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14/09/2011

Nouvelles en Famille - 14 septembre 2011


Sommaire

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Le mot du Père général

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JESUS ANEANTI ET OBEISSANT

On appelait communément cet écrit de saint Michel le Manifeste du Fondateur. En 2011, la nouvelle Règle de Vie l’intitule le texte fondateur. Il figure dans le Cahier Cachica comme la Préface des Constitutions de 1838. Il contient la mystique selon laquelle les Prêtres de Bétharram doivent appliquer les Constitutions des Jésuites. En lui notre père saint Michel Garicoïts a déposé son expérience charismatique.
Notre fondateur y exprime deux grandes préoccupations : les hommes sont de glace pour Dieu et si peu de prêtres obéissent. Ce sont deux problèmes de la société et de l’Église postrévolutionnaires. Dans l’esprit de saint Michel, la Révolution française a lancé le processus de déchristianisation qui éloigne les hommes de Dieu. Par ailleurs, le libéralisme idéologique a semé confusion et division parmi les prêtres, dont beaucoup contestent les évêques. La réponse à ces deux états de fait se trouve en Jésus humble et obéissant.
En s’inspirant clairement de l’hymne de Philippiens 2,6-11, saint Michel contemple un spectacle prodigieux centré sur la personne, ou sur le cœur, de Jésus anéanti et obéissant. Jésus est le Fils unique de Dieu, façonné par l’expérience d’amour dont vit la Trinité. Il est animé par l’Esprit de son Père, qui l’envoie pour révéler aux hommes qu’il est amour, et qu’il nous aime même si nous nous comportons comme ses ennemis. Car il veut nous entraîner dans la dynamique de l’amour en l’aimant comme il nous aime.
L’objectif est atteint par l’incarnation : le Fils de Dieu s’est fait chair. L’incarnation recouvre toute la vie humaine de Jésus Fils de Dieu, depuis sa conception virginale jusqu’à la mort, et la mort de la croix. L’humanité de Jésus se déploie dans un acte d’offrande unique, une vie entendue, dans une dynamique missionnaire, comme une course, un saut formidable (cf. DS 43). Cet acte unique d’offrande s’exprime dans le Me voici de la conception, il se déploie durant toute la carrière de sa vie, et culmine sur la croix. Et c'est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l'offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes. (He 10,10)
Jésus anéanti devant Dieu. Dieu, tout, moi, rien ! vide de lui-même, rapetissé, réduit à néant, effacé, sans se faire remarquer, sans se complaire en son être divin, renonçant aux privilèges liés à sa divinité ; étant Dieu il devient homme, ce qui est une dégradation évidente, il se fait serviteur, et plus encore, victime, couvert des opprobres et des humiliations que les hommes réservent souvent aux meilleurs d’entre eux parce que leurs façons de penser et d’agir, si nobles et si différentes des leurs, les dérangent. Dès le moment de l’incarnation, l’anéantissement le rend solidaire des hommes et des femmes humiliés. Aussi se met-il au rang des victimes, des anéantis, et demeure-t-il le restant de sa vie, son saut, sa carrière, en situation ou en état de victime.
Jésus obéissant, ne faisant rien par lui-même, agissant toujours sous l’impulsion de l’Esprit de Dieu, s’abandonne à tous les projets que le Père a sur lui : ta volonté, et non la mienne (Lc 22,42). Dès le premier instant de l’incarnation et tout au long de sa vie, sa carrière, il s’écrie : Me voici, mon Dieu, je viens faire ta volonté (He 10,7). Au fondement de son obéissance il y a la communion qui l’identifie au Père : il n’a pas d’idées, de propos, de projets propres ; ses idées, ses propos, ses projets, sont ceux du Père. Tout cela est apparu au grand jour quand il s’est livré sur la croix où, par amour du Père et des hommes, il a accepté que l’échec de ses projets fasse émerger le projet d’amour du Père.
La contemplation de Jésus anéanti et obéissant est fondement et force de vie pour le P. Garicoïts et pour les Bétharramites, qu’ils soient religieux ou laïcs. Jésus anéanti et obéissant est notre vie. Religieux du Sacré Cœur de Jésus, nous sommes convaincus que Dieu le Père nous offre Jésus anéanti et obéissant pour qu’il soit l’attrait, le modèle et le moyen de vivre dans l’amour de Dieu et des frères.
L’anéantissement et l’obéissance sont les attitudes du Cœur de Jésus que les Bétharramites admirent et aiment le plus. Et comme ils l’aiment, ils veulent l’imiter. C’est tout un travail d’intériorisation qui a pour objectif de se configurer au Christ, d’être obéissants et anéantis avec la même radicalité que lui. Et dans le fait d’être anéantis et obéissants comme Jésus, prend sens la vie et prennent source la joie et le bonheur des Bétharramites. C’est la raison pour laquelle saint Michel Garicoïts et tous ses disciples se sont sentis poussés à consacrer leur vie au Seigneur par les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance. Ainsi, la vie de tout religieux de Bétharram est un témoignage vivant et joyeux de Jésus anéanti et obéissant pour tous ceux qui veulent le voir.
Les prêtres de Bétharram veulent vivre leur mission avec le même enthousiasme et la même passion. Ils ne se contentent pas d’avoir trouvé le trésor qu’est Jésus anéanti et obéissant, ainsi que la joie et la passion qu’il a données à sa vie. Ils veulent se consacrer de toutes leurs forces et possibilités à ce que tout homme trouve ce trésor, qu’il réoriente sa vie et qu’il y trouve la joie et le bonheur. C’est le même bonheur que celui de Jésus anéanti et obéissant, le bonheur même de saint Michel Garicoïts et des Prêtres de Bétharram, ce même  bonheur à portée de tous les hommes pour peu qu’ils rencontrent des missionnaires qui les aident à connaître, aimer et suivre Jésus anéanti et obéissant.
Saint Michel Garicoïts nous présente Marie, la Mère qui veille sur nous, unie au mystère de Jésus anéanti et obéissant : toujours disposée à tout ce que Dieu voudrait (obéissante) et toujours soumise à tout ce que Dieu faisait (anéantie). On notera avec intérêt que saint Michel Garicoïts propose pour patrons à l’Institut saint Michel archange, dont il porte le nom, et saint Ignace de Loyola, dont il s’est inspiré à travers les Exercices spirituels et les Constitutions, dans l’organisation de sa congrégation.

Gaspar Fernandez,SCJ

 

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nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... 

au P. Jean Magendie, 18 juin 1893

Il faut que la Croix reste toujours plantée sur le terrain de la Congré-gation tantôt sur un point, tantôt sur un autre, afin que de là, sa sève  féconde circule dans toutes les parties de l’œuvre et répande la vie du bon Dieu et les fruits qui demeurent. « J’ai choisi cette croix et je l’ai plantée, ici, maintenant, pour que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. » (Cf. Jn 15,16)
Sans la Croix, on récolte, si vous voulez, beaucoup de fumée, beaucoup de bruit, beaucoup de vent... Mais les âmes du ciel sont le fruit de la Croix.  Bref, nous souffrons, mais sans découragement ; nous gémissons, mais pleins de confiance : joyeux dans l’espérance ! bien persuadés que Dieu tirera un grand bien de nos épreuves ; et que le démon
furieux du bien opéré dans l’Institut sera refoulé à force
d’humilité, de patience, d’amour pour le Cœur de Jésus. 


Témoignage

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TEMPS DANGEREUX

Le P. Thomas Kelly a célébré son jubilé sacerdotal à Droitwich le 1er juillet 2011, fête du Sacré-Cœur. Parmi les membres de sa famille qui l’entouraient se trouvait son frère aîné, Peter, âgé de 88 ans - je ne l’avais jamais rencontré jusque là, mais j’avais beaucoup entendu parler de lui. Religieux-prêtre de Bétharram, il avait quitté la Congrégation en 1958 pour le diocèse de Cardiff, où il est resté depuis. Pendant la soirée, le P. Peter m'a raconté les circonstances de son ordination à Jérusalem, en 1947.

Il était prévu qu’il soit ordonné le 15 août, avec un autre scolastique, Sauveur Londhaitzbehere, des mains du Patriarche. Celui-ci étant indisposé, on leur fit savoir que le nonce apostolique au Caire se chargerait de l’ordination. Or l’instabilité politique mit le nonce dans l’incapacité de se déplacer ; le patriarche accepta donc, à contrecœur, d’ordonner les deux Bétharramites à 5 heures dans sa chapelle privée. Un taxi transportant les deux ordinands et le P. Duvignau partit donc de Bethléem pour Jérusalem le 15 août à 2h du matin.
Comme c’étaient les derniers mois du mandat britannique, une patrouille militaire de sa Gracieuse Majesté les arrêta au barrage proche du monastère de Mar Elias. Tout fébrile, le jeune soldat s’écria : Vous n’êtes pas au courant du couvre-feu ? Nous avons l’ordre de tirer à vue. Mais qu’est-ce que vous faites là en pleine nuit ? Peter a commencé par dire qu’ils étaient religieux et qu’on allait les ordonner, puis il a dû expliquer au soldat interloqué ce que voulait dire religieux et ordination. Son capitaine est alors arrivé, furieux, disant que des bandes de Juifs et d’Arabes avaient canardé toute la nuit et qu’il avait l’ordre d’exécuter quiconque enfreindrait le couvre-feu. Alors que les Religieux étaient sous la menace des pistolets, le chauffeur de taxi, pris de peur, les abandonna sur place pour retourner à Bethléem. Quand les militaires finirent par libérer le trio bétharramite, résigné à continuer à pied vers Jérusalem, ils lancèrent cet avertissement : Attention, nos patrouilles ont déjà fait feu sur trois personnes ce soir !
Les marcheurs atteignirent le patriarcat à 5h30 ; le concierge tenta de se débarrasser d’eux en prétextant leur retard. Le P. Duvignau rétorqua : Dites au Patriarche que s’il ne procède pas aux ordinations aujourd’hui, il devra trouver sept nouveaux professeurs pour le Séminaire de Beit Jala lundi matin. Le concierge fit la commission au Patriarche, lequel descendit aussitôt célébrer dans sa chapelle privée. La cérémonie fut rondement menée, si bien qu’à 6h30 les trois Bétharramites s’en revenaient tout tranquillement à Bethléem. A compter de ce jour, Peter n’a pas manqué de dire qu’il devait son ordination au chantage exercé sur l’évêque par son supérieur !

Austin Hughes,SCJ


5 minutes avec...

le Père Mongkhin Chaorentham

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Pendant le 1er  semestre 2011, après des années consacrées à la formation, le P. Mongkhon  Chaorentham, jeune prêtre thaïlandais scj, est parti prêter main forte aux communautés scj d’Angleterre endeuillées par la mort du P. Colin Fortune, survenue le 1er  décembre 2010.
Nous avons demandé au P. Mongkhon comment, à 10 000 km de son pays natal, on arrivait à se plonger dans un nouveau champ missionnaire.

Nef : Quels ont été tes sentiments lorsque tes supérieurs t’ont demandé d’aller quelque temps en Angleterre ? 
-   Sincèrement, je n’ai pas très bien réagi, car cela faisait un an seulement que j’étais chargé de la nouvelle communauté Garicoits House à Sampran. J’ai cru comprendre que je n’étais peut-être pas assez adapté à mon rôle de formateur et que les supérieurs m’avaient donc destiné à une autre activité. J’ai pris acte de cette décision et me suis déclaré prêt à partir. Je n’ai guère posé de questions, mais j’ai essayé de réfléchir à mon travail dans la formation, secteur dans lequel j’ai toujours été engagé depuis mon ordination et dont je connais les difficultés. L’idée d’œuvrer quelques temps dans une paroisse m’attirait, mais de là à m’imaginer en Angleterre ! Néanmoins cette décision s’inscrit pour moi dans le plan de Dieu.
En premier lieu, j’étais inquiet en raison de la langue car, en Thaïlande, je n’avais pas l’occasion de la pratiquer ; de plus je ne connaissais ni les gens ni la culture. Je m’en suis remis à Dieu dans la prière, pour que tout se passe bien.

Que nous dis-tu de tes premiers contacts avec les paroissiens, qui faisaient d’ailleurs encore le deuil du P. Colin, leur curé ?
- Au tout début, je suis resté au prieuré d’Olton, où les gens m’ont accueilli avec beaucoup de gentillesse et de chaleur. Heureusement, je connaissais déjà les Pères Austin, Dominic, Anton, le Fr. Gerard, les trois diacres indiens*, ainsi que Bruce et Brede, un couple de laïcs qui vient chez nous chaque année pour enseigner l’anglais à nos postulants. Finalement, je me suis senti chez moi ! Les paroissiens venaient volontiers me parler, avec beaucoup de sympathie et de respect. Je célébrais alors la messe à Great Barr en alternance avec le P. Austin. Par la suite, je m’y suis transféré définitivement : là aussi l’accueil des paroissiens a été très aimable et amical. Ils m’ont aidé à organiser les activités de la paroisse. Dans les trois écoles où j’allais célébrer la messe, j’ai été aussi très bien reçu.

En quoi cette activité à Great Barr a-t-elle marqué ton expérience de religieux-prêtre de Bétharram ?
- Elle a sans nul doute enrichi ma vie personnelle et mon ministère. Au début, ma contribution à la vie de la paroisse se limitait à la célébration de la messe. C’est pendant le carême que j’ai commencé à participer pleinement au ministère paroissial : visite aux familles, célébration de la Parole avec la distribution de l’Eucharistie, onction des malades à l’hôpital, visite aux personnes âgées, avec l’aide constante du diacre Terry. Les FF. Gerard et John, Tina, Bernades et Angela se chargeaient du planning ; leur collaboration a rendu mon travail plus efficace et plus agréable. A Great Barr j’ai mesuré combien les paroissiens avaient besoin du prêtre. Ils ont besoin de Dieu, et de quelqu’un qui les guide dans leur vie spirituelle pour faire face à leurs problèmes. Pendant le carême, j’ai constaté que si beaucoup de gens étaient venus se confesser, c’était parce qu’ils avaient reçu auparavant la visite de l’un de nous. Leur participation à la liturgie a été aussi une source d’enrichissement pour moi. Enrichissement réciproque, je crois. J’ai transmis ainsi aux paroissiens quelques aspects de ma culture : style de vie, mode de communication, respect réciproque, attention aux autres, soutien dans les activités de la paroisse et dans le chemin de foi. De retour en Thaïlande, j’ai souhaité aussi transmettre la richesse culturelle de ces paroissiens à mes frères chrétiens.

Pendant ta formation initiale, tu avais déjà fait une expérience à l’étranger ?
- Je vous confesse que dans un premier temps j’avais freiné des quatre fers pour ne pas aller en Inde ! Mais au bout du compte, et au terme de mes études là-bas, je me suis rendu compte que j’avais gagné en ouverture d’esprit et que je comprenais mieux les autres et moi-même. J’ai saisi l’importance d’apprendre les langues et je me suis senti plus confiant pour affronter la mission. Cette expérience en Inde m’a fortifié à la fois sur le plan intérieur et spirituel, car j’ai ressenti vivement le lien fraternel qui m’unit à mes frères d’autres pays. Ma disponibilité à partir où que ce soit, en fonction des besoins de la Congrégation et des capacités que Dieu m’a données, s’est ainsi accrue. C’est certainement à cette expérience en Inde que je dois d’avoir été prêt à réaliser  cette mission dans la paroisse de Great Barr, avec l’aide bien entendu des frères et pères d’Angleterre.

Thaïlande, Inde, Angleterre : tu es au fond l’un des rares à avoir eu la chance de vivre un certain temps dans les trois vicariats de la Région Bse Mariam. Que penses-tu de cette nouvelle organisation de la Congrégation ?
- C’est à mon avis une organisation qui favorise l’entraide, le partage entre frères, l’échange de religieux ; son utilité est certaine. Vivre dans différents pays donne une certaine ouverture d’esprit, permet de mieux se comprendre, de connaître les difficultés auxquels on fait face dans d’autres pays. Pour ma part, j’ai ressenti davantage la sollicitude entre frères. Chaque pays a ses beautés, sa culture pleine de richesses : en nous connaissant mieux les uns les autres, nous nous aimerons mieux et nous aimerons Dieu davantage. J’ai toutefois quelques réserves, car pour que l’organisation actuelle de la Congrégation fonctionne mieux, il nous faut consacrer du temps à la communication, travailler beaucoup et débattre de tout. En toute chose, nous sommes appelés à nous en remettre à la Providence de Dieu et à prendre aussi nos responsabilités.

Un dernier mot à l’attention de tes jeunes frères de la Région Bse Mariam… ? 
- Voici ce que je leur dirais : Ayez confiance en la Providence, étudiez avec zèle, donnez de l’importance à l’apprentissage des langues, cultivez le savoir, lisez les nouvelles bétharramites, la NEF : cela vous permettra de mieux vous connaître les uns les autres. Chacun doit bien sûr faire preuve d’initiative personnelle, ouvrir son cœur et son esprit, accepter les différences. Nous sommes tous membres d’une même congrégation, nous avons le même charisme, nous sommes un dans le Christ, quoique nous appartenions à des nations différentes et que nous ne parlions pas la même langue. Courage donc ! Œuvrez ensemble pour le bien de notre Congrégation, guidés par l’Esprit Saint et avec l’intercession de Notre Dame de Bétharram et de St Michel. Enfin, soyez prêts à aller proclamer la bonne nouvelle aux pauvres. Me voici, je viens faire ta volonté. Que Dieu vous bénisse!

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In memoriam

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PERE NICOLSA AYERZA

Laurgain 29 octobre 1924 - Pau 9 juillet 2011.

Le Bon Dieu a rappelé à lui Nicolas !
Nous avons été ensemble pendant presque 80 ans. On s’était rencontré pour la première fois au petit séminaire de Mendelu en 1936 : il avait onze ans et moi dix.
Depuis lors, nous avons cheminé ensemble à travers le monde de Bétharram : Mendelu (six ans), Balarin (trois ans), Bethléem (trois ans), Bel Sito (un an), Mendelu (deux ans), Amérique (dix), Azpeitia (neuf), Mendelu (35 ans). Le voilà aujourd’hui auprès de Dieu, tandis que nous sommes en route pour le rejoindre.
Maintenant, le mieux pour nous est de porter notre regard sur Jésus notre Seigneur, notre Maître, notre frère aîné, le frère universel. Tout à l’heure, nous avons entendu Pierre dessiner le portrait de Jésus : « Jésus de Nazareth, que Dieu a oint de l’Esprit Saint et de force, qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous les possédés parce que Dieu était avec lui. »
Eh bien, malgré les faiblesses, les erreurs, les misères auxquelles personne n’échappe en cette vie, il faut dire que Nicolas aussi a passé sa vie en faisant du bien : comme éducateur dans les collèges d’Amérique, d’Azpeitia, de Mendelu, ou dans le ministère pastoral en aumôneries, le service dominical dans les sanctuaires de campagne.
En fait, s’il est relativement facile de se montrer gentil et bon avec nos proches, c’est plus délicat et problématique avec les personnes en marge de la société. Or, je tiens à le souligner, Nicolas avait une sensibilité, un faible même pour les isolés, les sans-abri, les clochards… au point qu’il fallait parfois l’inviter à plus de prudence dans cet apostolat difficile.
Aussi, le meilleur hommage que nous puissions rendre à notre frère Nicolas, c’est de faire partager à ceux qui nous entourent les bonnes choses reçues de Dieu.
Et quand notre heure sera arrivée, puissent retentir à nos oreilles ces mots qu’a déjà entendus notre frère Nicolas : « Que votre cœur ne se trouble pas : croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Je veux vous préparer une place pour que vous soyez auprès de moi. »
Parce que nous sommes aimés de Dieu, choisir la joie !

José Gogorza,SCJ

In memoriam

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PERE LINO ILLINI

Isolaccia 28 octobre 1916 - Passa Quatro 20 juillet 2011.

Le Père Lino Illini est né à Isolaccia, au nord de l’Italie (province de Sondrio). Après avoir prononcé ses premiers vœux en 1936, il partit en Terre Sainte pour les études : la philosophie à Nazareth, en Galilée, et la théologie à Bethléem, en Judée. La guerre, qui avait éclaté entretemps, ne lui a pas épargné les épreuves - il est même passé par un camp d’internement en Palestine. C’est en Terre Sainte également qu’ont eu lieu son ordination sacerdotale et sa première messe.
En 1948, le jeune prêtre traverse l’Atlantique pour répondre « me voici » à l’appel du Brésil ; il y rejoint le groupe de missionnaires bétharramites œuvrant là-bas, dont son compatriote, le P. Francisco Dante Angelelli, qui l’accueille quand il débarque à Rio de Janeiro. Sitôt arrivé, le P. Lino est affecté au collège Saint Michel de Passa Quatro, maison-mère du Bétharram brésilien. Au même moment fonctionnait aussi, à Conceição do Rio Verde, dans l’État de Minas, l’Institut Saint-Joseph, école primaire pour élèves internes et externes, sous la direction des Pères de Bétharram, Edouard Mieyaà, Domingo Rodriguez et Francis Darley.
L’établissement est resté ouvert jusqu’en 1951, année de mon entrée comme aspirant. C’est à Conceição, en 1952, qu’a été transféré l’apostolicat de Passa Quatro avec ses professeurs et formateurs : les Pères Henrique Lasuén (directeur), Lino Illini, Emmanuel Calvarin et d’autres...
Le P. Lino a vécu la plus grande partie des 63 ans passés au Brésil à Conceição. Dans une première période, de 1952 à 1968, le P. Lino enseignait les mathématiques et le dessin. Au sein de la communauté, il a toujours assumé les responsabilités d’économe... Désargenté ! Le P. Lino assurait aussi la discipline dans les dortoirs, où dormaient jusqu’à 110 apostoliques. En récréation, il était toujours enjoué et proche de tous. Il excellait dans les travaux manuels, une passion dont témoigne le nombre d’outils entreposés dans sa chambre. Par là, il a largement contribué à l’aménagement de la chapelle Saint-Joseph, au dortoir des Pères, aux nouvelles classes et aux piscines.
Quand l’apostolicat est revenu à Passa Quatro, après 1968, le P. Lino a fait un temps au collège, un séjour dans son pays natal, et une période plus longue à Conceição, où il tenait compagnie au P. José Maria Ruiz. Pour l’occasion, le P. Lino est devenu agriculteur, transformant une partie de la propriété des Pères en plantation de café. D’où ce bon mot qui avait cours entre nous : café Lino = café “fino” (de qualité).
Le P. Lino savait entrer en relation avec les gens, se rappeler leur nom, guider les autres dans des dédales de rues qu’il n’avait empruntées qu’une fois (dans la mégalopole de São Paulo, par exemple). Un autre de ses points forts : la ponctualité. Dans son ministère de prêtre, qu’il exerçait toujours avec entrain, il ne manquait jamais de visiter les malades et de réconforter les familles endeuillées.
À un retour de vacances, le P. Lino a préféré rester à Passa Quatro, hébergé par la famille Schianni ; celle-ci prit soin de lui, avec générosité et affection, jusqu’à ce matin du 20 juillet 2011 où il retourna à la maison du Père. Il avait 95 ans, dont 69 de sacerdoce.

Paulo V. Campos,SCJ


 

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8. L'AUMONERIE BETHARRAMITE DE BETHLÉEM 

Sr Marie qui avait reçu en juillet 1877 le secours du P. Chirou, de Bétharram, pour l’aumônerie et aussi les travaux, ne se contentait pas de lui seul. Selon ses informations célestes, elle voulait une communauté de Bétharramites. Elle le demanda au Patriarche Bracco, qui, connaissant le strict monopole franciscain, refusa. Elle écrivit alors à la Propagande. Le Cardinal mit 7 mois à envoyer un refus, pour la même raison que le Patriarche : on devait abandonner un tel projet ! Mais assurée de la volonté céleste, Sr. Marie écrivit au Pape, alors Léon XIII, qui passa la lettre à la Propagande. Le refus de celle-ci arriva après la mort de la Sœur, décédée le 26 août. Mais avant sa mort elle avait écrit à son amie Berthe d’aller elle-même plaider cette cause chez le Pape. Elle disait avec assurance au P. Chirou : « C’est fait au Ciel; ça se fera sur terre ».
En octobre arrivèrent à Bethléem le P. Estrate et Mlle Berthe pour prendre le cœur de Sr Marie, destiné au Carmel de Pau. Sur leur retour, ils passèrent par Rome et Berthe obtint une audience de Léon XIII, à qui elle exposa la demande de Sr Marie, assurant qu’elle se chargeait de tous les frais de cette communauté tant désirée. Le Pape fut convaincu… et le rescrit d’acceptation arriva à Bétharram fin décembre 1878. Sur ce succès d’origine céleste, le Conseil général du T.R.P. Etchécopar désigna le P. Chirou comme supérieur de la future petite communauté des Pères Estrate et Abbadie avec le frère Hilaire. Ils arrivaient à Bethléem le 31 mai 1879, veille de la Pentecôte. Une fois de plus Sr. Marie avait gagné sa cause.
Sur son ordre aussi et celui de Mlle Berthe, on avait arrangé l’achat de la colline voisine de celle du Carmel et on avait demandé des plans de la résidence au capitaine Guillemot, recommandé par le Consul. Le P. Chirou les trouva trop grandioses et s’en était plaint à Sr. Marie, qu’il côtoyait sans cesse sur le chantier du Carmel. Sr Marie lui ferma la bouche avec une prophétie : Laisse faire ! Tu verras qu’on y viendra nombreux de Bétharram. La prophétie commença à se réaliser en 1890, avec l’ouverture du scolasticat ; elle se développa en 1903 avec l’arrivée du noviciat et de Pères expulsés de France, et bien plus encore, de 1922 à 1948.

La cause de béatification
Tous ceux qui avaient approché Sr Marie de son vivant étaient unanimes à proclamer sa sainteté. À commencer par Mgr Lacroix, évêque de Bayonne. En fait il se trouva avoir bien assuré beaucoup d’éléments de cette cause en ordonnant aux Carmélites de consigner fidèlement par écrit faits et dires de Sr Marie.
La Première Guerre mondiale retarda en Palestine le lancement de la Cause. Le promoteur en fut le P. Denis Buzy, de Bétharram, aussitôt approuvé et secondé par Mgr Barlassina, patriarche de Jérusalem de 1920 à 1947. Le P. Buzy édita en 1922 et 1926 sa Vie de Sœur Marie qu’il avait conçue en vue de la Cause, insistant sur les vertus. Le Procès informatif, dont il fut la cheville ouvrière, s’ouvrit à Jérusalem le 9 avril 1919. On y entendit 76 témoins, dont 31 avaient bien connu la Servante de Dieu. Le Procès se termina le 20 avril 1922, avec la reconnaissance des restes de la Sœur. Le P. Buzy en avait publié aussi Les Pensées en 1922. Le nombre important des cahiers où les Carmélites avaient consigné, sur ordre de l’évêque, les faits et dires de Sr Marie, fut déféré à Rome, qui les trouva sans reproche, le 19 novembre 1930.

Pierre Médebielle,SCJ
Jérusalem (1983, pp. 201-239)

 

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