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Betharram
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01/05/2010

Nouvelles en Famille - 14 septembre 2010


Sommaire

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Le mot du Père général

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Heureux les cœurs purs

Quand la Bible parle de l’homme, elle emploie souvent le mot cœur, au sens, non de l’organe vital qui sert à diffuser le sang dans le corps, mais de l’affectivité telle qu’on la comprend aujourd’hui. Le cœur correspond au monde intérieur de la personne : ses pensées, ses passions, désirs, motivations et décisions mêmes. Le cœur est le siège de la personnalité morale (Mt 16,19) (Catéchisme de l’Eglise Catholique, 2517). Dans le cœur se joue la réussite ou l’échec de la personne. Le cœur recèle le meilleur : Tu aimeras le Seigneur Dieu de tout ton cœur… (Dt 3,5) et le pire d’un être : le cœur de l'homme est compliqué et malade… (Jr 17,9). La rencontre de Dieu se fait aussi dans le cœur. Le cœur abrite aussi les grandes joies et les grandes blessures de la vie. Il y a toute une anthropologie, une pédagogie et une sagesse du cœur.
Ainsi chacun doit-il être attentif à son cœur pour voir ce qui l’agite, distinguer les motions, les discerner et se décider en faveur de ce qui fait grandir, progresser en humanité, nous dépasser dans l’amour et tendre vers ce bonheur total pour lequel nous avons été créés. Tel est l’effet des motions qui nous orientent à l’ouverture à Dieu, aux autres, et au don de sa vie. En revanche, les motions qui visent toujours à protéger l’ego, nous enferment sur nous-mêmes et nous conduisent à la frustration.
Jésus, le Verbe incarné, a lui aussi un cœur, un cœur droit un pur, qu’on peut connaître à travers ses attitudes. C’est un cœur doux et humble, obéissant et généreux, miséricordieux et serviable. Il multiplie les pains et soigne les malades parce qu’il est touché par la situation où se trouvent ceux qu’il rencontre (Mt 14,14ss.).  Il loue le Père, tout ému par la contemplation de Son amour pour les petits (Lc 19,21). Au lieu de se complaire en lui-même, il cherche à plaire en toute chose au Père qui l’a envoyé (Mc 1,35-39 ; Jn 6,15). Quand il prend conscience de la difficulté de la mission, au lieu de fuir, il durcit son visage et prend la route vers Jérusalem (Lc 9,51 ; Is 50). Au plus fort de la passion, au lieu de blasphémer à cause des souffrances il tient haute sa dignité de Fils et de frère, il croit que l’amour du Père ne l’abandonnera pas (Lc 23, 43.46). Il a la simplicité de se laisser aimer par une pécheresse (Lc 7,37-39), il est capable de se mettre à genoux devant ses amis pour leur laver les pieds (Jn 13,1-17). Au lieu d’appeler à la vengeance, il pardonne à ses bourreaux (Lc 23,34). Au lieu d’ôter la vie au pécheur, il l’accueille, il mange à sa table, il livre sa vie sur la croix pour le pardon des péchés (Lc 22,19-20). La blessure du côté transpercé permet de voir son cœur vide de lui-même, il ne lui reste rien : il a livré sa vie (sang) au Père, pour que tous aient la vie (eau).
La contemplation du cœur de Jésus a rempli saint Michel Garicoïts de stupeur au point de s’écrier : Ô vous, mon modèle! quel calme, quel oubli de vous-même, quelles attentions délicates, quel extérieur, quel intérieur! Surtout, quel cœur, quel amour, quelle mansuétude, quelle patience, au milieu de cet océan de douleur! (DS 48) Mais il ne se contente pas de s’ébahir et de s’exclamer, il veut que son cœur ressemble au cœur de Jésus, et il y parviendra à travers les oppositions qu’il rencontre dans la fondation de sa communauté : Ô Cœur divin, vous voulez devenir mon cœur. Oui, place, vieux cœur, place au Cœur de Jésus!... Prenez sa place, ô Cœur de Jésus, je ne veux plus rien vous refuser. Coupez, brûlez, prenez!... Donnez-moi de vous aimer. C'est assez. Amen! Amen! (ibid.)
Notre cœur de disciples uni à celui de Jésus, notre Maître, par la foi, les sacrements et la pratique des vertus chrétiennes, se purifie peu à peu. Il cesse d’être un cœur de pierre et devient cœur de chair (Ez 36,26). Le vieux cœur se fait cœur nouveau (Ez 19,31 ; Eph 4,22-25 ; Col 3,5-11 ; Ga 5,16.26). On parvient à purifier son cœur par grâce de Dieu, mais aussi en menant à bien le combat de la pureté, lequel suppose, d’après le Catéchisme :
- la vertu et le don de chasteté, car la chasteté permet d’aimer d’un cœur droit et sans partage.
- la pureté d’intention qui consiste à viser la fin véritable de l’homme : « D’un œil simple, le baptisé cherche à trouver et à accomplir en toute chose la volonté de Dieu » (cf. Rm 12, 2 ; Col 1, 10).
- la pureté du regard, extérieur et intérieur ; par la discipline des sentiments et de l’imagination ; par le refus de toute complaisance dans les pensées impures qui inclinent à se détourner de la voie des commandements divins : " La vue éveille la passion chez les insensés " (Sg 15, 5).
- la prière.
(CEC, 2520)
Pour cela, depuis la catéchèse d’initiation chrétienne, en passant par la formation initiale à la vie religieuse, sacerdotale ou au mariage, et tout au long de la vie, il faut prendre résolument ce chemin de purification du cœur, afin de se modeler un cœur droit, sans intentions secondes, qui déploie toute notre humanité sans dévier de la fin pour laquelle nous avons été créés : La pureté du cœur est le préalable à la vision. Dès aujourd’hui, elle nous donne de voir selon Dieu, de recevoir autrui comme un " prochain " ; elle nous permet de percevoir le corps humain, le nôtre et celui du prochain, comme un temple de l’Esprit Saint, une manifestation de la beauté divine. (CEC, 2519)
Qui a un cœur purifié est toujours cohérent dans ses actes. Qui néglige la purification du cœur et agit au gré de ses caprices vit une perpétuelle contradiction ; il lui échappe, à l’occasion, des conduites correspondant à des intentions secondes. Et quand la contradiction se fait pathologique, cela peut aller jusqu’à mener une double vie : pour rester tranquille, on agit en fonction de ce que les autres attendent, et quand on n’a pas à correspondre au rôle qu’on s’est donné devant les autres, on agit pour se sentir bien.

Gaspar Fernandez,SCJ


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit...
à sa sœur Élisabeth, Fille de la Charité, 31 Juillet 1865

Ma chère servante et épouse de Jésus-Christ, tu vois que pour un chrétien, il n’y a pas de peine qui ne soit suivie de la consolation, comme le corps est inséparable de son ombre. Et pourquoi la peine engendre-t-elle la joie dans le cœur vraiment chrétien ? Ah ! c’est qu’elle est une partie de la Croix de Jésus et par suite le fondement de l’espérance du Ciel. Quel plus grand motif, quelle meilleure source de consolation peut donc nous accorder notre Père céleste qu’en nous envoyant la Croix de Jésus, et avec elle, si je puis le dire, un Bon sur le ciel et en nous disant : viens mon enfant, viens accompagner mon fils au Calvaire, viens l’aider à porter sa Croix, et t’adjoindre à ce petit troupeau qui a choisi pour sa part les larmes du temps et les joies de l’Éternité.
Oh ! ma chère Sœur, voilà la grande pensée qui a soutenu les apôtres et les premiers chrétiens dans leurs luttes terribles et voilà la nourriture dont il faut pénétrer cette pauvre nature qui ne veut vivre que de pain et de choses sensibles... À chaque peine nouvelle, la croix s’imprime en nous, le sang de l’Agneau nous pénétrant, nous transforme plus parfaitement en Jésus Christ, nos droits au ciel augmentent et une assurance nouvelle nous en est donnée ; donc, il est bien vrai ô Sauveur : « Heureux ceux qui pleurent avec vous, et par amour pour vous ; car le royaume du ciel sera à eux, et il est même déjà à eux en partie, par la consolation qu’ils ressentent en pensant que vous leur donnez le gage du pur amour et des arrhes pour le ciel ».
Soyons donc, ô mon Dieu, ô Dieu d’amour, patients dans la tribulation présente pour être joyeux dans l’espoir de la joie future.


Histoire

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Bétharram: Notre Dame du Calvaire (1)

Ce 14 septembre, solennité de la Croix glorieuse, est particulièrement fêté à Bétharram. Pourquoi cela? Réponse grâce à l’enquête historique du P. Beñat Oyhénart, dont nous publions le premier volet.

Hubert Charpentier : vous connaissez ? Son cœur se trouve à Bétharram. Car à Bétharram il a laissé son cœur ! Avec  lui commence l’histoire, l’épopée du Calvaire de Bétharram.
L’antiquité du sanctuaire est attestée : depuis le XIème siècle, les croisades et la lutte contre Maures et Sarrasins, ou suite à la dévotion à Marie prônée par saint Fulbert de Chartres (XIème siècle) ou saint Bernard de Clairvaux (XIIème siècle) ; on encore comme une étape sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle… « Gatarram », l’ancien nom, apparaît dans un testament daté du 6 juin 1493…
La première "légende", celle de l’image de la Vierge découverte par des bergers, est rapportée par Poiré (en 1639) et de Marca (en 1667). Une autre version fait trouver une statue par des bœufs échappés à la surveillance de leur bouvier ; Bernadette Soubirous y a fait allusion : « Le bon Dieu s’est servi de moi comme il s’est servi des bœufs de Bétharram. »
Quant au récit de la fillette sauvée des eaux, il apparait écrit pour la première fois en 1835 ; dans un roman ! Cette tradition a été favorisée par Jean Sempé, prêtre, capucin sous le nom de Père Joseph, le premier à restaurer le Calvaire après la Révolution française. L’appellation « Notre-Dame de Bétharram » mettra pratiquement un siècle à remplacer celle de « Notre-Dame du Calvaire »*.
À Bétharram, en effet, un évènement est daté avec certitude : le relèvement de la croix en 1616. Là prend source la dévotion à la Sainte-Croix.
Les guerres de religion et le comte Montgommery détruisent le sanctuaire en 1569. La dévotion des gens du peuple demeure ; à Lestelle, tout le monde est resté catholique. A Bétharram, Mgr Jean de Salettes, évêque de Lescar, rétablit le culte en 1615. En juillet 1616, une statue de la Vierge est intronisée par l’archevêque d’Auch, Mgr Léonard de Trappes ; et, au sommet de la colline, on plante une grande croix.
Deux mois plus tard, sur une pente voisine, cinq paysans de Montaut coupent la fougère pour la litière de leurs bêtes. « Ce jour étant fort tranquille, sans aucun soupçon d’orage, ils entendirent tout d’un coup un vent impétueux qui soufflait avec violence sur la croupe de la montagne de Bétharram. Ce qui les obligea de jeter les yeux sur cet endroit, où ils virent avec mécontentement la violence de ce vent renverser la croix par terre ; et dans un petit intervalle de temps, ce tourbillon ayant cessé, ils virent cette croix se relever d’elle-même, environnée d’une lumière éclatante, qui formait sur son faîte comme une espèce de couronne... » (récit de de Marca, 1667)
Quand, à cette époque, les gens de Montaut parlent en faveur de Lestelle, on est obligé de les croire : l’antagonisme entre les deux villages est si grand !
La vérité de ce miracle attestée, Mgr de Salettes appelle à Bétharram Hubert Charpentier – le voilà ! – prêtre originaire du diocèse de Meaux. C’est lui qui joint la dévotion de la Croix à celle de Notre-Dame : désormais, à Bétharram, on honore « Notre-Dame du Calvaire ». Pourquoi cette innovation – jusque là ignorée ailleurs – sinon parce que la dévotion à la Croix, plus que celle à Marie, peut unir les fidèles restés catholiques et les anciens huguenots passés  par la Réforme ?
Arrivé à Bétharram en 1621, Charpentier crée une résidence pour des chapelains et un hospice pour les pèlerins. De suite, il conçoit le projet de quatorze stations étagées entre les bords du Gave et le sommet de la colline ; il trace la « voie douloureuse » ; en 1623, tout en haut,  il plante trois grandes croix ; face à elles, il entreprend de construire la chapelle du Sépulcre avec deux cellules. Dans les années qui suivent, le calvaire reçoit de nouvelles stations : le Christ au Jardin des oliviers, Jésus trahi par Judas et le Couronnement d’épines.
L’évêque de Lescar permet à Charpentier de s’adjoindre six prêtres pour partager ses travaux. Les bienfaiteurs se manifestent, généreux : Louis XIII, de visite en Béarn, finance la construction de la station du Couronnement d’épines, en souvenir de saint Louis, son ancêtre, qui avait acheté et vénéré  la Sainte-Couronne**.
Dès 1638, cependant, Hubert Charpentier est appelé en région parisienne : à Suresnes (aujourd’hui dans le diocèse de Nanterre), il construit le Calvaire du Mont-Valérien. La chapelle de Bétharram, où repose son cœur, ne sera achevée que plus tard : en 1661.
L’œuvre entreprise se poursuit grâce aux Chapelains, la « Congrégation des Prêtres du Calvaire » qu’il a fondée. La chapelle du Sépulcre, achevée en 1639, accueille les confessions des pèlerins ; ceux-ci ont tout loisir d’utiliser les "ermitages" éparpillés à travers la colline.
La réputation de Bétharram est grande, très grande au XVIIe siècle : « Si ce n’est le second, c’est au moins le troisième le plus fréquenté du Royaume »*** , écrit saint Vincent de Paul le 19 juin 1659 dans une lettre à M. Guillaume Cornuel, prêtre de la Mission ; à l’un des siens, il fait part de la perspective d’établir une communauté de sa compagnie à Bétharram**** … 
Pourtant, ce n'est qu'au début du XVIIIe siècle que les chapelles du Calvaire sont portées au nombre de huit ; elles sont alors décorées de sculptures et de peintures : « il ne leur manquait que la parole », écrit, en 1788, l’historien Touton. (à suivre)

Beñat Oyhénart,SCJ 

* La première représentation de Notre-Dame de Bétharram où apparaît un rameau – bien discret, à vrai dire ! – est celle d’Alexandre Renoir en 1845… 
** Pour elle, ainsi qu’un morceau de la Sainte Croix et diverses autres reliques de la Passion qu’il avait acquises, Louis IX a fait construire la Sainte-Chapelle, dans l’île de la Cité, à Paris.
*** Les deux autres peuvent être Chartres et Le-Puy-en-Velay.
**** Cinq mois auparavant, le même Vincent de Paul avait écrit ses réticences à ce projet au Chanoine Cruchette, de Tarbes : « Il est vrai qu'on a pensé à notre petite Compagnie pour Bétharram, et feu M. Charpentier a été le premier qui m'en a fait la proposition, il y a près de 20 ans, mais jusqu'à maintenant, Dieu ne nous a pas trouvés dignes de le servir en ce saint lieu... »


TÉMOIGNAGE

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Itinéraire d'un laïc bétharramite

Fin juillet, les laïcs associés de France ont fêté leurs 20 ans d’existence. Un jeune de Côte d’Ivoire raconte ce qui l’a conduit à Bétharram, et comment il a vécu ces jours-là.

Saint Michel Garicoïts est le fondateur de la Congrégation des Religieux de Bétharram. Il est décédé en 1863 à Depuis l’an 2000, comme membre de la Fraternité Ne Me, je bois à la même source de la spiritualité bétharramite avec  les religieux d’Adiapodoumé : chacun reçoit sa par part de grâce à la suite de notre Seigneur Jésus, en cherchant à être doux et humble de cœur comme Saint Michel Garicoïts, et cela dans les bornes de sa position.  
En 2009, après une troisième tentative auprès de l’État ivoirien, j’obtiens une bourse pour préparer  ma thèse de  Doctorat d’Université en Physique à Rouen. Ma recherche porte sur l’amélioration de l’imagerie nucléaire cancérologique, afin de mieux détecter les tumeurs et d’assurer un meilleur suivi thérapeutique des patients.
Dans ce contexte de travail scientifique à la fois passionnant et plein de défis, je découvre peu à peu mon nouvel environnement. J’arrive donc en France le 16 novembre, passant d’une température moyenne de 30 degrés au climat normand, particulièrement rude, au dire des natifs, cette année. Pour un étudiant plongé dans un milieu inconnu, froid et solitude font bon ménage. Heureusement, j’ai découvert un véritable ami en la personne d’un cousin d’un Père de Bétharram ; chez lui, j’ai retrouvé cette chaleur familiale qui me manquait tant.
L’esprit de famille s’est aussi manifesté par le biais de la Fraternité Me voici.  Laïc bétharramite, je ne pouvais me cantonner à Rouen, alors que j’avais les pieds sur le sol du pays de saint Michel. Des contacts avaient été noués avec des amis de Bétharram, venus de France pour les 50 ans de la Congrégation en Côte d’Ivoire. Grâce à eux, j’ai fait la retraite annuelle de la Fraternité, en mars près de Toulouse. Et j’ai eu la joie de participer à la fête des 20 ans d’existence de la Fraternité Me voici, qui s’est déroulée les 24 et 25 juillet 2010 entre Pays basque et Béarn.
Les festivités  ont été marquées par un rallye automobile de Cambo à Bétharram. Avec les autres laïcs et les religieux répartis en une douzaine d’équipages, j’ai ainsi pu mettre mes pas dans ceux de Michel Garicoïts. L’expérience a été enrichissante, mais pas seulement pour la convivialité et la parfaite organisation : sous un soleil resplendissant, j’ai pu voir les divers endroits où notre saint fondateur à vécu, son village natal, les paysages de son enfance, les lieux de son ministère… Enfin, j’ai visité la maison-mère où Dieu l’a inspiré à fonder la Société du Sacré Cœur de Jésus.
Ce rallye m’a permis de mieux comprendre saint Michel, de faire la correspondance entre ses écrits, sa géographie intime et les origines de la Congrégation, sans oublier la découverte du P. Auguste Etchécopar, son compatriote, confident et successeur. Le lendemain 25 juillet, les 20 ans de la Fraternité ont culminé à la Messe célébrée au vieux Sanctuaire. Notre Dame a fait remonter vers Dieu les prières et les aspirations de toute la famille de Bétharram, cette famille internationale à laquelle je suis fier d’appartenir, en tant que laïc associé. Après l’Eucharistie, un repas convivial a mis fin aux festivités.
De cette riche expérience, c’est  la manière dont l’Esprit de Dieu a soufflé et continue de souffler dans cette région - surtout que Lourdes n’est pas loin - qui m’a le plus marqué. Tout cela m’a permis de grandir encore plus dans ma foi et dans mon cheminement à la suite du Christ.

Joseph Koutouan Anouan


5 minutes avec... le Père José Gogorza

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Lors du Chapitre général de 1909, célébré dans la maison Bella Vista d’Irun en Espagne, il fut demandé au Conseil général d'acheter un terrain de deux hectares, près de la gare d'Irun, en vue d’y ériger une résidence communautaire et le nouvel apostolicat. Le terrain fut finalement acheté à Fontarrabie, dans le quartier de Mendelu. En octobre de la même année, le P. Planche se chargea de suivre les travaux de construction de la maison. Le nouvel apostolicat ouvrit ses portes le 7 octobre 1910. C’était il y a cent ans. Depuis, l’aspect et la fonction de cette maison ont évolué : de l’apostolicat pour de jeunes Français, elle est devenue maison du scolasticat, du noviciat, de l’apostolicat pour les Espagnols, et enfin maison paroissiale Saint-Michel-Garicoïts. Le P. José Gogorza, frère aîné de Mgr Ignace Gogorza, scj, évêque d'Encarnación au Paraguay, a partagé une bonne tranche de vie de cette communauté…

Nef: P. José, dans quelles communautés avez-vous vécu votre consécration et votre mission ?
- 61 ans ont passé depuis mon ordination sacerdotale : 3 ans dans l'apostolicat du Sacré Cœur de Buenos Aires ; 7 ans au lycée de l'Immaculée Conception de Montevideo ; 3 ans au "Foyer Sierra de Alcubierre" de Saragosse ; 9 ans au collège du Sacré-Cœur d'Azpeitia ; 39 ans à Mendelu.

Pouvez-vous nous décrire en quelques mots la mission que vous avez menée dans la communauté de Mendelu ?
- J’ai été responsable de l'apostolicat (avec près d’une centaine d'élèves) pendant 8 ans ; j’ai passé 31 ans comme curé ; de 1961 à 1970, à l’époque où commençait la crise des vocations et de l’Eglise, l'apostolicat a lentement décliné. Face à cela, le Conseil général a demandé de s’ouvrir à d'autres horizons et à d'autres secteurs apostoliques. C’est ce qui a conduit à la fondation de Saragosse. Ce fut ensuite le tour du collège d'Azpeitia, qui est toujours en fonction : l'Évêché a ensuite pris les rênes en formant une assemblée constituée de religieux/religieuses qui administraient le collège.

Quels sont les aspects négatifs que vous avez été amenés à vivre au cours de cette mission ?
- L’expérience personnelle la plus négative est de ne pas avoir pu compter sur la confiance de mes supérieurs. Une autre chose dont j’ai souffert est la façon dont a été fondé Saragosse. On a perdu une bonne occasion de s’ouvrir à une mission plus apostolique. Deux erreurs ont été commises : la première est d’avoir envoyé des membres plus pour la formation que pour une mission apostolique ; la deuxième est d’avoir fondé le scolasticat dans la précipitation et de manière improvisée.

Quels sont les éléments positifs qui vous ont aidé à déployer votre vocation bétharramite ?
- Je dirai en premier lieu le fait de ne pas avoir réduit mon sacerdoce à l’activité d’enseignant à l'apostolicat ou au collège. J’étais très complexé, mais grâce aux conseils d'un grand Bétharramite, je me suis ouvert une voie. En effet, celui-ci notant ma réserve et ma timidité me dit : « José, sois toujours prêt à accepter ce qu'il t’ai demandé. » « Mais si je ne me sens pas capable de le faire ? » « Si on te demande de le faire, c'est un signal et cela dit qu’on te juge capable de le faire ». C’est ainsi que j’ai débuté dans nos paroisses de Barracas et Montevideo dans plusieurs activités : chapelain des religieuses, confessions, retraites, animation de trois équipes du Mouvement Familial Chrétien à Montevideo ; j'ai été aussi conseiller pour la pastorale dans les prisons ; finalement, fondation de la Paroisse Saint-Michel-Garikoitz.

Vous avez aussi développé d'autres services au niveau diocésain.
- Effectivement, suite à la création de la paroisse à Mendelu, nous avons dû prendre contact avec les prêtres de l'archevêché pour instaurer une collaboration et dans le même temps nous mettre à jour vis-à-vis de la pastorale diocésaine. Quelques années plus tard, le P. Iñaki d'Azpiazu, un ancien Bétharramite avec qui je m’étais initié à la pastorale pénitentiaire à Buenos Aires, est venu nous voir.
L’évêque lui a demandé de renforcer la pastorale pénitentiaire dans le diocèse. Il a accepté la proposition, mais ne connaissant pas le clergé local, il a demandé à l'évêque de me nommer son secrétaire compte tenu de notre précédente collaboration. Au bout de trois ans, le P. Iñaki d'Azpiazu dut revenir à Buenos Aires et l’évêque m'a nommé Délégué épiscopal de la Pastorale pénitentiaire de Saint-Sébastien. J'ai assumé cette charge pendant 18 ans. Passé 80 ans, j’ai demandé à l’évêque d’en être relevé, ce qu’il m’a accordé, tout en ajoutant qu'il souhaiterait m’intégrer à l'équipe de direction de la Pastorale Diocésaine. Et là je suis.

Vous avez connu des Bétharramites qui se sont beaucoup intéressés à la présence de Bétharram à Mendelu.
- Quand j’étais apostolique, les Pères Oxíbar et Laulhé m'ont beaucoup marqué pour le souci qu’ils avaient de la maison. Du temps où j’étais responsable à Mendelu, le P. Mirande et le P. Cattaneo nous orientaient vers une mission plus expansive. Je pense aussi aux Supérieurs provinciaux, les Pères Carrère et Urani, qui n'ont pas lésiné sur les ressources.

Nous avons appris que vous aviez été distingué de la médaille d'or par la ville de Hondarribia. Quelle a été votre insertion dans la vie sociale pour être si reconnu par les gens ?
- L'explication est simple. Notre propriété bien située et dotée de très grands bâtiments, de terrains de sport et d’un bois était refermée sur le groupe de tout jeunes séminaristes qui n’avait presque aucun contact avec le quartier, etc. Les séminaristes s’en sont allés et les bâtiments ont été utilisés pour l'enseignement des enfants du coin. Le pavillon de la chapelle a été transformé pour fonder une Paroisse.
Ce changement radical a été bien accueilli par les habitants du voisinage qui ont pu profiter des terrains de sport et du bois. Le conseil municipal a pu apaiser le mécontentement du quartier, puisque qu’il dispose maintenant d’espaces sportifs, d’espaces de repos et de promenade. Cette ouverture au quartier a permis que la Paroisse puisse rapidement former une communauté assurant la catéchèse, les communions et les confirmations. Les jeunes ont voulu réaliser quelque chose. Un local leur a été cédé à condition que ce ne soit pas un cloître fermé. On leur a demandé de mener à bien deux projets chaque année : une action en faveur du quartier et une activité d'intérêt paroissial. C’a été une réussite inespérée : les jeunes l'ont pris au sérieux et ont préparé deux réalisations de qualité et bien reçues. C’est ainsi qu’ont débuté les fêtes du quartier, qui ont lieu tous les ans, à l’occasion de la fête Saint-Michel Garicoïts, et avec une animation populaire que d’autres quartiers nous envient.
La contribution paroissiale a pris la forme d’une Crèche vivante. Voici 32 ans que nous mettons en scène la Naissance de Bethléem qui est accompagnée d’une grande mobilisation populaire : enfants, jeunes, parents, grands-parents... Tout cela explique pourquoi le Conseil municipal a remarqué ce quartier autrefois en retrait et sans vie sociale, devenu un milieu débordant de vie. De là à remettre la médaille au prêtre, il n’y a qu’un pas.

Depuis que l'apostolicat a été fermé vous avez fait en sorte que les bâtiments de la communauté soient productifs. Quelles choses ont été faites pendant ces quarante années ?
Précisons tout d'abord que l'ensemble de la construction comprend 3 bâtiments en forme de U. Le premier comprend l'Église paroissiale et les locaux de réunion et de catéchèse. Le deuxième est en partie habité par la communauté religieuse (chambres, salle communautaire, salle à manger, buanderie, etc). Les apostoliques occupaient le troisième : réfectoires et vestibules au rez-de-chaussée ; salles de classe et d’étude au 1er étage, un dortoir et des douches au 2e. Ce dernier a été loué pendant 15 ans à l'Ikastola (une école primaire) ; puis 15 autres années environ au Gouvernement basque pour la Formation Professionnelle (secteur sanitaire). Ces 9 dernières années, nous avons tenté de trouver une nouvelle solution. Nous sommes finalement mis d’accord sur la réalisation d’une structure résidentielle pour personnes âgées.

Pouvez-vous nous expliquer le projet de la Congrégation dans la propriété de Mendelu dans l'année du Centenaire ?
- Le Conseil général a autorisé la vente d'une parcelle de la propriété de Mendelu pour la construction d’une résidence destinée aux personnes âgées. Et le bénéfice de la vente permettra d’une part de rénover le 2e bâtiment, pour doter la communauté des religieux de chambres et d’installations décentes, d’autre part de réaliser dans le 3e bâtiment 15 appartements indépendants qui seront loués à la future Maison de retraite. Cette location aidera à couvrir les besoins de la communauté.


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8. LE COMMUNISME ET LA MISSION DE TALI (décembre 1950-décembre 1951)

par
Arnaud Pucheu,SCJ

L’Écho de Bétharram
mars 1952

Enregistrement des biens de la Mission et du personnel missionnaire – En février 1951 commençait l’enregistrement des biens et du personnel de la Mission. Nous sommes à mille lieues de l’à peu près coutumier de la Chine d’hier : tout doit être inscrit avec des précisions qu’ignorent les polices les plus pointilleuses : pour l’enregistrement du personnel, six exemplaires en papier ministre sont requis avec photograhies adjointes et un Curriculum vitae embrassant exactement, à un mois près, toute la vie d’un missionnaire. Cet énorme travail a exercé pendant deux semaines les pinceaux rapides de trois scribes à raison de douze heures d’écriture par jour. (…)

Nouvelles restrictions dans l’habitat et le travail missionnaire – En mars 1951, les trois-quarts des édifices et des locaux de la résidence de Tali ont été occupés d’abord par les réunions populaires, ensuite définitivement transformés en poste télégraphique et téléphonique.
Le Père Barcelonne, dans son coin perdu de Tchoukhoula, recevait l’ordre de se tenir tranquille en sa résidence, tandis que ses chrétiens se voyaient interdire l’accès de l’église pour les offices du dimanche.
En mai 1951, nos quatre Pères de la frontière birmane étaient priés de se rendre à Pao-Shan avec des instances telles qu’ils ont jugé prudent, à la faveur de la relève des garde-frontières, de passer en Birmanie. Le Père Saint-Guily, de retour de Rangoon où il s’était rendu pour acheter des remèdes, arrivait à la frontière chinoise avec un visa périmé depuis quelques jours. Après l’avoir fait languir pendant des semaines et après avoir fouillé ses bagages, les autorités l’ont exclu de la Chine…

La question des trois autonomies – Le parti communiste lançait dans les journaux, dès mars 1951, pour tous les chrétiens de Chine, le triple slogan de l’autonomie économique, missionnaire et administrative des chrétiens progressistes. « L’Église de Chine aux seuls Chinois », telle est la formule proposée aux catholiques. Son caractère nettement schismatique a été dénoncé clairement dès les débuts par des tracts répandus chez les catholiques de toute la Chine par la Centrale de la librairie catholique de Shangaï, puis par une lettre collective de tout l’épiscopat chinois. La police s’en est saisie, a lancé une campagne haineuse « contre les impérialistes camouflés », arrêté prêtres et évêques, provoqué des manifestations « spontanées » de chrétiens « patriotes » … Malgré tout, pas de résultats définitifs. Ne sont pour eux qu’une infime minorité de chrétiens au casier judiciaire déjà chargé, flanqués de quelques unités du clergé autochtone terrorisées.

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