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Betharram
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14/12/2010

Nouvelles en Famille - 14 janvier 2011

Sommaire

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Le mot du Père général

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Ayez toujours devant les yeux...

Ayez toujours devant les yeux: d’abord et avant tout Dieu et son adorable volonté; ensuite notre forme de vie, qui exprime si bien cette volonté divine pour chacun de nous. Efforcez-vous de tout votre pouvoir de tendre à cette fin, dans la mesure de votre grâce et de votre rang, en embrassant avec une immense charité toute l’étendue de votre grâce et de votre rang, et respectant en même temps les bornes de l’une et de l’autre avec une délicatesse virginale. (DS 89-90)

Ces mots de saint Michel Garicoïts disent avec clarté et fermeté la beauté de la vocation du consacré, de celui qui a décidé de vivre radicalement à la suite du Christ sa condition de créature reliée, dépendante, conscient que tout ce qu’il est, a et vit, est don de Dieu. Notre raison d’être est la priorité de Dieu dans nos vies, en tant qu’unique nécessaire : Dieu, sa sainte volonté, notre forme de vie, la grâce, la position…
Notre Dieu est le Dieu de Jésus-Christ. Un Dieu-Amour qui réalise la communion dans la différence des trois personnes. Un Dieu-Amour qui est Père et aime l’humanité au point de lui envoyer son Fils : fait homme dans le sein de la Vierge Marie, obéissant au Père, il est passé dans le monde en faisant le bien, il a livré sa vie sur la croix pour sauver les hommes, et le Père l’a ressuscité, manifestant ainsi sa fidélité à la promesse et acceptant son offrande d’amour pour notre salut. Un Dieu-Amour qui continue d’être présent aux hommes par son Esprit, qui sanctifie les disciples de son Fils bien-aimé Jésus et, par l’Église, continue sa mission : œuvrer pour un monde nouveau.
Être Religieux du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram, c’est bien plus que prier seul ou ensemble, bien plus que mener de grandes et nombreuses activités pastorales, bien plus que s’adonner à certaines dévotions. Vivre en Religieux de Bétharram, c’est éprouver et manifester une communion permanente avec Dieu dans la prière, dans les circonstances de sa position, dans la relation aux frères de communauté, dans la rencontre des hommes et des femmes que Dieu nous a confiés dans la mission, dans les activités pastorales qui ont pour finalité de découvrir l’action de Dieu parmi les hommes et de leur annoncer son amour manifesté dans la personne de Jésus.
L’expérience théologale de notre vie tient au fait que, par vœux publics, nous avons choisi librement que Dieu soit notre unique nécessaire. Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, nous y avons cru, et nous lui avons répondu en lui consacrant notre vie : en vivant pour lui, en voyant en toute chose sa présence aimante, avec les critères fournis par l’Évangile et en portant notre croix de chaque jour comme il nous l’a appris. De plus, nous dédions notre temps, nos talents et nos personnes à ses affaires, à son projet de salut, au Royaume, pour, en toute chose, aimer et servir sa divine majesté (saint Ignace de Loyola, Exercices spirituels, 233). Le religieux est quelqu’un qui a bâti son projet de vie sur le premier commandement : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces. (Dt 6,5) Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Mt 22,39)
La conscience théologale de notre vie en tire comme conséquence un style de vie caractérisé par les vertus chrétiennes qui expriment notre filiation divine : humilité, obéissance, foi en la Providence, louange, adoration, révérence, gratitude, dévouement et service de Dieu et de ses projets, recherche de la vérité, écoute de sa Parole, prière, prudence, discernement de sa volonté dans les événements qui surviennent dans notre position… autant d’expressions de l’esprit filial qui vient de la certitude d’être fils parce que j’ai tout reçu du Père : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. (Lc 15,31)
La conscience théologale de notre vie en tire aussi comme conséquence un style de vie caractérisé par la fraternité, la conscience d’être frère de tout homme en qui l’on voit un fils de Dieu, tout comme nous, et un frère de Jésus-Christ, lequel s’est uni à tout être humain par son incarnation. En découlent aussi les vertus chrétiennes : ne pas s’estimer supérieur aux autres, ne pas rivaliser, écoute, respect, tolérance, mansuétude, chasteté, dévouement, service, justice, compassion pour ceux qui souffrent, défense de l’humilié, pardon.
La conscience théologale de notre vie implique aussi de faire preuve de liberté à l’égard de ce que Dieu a créé et nous a confié. Cela se manifeste dans notre vie par un usage responsable des biens de ce monde, en ce qu’ils nous aident à être fils de Dieu et frères des hommes, sans nous laisser posséder par eux. Sans chercher de gratifications ni nous laisser vaincre par les humiliations, les persécutions et toute espèce de souffrance, cherchant en tout événement le visage de Dieu, sa présence en nos vies, et faisant toujours sa volonté, dans les situations favorables comme dans les défavorables. Cela se traduit par les vertus de maîtrise de soi, le renoncement, la tempérance, la pauvreté, l’aumône, le jeûne, un style de vie simple, la force d’âme.
En ce début d’année, ce serait bien que chaque Bétharramite, là où il est, ravive son identité de consacré : ainsi les grâces abondantes que le Seigneur versera sur nous, à l’occasion du Chapitre général, nous combleront de joie et de bonheur !

Gaspar Fernandez,SCJ


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit...
à sa sœur Madeleine, 5 janvier 1895

Très chère Sœur,
Que l’Étoile de la Foi nous conduise, à la suite des Mages ; que la Sainte Espérance soutienne et fortifie nos pas ; que l’Amour nous unisse au Dieu d’amour, à l’Immense, à l’Éternel devenu petit et  enfant d’un jour dans une Crèche par amour et pour ravir notre amour.
« Il nous donne sa loi, il se donne lui-même. Pour tant de biens, il commande qu’on l’aime ! Ô sublime ! ô charmante loi ! Que de raisons,  quelle douceur extrême, d’engager à ce Dieu son amour et sa foi ».
Voilà mes vœux de bonne fête pour tes bontés et tes tendresses, pour tout ce que je dois à ceux qui m’aident dans le Seigneur…
Merci de ta lettre. Elle m’arriva au moment où il y a un branle-bas général pour les visites du premier de l’an. J’ai reçu les nôtres à ma chambre, donnant à chacun, selon l’usage, une poignée de bonbons.
Je renonçais à aller au Collège, à cause de la neige ; mais les élèves sont venus, ici, au nombre de 80 environ, et à notre salle commune, près d’un beau feu, ils m’ont débité et chanté leurs souhaits.


"Des hommes et des dieux"

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Et si on allait au cinéma? 

Il arrive à tout le monde d’avoir du temps libre, et il y a mille façons de l’occuper. Parfois, aller au cinéma permet de passer une belle soirée en bonne compagnie. Voir un film peut aussi être le déclic d’une révision de vie communautaire.
Quand on a affaire à un moyen de communication, on ne saurait ignorer qu’il renvoie toujours une représentation du monde environnant, de ses valeurs, de ses opinions et de sa culture. Le vi-suel a de fortes potentialités dans le domaine de la formation, spécialement sous l’angle du réa-lisme, d’un langage cinématographique, concret, qui sollicite fortement la sphère des affects et des émotions.
Et si on allait au cinéma voir "Des hommes et des dieux" ? J’imagine sans mal la réponse de mes confrères à une telle proposition : « Si j’ai du temps à perdre, je sais comment ! » ; « Plutôt que de m’assoir devant un écran, je préfère lire un bouquin »… Des réponses légitimes que je me garderai bien de contester, chacun organisant son temps libre comme il l’entend. Et pourtant…
Dans la ligne du Grand Silence, le docu-film de Philip Gröning où le temps cinématographique épouse le quotidien de moines chartreux, j’ai assisté à la projection Des hommes et des dieux. Le film raconte l’histoire dramatique de religieux enlevés et assassinés à Tibherine, dans les mon-tagnes de l’Atlas algérien, en mars 1996.
Alors que je m’attendais à suivre les méandres d’une enquête judiciaire complexe et encore non élucidée, je me suis retrouvé dans un bain de vie monastique, avec des protagonistes immergés dans la nature entre prière, chants, repas et service du prochain. Ce film n’a rien d’un thriller po-litique sur fond d’intrigue internationale, il n’instrumentalise pas le martyr des moines. Pour cela même, j’ai envie d’en proposer la vision ! Habitués à la vitesse, aux effets spéciaux et aux bruits assourdissants, on tombe dans un univers de lenteur et de contemplation, peuplé de personnes capables d’un amour et d’une compassion extraordinaires, et prêtes au sacrifice suprême car elles ont consacré leur vie aux autres une fois pour toutes.
Cela consonne avec cette description du moine cistercien extraite d’un site internet trappiste: « le moine cistercien ne vit pas seul, mais il s’unit aux autres frères pour chercher Dieu ensemble, en communauté, sous la direction de l’abbé. Dans cette quête de Dieu, la vie fraternelle est avant tout école de charité où des personnes unies par un même désir s’aident et s’encouragent mutuel-lement. De plus, cela permet une prise de conscience progressive de ses propres faiblesses et de ses limites. En faisant l’expérience de sa propre misère dans la miséricorde de Dieu, le moine est conduit pas à pas sur un chemin d’humilité et de compréhension envers les frères, tandis que la patience des frères à son égard lui fait pressentir la tendresse de Dieu. Ainsi, d’une certaine ma-nière, la communion fraternelle devient signe de la charité qui règne au cœur de la Trinité. Un frère âgé sera exemple et signe d’espérance au temps de l’épreuve, et l’amitié et la solidité d’un autre frère un appui dans les difficultés. Tout dans la journée, la prière, le travail, la lecture, les repas et le repos, se vit en commun, et en même temps dans un climat de solitude favorisé par le silence, signe de délicatesse et d’attention respectueuse envers les frères. Jusqu’à la mort, le moine vit dans la fidélité et la persévérance en communauté. Il recherche l’unité avec l’abbé et avec ses frères dans l’obéissance réciproque, la coresponsabilité, le dialogue, la vraie liberté et l’ouverture à une amitié authentique. »
Je dois avouer qu’il ne s’agit pas d’un film facile ; il exige du spectateur une attention perma-nente, des yeux et des oreilles, deux heures durant. De dialogues denses, de cadrages soignés, de choix musicaux raffinés, le film communique avec tous les outils à disposition du cinéma. Le film décrit un parcours spirituel, l’aventure exigeante de la quête de soi ; il est intéressant de découvrir qu’à la vie diurne du couvent, rythmée par la succession rigoureuse des actes communautaires, correspond une vie nocturne agitée où éclatent les angoisses, le doute, l’imploration.
Un film qui pousse à méditer, à chercher, à se recentrer sur les vérités dont est tissé le quotidien. Un film qui donne l’occasion de discuter, en communauté, de la façon dont chacun mène sa vie à côté de ses frères. Un film qui permet d’approfondir nos convictions sur l’autorité, le service, la vie de prière, la liberté d’exprimer ses idées en respectant celle des autres. Un film qui parle de la quête de Dieu, du dialogue religieux, qui parle du martyre, de l’amour qui donne vie. Un film qui parle de l’humanité, même fragile, des moines, de leurs débats sur le choix de partir ou de rester, du sens de l’autorité, de leur histoire personnelle qui se rejoignent comme les pièces d’un grand puzzle au cours de leurs échanges, au fur et mesure que la décision de rester fidèle à leur vocation en terre musulmane se fait de plus en plus claire et convaincue.
J’ai vu le film et je continue de le déchiffrer. Un film lent, riche de paysages et de visages. Face au défilement des images et de l’histoire, je me suis pris à m’interroger sur ce que veut dire croire en Dieu, être religieux, mettre sa vie au service du prochain ; je me suis interrogé sur la vocation qui paraît vaciller devant la cruauté de la vie, et en même temps, remet sur les rails, pousse à aller au fond des choses ; ce n’est qu’après mûre réflexion qu’on choisit de continuer à marcher dans une direction unique, qu’on choisit d’aller de l’avant, de rencontrer l’autre.
J’ai été confronté à une vision critique de la spiritualité qui conduit à faire des choix inconscients, en apparence seulement, une spiritualité qui conduit au pluralisme. Une spiritualité qui conduit à mourir, mourir pour rencontrer l’autre. Ici on parle de communion, de faire route avec l’autre, même différent, l’autre qui est mon égal, mon frère même dans la mort. Une spiritualité qui aboutit au martyre (le dernière scène). La mort prend un caractère sacré et tout devient unique : les moines, le monastère, le village, les soldats. Tout se fond dans un final tragique autant qu’extraordinaire.
Les passages du testament spirituel du Père abbé, Christian de Chergé, les citations de versets de psaumes, les quelques séquences liturgiques, donnent le témoignage d’une recherche spirituelle élevée, vécue dans un quotidien fait de simplicité et de pauvreté.
Cette vie pauvre mais riche en humanité est bien rendue par la figure de Frère Luc, le médecin qui cite Pascal (« Jamais on ne fait le mal si pleinement et si gaiement que quand on le fait par conscience »), dans la cellule duquel, sans doute pas par hasard, se trouve une reproduction de la Flagellation du Christ du Caravage, et qui, dans la « dernière cène » avant le rapt, offre à ses frères le vin le meilleur (calice) et les notes poignantes du lac des cygnes de Tchaïkovski.
Le générique de fin est arrivé, et avec lui cette scène insolite : les gens, debout, ne se décidant pas à quitter la salle avant que s’arrête la bande sonore. À la sortie du cinéma, j’ai entendu une dame faire ce commentaire qui m’a frappé : « le réalisateur a su humaniser la figure des moines. » Mais… serions-nous à ce point hors du monde ? Il y a là, à mon avis, assez de matière pour réfléchir à la façon dont nous vivons « notre humanité », « notre charité » et « notre vie commune ».

Angelo Riva,SCJ

FICHE DU FILM

« Des hommes et des dieux »
Date de sortie cinéma : 8 septembre 2010
Réalisé par Xavier Beauvois
Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale, Olivier Rabourdin, plus
Long-métrage français . Genre : Drame
Durée : 02h00min

Synopsis : Un monastère perché dans les montagnes du Maghreb, dans les années 1990. Huit moines chrétiens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Quand une équipe de travailleurs étrangers est massacrée par un groupe islamiste, la terreur s’installe dans la région. L'armée propose une protection aux moines, mais ceux-ci refusent. Doivent-ils partir ? Malgré les menaces grandissantes qui les entourent, la décision des moines de rester coûte que coûte, se concrétise jour après jour…
Ce film s’inspire librement de la vie des Moines Cisterciens de Tibhirine en Algérie de 1993 jusqu’à leur enlèvement en 1996.


Préparation spirituelle au Chapitre général

Georges de La Tour - Nativité (1645)
  

L’INCARNATION : DIEU DANS LA FAIBLESSE HUMAINE
1. Bethléem, "la petite" (Michée 5, 1)

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Le Tout-Puissant a voulu partager notre faiblesse en prenant la condition humaine : tel est le mystère merveilleux de l’Incarnation, centre de notre spiritualité. Le charisme de Bétharram, "l’Ecce Venio du Cœur de Jésus" est un trésor incomparable; il nous est donné mais nous le portons dans des "vases d’argile".
Voici le premier de quatre rendez-vous mensuels: ils nous prépareront spirituellement au Chapitre général à Bethléem (14-31 mai 2011) à travers la récollection prêchée à Adiapodoumé en décembre dernier.

Bethléem n’était pas inconnu par l’Ancien Testament pourtant son importance a été relative à cause même de sa position géographique, à 12 km de Jérusalem. Il y a un contraste voulu entre la grande et orgueilleuse Jérusalem et l’humble bourgade de Bethléem, à l’entrée du désert. Le prophète Michée s’est plu à souligner que c’est dans la petitesse, la faiblesse que la puissance de Dieu se manifeste. Cette prophétie était bien connue du peuple juif ; la preuve en est que, dans l’épisode des Mages (Mt 2, 6), Matthieu nous rapporte que les scribes ont cité au roi Hérode la phrase de Michée pour guider la route des mages vers Bethléem. Mais qui se souvenait que Jésus était né à Bethléem ? Pour ses contemporains, il était le Nazaréen.
Lorsque Dieu intervient dans le monde, il ne passe pas par les centres d’influence importants mais par des villages sans importance. Dieu vient bouleverser l’histoire des hommes à partir de ce qui est sans importance à leurs yeux. D’ailleurs, n’est-il pas étonnant que Dieu ait donné cette leçon à Samuel, à Bethléem : « Ne considère pas son apparence, ni sa haute taille ; les hommes voient ce qui saute aux yeux, mais le Seigneur voit dans le cœur » (1 S 16, 7)?
À Bethléem, c’est dans une étable, un abri pour animaux que le Fils de Dieu naît ! Saint Michel Garicoïts est surpris de cet abaissement choisi : « Le Verbe Incarné, c’est un Dieu anéanti et dévoué. Du sein de son Père au sein de Marie, quel pas ! En quittant ce ciel animé, il va au lieu le plus vil, le plus désagréable du monde, à une étable ! ». Et tout cela se passe la nuit comme si Dieu voulait naître dans la plus grande discrétion, sans décor. À la naissance de l’enfant, Marie n’est pas le témoin du ruissellement d’étoiles et de chants qui fait accourir mages et bergers. Son bonheur, elle le surprend dans la pénombre de l’étable. Elle l’emmaillote, le couche et le veille. On chercherait en vain dans cette scène intime le moindre signe céleste, comme celui qui avertit le monde alentour...
Dans le Magnificat Marie proclame l’action salvifique de Dieu qui la rejoint en premier lieu parce qu’elle est « humble servante du Seigneur et qu’Il disperse les hommes au cœur superbe » (Lc 1, 48-52).
Bethléem est toujours considéré aussi comme une Bonne Nouvelle dont les premiers informés sont des bergers, des petits, des gens sans importance ; ils vivent à l’écart du village, auprès des troupeaux et ne peuvent donc pas toujours être fidèles aux règles de la religion juive. Si Dieu se fait humble et pauvre, c’est pour que les plus méprisés, les marginaux n’aient pas peur de Lui et puissent accéder en toute simplicité à Lui ; seuls des bergers peuvent se trouver à l’aise devant un enfant couché dans une mangeoire, c’est leur cadre quotidien ! L’humilité de Dieu peut permettre cette fraternité entre les hommes, entre petits et grands. Les bergers « ces gens sont mal vus en Israël car ils vivent en marge de la communauté pratiquante. Ce sont des petits, des pauvres ». Ils sont les premiers témoins à Bethléem. Avec les bergers, c’est l’illustration parfaite de ce que Jésus proclamera : « Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt. 11, 25). à suivre

Laurent Bacho,SCJ
extraits de la récollection à la Fraternité Nè Mè (18/12/2010)


Argentine; Mission d'été 

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Procurer aux autres le même Bonheur

Depuis plus de vingt-cinq ans, les Bétharramites d’Argentine et d’Uruguay – religieux et laïcs – se sont sentis appelés à renouveler leur engagement dans la mission, en allant au-delà des frontières des œuvres traditionnelles (collèges), et en travaillant à l’évangélisation de diverses localités au nord-ouest de l’Argentine et en Bolivie. Ce renouvellement de l’esprit missionnaire est l’un des fruits qui ont mûri grâce au retour aux sources de notre charisme : Bétharram est né pauvre, humble, pour la mission. Toute une tradition missionnaire en a découlée, marquée, entre autres, par l’apport de la CoLaMiBe (communauté de laïcs missionnaires bétharramites) avec la figure emblématique du couple Barreiro-Flores. L’animation missionnaire a pris toute son envergure grâce aux efforts des Supérieurs provinciaux, les PP. Chivite, ierullo, Fernandez Perez, et a été soutenue par le labeur infatigable et généreux du P. Sergio Gouarnalusse.
Aujourd’hui cet élan se poursuit avec comme thème d’année, pour la mission intérieure de Bétharram : « Procurer aux autres le même bonheur ». Cette phrase, tirée du texte fondateur de notre Congrégation (le Manifeste que saint Michel Garicoïts a écrit en 1838) met en lumière le sens profond de notre mission. L’évangélisation consiste à partager le bonheur que nous vivons à travers la rencontre du Dieu d’Amour dans nos vies, dans notre histoire. C’est pouvoir dire, avec saint Jean (1Jn 4,16) : « nous reconnu l’amour de Dieu a pour nous et nous y avons cru », et se lancer dans cette aventure : communiquer l’amour de Dieu par delà toute frontière.
C’est l’expérience que firent saint Michel et ses premiers compagnons depuis plus de 150 ans, en répondant sans délai aux cris de leurs frères, les habitants de ces immenses pampas qui avaient besoin de pasteurs et d’éducateurs. C’est l’expérience de beaucoup de Bétharramites, celle dont chacun peut faire mémoire, quand nous avons tout quitté pour suivre Jésus et consacrer nos vies à connaître ce bonheur et le faire connaître dans la rencontre vivifiante du Ressuscité. C’est la même expérience que nous voulons continuer, en faisant écho à l’appel du Christ : « Allez, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28,19).
Enfin, la mission dans nos contrées latino-américaines a une tonalité particulière : cela fait des décennies que l’Église de ce continent invite à l’option préférentielle pour les pauvres. Nous la faisons nôtre aujourd’hui, en essayant de découvrir le visage du Christ en ceux que nous rencontrons : paysans spoliés de leurs terres, victimes du mal de Chagas, des carences du système éducatif et sanitaire, du clientélisme politique, de différentes formes d’exploitation… Au milieu de cette réalité, Jésus nous réitère son appel à « procurer aux autres le même bonheur ». Que Marie de Bétharram, notre père saint Michel et le Père Auguste Etchécopar intercèdent pour nous afin de nous dévouer de tout cœur à cette mission.
En avant toujours !

Guido Garcia,SCJ

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CHANT DE LA MISSION D’ÉTÉ 2011
auteur-compositeur: Leandro (Adrogué)
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Queremos ser el eco de la voz de Dios
Allí donde se rinda un corazón
Lograr en los demás la misma felicidad
De haber sido llamados a Su amor.

La vida se acrecienta compartiéndola,
Aislada, debilita su motor;
Queremos reemplazar la tibia comodidad
Por el gozo de cumplir nuestra misión.

Por eso, Padre, envíanos, envíanos,
Oh, Cristo, bendícenos y guíanos,
Espíritu, que seas tú quien borre
las fronteras a la nueva del amor.

Vivimos tan sedientos del amor de Dios
Que no podemos menos que ir por más;
Sembrar y consolar, la vida plenificar
Gritando convencidos “¡aquí estoy!”

María, nuestra madre y madre de Jesús,
Primera misionera del Señor,
Nos acompañará y a su Hijo le pedirá
Que podamos ser el eco de su voz.

Nous voulons être l’écho de la voix de Dieu
Là où il redonne du cœur
Procurer aux autres ce même bonheur
D’avoir été appelés à Son amour

La vie grandit en se partageant
Isolée, elle perd son énergie
Nous voulons remplacer la tiédeur facile
Par la joie de remplir notre mission

Aussi, Père, envoie-nous, envoie-nous
Ô Christ, bénis-nous et guide-nous
Esprit, sois celui qui lève les barrières
Devant la bonne nouvelle de l’amour

Nous avons tellement soif de l’amour de Dieu
Que nous ne pouvons qu’aller plus loin
Semer et consoler, intensifier la vie
En criant, convaincus, « me voici ! »

Marie, notre mère et mère de Jésus
Première missionnaire du Seigneur
Nous accompagnera et priera son Fils
De faire de nous l’écho de sa voix


5 minutes avec... le Père Koutouan Nanghy Omer

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Ordonné prêtre l'an dernier, le P. Koutouan Nanghy Omer a 32 ans; il fait partie de la communauté de formation d’Adiapodoumé, dans le grand Abidjan. En plein chapitre de la Région Saint Michel (Bétharram, 13-18 janvier), la NEF aussi a voulu donner la parole à un religieux de terrain...

Nef : Comment es-tu entré en contact avec Bétharram, et qu’est-ce qui t’y a attiré ?
- Il faut déjà dire que ma famille étant chrétienne, a toujours accueilli favorablement mon désir de me faire prêtre. C’est ainsi qu’à la petite sœur à papa qui était bien ami à un religieux, je lui fis la demande de bavarder avec ce dernier. Ce religieux camerounais, après échanges, m’a dit «  je sens en toi une vocation de bétharramite  » ; je n’ai aucune idée de cette parole « prophétique », mais en tout cas, il était très ami du Père Barnabé encore frère, cette année-là ! C’est ainsi, qu’accompagné de mon père, on débarqua à la communauté d’Adiapodoumé et là, je découvrais le frère Barnabé pour la toute première fois, père Laurent étant absent, nous sommes revenus un de ces jours le rencontrer. Et voilà, c’est là que tout est parti. J’ai été séduit d’abord par le calme ! Enfin, un espace loin des bruits de mon Abidjan natal et ensuite, marqué par la chaleur de ceux qui allaient bientôt devenir mes frères de communauté !

Quels ont été les étapes ou les "mystères"  -  joyeux, douloureux ou lumineux - qui ont marqué ta formation ?
- J’espère que je comprends la question ! Disons que durant la formation, c’est la fraternité que nous avons vécue mes frères de promotion et moi ! et avec les autres d’ailleurs ! ça m’a permis de vivre une certaine jeunesse d’esprit ! Les temps d’inter noviciat étaient des moments de rencontre avec d’autres réalités d’institut et de culture même, parce qu’on se retrouvait avec une foule de nationalités ! et c’était vraiment l’universalité de l’Église qui se vivait, au-delà de quelques susceptibilités culturelles. et c’était génial ! Les études de philosophie et de théologie également m’ont permis une certaine maturité à tous égards, surtout humain parce que je suis assez sensible à tous ce qui touche l’humain justement !
Pour ce qu’on pourrait appeler mes mystères douloureux, c’est davantage la frustration que j’ai bien pu connaître en étant recalé la première fois pour mes vœux perpétuels ! Mais à y voir aujourd’hui avec davantage de hauteur, je dirai que tout est grâce parce que j’ai aussi fait l’expérience de l’échec, de l’incompréhension qui peut m’aider à témoigner de l’espérance autour de moi. Et je dois aussi dire que j’ai pu comprendre à quel point ce désir de vivre religieux bétharramite était un désir profond et qu’il me fallait vivre des purifications ! Alors, disons que le mystère douloureux s’est achevé en mystère glorieux, sans exagération aucune !

Tu as été ordonné prêtre le 5 juin 2010 : qu’est-ce que cela a changé dans ta vie ?
- Je suis resté le même Omer, excepté que le regard que les autres me portent a quelque peu changé : «  je suis de plus en plus vouvoyé, « mon père » s’est ajouté à mon prénom ! Mais intérieurement, c’est ce désir de témoigner de quelque chose, que Dieu conduit nos histoires personnelles qui s’est accru ! Je me sens responsable du salut de ceux dont j’ai la charge, si bien que je ne me donne pas toujours de répit quand je suis sollicité pour telle ou telle action spirituelle. Je crois davantage en la force de la prière et je prends à cœur toutes les demandes qu’on me fait sous ces dires : «  mon Père, priez pour moi ».

En quoi consiste ton ministère actuel à Adiapodoumé ?
- Alors disons que j’ai avec les autres pères la responsabilité de la paroisse ; et personnellement, je suis l’aumônier de la pastorale des jeunes et des CEB que je visite régulièrement à tour de rôle. Parallèlement à ça, c’est la pastorale dans nos chapelles où je trouve grand plaisir à parcourir quelques kilomètres à la rencontre du peuple de Dieu dans les villages..

Depuis la fondation du collège de Bétharram en 1837, la présence éducative aux jeunes fait partie de l’ADN  de la Congrégation. Quelle place a-t-elle dans tes projets?
- Je suis l’aumônier des jeunes de Saint-Bernard, et à ce titre, le bureau des jeunes et moi travaillons à éveiller notre jeunesse sur les défis à relever en Côte d’Ivoire. Je reste persuadé que l’Évangile  authentiquement vécu peut aider à cela !  J’accueille aussi à « mon bureau » des jeunes qui veulent parler, qui veulent savoir . À Tshanféto également, j’essaie d’être présent pour aider le Fr. Alfred à apporter un certain soutien spirituel et psychologique aux jeunes qui y sont en formation, parce qu’il faut dire que beaucoup arrivent avec chacun une histoire assez triste.

Imagine un jeune t’interpellant à brûle-pourpoint sur tes raisons de vivre et d’espérer : que lui répondrais-tu ?
- Que la vie mérite d’être vécue et qu’il est clair que les épreuves font partie de la vie et qu’elles aguerrissent notre personnalité, c’est pourquoi, c’est lorsque c’est dur et que tout semble perdu qu’il faut croire en Dieu ; Il est aussi le Dieu de l’impossible ! Par ailleurs, j’aime bien donner de ce que j’ai et de ce que je suis ; et tant que je peux aider à retirer un sourire à quelqu’un, à essuyer des larmes, voilà mes raisons de vivre et d’espérer !

Avec deux présidents en puissance, la Côte d’Ivoire traverse des moments difficiles depuis fin novembre. Comment vois-tu et comment vis-tu cette situation ?
- C’est vrai que la situation est assez inextricable, si bien que comme le dit le psalmiste « même le prêtre et le prophète qui parcours le pays ne comprend pas » ; et les gens attendent beaucoup de nous autres prêtres une parole. Pour ma part, je commence à dire très honnêtement, que de part et d’autre, il ya du faux et du mensonge ! On nous a confisqué une vérité, parce qu’en réalité, il n’ y a qu’un seul président élu ! Alors personnellement, j’essaie d’être à l’écoute en évitant de prendre parti devant mes paroissiens ! En communauté, on en parle et on en discute à partir des infos des journaux télévisés ou par la presse écrite, mais sans trop de passion et en essayant d’être assez lucide sur le flou qui pèse de part et d’autre.

En ce début d’année, quels sont tes vœux  pour la famille de saint Michel, religieux et laïcs ?
-  C’est, très honnêtement, de nous souhaiter à tous de ne point perdre cette étincelle primitive qui nous a fait courir sur les pas de saint Michel à la suite du Christ.! Puissions-nous être davantage frères, pour témoigner devant tous que l’amour est possible et que le matériel ne peut être l’aspiration définitive de l’homme. Alors sainte et heureuse année 2011 et merci de cette opportunité que vous m’avez offerte de partager quelque chose de moi en toute simplicité. Merci encore et en avant toujours !!!

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1. UNE ENFANT DE GALILÉE

Sœur Marie de Jésus Crucifié, la jeune galiléenne analphabète devenue une gloire de la Terre Sainte, a eu un étonnant destin. Le P. Pierre Médebielle, SCJ l’a retracé en 1983, année de sa béatification, dans la revue du patriarcat latin Jérusalem (pp. 201-239). De Pau à Bethléem en passant par Mangalore, la Bienheureuse Mariam accompagnera donc cette année de Chapitre général. Puisse-t-elle nous aider à la placer sous le signe de l’Esprit !

Mariam Baouardy (1846-1878) était originaire d’Abellin, petit village galiléen situé entre Nazareth Et Haifa, à trois kilomètres à vol d’oiseau au nord de Shefamar, Dans les années trente, quand le visita le P. Brunot, il ressemblait à ce qu’avait connu Mariam: des ruelles sales, des maisons délabrées où s’entassaient 600 habitants. Mais « le tout, transfiguré par cet incomparable magicien de l’Orient qu’est le soleil. Abellin était un pauvre village comme il y en avait tant d’autres dans la Palestine turque. »
Le père de la future Bienheureuse, Giriez (Georges) Baouardy fabriquait de la poudre, d’où son nom ; tout comme sa femme, Mariam Shahin, il était issu de localités proches du Liban. La famille, de rite melkite, était pauvre, laborieuse et pieuse, Mais elle avait été marquée par une dure épreuve: douze garçons y étaient morts au berceau, pour l’immense désolation des parents. Le père, accusé à faux d’un meurtre, fut emprisonné quelque temps à Acre, avant que son innocence ne fût reconnue et qu’il ne fût libéré. Père et mère firent à pied un pèlerinage à la Grotte de Bethléem (170 km) pour implorer un autre enfant qui leur restât. Ils furent exaucés, avec la grâce d’une fillette, née le 5 janvier 1846, qu’ils appelèrent Mariam. Deux ans plus tard naquit encore un garçon, Boulos.
Peu après la naissance de Boulos, en 1848, père et mère moururent, à quelques jours de distance, Une tante maternelle recueillit Boulos à Tarshiha et un oncle paternel prit Mariam dans son foyer à Abellin. Mariam se vit choyée chez son oncle, et des signes de prédestination se manifestèrent vite. On lui avait donné une cage de petits oiseaux. La fillette qu’elle était voulut les laver, ce dont ils moururent Dans sa désolation une voix très claire, qu’elle n’oublierait jamais, se fit entendre dans son âme, s’imposant à elle pour la vie: « C’est ainsi que tout passe! Si tu me donnes ton cœur, je te resterai toujours. »
Tout comme les fillettes arabes de son âge, elle n’alla pas à l’école et n’apprit ni à lire ni à écrire, s’adonnant seulement aux travaux ménagers de la maison, en préparation au mariage, alors normal à 12 ans. Naturellement vive et intelligente, elle réfléchissait à la parole entendue quand elle ensevelissait les oiseaux.
Indifférente aux soucis des siens pour sa toilette, elle pensait déjà à la mort, se creusant une fosse an jardin pour s’y étendre, salissant ainsi sa robe et s’attirant les reproches de sa tante. Elle fut aussi impressionnée par deux vieillards en visite chez son oncle: un parent évêque qui lui parla de Dieu « qu’il fallait préférer à tout »; un ermite de passage, qui dit à son oncle: « Je t’en prie, prends un soin particulier de cette enfant. Soigne-la ».
De précoce dévotion à la Sainte Vierge, elle cachait son jeûne du samedi et coupait des fleurs pour l’icône de la Vierge ; elles prirent racine dans le vase, ce qui fit parler de miracle, mais lui valut aussi des reproches du curé, soucieux de son humilité. Mariam gardera tonte sa vie un souvenir ému de sa première enfance heureuse à Abellin.

Pierre Médebielle,SCJ

 

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