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14/12/2011

Nouvelles en Famille - 14 décembre 2011


Sommaire

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Le mot du Père général

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LA MISSION DES RELIGIEUX DU SACRÉ-CŒUR

Pendant que nous nous agitions dans l'activité pastorale, le P. Juan Craviotti, scj, déjà âgé et délicat de santé, passait son temps à traduire les textes de saint Michel dans un coin de la bibliothèque d'Adrogué. A des horaires convenus, ses fidèles chauffeurs venaient le chercher pour aller confesser à Buzarco, porter la communion à un malade, ou confesser quelqu'un qui avait renié l'Eglise et se trouvait à l'article de la mort. Et si celui-ci résistait, le P. Juan retournait à la garderie afin de faire prier les enfants pour que cette personne s'ouvre à la miséricorde du Seigneur. Un modèle de missionnaire bétharramite !

La mission n'est pas qu'une question de paroles sinon d'actes, d'expériences partagées et d'une vie qui se laisse transformer dans la rencontre avec le Cœur de Jésus mort et ressuscité. Le document d'Aparecida affirme : dans la rencontre avec le Christ, nous voulons exprimer la joie d'être disciples du Seigneur et d'être envoyés, le trésor de l'Evangile en main. Etre chrétien n'est pas tant un poids qu'un don, Dieu le Père nous a bénis en son Fils Jésus Christ, sauveur du monde.
La joie du disciple n'est pas la sensation égoïste d'un bien-être, mais plutôt la certitude qui naît de la foi, la paix du cœur et la capacité d'annoncer la Bonne Nouvelle de l'amour de Dieu. Connaître Jésus est le meilleur cadeau que quiconque puisse recevoir ; que nous l'ayons rencontré dans nos vies est la meilleure chose qui nous soit arrivé, et le donner à connaître par nos paroles et nos actes est toute notre joie (Aparecida 28, 29).
Ces paroles sont l'écho, pour nous, d'autres dans le Manifeste de saint Michel : les prêtres de Bétharram se sont sentis portés à se dévouer par le moyen des vœux, imitant Jésus anéanti et obéissant afin de procurer aux autres le même bonheur. Il s'agit de la même synthèse « disciple-missionnaire » (à travers le lien imitation-tâche), de la même joie du disciple-missionnaire marquante et contagieuse vis-à-vis de ceux qui nous voient vivre, du même engagement dans l'œuvre à accomplir.
Et son secret, son fondement, sa raison d'être, l'inspiration de cette mission peut se résumer ainsi : le dynamisme de notre amour passionné du Cœur de Jésus, Verbe incarné, Fils de Dieu, grand prêtre éternel, Serviteur du Père céleste, le consacré et l'envoyé, le missionnaire du Père. Lui, Jésus se reconnaît comme envoyé du Père et envoie ses disciples à leur tour. Comme disciples nous sommes invités à vivre une conformité, une identification à Jésus dans nos existences et à lui ressembler en tout, prolongeant ainsi sa mission, par notre don continuel, à travers l'Histoire et par toute la terre. Notre mission est ainsi la continuité de cet élan du Verbe incarné disant « Me voici » à son Père pour le salut des hommes. Suivant le Verbe incarné « consacré et envoyé dans le monde par le Père » (Jean 10, 36), nous sommes consacrés et envoyés pour être dans le monde, par toute notre vie de religieux, signes et annonce de Jésus Christ (RdV 13).
La mission de Bétharram est aussi bien dans le témoignage de vie de chaque religieux que dans celui de chaque communauté, dans la prière personnelle autant que communautaire, dans la souffrance aussi bien que dans la prière de nos frères malades, dans notre devoir d'état accompli de façon responsable, aussi bien que dans la spiritualité, dans la mission partagée avec les laïcs que dans nos tâches apostoliques, propres aux projets pastoraux dans lesquels nous sommes engagés. Avec l'humilité et la seule confiance en la Parole de Dieu qui est Jésus vivant, car c'est elle seulement qui change les cœurs et non nos discours ou stratégies pastorales tant que ceux-ci ne proviennent pas de notre union au Christ.
Chacun de nous, vivant dans cet amour, aide les personnes qu'il rencontre à découvrir le nom et le visage du Dieu d'amour, présent et agissant mystérieusement, telle une fermentation incessante, dans le cœur de tous. Ainsi ils peuvent le reconnaître, l'aimer, le rencontrer, le suivre et vivre ainsi de cette joie d'être des êtres nouveaux (RdV 9 et 15). Par notre témoignage, qui traduit vraiment ce que nous sommes, et par l'annonce de la Parole de Dieu, qui est Jésus même, nous devons aider les autres à vivre cette rencontre du Dieu vivant qui habite le cœur de chacun. « Je te cherchais à l'extérieur, toi qui habites au plus profond de moi-même » (saint Augustin).
Nous devons être ce camp volant de prêtres auxiliaires, disponibles à toute œuvre particulière, disposés à aller partout... « disposés à courir là où nous sommes appelés ». La mission reçue est de la responsabilité de tous dans la communauté qui s'enrichit ainsi de l'échange des expériences missionnaires (RdV 16). La mission n'appartient pas en propre au religieux mais elle nous a été donnée, confiée par l'Eglise à la Congrégation qui la confie à une communauté de religieux.
C'est pourquoi il est demandé une triple fidélité aux disciples-religieux que nous sommes : à l'Esprit, à l'Eglise et aux hommes (RdV 14). La communion ecclésiale nous commande aussi de collaborer avec tous les membres du Peuple de Dieu. Nous vivrons tels des camps volants d'abord par la vie communautaire mais également par un réel détachement vis-à-vis des lieux et des personnes afin de vivre libres et disponibles pour courir partout où cela sera jugé nécessaire.
Pour nous garder dans cette fidélité créative et l'annonce du message de l'Evangile du Dieu d'amour dans toutes les situations et partout, nous aurons le souci de nous former à être ces « hommes disponibles, capables, disposés à courir au moindre signal des supérieurs » ; ainsi nous serons ces instruments dans la main de Dieu, dociles à son œuvre de salut (RdV 19). Il nous faudra aussi exercer un discernement à tous les niveaux : communauté, conseils, assemblées des vicariats, chapitres régionaux et généraux. Discerner afin de savoir si nos choix, nos orientations et les méthodes de nos différents ministères nous permettent de rester fidèles à la mission que l'Eglise nous confie (RdV 19) et de toujours réagir avec la promptitude qu'exige la dynamique missionnaire.
Un exemple me vient à l'esprit qui est un véritable appel à un examen de conscience. Les Compagnons de Jésus, Marie et Joseph qui se réunissent à l'église des Miracoli à Rome, sont pour la plupart des jeunes ; dans tous leurs milieux de vie, ils portent le souci d'un témoignage de foi et parlent de Jésus aux personnes qu'ils rencontrent, leur faisant prendre conscience de cette fermentation incessante et discrète qui existe en chacune d'elles. Il est vrai que Dieu a d'autres moyens pour arriver à un tel résultat, mais si je n'ai pas le courage de parler à une personne en particulier, il se peut que celle-ci n’ait pas d'autres possibilités de découvrir ce trésor qui est en elle. Mais cela ne s'arrête pas là ; ils conduisent la personne touchée par la force de l'Evangile vers un prêtre pour qu'elle puisse faire l'expérience de la miséricorde d'un Dieu qui les aime et les pardonne. Ils se sentent accueillis par la communauté et soutenus par la prière dans leur choix de vie nouveau en tant que convertis. Je crois que c'est cela la nouvelle évangélisation !

Gaspar Fernandez, SCJ

 

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nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit... 

Aux enfants de l'Ecole Notre-Dame de Bétharram, Bethléem, 19 décembre 1892

Mes chers Enfants,
A l’approche du nouvel an, mon cœur, quoique toujours lié au vôtre et plein  du vôtre, sent redoubler des tendresses et les vœux de bonheur qu’il forme pour vous et pour vos parents : ces souhaits je les ai déjà déposés à la Crèche ; je les déposerai surtout durant les fêtes de Noël, aux pieds du divin Enfant ! Vous l’aimez ; la très Sainte Vierge ne cesse de vous former à cet amour : je demanderai pour vous de croître dans cet amour, à l’imitation de son amour pour nous. Oh ! qu’il nous aime dans cette Crèche obscure et étroite ! Comme il nous montre sa tendresse, en souffrant, en tremblotant, en gémissant, en pleurant pour nous ! Offrons-lui, par reconnaissance, nos petites peines de cœur, et nos travaux et notre obéissance et nos prières et nos bons exemples : Et alors il viendra dans vos cœurs comme à la Crèche, comme    aux bras de Marie, de Joseph, des Bergers et des Mages ; et avec Jésus, qu’on est heureux ! Adieu mes Enfants ! Bonne et sainte année pour vous et vos chers parents. Je vous embrasse.

 


Témoignage

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"LIEUX" DE NAISSANCE DE JESUS HIER ET AUJOURD'HUI

Il n’est pas possible de vivre plus d’une année en « Terre Sainte », sans considérer autrement le « saut prodigieux » que fit le Verbe de Dieu en s’incarnant sur cette Terre.

J’ai eu la chance d’aller, avec des amis, à Taybeh, petit village à majorité chrétienne, au nord de Jérusalem, proche de Ramallah. Chez les Sœurs de la Croix de Jérusalem, se trouve une très ancienne petite maison typiquement palestinienne, surnommée “Maison des paraboles”. On peut y voir, en effet, les pièces d’habitation et beaucoup d’objets de la vie domestique, au temps de Jésus. La Sœur qui nous fait visiter, attire notamment notre attention sur le fait que, contrairement à l’opinion courante concernant l’accueil fait à Marie et Joseph à Bethléem, la phrase de Luc « car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » ne doit pas s’entendre comme un refus d’accueil. Car – nous dit-elle – les traditions d’accueil en Palestine sont telles qu’il est impensable de rejeter ou reléguer “au dehors de la maison”, une femme sur le point d’accoucher.  La “Maison des paraboles”  se présente comme une pièce unique, surélevée par rapport au sol de l’entrée, pour offrir une sorte de remise, et à côté d’une grande pièce servant d’étable. La pièce commune n’était donc pas très grande et, surtout, ne pouvait offrir les conditions d’intimité minimum pour une naissance. Dans un geste d’accueil précisément, on a indiqué à Marie et Joseph soit la pièce d’à côté servant d’étable, soit une grotte à laquelle s’adossait la maison. C’est donc “là”, c’est-à-dire dans ces conditions très vraisemblables de logement, que vint au monde le Verbe de Dieu, « celui qui n’a pas jugé bon d’être traité à l’égal de Dieu, mais au contraire se dépouilla pour devenir semblable aux hommes » (Ph 2) !
Dans ce contexte, j’ai été d’autant plus frappé par la citation d’un théologien du Centre Sèvres, qui donne à l’incarnation de Jésus un contenu très concret :
« Le Verbe de Dieu n’a pas simplement assumé une nature humaine en général… son existence s’est radicalement inscrite dans un lieu et un temps… au sein d’un peuple donné, Israël ; il a été immergé dans la tradition de ce peuple… sans jamais se mettre à l’extérieur de son peuple et en restant bien plutôt un Juif, “uniquement un Juif” » (Michel Fédou).
Dès lors, dans la situation actuelle des habitants de ce pays – Territoires occupés/Israël –, comment se débarrasser l’esprit de tout ce qu’on voit et entend sur la manière de se comporter des Juifs et des Arabes aujourd’hui, et se représenter jusqu’où Jésus a voulu s’incarner ?
Que le Verbe fait chair vienne encore « parmi nous » pour réconcilier ces peuples, ces trois religions et tous les hommes de ce monde… !

Henri Lamasse, SCJ

 

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UNE COMMUNAUTE FERME ...

Dans les pages suivantes nous vous proposons le récit de deux expériences vécues dernièrement : la première est la fin de la présence bétharramite dans le sud de l’Italie ; La seconde est l’ouverture d’une nouvelle communauté et le début d’une nouvelle mission à Hojai au Nord-est de l’Inde.
Sur l’instant, de tels événements provoquent des réactions divergentes : perplexité, sentiment d’abandon d’un côté ; joie et enthousiasme de l’autre. Mais qu’en est-il au fond ?
La nécessité d’être utiles là où les besoins sont les plus manifestes n’est-elle pas inscrite dans notre style de vie bétharramite ? Le discernement des œuvres n’est-il pas la capacité que nous devons le plus développer ? Le discernement est pour nous un choix obligé.
Tout au long du temps qui passe, les ouvertures et les fermetures des œuvres rappellent beaucoup le battement d’un cœur qui aime et qui tente, sans arrêt, de générer de la vie encore et encore.

Le 30 octobre dernier, en présence de Mgr Cacucci, archevêque de l’archidiocèse de  Bari-Bitonto, de nombreux prêtres diocésains et de paroissiens, s’est conclue la présence bétharramite dans le sud de l’Italie.
Le P. Aldo Nespoli, ancien membre de la communauté, et actuel Vicaire régional pour l’Italie, retrace pour nous cette expérience qui débuta en 1988.

Avec la fermeture de la communauté de Bitonto, la présence bétharramite au Sud de l'Italie commencée il y a 23 ans se termine… Il m'a été demandé de faire un article sur notre expérience vécue à l'Eglise des Pouilles et de dire comment nous sommes arrivés à la fermeture. Ça m'a paru facile et j'ai accepté : je prends conscience en le rédigeant que ce n'est pas une chose simple. Il faut rafraîchir la mémoire et parcourir à nouveau ces 23 dernières années : une aventure partagée du début à la fin avec les confrères, les Pères Re et Sala.
De fait nous sommes arrivés dans les Pouilles en septembre 1988 appelés par l'évêque de Bari, Mgr Mariano Magrassi qui demandait une communauté pour donner un témoignage de vie religieuse dans son diocèse. Pour nous Milanais, la difficulté a été d’affronter une autre culture et d'autres traditions religieuses. Au début notre ministère pastoral s'est déroulé à la paroisse de Mariotto : l'enseignement de la religion catholique s'ajoutait au travail paroissial ainsi que par la suite l'insertion du P. Sala à la Pastorale de la Jeunesse ; le P. Natale devint vicaire économe des paroisses sans titulaire.
Il est clair que les débuts de cette insertion ont exigé de nous un changement radical, un bouleversement de notre vie désormais à consolider.
Aux prêtres du diocèse qui me demandaient comment nous allions, je ne pouvais certes pas répondre que tout allait bien, malgré quelques difficultés. Mais, lui, homme sage et expérimenté me répondit que pour comprendre les gens et les paroisses il fallait entrer dans leur histoire, mais surtout aimer et partager leurs traditions et leur religiosité... Nous avons compris que nous avions à nous dépouiller des habitudes de la Brianza (région située en Lombardie, ndlr) pour endosser les pratiques locales et nous insérer dans cette culture sans abandonner totalement la nôtre.
Je ne crois pas mentir en disant que c'est ce qui est arrivé. Ces 22 années en témoignent. Bien sûr, il nous a fallu affronter des difficultés, mais surtout renoncer à la nostalgie du “chez soi”. Les premiers temps ont été riches d'enthousiasme ; soutenus par les visites fréquentes de nos supérieurs et des évêques, accompagnés de prêtres du diocèse. L'insertion a été graduelle, dynamisante. Les rythmes pastoraux ont été enrichis par les rythmes communautaires : la prière du matin avec les Sœurs, l'adoration et la concélébration du vendredi, à notre initiative, pour la communauté paroissiale. Les prêtres du diocèse ont respecté et partagé ce choix, même si pour les temps forts de l'année liturgique, la pastorale exigeait notre participation.
Par la suite le P. Romualdo Airaghi, puis le P. Simone Panzeri sont arrivés pour remplacer le P. Sala à la Pastorale des Jeunes.
En cours d'année, l'évêque nous a confié d'autres charges, en particulier la paroisse du Saint-Sacrement, près de Bitonto : un choix significatif pour nous au plan pastoral et aussi en réponse aux besoins de l’Eglise locale.
Malheureusement la fraction de la communauté, à cause de la distance entre Mariotto et Bitonto, a bousculé notre vie de communauté, non du fait de la mauvaise volonté des membres mais elle n'a pu conserver les rythmes réguliers : ce qui nous a surtout manqué ce sont la concélébration du vendredi et le partage des grandes fêtes.
L'évolution de la situation a fait mûrir l'idée d'un nouvel aménagement : ainsi en 2009 la paroisse de Mariotto, par suite du changement du prêtre nommé à la responsabilité de vicaire pour l'Italie du Sud, s'est retrouvée sans remplaçant : il s'en est suivi une fermeture difficilement acceptée par les paroissiens privés d'une communauté qu'ils avaient appris à aimer.
Sans être pessimiste, avec l'intuition typique de la sagesse populaire, les gens voyaient dans ces départs, l'annonce d'un choix d'avenir.
De fait en cette année 2011 le même sort a touché la paroisse de Bitonto. Les prêtres qui l'avaient érigée, ayant été appelés à de nouvelles charges, ne peuvent plus être remplacés pour une raison toute simple : la diminution des religieux et le manque de vocations ne permettent plus le maintien de toutes les œuvres.
Malgré l'insistance et la peine de l'archevêque, Mgr. Francesco Cacucci qui demandait de réfléchir au réajustement - avant de laisser une réalité bien avancée - et malgré l'amitié, l'estime et la fraternité des prêtres diocésains, nous n'avons pas eu les moyens de faire d'autres choix. Cela fait mal au cœur; la situation fait penser au retrait d'un drapeau : les Bétharramites ont abandonné le Sud alors qu'il y a 20 ans, l'ouverture était présentée comme étant significative pour une Congrégation enracinée seulement dans le Nord.
En vérité, par contre, nous sommes reconnaissants envers tous pour cette forte expérience vécue à l'Eglise de Bari-Bitonto. Notre vie en a été marquée et enrichie. Nous sommes reconnaissants aux évêques et aux prêtres qui nous ont accueillis et aimés dans notre différence… Notre dernier merci va à la Providence qui nous as guidés et accompagnés dans cette merveilleuse aventure dans cette terre méridionale des Pouilles. 

Aldo Nespoli, SCJ
 

Témoignage

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... ET UNE AUTRE S'OUVRE

L'invitation à rejoindre Hojai nous a été lancée par Thomas Menamparambil, le précédent archevêque de Guwahati, la capitale de l'Assam ; comme beaucoup d'autres évêques des missions du nord de l'Inde, il est originaire de l'Etat du Kerala dans le sud.     
Hojai est une de ces villes d'Assam, sèche et poussiéreuse, où la grande majorité des 36 000 habitants est musulmane. De très petites industries, y compris une usine de parfums, ainsi que l’agriculture sont les soutiens d'une population pauvre bien qu'auto-suffisante. C'est aussi une des plus anciennes missions de la ville dans le diocèse de Guwahati dont la fragilité est due à la prédominance musulmane. Cela explique pourquoi la base de l'action pastorale est en direction des tribus environnantes qui ont embrassé l'Evangile.
Le Père Shaju y a été notre pionnier il y a deux ans ; il a travaillé dans les deux villages environnants de Bodos et Garos où les Sœurs du Sacré-Cœur avaient déjà ouvert la voie. C'est vraiment dans le lieu que l'on appelle “la ceinture tribale” du nord de l'Inde où la population est plus proche ethniquement de celles du Myamnar (ex-Birmanie), de la Chine, de la Thaïlande que des peuples dravidiens et aryens du sous-continent indien. Ces tribus forment le gros des communautés chrétiennes toujours croissantes en Assam. Depuis octobre, nous avons ouvert une nouvelle communauté à Hojai animée par le P. Subesh. Le P. Wilfrid l'aide provisoirement et, à plus long terme, les PP. Pascal et Vincent de même que le Fr. José Kumar le rejoindront. Actuellement, nos trois novices (Justin, Vino et Edwin) vivent à Hojai l'année d'insertion communautaire de leur noviciat et la communauté accueillera, à l'occasion, des étudiants pour leur stage de formation pastorale.
Une importante école secondaire se situe dans un vaste campus ainsi que deux couvents, une école technique de filles et deux internats. La plupart des demi-pensionnaires sont musulmans, venant de la ville, tandis que les internes sont des jeunes issus des tribus. Tous sont contents d'être scolarisés dans cet institut dont nous avons la charge et dont la réputation en matière de niveau, de discipline et de résultats est excellente. Aux débuts de notre nouvelle communauté, il y a eu quelques problèmes dans la direction de l'internat pour garçons, mais grâce au merveilleux travail des PP. Wilfrid, Subesh ainsi que des trois novices, qui ont réagi tels de bons pasteurs, de réels progrès ont pu être réalisés.
A cause des difficultés à construire une communauté chrétienne à Hojai, le clergé local ne souhaitait pas assumer cette mission. Inspirés par notre charisme, nous l’avons acceptée comme un appel de Dieu qui, seul, peut bénir ce travail dans la mesure où nous restons fidèles au témoignage à rendre à l'amour du Cœur de Jésus.

Austin Hughes, SCJ

 



5 minutes avec...

le Frère Emile

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Un nouveau visage est venu enrichir la grande “mosaïque” de la communauté de Monteporzio (Italie).
En effet, le Frère Emile Garat a quitté les rives du Gave pour vivre quelques mois d’une année sabbatique qui, selon la définition donnée dans les Actes du Chapitre général 2011, est une “grâce de renouveau humain et spirituel”

Nef : Il y a quelques mois, tu as demandé à pouvoir bénéficier d’une année sabbatique. Comment ce désir s’est-il manifesté ? Et comment cette année va-t-elle s’organiser ?
- Tout d’abord, je n’ai jamais demandé de faire une année sabbatique, c’est le vicaire de France avec son conseil qui me l’a proposé. Cela fait vingt ans que j’ai prononcé mes vœux et depuis je n’avais jamais pris du temps pour moi. Quand il a été question de cette année sabbatique, je ne sentais pas le désir de vivre ce temps, mais j’ai dit oui puisque mes confrères me l’ont proposé. La proposition faite par mon vicaire est de vivre trois mois en Italie, un mois de retraite Ignatienne en janvier et le reste de l’année en Centre Afrique. Et c’est bien moi qui ait demandé que l’on me fasse des propositions. Peut-être qu’ils ont trouvé que j’avais besoin de vivre un changement, un ressourcement, suite à la fatigue ou la lassitude, mais c’est eux qui ont ressenti cela, pas moi. 

As-tu des envies, des projets, des objectifs précis ? Qu’en attends-tu ?
-  Des envies, des projets, des objectifs ? En vérité rien de précis, si ce n’est de vivre en profondeur, ce qui m’est donné de vivre cette année. Prendre du temps pour lire, découvrir ce que vivent mes frères dans leur mission. J’essaie de le vivre le plus simplement possible tout en restant à ma place.

Tu résideras donc trois mois dans la communauté de Monteporzio qui est engagée depuis des années dans une œuvre importante au service de personnes atteintes du sida, une des causes des grandes pauvretés humaines d’aujourd’hui. Quelles sont tes occupations dans cette communauté ?
- J’y suis déjà depuis deux mois. J’ai été bien accueilli autant par les frères de la communauté que par les salariés et les bénévoles. Ici c’est comme dans une famille : vivre avant tout la fraternité, une vie simple tout en donnant un coup de main. La maison est grande et il y a de quoi faire. Chacun avec ses talents, et je me suis rendu disponible pour travailler à ma mesure. Je fais de la peinture et je suis satisfait de rendre service pour le bien commun de la communauté et des frères.

Depuis ton arrivée, qu’est-ce qui t’a frappé le plus de ce qui s’y vit ?
- Ce qui m’a le plus touché, c’est de voir comment cette mission demande une vraie disponibilité auprès des résidents dans l’accompagnement des malades dans leur quotidien. Il y a une vie simple et heureuse grâce à une règle de vie commune mise en place et qui demande respect, bienveillance ; et chacun trouve sa place. Un travail de soin comme d’écoute de chacun est primordiale. La communauté des Pères a aussi son lieu de vie dans la maison avec ses temps de prière et de partage ensemble autour d’un repas en commun une fois par semaine.

Bétharram, 7 septembre 1991, c’était il y a vingt ans, tu prononçais tes premiers vœux de profession religieuse. Comment est née ta vocation de religieux bétharramite ? Vingt ans après, quelque chose a changé, évolué ?
- Ma vocation est né vers l’âge de 11 ans; un prêtre était venu dans ma paroisse parler de sa mission en Afrique. Il avait demandé si l’un de nous serait prêt à donner sa vie pour Dieu. Eh bien dans mon cœur cela a fait « tilt ». Pourquoi pas moi ? Petit à petit cela a mûri et je savais que je ne voulais pas être dans un presbytère tout seul. D’où le choix de chercher une congrégation, une famille. Ce fut Bétharram, que je connaissais par mon oncle et parrain, le Père Emile Garat, et j’ai trouvé une famille respirant la joie de vivre et surtout la simplicité.

Pourrais-tu nous confier quelques temps forts, heureux ou difficiles, quelques épisodes qui ont marqué cette tranche de vie ?
- Je retiendrais deux temps forts, l’expérience vécu à Formanoir à Bordeaux avec le Père Jean Couret durant mon temps de formation. Une année riche au milieu d’une cité avec tant d’ethnies et l’expérience dans le monde du travail. Une communauté de vie religieuse présente dans cette cité.
Autre temps forts, les rencontres des jeunes religieux organisées par la congrégation surtout en Terre Sainte. Temps de rencontres, de réflexion, de prières et surtout de connaissances mutuelles.
Au niveau des difficultés, à vrai dire, je ne sais pas... Peut-être les fermetures de communautés dans le vicariat de France suite au nombre de religieux qui nous ont quittés vers l’autre rive.

Quels sont les ministères qui t’ont été confiés ?
- En particulier le monde des jeunes par le biais de l’Aumônerie de l’Enseignement Public, la Jeunesse Ouvrière Chrétienne, le Mouvement Eucharistique des Jeunes, et un peu le Scoutisme. J’ai aussi vécu l’animation de la paroisse surtout par l’accompagnement du catéchuménat adulte.

Tu as vécu, me semble-t-il, quelques années à Limoges. Que penses-tu de la fermeture récente de la communauté ?
- Je ne peux pas dire que je suis heureux de la fermeture; j’y ai vécu 14 ans et j’y étais heureux. C’est là que j’ai fait mes premiers pas après mes années de formation. Et je dois beaucoup à ce diocèse qui m’a permis de vivre beaucoup de temps forts. Mais c’est moi aussi qui aies donné ma disponibilité il y a quatre ans à la province car je pense que nous ne devons pas rester des années dans la même communauté ou le même diocèse. Nous devons rester disponibles avant tout à notre famille. 

L’accompagnement de groupes de jeunes, dans lequel tu t’es souvent investi, est-il un ministère qui t’attire particulièrement ? Comment as-tu perçu les témoignages des jeunes présents aux JMJ de Madrid (Cf. Nef de novembre dernier)
- Je me suis investi là où on m’a envoyé parce que c’est cela répondre aux propositions faites par mes supérieurs, qui ont discerné au mieux pour moi. J’ai eu toujours la joie de m’intégrer facilement là où j’étais. Donc le monde des jeunes a été le plus souvent mon terrain de mission. Ils sont à la fois riches et déroutants parfois. Leur recherche de construire une vie qu’il leur semble ne pas maîtriser dans une société qui change à grande vitesse. Des peurs, des doutes et qui touchent aussi leur vie spirituelle. Un manque de repères pour beaucoup. J’en ai été témoin bien souvent. Et pourtant notre fondateur disait toujours « avant tout aimez-les comme ils sont » Et c’est cela que j’ai toujours voulu mettre en valeur dans l’accompagnement. Pour ce qui es des JMJ, c’est un vrai temps fort pour eux mais la question est toujours la même, comment continuer d’une JMJ à l’autre l’accompagnement ? Le quotidien vient au galop. Moi je suis plus pour de petits groupes comme Jeunes en Chemin qui existe sur la plaine de Bétharram avec une équipe d’adultes qui accompagne selon la disponibilité de chacun. Ils ont besoin d’adultes qui croient en eux et qui vivent « l’être avec » 

En tant que religieux frère bétharramite, quel témoignage de vie souhaites-tu transmettre ?
- Etre à sa place, tout en restant petit constant et toujours content. Le frère a autant sa place que le frère religieux prêtre car chacun nous avons choisi librement de vivre en frère par nos vœux dans une même famille avec ses joies et ses difficultés. Mon plus grand souhait serait de continuer avec plus de force à vivre vraiment la fraternité, la disponibilité, la simplicité entre nous afin de témoigner au monde que la vie religieuse est une forme de vie qui parle encore aujourd’hui et que cela nous rend heureux dans notre vocation. Oui donner sa vie à Dieu et aux hommes vaut le coup d’être vécu ! Toujours en avant !  



 

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11. LE MESSAGE DE SR. MARIE DE JESUS CRICIFIE 

Tout saint, envahi par Dieu, en rapporte un message. Sr Marie, si envahie et possédée, avait le sien, très riche. Le P. Brunot se disait impressionné par « la fascination que la jeune mystique arabe a exercée sur de nombreux intellectuels catholiques attentifs à ces messages » de Dieu. Ainsi de Barrès, de Léon Bloy, de Francis Jammes, de Julien Green, de Jacques Maritain, Massignon... Avec raison, il voit en cela le signe qu’elle avait un message et même d’actualité brillante.
Le P. Buzy disait dans son édition des Pensées de Sr. Marie en 1922, qu’ « étant disciple et compatriote du divin maître, elle parle la même langue et a le même accent ». Du très riche trésor de Sr. Marie, le P. Brunot retient trois aspects ou éléments du message surnaturel de sa vie et de ses dires.
Le premier est l’affirmation, par toute sa vie et ses dires, de 1’existence du monde surnaturel. C’était là, la réplique vécue et criée à Renan, affirmant dans son Avenir de la science, « que l’immense résultat des sciences modernes était : il n’y a pas de surnaturel ! » Jules Simon, de dire pareillement avec assurance, que « si Dieu existe, ce ne peut être que comme un satellite qui tourne amour du cosmos, sans influx ». Sr Marie, leur contemporaine, voyait, elle, tout l’envers de ce cosmos. Avec elle le surnaturel est le naturel de Dieu et Sr Marie y vivait en permanence, en pleine ère du scientisme. Ce qui fait dire au P. Brunot que les saints, et particulièrement Sr. Marie, sont les « cosmonautes des espaces divins » et qui nous les révèlent. Toute sa vie, ses visions et ses dires, sont révélation du surnaturel, venant ainsi s’imposer à l’histoire, à la science, à la psychologie et psychanalyse de cet âge obtus du scientisme, aujourd’hui d’ailleurs moins assuré de ses dogmes rationalistes.
Un second élément du message de Sr. Marie est celui de la transcendance du Dieu amour. C’était déjà le message du terrible prophète Élie du Mont Carmel face au dilemme : Dieu ou l’idole. Mais après le Christ, Dieu est amour. C’est alors la transcendance de son amour infiniment miséricordieux qu’il a prouvé en son Fils. C’est ce Dieu que Sr. Marie a aimé de tout son corps et de toute son âme meurtris.
Le troisième message est la présence active de l’Esprit-Saint dans l’Église. C’est cet Esprit qui la conduit vers le sommet de la montée du Carmel, lui qui lui donne le goût de la contemplation sensible et qui lui fait découvrir et sentir la présence de Dieu en toute créature, en tout événement. Tout est ainsi lecture savoureuse du « divin Méconnu ». Et Sr. Marie en est 1’évangéliste par ses dires, ses prières, ses visions, sa dévotion au Saint Esprit, qui lui donne le sens de la souffrance, acceptée par amour et qui fera de la mort, le passage d’une sainteté de l’espérance à une sainteté couronnée dans la gloire.
Le miracle des miracles est que la mystique que fut « Sr Marie de Jésus Crucifié, pour qui le surnaturel était devenu naturel, fut en même temps la plus simple, la plus humble, la plus obéissante des carmélites converses et que, à l’instar des mystiques authentiques, elle a été à l’origine de réalisations apostoliques qui durent encore aujourd’hui ».

Pierre Médebielle, SCJ
Jérusalem (1983, pp. 201-239)

 

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La Nef est le bulletin officiel de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram.
La rédaction est sous la direction du Conseil général.

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