Narratio fidei

« Jésus parcourait toutes les villes et tous les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute infirmité. Voyant les foules, il eut pitié d’elles parce qu’elles étaient fatiguées et abattues comme des brebis sans berger.  » (Mt 9, 35-36)

« Oh ! si l’on pouvait réunir une société de prêtres ayant pour tout programme le programme même du Cœur de Jésus, le Prêtre éternel, le Serviteur du Père céleste : dévouement

et obéissance absolue, simplicité parfaite, douceur inaltérable ! Ces prêtres seraient un véritable camp volant de soldats d’élite, prêts à courir, au premier signal des chefs, partout où ils seraient appelés : même et surtout dans les ministères les plus difficiles et dont les autres ne voudraient pas ! »

« Jésus-Christ, voilà notre miroir, notre exemple, qu’il ne faut jamais perdre de vue ; sa vie, ses actions, sa conduite intérieure et extérieure... Se comparer sans cesse à lui : “Ton cœur est-il comme le sien ? À présent, comment agirait-il ?...” Oui, c’est lui, lui seul qui est ma vie. »

« Donnez-moi un cœur qui aime véritablement. Il croit, il goûte les choses de Dieu, il court, il vole sur les pas de Notre-Seigneur Jésus-Christ. L’amour, voilà ce qui mène l’homme ; voilà le secret ressort qu’il faut découvrir dans les postulants et les novices ; voilà le germe divin à développer dans les cœurs. S’il manque, il n’y a rien à faire. »          (Saint Michel Garicoïts)

Narratio...

Ma première réflexion à la lecture de ces versets de St Matthieu est de voir en Jésus l’image de Dieu qui entre en relation avec les hommes. On peut le trouver et le connaître. Il se fait proche de quiconque est dans le besoin. Cela renvoie pour moi à quelque chose de profond, car cela m’introduit dans le mystère de l’Incarnation : Dieu venant demeurer dans l’ordinaire d’une vie humaine pour affirmer et renforcer ma propre vie. Les contemporains de Jésus, êtres humains comme nous, l’ont vu, lui ont parlé et ont senti sa compassion. Jésus a montré son cœur plein de compassion, telle une offrande de douceur envers l’humanité. Le Cœur de Jésus me donne envie de dire : oui, mon cœur est prêt à apprendre à traiter les autres comme Jésus lui-même traitait les personnes, à me maintenir dans cette attitude et à apprendre à vivre comme il plaît à Dieu... Je peux éprouver de la compassion pour les autres, mais je suis tenté d’écouter d’abord ce que je ressens au-dedans de moi. La compassion est un sentiment exigeant et qui demande beaucoup d’efforts.

J’entends parfois les gens utiliser cette expression : « ayez un peu de cœur », quand ils reprochent à quelqu’un d’être trop exigeant ou bien froid ou encore de montrer trop d’indifférence. On dit que ces gens-là n’ont pas de cœur. Au contraire, St Michel pousse ses compagnons : « Ayez du cœur » et inspirez-vous du programme même du Cœur de Jésus.

Le Cœur de Jésus est doux ; c’est un cœur qui a subi des offenses, mais il les a endurées avec patience et sans nourrir de ressentiment. Plein de patience, dénué de toute amertume et concentré entièrement sur la volonté de son Père. Oui, pour moi, il est le miroir de l’amour chrétien,  tel que celui-ci m’est révélé dans le Sacré Cœur de Jésus.

Comme le catéchisme nous l’enseigne dès notre enfance, Dieu m’a créé pour que je puisse le connaître, l’aimer, le servir ici-bas, et être heureux pour toujours auprès de Lui dans le monde à venir. L’amour de Dieu est la raison d’être de mon existence. Son amour me pousse de l’avant et me stimule à toujours donner une réponse. Une réponse à Lui qui est une personne vivante et aimante.

Après être entré dans notre congrégation, je peux dire avec joie que la spiritualité et la mission centrées sur le Cœur plein de compassion de Jésus ont marqué un tournant dans ma vie.

Le premier élan de vie et plein d’amour du Cœur de Jésus vers le Père a amené le Fils à dire «Me Voici» sans retard, sans hésitation. Cet élan du cœur a des exigences qui représentent un grand défi et demandent beaucoup de force pour le mettre en pratique. Quand le P. Gaspar Fernández et son Conseil m’ont demandé de devenir le vicaire d’Angleterre, je me suis demandé : pourquoi m’appelle-t-on, moi, jeune religieux fraîchement ordonné, à assumer une telle responsabilité ? En février 2012, je reçus une lettre d’encouragement de la part du P. Gaspar en réponse  à mes « pourquoi ? ». Il me citait saint Paul dans sa Première Lettre à Timothée :  « Que personne n’ait lieu de te mépriser parce que tu es jeune ; au contraire, sois pour les croyants un modèle par ta façon de parler et de vivre, par ton amour et ta foi, par la pureté de ta vie. (1 Tim. 4,12)

Le P. Gaspar soulignait ensuite dans sa lettre que je n’étais pas seul dans ma tâche et que la Congrégation était un projet du Sacré Cœur de Jésus que nous servons en servant nos frères. En effet, dès le début, St Michel nous a enseigné que nous sommes modelés à partir du programme du Cœur de Jésus, ce programme que nous annonçons comme des messagers du Christ pour notre salut et celui du monde entier.

Jésus a ouvert son cœur, tout en sachant qu’il ne serait pas compris et qu’il serait transpercé. Moi aussi, dans ma vie, et à mon humble niveau, je dois affronter, comme Jésus, cette réalité quand je suis appelé à ouvrir mon cœur. Pour être plus compréhensif, plus prévenant, Dieu m’invite à fonder ma vie sur l’amour. Ma vie est le résultat de l’amour de Dieu pour moi. Je ne suis pas seulement un produit, mais une personne appelée à être par ma vie une expression totale de l’amour de Dieu. Ce serait merveilleux si, chaque jour, dans mon chemin de foi, l’indescriptible et l’indicible grandeur de l’amour de Dieu pour moi pouvait m’émouvoir jusqu’aux larmes.

Voici mon humble prière : « Seigneur, Merci de m’avoir donné ton Amour, guide-moi dans ton amour, aide-moi à chercher ton amour et à t’aimer chaque jour davantage.  Amen. »

Le Père Wilfred Perepadan est né le 15 octobre 1979 à Kuttikad in Trichur, village dans l’Etat du Kerala (Sud de l’Inde). Il appartient à l’église orientale de rite siro-malabar. Ses études l’ont amené jusqu’en Grande-Bretagne où en compagnie des PP. Pascal Ravi et Vincent Masilamani, il a fait sa théologie à l’Oscott College. C’est à Olton qu’il a prononcé sa profession perpétuelle en 2009. Ordonné prêtre le 13 août 2011 à Kuttikad, le voici de nouveau à Olton où ses frères de communauté, les paroissiens et ses amis se sont réjouis de retrouver un pasteur chaleureux, sympathique, taquin quand cela se peut, et sérieux quand il se doit. Il est actuellement vicaire régional pour l’Angleterre.