ce oui tout prend de la valeur par la Grâce. Avant le oui décisif du Christ, tout ce qu'il y a de consentement humain à l'œuvre de la rédemption est exprimé par ce fiat de Marie. À partir des mots d'Élisabeth : Bienheureuse celle qui a cru, on comprend déjà combien, dans l'Évangile, la maternité divine de Marie n'est pas uniquement une maternité physique, mais beaucoup plus une maternité spirituelle, fondée sur la foi. Comme le dit St Augustin : « Après que l'ange eût parlé, pleine de foi, concevant le Christ dans son cœur, avant même de le concevoir dans son sein, Marie répondit : Me voici, je suis la servante du Seigneur, que tout se passe pour moi comme tu me l'as dit »…
Saint Paul dit que Dieu aime celui qui donne avec joie (2 Cor 9,7) ; et Marie a dit oui à Dieu avec joie. Qu'est-ce qui nous l'affirme ? Le verbe avec lequel Marie exprime son consentement est traduit par fiat ou par qu'il en soit fait… ; dans le texte original grec, le verbe est à l'optatif ; cela n'exprime pas seulement une acceptation simple et résignée, mais un désir vif, comme si Marie disait : je désire également au plus profond de moi-même ce que Dieu désire ; que soit bientôt accompli ce qu'Il désire. Saint Michel écrit : « Le dévouement parfait (…) veut que nous fassions la volonté de Dieu avec amour. Dieu aime qu'on lui donne avec joie et, dans tout ce qu'il prescrit, c'est toujours le cœur qu'il demande. » (M.S. 195)
Le oui de Marie n'est pas seulement un acte humain, mais c'est aussi un acte divin, du fait qu'il est suscité au plus profond de son âme par l'Esprit Saint lui-même. C'est en cela que réside la véritable grandeur personnelle de Marie, sa béatitude confirmée par le Christ lui-même. Bienheureuse celle qui t'a porté et allaité!, lit-on en Luc 11,27 qui rapporte les propos d'une femme. Celle-ci proclame que Marie est bienheureuse car elle a porté Jésus; Élisa-beth la proclame également bienheureuse parce qu'elle a cru. La femme qualifie d'heureux le fait de porter Jésus dans son sein, tandis que Jésus proclame heureux celui qui le porte dans son cœur : "Bienheureux plutôt ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui l'observent."

POUR NOUS AUSSI: ECCE, FIAT !
Jésus aide ainsi la femme de l'Évangile et chacun de nous à comprendre en quoi consiste la véritable grandeur de sa Mère. De fait, qui retenait les mots de Dieu plus que Marie, dont il est dit par deux fois dans le même Évangile, qu'elle gardait tous ces événements dans son cœur (Lc 2, 19.51)?
Il y a un quatrième fiat dans l'histoire du Salut qui sera prononcé chaque jour jusqu'à la fin du monde, et il s'agit du fiat de l'Eglise et des croyants, celui que nous disons à Dieu dans la prière du Notre Père, Fiat voluntas tua, Que ta volonté soit faite.
Marie a prononcé son fiat avec l'optatif, en exprimant ainsi son désir et sa joie. Combien de fois répétons-nous ces mots dans un état de résignation à peine voilée, comme celui qui, baissant la tête, marmonne entre ses dents : « s'il faut  en passer par là, soit… que ta volonté soit faite. »
Saint Michel avait uni la joie à l'Ecce venio : « Voici votre drapeau et le cri de votre ralliement : tu marcheras en tête avec le drapeau du Sacré Cœur, en poussant le cri Ecce venio de mon Fils, et vous serez la joie et le soutien de mon Église » (M.S. 319-320)... Magnificat!

Enrico Frigerio,SCJ


J'ai 9 ans et j'écris au Pape

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Un jeune paroissien de Pibrac a pris la plume afin de partager au Pape Benoît XVI son enthousiasme pour saint Michel. Extraits.

Votre Sainteté,
Je m’appelle Philippe B. J’ai 9 ans, je suis de Buxtehude (en Allemagne) et avec ma famille j’habite depuis quatre ans à Toulouse, en France. Ma sœur aînée, Sophie, est dans un fauteuil roulant, puis il y a Camille. Elle a 13 ans et Pierre, il a 7 ans. Je regrette que je ne puisse pas venir à Lourdes quand tu y étais en septembre. C’est pourquoi je t’écris cette lettre : pas loin de Lourdes est situé Bétharram. Là-bas Saint Muchel Garicoïts vivait. Il est décédé en 1863. Par le Père Philippe, qui est prêtre de ma paroisse à Pibrac, j’ai appris de lui, et cela me fait triste, que tu ne sois pas passé à Bétharram. Connais-tu Saint Michel ? Il a fait beaucoup de bêtises quand il était jeune. Sa maman lui a parlé toujours d’un Dieu très sévère qui punit les hommes. Le Père Philippe me disait qu’à cette époque c’était normal. À l’âge de 14 ans, Dieu a ouvert son cœur. Il n’avait plus peur de Dieu mais l’aimait de tout son cœur et toute sa vie il ne voulait faire que sa volonté.
Quand il a appris que Dieu habite dans le ciel, il grimpait sur trois montagnes dans les Pyrénées pour lui rendre visite. Il y a encore beaucoup de choses à raconter de lui mais le plus important, je crois, c’est qu’il a toujours dit « En avant toujours » et « Sois heureux ». Le Père Philippe est un prêtre bétharramite et il essaie de lui être un bon fils.
Depuis trois ans, je veux devenir pape. Je sais qu’il faut d’abord devenir prêtre et puis évêque. À la confirmation de ma sœur, j’étais servant d’autel et je devais tenir la crosse pendant deux heures. L’évêque auxiliaire Hervé Gaschignard m’a même mis la mitre. J’ai assisté aussi à son ordination à Toulouse. Cela me plaisait beaucoup. C’était très solennel et les chants étaient très beaux. L’évêque Robert Le Gall est passé une fois dans notre école. Je sais qu’un évêque a beaucoup de travail et toi comme pape encore plus. Mais je veux devenir pape pour parler aux hommes de Dieu, comme Michel Garicoïts l’a fait. Il a ouvert le cœur de beaucoup de personnes. C’est pourquoi je ne comprends pas qu’il n’y a que quelques uns qui le connaissent. En Allemagne on ne le connaît pas du tout et même en France on parle plus du Curé d’Ars. Les deux ont vécu à peu près à la même époque.
Pourrais-tu parler aux hommes de Michel Garicoïts ? Je te joins dans cette lettre une image de lui, je crois que tu parles assez bien français pour traduire ce qu’il écrit au verso. Il y a les prêtres bétharramites partout dans le monde. Je connais quelques uns de la Côte d’Ivoire, car ils passent souvent dans notre paroisse. En ce moment, il y en a un de l’Argentine chez nous. Et puis il y a aussi des hommes et des femmes qui appartiennent à cette famille. Tu sais, à Bétharram, Marie a sauvé une jeune fille du gave. Aujourd’hui tout le monde ne se rend qu’à Lourdes. Même toi ! Quand je serai pape je parlerai au monde entier de Bétharram. Mais ce n’est pas demain la veille. Donc je t’en prie de commencer déjà. Et qu’est-ce que je dois faire pour devenir pape ? En outre que prier ? Quand j’ai des questions, le Père Philippe essaie de me répondre. Ce n’est pas toujours simple de tout comprendre.
Je souhaite que tu me répondes. Mais je sais que tu reçois beaucoup de lettres et que tu n’as pas assez de temps pour répondre à toutes. Je t’ai écrit exprès en allemand et pas en français pour que tu puisses le lire plus facilement mais tu pourras me répondre aussi en français. Pour moi c’est très difficile d’écrire en allemand. Je suis dans une école française et je n’ai jamais appris à écrire en allemand. Désolé pour mes fautes d’orthographe et là où je les ai corrigées.
Ici à Pibrac il y a aussi sainte Germaine. Tu la connais ? J’ai vraiment de la chance d’avoir deux saints qui veillent sur moi ! Bien à toi en Jésus, ton fils Philippe B.


5 minutes avec... le PèreTidkham Jailertrit

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Tous les supérieurs régionaux et 11 supérieurs de vicariat étaient réunis du 22 avril au 7 mai dans notre maison de Bethléem: une initiative du Conseil général pour resserrer les liens, raviver l’esprit de notre vocation et mettre en place la régionalisation. L’accueil de la communauté du noviciat régional et la proximité du Carmel ont favorisé le climat de prière, de travail et de vie fraternelle. Bilan: deux semaines riches en ressourcement et en réflexions... à communiquer maintenant à tous les religieux.

À 41 ans, le P. Tidkham Jailertrit est le premier Supérieur du Bétharram thaïlandais originaire du pays. D’où l’intérêt de recueillir ses impressions sur la session de Bethléem et  sur ses suites...

Nef - Quel effet cela fait-il de se retrouver pendant 15 jours avec tous les supérieurs des régions et vicariats ?
– Avant de quitter le Thaïlande, quand mes frères m’ont demandé si j’étais excité à l’idée d’aller en Terre Sainte, j’ai répondu : non, j’y suis déjà allé. Et quand ils m’ont demandé si j’appréhendais les réunions, j’ai encore dit non : d’une part, je connaissais tous les participants, sauf deux dont j’avais vu les photos sur le site. Ensuite, en cas de problèmes, le représentant de la Thaïlande que je suis pourra toujours passer la balle à son supérieur régional !
Plus sérieusement, je rends grâce pour l’opportunité qui m’a été donnée de participer à la rencontre des supérieurs des régions et vicariats. J’ai appris beaucoup sur la nouvelle organisation et les missions de la Congrégation, et j’ai fait l’expérience du caractère international et interculturel de Bétharram. Quoique très différents nous sommes unis, comme une famille. Tous les jours de la session je me suis senti bien, malgré la difficulté des langues. D’ailleurs, je suis jeune, j’ai encore le temps d’en apprendre…

Peux-tu nous présenter brièvement ta Région et ton Vicariat ?
- Chaque Région a ses traits caractéristiques et chaque Vicariat son identité propre. Le mien fait partie de la Région Bienheureuse Mariam, qui se compose de l’Angleterre, de l’Inde et de la Thaïlande, trois pays où les voitures roulent à gauche. Dans cet ensemble, le Vicariat de Thaïlande ressemble à un petit enfant en train d’apprendre à marcher : comme il a besoin de tenir la main de ses parents, nous avons besoin d’être soutenus et accompagnés.

Quels défis avez-vous à relever, comme membres de la Région Mariam ?
- Notre Région est devant de grands défis, qui mettent en évidence notre peu de ressources, tant humaines qu’économiques. Tous les Vicariats sont éloignés les uns des autres par les distances et par les horaires : par exemple, le décalage est de sept heures entre Birmingham et Bangkok. Aucun des trois Vicariats n’a d’œuvres importantes, comme des collèges qui rapportent. En Inde, presque tous les religieux sont dans la formation, soit comme étudiants soit comme formateurs. En Thaïlande, les revenus du travail en paroisse sont loin de couvrir les besoins des séminaristes. Bétharram en Angleterre a plusieurs paroisses, et envoie des fonds en Inde grâce aux campagnes missionnaires et aux produits financiers de la vente du collège de Droitwitch. Mais pourra-t-elle tenir longtemps à ce rythme ?... Enfin, la formation est prioritaire: en Thaïlande, beaucoup de jeunes (Juniors) frappent à la porte de la Congrégation, mais nous manquons de formateurs. La pénurie de formateurs se ressent aussi en Inde.

Après cette session, vois-tu plus clairement ton rôle de Supérieur de Vicariat ?
– Les jours prochains, je vais regarder tous ces défis avec les membres de mon conseil ; lors de la réunion, nous préparerons l'Assemblée de Vicariat d’octobre 2009. En ce moment, je sens mieux le service qui m’a été demandé, car je sais que je ne travaille pas seul. J’ai de l’espérance pour l’avenir ; la mission de Bétharram dans le monde va continuer à grandir.

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IN MEMORIAM Italie

+ P. Angelo Petrelli (1927-2009)

Le Père Angelo est né à Talamona, province de Sondrio, le 25 mai 1927. Apostolique bétharramite à 11 ans, il fait ses premiers vœux le 2 août 1944  et devient prêtre le 25 juin de l’année sainte 1950. Fort de sa licence en théologie, il enseigne des années au scolasticat d’Albiate; en 1969, il intègre la Secrétairerie d’État du Vatican en qualité de secrétaire. 13 ans durant, il s’adonne avec compétence et minutie à cet emploi discret mais précieux. En 1982, ses supérieurs l’envoient en Terre Sainte où il exerce son ministère d’abord à Bethléem, puis à Nazareth comme aumônier de l’hôpital des Frères de Saint Jean de Dieu. Rappelé à Rome en 2003, sa santé commence alors à se dégrader.
Les troubles mentaux se faisant plus fréquents, il est transféré le 28 mai 2005 à la maison de retraite médicalisée de Solbiate; il fait chambre commune avec un compagnon d’ordination, le P. Angelo Pessina. Personnellement, j’étais attaché à mes deux Anges (Angeli), le P. Angelo Pessina et le P. Angelo Petrelli: le premier avait été mon supérieur et maître des novices (Monteporzio, 1959-1960), et le second mon professeur de théologie et mon supérieur à Albiate, dans les années soixante. Comme beaucoup de mes confrères, j’ai profité des compétences théologiques du P. Petrelli en des temps difficiles pour l’Église et la société. Aussi intelligent que tatillon, il aimait la précision en tout, dans le domaine intellectuel comme pour les choses pratiques.
Comme aumônier de Solbiate, j’ai été témoin du lent déclin intellectuel et physique du P. Angelo. Les premiers temps, il concélébrait la messe en semaine, lisait l’Evangile et une partie de la prière eucharistique, participait volontiers aux rencontres formatives et récréatives. Avec le P. Pessina, nous faisions de longues promenades dans le parc, priant et chantant de concert avant le dîner dans leur chambre. Le dernier chant que nous ayons repris ensemble était l’hymne à notre fondateur saint Michel Garicoïts : « Au ciel tout là-haut, saint Michel, tu resplendis… fais-nous parvenir au ciel pour louer et bénir, au ciel, au ciel… » Il y est maintenant arrivé…
Au début, le P. Angelo acceptait difficilement les soins, mais avec le temps il se laissa faire; il souriait même et donnait des bénédictions à la demande. Les six derniers mois, il ne disait pas un mot et vous fixait avec des yeux rendus plus grands par sa maigreur extrême. Vers la fin, je priais et chantais à voix basse à son chevet ; il me semblait alors qu’il écoutait et comprenait ce que je disais, car il me regardait autrement. Il est parti en paix.
Le P. Angelo avait une grande dévotion pour la Vierge. Tant qu’il a pu, il récitait pieusement le chapelet. En octobre 1949, dans la revue du scolasticat, "La Carriola", le jeune clerc avait écrit cette prière: « Tant de fois nous vous avons appelée ‘cause de notre joie’, ô Marie, sans peut-être bien mesurer la profonde vérité de la formule ! La joie est grâce, la tristesse, c’est le péché. Et l’humanité était plongée dans la tristesse parce qu’elle était dans le péché… et dans sa misère elle appelait un Libérateur.  Vint Marie, et par elle, le Libérateur. La grâce a vaincu le péché, la joie l’a emporté sur la tristesse ! Et la grâce nous vient par Jésus, et Jésus nous vient par Marie. (…) La grâce est une reconquête, un don, transmis par Marie, comme Jésus, source de toutes grâces, toujours. (…) Ô Marie, vous êtes bien la cause de notre joie ! »
Le 12 avril 2009, alors qu’on célébrait la Résurrection du Seigneur, le P. Angelo a vécu sa Pâque. C’était justice, car ces dernières années il avait fait son chemin de Croix en parfaite union au Christ souffrant. Il n’avait plus que la peau et les os, mais son esprit luttait encore. En accompagnant ses derniers jours je revoyais Job sur son lit de douleur, Job, tout au bout de la révolte et de la souffrance, qui finit par se retourner vers Dieu et professe sa foi : Je sais que mon Rédempteur est vivant… de mes yeux de chair, je verrai Dieu. Le P. Angelo a vécu pour le Seigneur, il s’était consacré au Seigneur, il s’est éteint dans le Seigneur : désormais, il ne peut que contempler son Amour éternel.



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1929-2009

BÉTHARRAM EN CÔTE D'IVOIRE

Notre Congrégation a fait ses premiers pas en Côte d’Ivoire il y aura bientôt 50 ans. Le récit de cette aventure nous accompagne tout au long de cette année jubilaire. Nous le devons au P. Laurent Bacho, conseiller général et formateur près d’Abidjan.

5. UNE COMMUNAUTÉ ATTIRANTE

La jeune communauté bétharramite est rayonnante, et elle attire à l’extérieur : les scolastiques Beñat Oyhénart en 1969 et Laurent Bacho en 1970  trouvent à Katiola, pour les deux ans de leur temps de service militaire, un champ d’apostolat intéressant. En sens inverse, la Province de France rappelle le P. Ségure en 1969 et le P. Verley en 1970, qui devient responsable des vocations. Le Père Félix Hialé quitte alors le collège de Casablanca pour diriger Katiola ; en octobre, aux 71 petits-séminaristes de Katiola s’ajoutent 21 de Bouaké. Peu après, la communauté reçoit la visite du P. Giovanni Trameri, nouveau supérieur général : « Mgr Durrheimer [m’a dit] sa satisfaction pour la bonne marche du séminaire… l’apostolat déborde heureusement le cadre du séminaire… Le pourcentage de ceux qui arriveront au sacerdoce est faible, mais on aura formé de bons chrétiens qui feront l’Église de demain. »
Le 25 mars 1971, premiers vœux perpétuels d’un Bétharramite en Côte d’Ivoire : le Fr. Jean Claude Vignau, entouré des nombreux amis des paroisses où il rend service comme catéchiste, menuisier, mécanicien, ou électricien. La communauté religieuse comprend quatre prêtres, un religieux-frère et deux stagiaires. Les mois qui suivront verront le départ du P. Minaberry, atteint d’une hépatite, puis celui du P. Suberbielle, pour un recyclage. À la rentrée 72, la communauté se retrouve à trois pères (PP. Hialé, Monnot et Laban). À la fin de 1973, la maladie contraint le P. Hialé à rentrer, il est remplacé par le P. Ségur ; le P. Laban rentre en France ; quant au Fr. Jean Claude, il revient  de sa formation professionnelle avec un scolastique italien, Tobia Sosio, ordonné diacre à Katiola le 20 décembre1973 (il en sera de même pour Beñat Oyhénart le 22 mai 1975 et Laurent Bacho le 18 janvier 1976).
En octobre 1974, la Congrégation incite à diversifier les ministères, d’où plusieurs changements : le P. Monnot est nommé vicaire à Niakara, avec l’espoir que d’autres bétharramites le rejoindront ; Beñat Oyhénart revient au séminaire avec le tout nouveau prêtre diocésain Ernest Dahiri - la promesse de l’Évêque se réalise! En cours d’année, une grosse fatigue oblige le P. Monnot à rentrer. Laurent Bacho, revient au séminaire en  septembre 1975, au moment où le nouveau Supérieur général, P. Grech, nomme le P. Jean Matéo Provincial de France : bonne nouvelle pour la Côte d’Ivoire dont il a été le fondateur pendant son premier mandat (1958-1964). 
En janvier 1976, pour l’ordination diaconale du Fr. Laurent à Katiola, le P. Matéo s’adresse à lui en ces termes : « Si tu apprends à un homme et à un peuple à connaître le Nom de Celui dont il est aimé personnellement, si tu lui apprends à reconnaître à quel point il est aimé, si tu lui apprends que ce Nom est celui de Jésus, le Fils de Dieu venu chez nous et parmi nous… Alors tu permets à cet homme et à ce peuple pour toujours de connaître la joie, la vraie joie, de boire aux sources de la Vie, la vraie Vie ». Des propos toujours d’actualité.
Au cours de sa visite, le P. Matéo est sensible aux conditions de vie difficile des collégiens. En accord avec l’Évêque, il fait réhabiliter un foyer de jeunes près de la cathédrale, qui devient pour longtemps un lieu de rencontre et de catéchèse. Une date importante pour la com-munauté : l’ordination presbytérale des Frères Beñat et Laurent à Ibarre, village natal de saint Michel Garicoïts le 1er septembre 1976.

Laurent Bacho,SCJ

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