Nouvelles en Famille - 14 juillet 2011
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Confessions d'un grand-frère
- Réflexions en Fraternité
- Limoges: choisir la joie
- 5 minutes avec le P. Jaïr Pereira da Silva
- La vie extraordinaire de Sur Marie (7)
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Le mot du Père général
C'EST QUAND JE SUIS FAIBLE QUE JE SUIS FORT
Dès le récit de la Création, lÉcriture nous dit clairement qui est lhomme pour elle : Alors le Seigneur Dieu modela l'homme avec la poussière tirée du sol ; il insuffla dans ses narines le souffle de vie, et l'homme devint un être vivant. (Gn 2,7) La fragilité nous rend humbles, elle nous met à notre place et nous ouvre aux défis et possibilités données par leCréateur. Tout est don, tout est grâce.Ce trésor, nous, les Apôtres, nous le portons en nous comme dans des poteries sans valeur ; ainsi, on voit bien que cette puissance extraordinaire ne vient pas de nous, mais de Dieu. (2 Co 4,7) Telle est la constante de lanthropologie biblique.
Lhomme est créé fragile, voilà sa grandeur. Se reconnaître fragile, cest faire lexpérience de ses limites, de sa dépendance : ce que je suis, ce que jai et ce que je peux, je lai reçu, mon épanouissement est lié à ma capacité de me transcender, de sortir de moi pour découvrir ce qui me fait grandir et me rend meilleur. Dans ce cas, la fragilité est une bénédiction, à la manière du ressort qui pousse la personne à quitter sa coquille pour déployer ses potentialités, comme dans la parabole des talents (Mt 25,14-30). Mais il est essentiel que lhomme aie conscience des fragilités qui linvitent à se dépasser, et suscitent des possibilités et des énergies nouvelles : Cest quand je suis faible que je suis fort ! (2 Co 12,10)
La fragilité est une bénédiction ; la malédiction, cest de senfermer sur soi, de croire quon peut tout tout seul, de se prendre pour dieu, ou au contraire, par défiance envers soi-même, de laisser inemployé le potentiel dont nous a doté le Créateur. Ainsi comprise, la vie devient une menace au développement et au mûrissement. Pour éviter que la bénédiction ne tourne en malédiction, et que lhomme se replie sur lui-même, Dieu lui a donné une compagne, la femme, qui le tire de lui-même pour n'être quun avec elle. La femme est don du Créateur qui invite lhomme à quitter son père et sa mère, et à se dépasser dans lamour pour assurer la continuité de la vie. Et inversement.
La malédiction dAdam et Ève est davoir voulu être comme des dieux, qui peuvent tout et nont pas besoin du Créateur. Résultat : ils se ferment sur eux-mêmes, et se cachent de peur et de honte. Plein de rancur, Caïn détourne la tête de Dieu qui préfère les sacrifices de son frère Abel. Les habitants de Babel, éblouis par les progrès dus à la découverte de la brique et du goudron, cherchent à construire une mégalopole pour sy enfermer, perpétuer leur nom, et empêcher la dispersion par toute la terre. En cela, ils contreviennent à lordre du Créateur: Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. (Gn 1,28) Dans lÉvangile, Pierre apparaît souvent comme un homme fermé sur lui-même : mais lamour et la confiance de Jésus lui ouvrent un monde quil nimaginait pas. La malédiction de Judas ce fut de senfermer dans le désespoir né de la trahison. Le soir de Pâques, les apôtres senferment par peur des juifs : la présence du Ressuscité, qui souffle sur eux, les fait descendre dans la rue pour témoigner, jusquaux extrémités de la terre, du salut apporté par loffrande de Jésus en Croix.
Si lhomme, tiré de la terre et fait pour la bénédiction, senferme sur lui-même, il mérite dêtre maudit de Dieu, son Créateur ; il y a néanmoins une issue, car Dieu ne saurait senfermer sur sa douleur, sa colère ou son désir de vengeance. En cela nous lui sommes semblables : Lui aussi tomberait dans la malédiction sil senfermait sur lui- même. Mais Dieu est puissance dautodépassement dans lamour. Il ne cherche pas à gagner à tout prix ; il accepte de perdre, de ne pas avoir raison, de sexhausser dans le pardon, et Il ouvre un nouveau chemin, Il rend un avenir à la créature qui se trouvait dans une impasse, condamnée à la destruction et à la mort. Comme il avait perdu ton amitié en se détournant de toi, tu ne l´as pas abandonné au pouvoir de la mort. Dans ta miséricorde, tu es venu en aide à tous les hommes pour qu´ils te cherchent et puissent te trouver. (IVème Prière eucharistique) Ni la femme, ni le berger, ni le père de la parabole ne se sont fermés sur leur douleur, ils nont eu de cesse de trouver la drachme, la brebis et le fils perdu ; et avec eux, ils ont retrouvé la joie de vivre (Lc 15).
Dans la deuxième lettre aux Corinthiens (4,6-7), on comprend pourquoi le Créateur nous a modelés de la terre : la fragile condition humaine est une bénédiction, car son argile, animée par le souffle divin, peut refléter Sa gloire. Cette argile est digne de Dieu, elle est faite à son image et ressemblance : argile créée par amour et capable damour. « Elle sera cendre, mais elle aura du sens ; ils seront poussière, mais poussière amoureuse » (Quevedo, sonnet "Cerrar podrá mis ojos la postrera "). Avec lincarnation, cela devient encore plus évident ; sur le visage de Jésus, le Verbe incarné.se reflète la gloire de Dieu qui brille dans le cur des baptisés.
Dans la vie de Jésus, tout est fragile, vulnérable, privé de force. Fragilité de lenfant, né à Bethléem, emmailloté et couché dans une mangeoire, faute de place à lauberge pour son humble famille. Fragilité exposée au massacre ordonné par Hérode, et protégée par saint Joseph, contraint de fuir en Égypte pour sy réfugier. Fragilité de lhomme injustement condamné, qui na personne pour le défendre car tous lont abandonné. Expérience de la mort, de la part du Dieu vivant, manifestant que cest lamour qui compte, pas le pouvoir. En effet lAmour seul, et non le pouvoir, est plus fort que la mort.
La fragilité comme bénédiction, au fond, cest toute la prédication de Jésus : les béatitudes, la graine de moutarde, le grain jeté en terre, le levain dans la pâte, les cinq pains, les deux poissons, les piécettes de la veuve, le lavement des pieds, le don de la vie, le pardon, le service, lamour.
Gaspar Fernandez,SCJ

Le Père Auguste Etchécopar écrit...
à sa famille, 24 juillet 1866
Quelles sont douces, les émotions des curs qui saiment en Dieu ! Nous lavons expérimenté ensemble une fois de plus : mais, si des qualités bornées, et lamour mutuel des personnes qui se chérissent ici-bas, produisent des sensations si vives et si délicates, quelle sera notre joie en voyant Dieu, sa Beauté et son Amour pour nous, au Ciel, et en nous voyant en Lui et Lui en chacun de nous ?
Mais ce que nous espérons pour la vie meilleure, nous pouvons le commencer ici-bas, en aimant Jésus de plus en plus, en nous unissant en lui par la prière, les sacrements, lhumilité, la douceur et une grande charité et en ne voyant que Lui dans toutes les créatures et sa volonté pleine damour dans tout ce qui nous arrive.
Ainsi a agi ta Céleste Patronne, chère Magdeleine... Dès quelle a connu Jésus, elle a tout quitté pour Lui... Elle a rompu avec tout son passé par un coup déclat inouï, décisif, héroïque, allant se jeter aux pieds de Notre Seigneur au milieu dun festin... et là elle change tous les instruments de péché en instruments de pénitence et de bonnes uvres ; elle emplit ses yeux à pleurer, ses mains à laver les pieds du Sauveur, ses cheveux à les essuyer, ses lèvres à les baiser, ses parfums à les oindre ! Et toutes les ardeurs de son cur, elle les concentre sur Jésus Christ
Oh ! [quelle nous enseigne] les voies de cet amour humble, généreux, persévérant.
Relecture de vie

CONFESSIONS D'UN GRAND-FRÈRE
Nous publions ci-dessous le texte que le P. José Mirande, du scolasticat de Belo Horizonte (Brésil), vient décrire pour "Sneha Jwala", revue annuelle de la communauté de formation de Bangalore (Inde).
Du jour où jai découvert, grâce à un texte de sociologie indienne, lexistence des quatre ashrama de la vie humaine, jai eu plaisir à relire mon existence selon cette approche. Âgé aujourdhui de 75 ans, il mest facile de distinguer dans mon passé le temps de lapprentissage, jusquà lordination sacerdotale, puis le grihastra, correspondant à mon premier ministère, le temps de la transmission, aux plus jeunes frères, dune expérience spirituelle en tant que responsable de leur formation, et maintenant le sannyasa : sans doute pas en mendiant mon pain, mais en assumant dautres formes de dépendance, comme par exemple de devoir purifier mon sang à cause de reins paresseux, dêtre tributaire des autres pour mes déplacements, principalement à la clinique, et dêtre lobjet des prévenances de mes frères de communauté
Concrètement, je pourrais diviser en deux grandes parties les quatre temps de mon ashrama. La première peut se caractériser par une obéissance joyeusement créative, avec le déploiement de bien dillusions et de projets personnels. La seconde consiste dans cette plus grande soumission au réel qui est mon lot depuis la quarantaine. Le passage sest fait à la mort de mon supérieur et ami, le P. Geraldo Gonçalves. Jai dû alors assumer la charge de supérieur de mes frères, pendant une courte période, la tâche de formateur, pendant un temps plus long, ce qui, dune certaine façon, pouvait passer pour une promotion humaine. Mais le véritable changement, à lépoque, est venu de la possibilité de minvestir, pastoralement et socialement, dans les bidonvilles de la paroisse : un travail structuré, en équipe de quatre jeunes, selon un projet précis et avec des évaluations hebdomadaires, des visites aux familles pauvres, etc. Résultat : les communautés se sont organisées autour de questions de société et de foi, et nous-mêmes avons appris, au contact de ces personnes et avec nos propres limites, à trouver des solutions à des problèmes insolubles. Cest ainsi que nous avons quitté le monde des idées pour une attitude plus concrète, plus mature.
Cela me renvoie à ce qua vécu saint Michel Garicoïts. Selon ce schéma, je dirais que, pour lui, le basculement a pu avoir lieu en 1841 (il avait 44 ans). Jusqualors, cétait un ouvrier de lÉvangile obéissant, joyeux et créatif. Il fonde notre congrégation selon sa vocation discernée dans une fidélité et une totale soumission à lévêque et à ses directeurs spirituels ; il fixe une méthode rigoureuse pour les missions, il ouvre le chantier éducatif de Bétharram, il lance les religieux-frères
Mais voilà quen 1841, Mgr Lacroix lui impose une Règle qui interdit à Bétharram dêtre une authentique Congrégation.
Michel Garicoïts se soumet sans hésiter. Parce quil a fait de lobéissance la clé de voûte de sa Congrégation, il prévoit des difficultés tout en acceptant cette situation de dépendance. Monseigneur lui demande de faire ceci et cela, et il obtempère, même contre toute logique. Il fonde des tas décoles, il envoie un groupe bien préparé en Argentine, il accueille, après de longs entretiens, les membres de lInstitut Sainte-Croix dOloron. Inévitablement, cette docilité lexposait à des difficultés concrètes. Bétharram doit rapidement renoncer à certaines écoles (Mauléon, Asson) ; plusieurs professeurs, jetés prématurément dans lenseignement, privilégient cette uvre aux dépens de la consécration religieuse, et finissent par sortir de lInstitut (les frères Espagnolle, les frères Lapatz, Beudou, Hayet...). Et Michel entre dans sa sannyasa, sa santé se dégrade (en 1853 il fait un AVC, premier dune série qui laffectera chaque année jusquà sa mort).
Comme je serai lu par de jeunes frères, je tiens à préciser quil est des moments où notre idéal de vie sacerdotale demande de sérieuses remises en questions, étayées sur notre foi et sur notre expérience spirituelle. Notre façon de vivre les vux doit évoluer en fonction des étapes et des circonstances de la vie. Je leur souhaite donc de sengager de façon consciente et joyeuse dans cette voie, et je prie pour quils y persévèrent résolument.
José Mirande,SCJ
Laïcs bétharramites

RÉFLEXIONS EN FRATERNITÉ
Suite au Chapitre régional de janvier 2011, le Conseil de Fraternité a tenté de clarifier ce qui caractérise le charisme de saint Michel Garicoïts et unit religieux et laïcs ; les diverses façons dêtre laïc associé à Bétharram ; ce que signifie être membre de la Fraternité "Me Voici". Ce texte sera largement débattu au cours de la rencontre des 23-24 juillet à Bétharram.
RELIGIEUX
La famille de Bétharram est née dune intuition de Saint Michel Garicoïts basée sur son regard sur lÉglise de son temps et qui le fait sexclamer: « Ah, si lon pouvait réunir une société de prêtres... ».
À ce corps de prêtres, il confie une MISSION particulière : être porteur de la dimension de lIncarnation du Verbe-Fils de Dieu dans un cur dhomme; imiter le Cur du Christ, en se laissant habiter par lamour de Dieu et présenter au monde le visage du Dieu.
La Congrégation des Religieux de Bétharram existe pour remplir cette Mission, et se donne une Règle de Vie pour déterminer sa façon de vivre cette Mission. Vivre en Église en particulier : une présence humble et vraie; laccueil des différences; le désir dunité; le dévouement et lobéissance absolus; la cordialité (tout ce qui touche le cur).
Par VOCATION, par appel de Dieu chacun est appelé à découvrir et à inventer le chemin qui va lui permettre dêtre lui-même, de laisser sépanouir toutes ses capacités naturelles, de répondre au désir profond qui lhabite pour correspondre à ce que Dieu lui propose de vivre
Sur le chemin de chacun, des rencontres sont les signes posés du chemin que Dieu propose.
LAÏCS
Pour les laïcs, faire partie de la Famille de Bétharram, cest avoir rencontré quelquun, une communauté, une institution qui manifeste ce bonheur de se savoir aimé de Dieu, à la façon de saint Michel Garicoïts; cest avoir nourri le désir de partager ce bonheur.
Cela détermine la quête de découvrir ce qui anime Bétharram, connaître saint Michel Garicoïts, approfondir ce quil propose comme chemin spirituel. La lecture de la Doctrine Spirituelle est la base de cette découverte.
La mission propre des laïcs associés à celle de la Congrégation pourrait se présenter ainsi : être révélateurs ensemble de Dieu qui nous aime, à qui il a plu de se faire aimer; partager le bonheur de cette découverte; en être témoin par toute sa vie "aux bornes de sa position"; être porteur de lesprit de Saint Michel Garicoïts dans toutes les relations ("cordialité", générosité...); être soucieux de "fraterniser" les différences dans lÉglise.
FRATERNITÉ "ME VOICI"
La vocation de tout chrétien est de montrer au monde lAmour du Père, révélé dans le Cur du Christ, celle de Bétharram est de le faire avec la coloration particulière du "Me Voici".
Depuis 20 ans des hommes et des femmes se réunissent au sein de ce quils ont été amenés à appeler Fraternité "Me Voici". Fidèles à cette inspiration, ils ont élaboré des "REPÈRES POUR UNE VIE" sous forme dune Charte et quelques règles avec une microstructure dorganisation, le Conseil de Fraternité composé de trois laïcs élus et dun religieux nommé par ses frères. Il ne sagit pas dune règle de vie : chacun doit inventer sa relation avec le Seigneur, sa propre vie de chrétien. Appartenir à la Fraternité nest pas un engagement "en plus" mais une "coloration" donnée à sa vie et le temps de partage de cette vie.
En plus de la rencontre mensuelle de ceux qui sont en groupe, le fonctionnement de la Fraternité sappuie sur un certain nombre déléments communs : un bulletin pour communiquer, "Fraternel"; une retraite annuelle animée par un religieux de Bétharram; une rencontre fin juillet pour partager le vécu, vivre un temps denseignement, lancer lannée à venir; exprimer son engagement personnel au cours de la célébration en juillet ou par procuration en cas dabsence; un thème dannée suivi de façon très souple mais qui crée une unité de réflexion; un feuillet de prière; le versement dune cotisation annuelle pour assurer le "micro fonctionnement", permettre une péréquation ou une aide à la participation ponctuelle
La proposition dune aide personnelle aux uvres de la Congrégation.
Le Conseil de Fraternité sefforce de faire le lien entre tous les groupes. Cependant il nest pas nécessaire dêtre membre de la Fraternité pour être associé à la famille de Bétharram dans ce vicariat. Enfin notons que la Fraternité "Me Voici" est née en France. Les autres laïcs de Bétharram, dans les autres lieux sont impliqués autrement.
DES QUESTIONS
Est-ce que les personnes concernées sont pleinement satisfaites de ce fonctionnement ? Si non, que convient-il de faire évoluer, grandir ?
Approfondir la spiritualité de saint Michel Garicoïts, vivre du charisme de saint Michel Garicoïts, et appartenir à la Fraternité, trois façons différentes dêtre laïc associé à Bétharram. Y en a t-il dautres ?
Quels sont les moyens à prendre pour se faire connaître, être appelant, être accueillant en Fraternité ?
Témoignage

CHOISIR LA JOIE
Par décision du Conseil régional, entérinée par le Conseil général le 3 février, la communauté de Bétharram va quitter Limoges. En ouverture de la Messe célébrée à léglise Saint-Joseph le 10 juin dernier, une laïque, membre de la Fraternité Me Voici, a prononcé lallocution suivante. Elle a donné le ton de ces au-revoir.
Joie de remercier les paroissiens de St-Martial qui nous accueillent, Mgr François Kalist, évêque de Limoges, et son vicaire général, Jean-Dominique Delgue, Vicaire de France-Espagne, les prêtres diocésains, les amis des religieux et, bien sûr, les religieux du Sacré Cur présents ici ou là-bas, par la pensée depuis la Maison de retraite, ou avec les religieux qui reposent dans le beau cimetière de Bétharram.
Choisir la joie de laction de grâces pour ces longues années (depuis 1948) passées au service du diocèse de Limoges, par ceux que leur fondateur, saint Michel Garicoïts, appelait "camps volants"
Camps volants qui, à partir du charisme du "Me Voici" ont rapproché le Cur du Christ du cur des Limousins, sur les routes de Saint-Léonard, de Chalus, du Dorat etc. Camps volants qui ont mis en route des jeunes des aumôneries, du Mouvement Eucharistique des Jeunes et de la Jeunesse Ouvrière Chrétienne; camps volants qui ont mis en route des handicapés, des malades auprès de la Pastorale de la Santé dans nos hôpitaux; camps volants qui ont été les accompagnateurs du Secours catholique, du Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement, de lAssociation des Chrétiens pour lAbolition de la Torture; enfin camps volants si soucieux de leurs élèves à lÉcole Ozanam et dans lenseignement catholique.
Volonté de ces religieux de se dévouer auprès des "plus petits" dans des uvres dont "les autres ne veulent pas" ! Camps volants, "auxiliaires de Dieu" !
Choisir la joie avec la Fraternité "Me Voici". Dans la complémentarité entre religieux et, nous, laïcs de France et particulièrement à Limoges, nous nous efforçons dappliquer notre Charte. Nous, laïcs, cherchant à vivre le message damour de lÉvangile à partir de nos responsabilités familiales, professionnelles, nos engagements politiques et sociaux; nous, laïcs, cherchant "louverture au monde" en lien avec les Pères missionnaires du Sacré Cur présents en Amérique latine, en Afrique, en Asie; nous, laïcs, voulant être "porteurs de cette Espérance" que nous confie Dieu, "Seigneur du ciel et de la terre", et Jésus-Christ, dans son élan damour, disant à son Père : "Me Voici".
Parce que nous sommes aimés de Dieu, choisir la joie !
Dominique Combe
membre du groupe de Fraternité de Limoges
5 minutes avec...
le Père Jair Pereira da Silva

Rencontre avec le P. Jair Pereira da Silva, supérieur à 39 ans de la "maison-mère" de Bétharram au Brésil: Passa Quatro (Minas Gerais)
Nef: Parmi les Bétharramites brésiliens, tu es lun des rares à nêtre ni de lÉtat de São Paulo, ni du Minas Gerais. Comment as-tu connu la Congrégation ?
- Les voies de Dieu sont vraiment très différentes de ceux des hommes. Dieu a mis la Congrégation sur mon chemin à travers une revue catholique, le Messager du Sacré-Cur de Jésus, qui publie chaque mois des articles et des nouvelles sur la dévotion au Sacré Cur. En la parcourant, je suis tombé sur ces mots : « Me voici sans réserve, sans retard ». J'ai immédiatement écrit à ladresse indiquée, à Belo Horizonte ; cest le Fr. Mauro qui ma répondu. Nous avons correspondu par lettre pendant un an, car je navais pas accès à internet. Au bout de cette période daccompagnement, j'ai été invité à faire une expérience à Belo Horizonte. Je me suis jeté à l'eau, jy suis allé. Et jen suis heureux. Dieu ne passe pas toujours par des moyens qui plaisent aux hommes, mais ses chemins sont sûrs.
Quest-ce qui ta marqué pendant ta formation initiale ?
- Chaque étape de la formation a eu son importance pour moi. Le postulat à Belo Horizonte a été fondamental dans mon parcours. Aux côtés du P. José Antônio - dont la simplicité ma édifié - et du Fr. Mauro, jai fait lexpérience dune grande fraternité. Une période cruciale a été mon noviciat à Paulinia, sous la conduite du P. Angelo Recalcati : ce fut un temps de grâce, de rencontre avec Dieu. Je tiens aussi à souligner le séjour que jai fait à Bétharram, dans le cadre de la préparation aux vux perpétuels. Ce fut un moment difficile, mais très profitable : j'ai senti la main de Dieu sur ma vie, notamment à travers lamitié des pères et des frères français, l'exemple de prière et de fraternité dont jai été témoin là-bas. Oui, je remercie le Seigneur de mavoir donné l'occasion de vivre à Bétharram.
Après 10 ans de premiers vux et 5 ans dordination, tu te retrouves supérieur, formateur et curé. Comment fais-tu face à toutes ces responsabilités ?
- Il marrive de penser que Dieu choisit les plus faibles pour leur donner sa force. Nest-ce pas à quelquun comme moi, qui viens du Nordeste, de Paraiba, où vivent les pauvres parmi les pauvres, que la Congrégation confie de telles responsabilités ? Mais je vais vous révéler un secret: Dieu est ma force, cest Lui mon soutien et mon assurance. Par lui, je peux affronter les difficultés et les combats de chaque jour.
En quoi consiste ta mission dans la formation ?
- Je suis chargé daccompagner les candidats à la vie religieuse et de les préparer au noviciat. Cest déjà ma deuxième promotion. Les premiers pas furent difficiles, mais on apprend peu à peu, et puis, quand on se laisse guider par Dieu, il nous ouvre le chemin. Concrètement, en plus de leur cursus universitaire, les candidats ont un entretien personnel avec moi, chaque semaine, cest le cur de la formation. En même temps, je suis moi-même une formation de formateur ; cette expérience est très significative pour moi, car elle me fait repérer mes fragilités et mes dons. Ce processus de maturation est long et exigeant, mais cest la condition pour que japporte ma petite pierre à la formation des autres. Le cours suivi à Rome, chez les Salésiens, mavait déjà ouvert les horizons. Mais lÉcole de formateurs à São Paulo est fondamentale pour assumer mon rôle: de session en session, elle me donne les clés, théoriques et pratiques, pour aider les jeunes. Japprends, conscient quon a à apprendre chaque jour de sa vie, quil faut reprendre les choses, les évaluer, demander conseil, prier. Pour moi la vie de prière est essentielle.
Bétharram a commencé au Brésil avec la fondation du Collège de Passa Quatro, en 1935. Comment ça se passe, quand on est, comme toi, supérieur dune uvre historique?
- Travailler ici, est une grande responsabilité qui demande beaucoup, et apporte aussi beaucoup. Pour ce qui est du Collège São Miguel, nous travaillons en équipe ; nous décidons ensemble (Ednaldo, Anibal, le P. Luiz et moi), dans un climat dentente. Limportant nest pas de savoir qui emporte la décision mais de coordonner les choses comme nous le faisons, dans un esprit de respect et dunité. Actuellement, le P. Luiz, qui est davantage en première ligne, sinvestit en prenant conseil sur la façon de mener le Collège. Dès 2010 nous avons pris des mesures pour renforcer la catéchèse. Aujourdhui, toute léquipe de coordination participe à la formation humaine et religieuse des élèves, et au travail pastoral avec les familles. Lenjeu, cest que la Congrégation permette aux jeunes de faire lexpérience du Christ, avec une touche propre bétharramite. Reste quil nest pas facile, de nos jours, de garder une école
En plus du collège, la communauté a aussi la charge de la paroisse. Comment vis-tu cette dualité?
- Selon moi, le fait danimer la paroisse de Passa Quatro est un atout majeur pour le Collège comme pour la maison de formation ; cela favorise lintégration des uvres et le rapport à la population. Il y a un enrichissement mutuel. Depuis des années que nous sommes dans la paroisse, la foi des gens a été influencée par « lécole de spiritualité bétharramite ».
- Le sentiment qui mhabite, au retour de Bethléem, cest lespérance. Avoir pris le pouls de la Congrégation, avec ses forces et ses faiblesses, ma fait prendre conscience que Dieu aime Bétharram. Pour ce qui est du Brésil, je lenvisage avec la même espérance : si Dieu a mis au cur des jeunes le désir de vivre leur vocation chez nous, cest quil fait confiance à notre Congrégation au Brésil. Et comme Dieu nous gratifie de nombreuses vocations, nous ne pouvons que le louer pour ses bienfaits. En même temps, selon lexpression de lÉvangile, on ne saurait verser du vin nouveau dans de vieilles outres (mentalités fermées, rivalités, discordes, intrigues, ragots, antipathies). Tant que nous naurons pas le courage de la réconciliation, nous resterons enfermés dans nos petites volontés et nous ne ferons pas la volonté de Dieu. Voilà ce qui manque aujourdhui : la vie, le pardon, la vérité. Nous manquons de charité, nous traînons à faire le bien. Comme le disait sainte Joséphine Bakhita, faire le bien, être bon, cest toujours ce qui manque à chacun de nous.

7. LA FONDATION DU CARMEL DE BETHLÉEM (1875)
Assez vite après son retour à Pau, Sr Marie parla de fonder un Carmel à Bethléem. On hésita fort après laventure fâcheuse de Mangalore. Mais Sr Marie nhésitait pas: « Dieu veut cette uvre, elle se fera
Vous verrez que les difficultés saplaniront à lheure voulue de Dieu. »
Les obstacles surgissaient en effet nombreux. Pour celui du financement, Sr Marie en trouva la parfaite solution avec sa très chère amie, Mlle Berthe de Saint-Cricq Dartigaux (1835-1887), petite-fille dun ministre de Charles X. Le P. Estrate était son directeur de conscience, comme aussi de Sr Marie. Mlle Berthe investit toute sa fortune dans la fondation de Sr Marie et elle fut son aide toute dévouée dans ses démarches en haut lieu. Déjà avec Mgr Lacroix, le temporisateur toujours prudent. Il fut entraîné dans laventure à coup dinterventions surnaturelles. Entré en clôture du Carmel de Pau en 1874, avec Mlle Dartigaux, il se vit obligé, séance tenante, par la voyante Sr. Marie, décrire au Saint-Siège la demande pour cette fondation du carmel de Bethléem.
Rome consulta le Patriarche Bracco de Jérusalem, qui fut négatif. Laffaire traîna. Mais Sur Marie avait de puissants avocats au Ciel. Ce fut le Pape Pie IX qui, personnellement, signa le rescrit en mai 1875, en dépit de 1opposition du Patriarche Bracco et des Cardinaux de la Propagande, intimidés par le monopole franciscain en Terre Sainte.
Finalement le 8 septembre 10 Carmélites, dont 2 converses (avec Sr Marie) et Mère Véronique, arrivèrent à Jérusalem où le Patriarche les accueillit paternellement; le 11 elles se rendirent à pied à Bethléem. Logées à la Casa Nova, elles louèrent provisoirement la maison Morcos pour 100 napoléons.
Dès leur arrivée à Bethléem, le 11 septembre, un vol de tourterelles avait été pour Sr Marie le signe promis de lendroit du futur Carmel, visible de Morcos, séparé par un profond ravin. Immédiatement, on senquit dacheter les terrains. Lobstruction dun chrétien céda devant les pressions du Consul de France, et lalgarade du Pacha-Gouverneur qui finit par lui cracher au visage. Le 23 septembre donc laffaire était conclue. Pour lachat et les premiers travaux, Mlle Dartigaux sétait confiée à un prêtre polonais, le P. Mathieu Lesciki. Mais à la suite dirrégularités dans ses comptes, il fallut lui retirer cette charge et le contrôle du chantier, ce qui fit de lui un adversaire de la Voyante...
Sur Marie eut des indications surnaturelles précises sur le futur carmel. Avec Mère Véronique et labbé Bordachar, on établit des plans en conséquence, sous la forme dune tour ronde. On mettrait les cellules à létage, les offices an rez-de-chaussée; le chur, en contrebas; puis la future chapelle ; enfin la maison des futures tourières; celle-ci serait dabord la résidence des Pères aumôniers (de 1879 à 1885). Là-dessus se présenta, en architecte « bénévole », recommandé par le Consul M. Patrimonio, le capitaine Guillemot.
Les travaux du carmel provisoire, dans la maison Morcos louée, ayant été poussés bien vite, les Carmélites purent sy installer en clôture dès le 24 septembre, en présence du Patriarche Bracco. Cela permit an P. Estrate, à labbé Bordachar et à Mlle Dartigaux de partir le 28 septembre. Ils passèrent par Rome où ils eurent une audience de Pie IX. Ils arrivaient le 28 octobre à Bétharram, avant de continuer sur Pau et jusquà Bayonne chez Mgr Lacroix.
À Bethléem, sur le chantier du Carmel, Sr Marie, seule à être inspirée surnaturellement et seule à savoir larabe, dirigeait sans cesse les travaux avec le P. Chirou. Elle traitait les ouvriers avec fermeté mais toujours avec des égards et une bonté qui lui gagna tous les curs. À sa mort lun deux sécriera: « Ou il ny a personne au Ciel, ou celle-ci sy trouve avec les anges ! »
La première pierre du nouveau Carmel fut posée dès le 24 mars 1876. Des le 21 novembre, le Patriarche Bracco vint y célébrer la première messe dans la Chapelle provisoire, le chur futur. II y établissait ce même jour la clôture, en présence du Consul de France, M. Patrimonio, et du Custode de Terre Sainte.
Au Patriarche, qui eut bien vite en elle la même confiance que Mgr Lacroix à Bayonne, Sur Marie transmit le désir du Ciel dun autre Carmel à Nazareth. Avec sa candeur un peu malicieuse, en le tutoyant à larabe en son français fantaisiste, elle lui dit quen autorisant celle fondation et en la recommandant à Rome, il réparerait son opposition première pour Bethléem ! Enchanté du Carmel de Bethléem, le Patriarche envoya à Rome une très chaleureuse recommandation. Sur autorisation romaine, immédiate cette fois, un terrain fur acheté dès 1877. Le Patriarche autorisa aussi 4 Carmélites de Bethléem, dont Sur Marie, à aller le visiter. En ce temps-là, on devait prendre le bateau à Jaffa pour Haïfa. Passant à Latroun, Sr Marie, saisie par lextase, courut presquun kilomètre, suivie des Surs essoufflées, jusquà un tertre dAmwas, an nord, où par inspiration elle reconnaissait le site dEmmaüs.
De Haïfa, après leur pèlerinage au Mont-Carmel, les Surs passèrent par Shefamar, doù Sr Marie alla à Abellin son village natal. Elle y retrouva avec émotion son parrain, sa maison natale, la maison de loncle, où elle passa quelques années heureuses et où elle entendit la parole, décisive pour tonte sa vie: « Tout passe ! Si tu me donnes ton cur, je te resterai toujours ».
À Nazareth, les Surs, après leurs dévotions à la Grotte de lAnnonciation, allèrent visiter le terrain acheté, destiné au Carmel et celui tout proche, de laumônerie. Celui du Carmel surplombait le sanctuaire et la petite ville dalors; il avait aussi des vues très évocatrices sur le Thabor et Naïm. Mais la construction de ce Carmel prendrait du temps et ne serait achevée quen 1910, par le P. Planche de Bétharram. Le Carmel de Bethléem put alors y envoyer 10 religieuses qui y entrèrent en clôture le 14 novembre 1910.
Pierre Médebielle,SCJ
Jérusalem (1983, pp. 201-239)
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