Histoire de la Règle de Vie

Comme on s’entend mieux de vive voix que par écrit, le P. Etchécopar accepta avec empressement l’invitation que lui adressait le P. Bianchi : « Venez rédiger ici les Constitutions ».
Il prit pour secrétaire le P. Estrate et le P. Etchégaray - ce dernier ayant à s’occuper aussi de l’approbation des Servantes de Marie -, et ils arrivèrent à Rome le soir du 20 avril 1877.
Dès le surlendemain, le P. Etchécopar écrivait au P. Pagadoy : « Nous voici au travail » ; et le 4 mai, au même : « Notre travail est très avancé. Nous nous en occupons de longues heures avec tout le soin possible ». Ils étaient en contact journalier avec le P. Bianchi et Mgr Di Luca, de la Sacrée Congrégation.
Il ne leur fut pas permis de changer l’ordre et le plan des Constitutions. On gardait les mêmes titres et chapitres, ainsi que la Règle de saint Augustin. Mais le contenu pouvait être amendé. C’est ainsi que, sous le titre plutôt malheureux de Dévotions particulières de l’Institut, le P. Etchécopar réussit à faire admettre les trois articles suivants :

« 1. Que tous les membres se souviennent avec la plus profonde reconnaissance qu’ils sont placés sous le vocable du Sacré-Cœur de Jésus. Qu’ils regardent ce divin Cœur comme leur modèle particulier, leur trésor et leur héritage propre, le cachet qu’ils doivent imprimer à leur vie entière. Ils jetteront tous leurs soucis dans cet abîme de tendresse, s’animeront dans leurs défaillances en répétant le cri de son dévouement : Ecce venio, Eamus ! Ils exprimeront en eux les traits de sa douceur, de son humilité, et, s’embrasant de jour en jour des flammes de sa charité, ils répandront partout les infinis trésors de ses miséricordes et se dépenseront avec joie à lui gagner tous les cœurs. Dans toutes les maisons de l’Institut on célébrera chaque année la fête du Sacré-Cœur avec la plus grande solennité.

2. En outre l’Institut ayant pour berceau un sanctuaire de la Très Sainte Vierge, placé au pied de la colline dite du Calvaire, tous ses membres auront une singulière dévotion pour la passion du Sauveur et pour les souffrances de la Reine des Martyrs. Ils méditeront souvent les tourments du Fils et de la Mère, pratiqueront et répandront l’exercice du chemin de la Croix ; ils prêcheront Jésus, Jésus crucifié, vertu et sagesse de Dieu, et montreront sur le Calvaire la Mère de Dieu devenue la mère des hommes, pour sauver les plus coupables et les conduire au Ciel. Ils établiront avec le plus grand zèle la pratique du St Rosaire.

3. Cet amour de prédilection qu’ils doivent porter au Sacré-Cœur, à sa divine Croix, aux mystères douloureux de sa très sainte Mère, ils le porteront aussi à saint Joseph, patron de l’Église universelle et protecteur spécial de l’Institut ».

Quelques autres détails purent encore être réintroduits et le reste fut renvoyé au Coutumier.
Sitôt finie cette révision, les trois « Commissaires » rentrèrent à Bétharram, en passant par Assise et Lorette ; et le P. Etchécopar convoqua les Pères en chapitre, à l’occasion de la retraite : car il fallait que la Congrégation votât sur ce texte avant qu’il ne fût présenté à Rome.
Le Chapitre fit très bon accueil à cette Constitution qui reflétait mieux le visage de l’Institut. Le P. Etchécopar pouvait écrire, le 3 juin, au P. Magendie : « Nous sommes en pleine retraite et nous (occupons) avec ardeur à l’examen du travail fait à Rome. Concorde parfaite entre nous. Tout s’approuve à l’unanimité. Deo gratias ! »
Le dossier repartit pour la Ville éternelle, et c’est sous cette nouvelle règle que la Congrégation reçut le décret d’approbation de Pie IX, signé du 5 septembre 1877.

Pierrre Duvignau, scj
(à suivre)