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Betharram
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24/11/2009

Nouvelles en Famille - 14 mars 2010

Sommaire

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Le mot du Père général

Orvinio, 2006

Nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu
(Actes 4,20)

La situation de crise que nous vivons au sein de la vie consacrée nous oblige à aller à l’essentiel, car nous ne pouvons certes pas nous vanter des choses superficielles. Comme toute épreuve, cette crise nous purifie et nous rend plus authentiques. Ce qui est véritablement unique et essentiel, c’est l’expérience spirituelle du charisme que saint Michel Garicoïts nous a laissée. C’est ce sur quoi nous insistons depuis longtemps, et nos formateurs œuvrent dans cet esprit.
Cette expérience donne de la joie à notre vie et de l’ardeur à notre mission, comme ce fut le cas pour les apôtres : nous ne pouvons pas ne pas parler de ce que nous avons vu et entendu (Actes 4, 20). En effet, on ne peut pas conserver jalousement l'expérience de l'amour de Dieu au fond de soi. Il faut au contraire en témoigner par nos actions, la narrer, la raconter, la proclamer avec nos propres mots. Ce faisant, nous aidons nos frères à être fidèles, nous édifions la communauté et l'Église, nous permettons à d’autres de connaître Jésus-Christ et de vivre ce “même bonheur”. Nous les aidons à donner une nouvelle direction à leur vie et à rejoindre le groupe de témoins, de disciples et de missionnaires du Seigneur.
Une lecture attentive de la Bible livre quantité de témoignages sur la rencontre transformatrice avec le Seigneur : que ce soient les psaumes qui racontent et proclament les exploits du Seigneur, ou bien les récits de vocation, les confessions de Jérémie, les récits d'apparition du Ressuscité, les prédications kérigmatiques de saint Pierre, les confessions où Jésus raconte sa relation filiale avec le Père et sa condition d'envoyé, dans l’évangile de Jean.
La relation à Jésus est ce que les religieux d’une communauté, tels que nous, ont en commun. C’est la personne de Jésus qui réalise l'unité de nos communautés. Chacun de nous vit en union avec lui par le baptême et la profession religieuse. Il est le lien qui nous unit les uns aux autres et au Père dans une expérience de communion. Expérience que nous célébrons à chaque Eucharistie. Chacun de nous la vit de manière différente et cette diversité peut enrichir la façon originelle de vivre la foi, la consécration, la communauté et la mission. C’est pourquoi il est fondamental, pour la vitalité de nos communautés, que nous soyons capables de partager entre nous la façon dont chacun vit sa relation avec la personne de Jésus.
Seule la communication de cette expérience construit la communion fraternelle. Il s'agit de partager la façon dont nous vivons personnellement notre communion avec Jésus face aux événements de la vie, éclairés par la Parole de Dieu. Il s’agit aussi de partager l’action salvatrice de Jésus dans les événements de notre vie et de celle des personnes que nous accompagnons dans la mission. Par notre vocation et notre ministère, nous sommes les témoins privilégiés de cette fermentation incessante que l'Esprit opère dans le cœur des êtres. Car nous vivons au cœur du mystère de l'Incarnation.
Quand la communauté est capable d'atteindre ce degré de communion, la vie de ses membres s’en trouve transfigurée ; la prière devient vivante ; les célébrations communautaires proclament les merveilles du Seigneur et tous intercèdent pour les besoins que chacun expose dans la prière communautaire ; la consécration est un témoignage de maturité, d'équilibre et de joie ; l’union des frères est une joie à laquelle chacun aspire profondément ; la mission devient passionnante ; la prédication est pleine de vie. Peu importe que la mission nous éloigne de la maison communautaire pour de longues périodes, car nous savons que ce sont nos frères qui nous envoient. Dans les périodes où je suis absent moi-même, quand je prie, je me sens uni à mes frères, qui prient aussi pour moi. Et quand je reviens à la communauté, j'ai tant de signes de l’œuvre miséricordieuse du Seigneur à partager avec eux !
Quand tout ceci fait défaut, la vie communautaire consiste uniquement à manger ensemble et à dormir sous le même toit; le rôle du supérieur se réduit à conduire la prière avant les repas, la prière devient une récitation monotone des offices ou de notre dévotion. Et si un frère s’absente, nul ne se soucie de savoir où il se trouve. On a honte de parler de spiritualité, la vie spirituelle est traitée de manière rationnelle ou en plaisantant. La personne consacrée ne s’engage pas pleinement dans ses prédications, elle se borne à exposer la doctrine. Et l’activité pastorale se réduit à une source pécuniaire ; si elle ne devait fournir aucune entrée d’argent, à quoi bon la mener.
La narration de la foi engage les personnes, elle est contagieuse et elle fascine. Quand je donne à l'autre le droit de s’exprimer, cela nous transforme l’un et l’autre. C’est une expérience exigeante, car elle engage ceux qui racontent autant que ceux qui écoutent. Tous ont quelque chose à dire et à donner. L’objet du récit et de l’écoute, ce sont les liens qui nous unissent. Sans communication spirituelle, la communauté n’a pas de base solide. Certes on comprend bien qu’il y ait des résistances lorsqu’il s’agit de révéler notre relation à Celui qui est notre vie, que ces résistances s’expriment par des silences, des arguments intellectuels ou des plaisanteries. Mais cette relation nous engage et nous ne pouvons pas en faire qu’à notre tête.
Cette communication de l’expérience de la foi a toujours été fondamentale dans la vie de l’Église. Il suffit de penser à la prédication du kérygme aux tout débuts, à la pratique de la collatio, à la vie monastique, aux autobiographies des saints, aux Confessions de saint Augustin, à La Vie de sainte Thérèse, aux dialogues spirituels de saint Benoît et de sa sœur sainte Scholastique, de sainte Thérèse et de saint Jean de la Croix, aux récits de conversion de certains de nos contemporains, à l'importance des témoignages lors des rencontres de prière des mouvements spirituels et des nouvelles communautés : Que de bien font-ils à notre vie spirituelle ! La foi voyage par l'oreille.
Lorsque nous avons enclenché l’année dernière le processus de régionalisation, il nous a semblé que celui-ci ne pouvait se réduire à un simple acte administratif. Il fallait qu’il s’accompagne auprès de chaque religieux et dans chaque communauté d’un processus intérieur qui puisse nous aider à être davantage fidèles à notre vocation et à notre mission. Nous avons pensé à la Narratio fidei. Lors du Conseil de Congrégation, nous avons fait appel à deux prêtres de Padoue qui avaient vu cette approche transformer la vie des prêtres dans leur diocèse. Lors de la rencontre des Supérieurs à Bethléem en avril, nous avons de nouveau travaillé à partir de cette expérience. La Narratio fidei a été utilisée lors des retraites de certains vicariats. Elle est devenue un exercice habituel dans les réunions de certaines communautés et lors des Conseils de Congrégation, des conseils régionaux et de vicariat. Elle nous aide à être plus fidèles.

Gaspar Fernandez,SCJ


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit...
aux Scolastiques de San José,18 mars 1886

Vos lettres m’ont procuré joie, consolation, édification… Continuez et progressez avec l’aide du Seigneur. Ne vous laissez jamais décourager par vos misères ; profitez-en pour devenir plus avisés, plus prudents, plus attachés à la prière, à la règle, à une obéissance filiale… La prière : sanctifie nos actions ; la règle, l’obéissance : découvre, ruine les pièges de Satan ; sans prière, la vie est tout humaine ; sans règle, on est en proie aux passions. Mais sanctifié par la prière, réglé par l’obéissance, votre travail sera un fécond apostolat. Apôtres du Divin Cœur, nous devons être la lumière du monde par la science et le sel de la terre par la piété... Que Saint Joseph vous rende tels ; que Notre Dame vous bénisse.


Carême bétharramite

Vallons de l'Arriucourt | Lestelle-Bétharram

Peut-on parler de Carême bétharramite, au sens d’un accent spécifique, d’une vision originale, marquée par notre spiritualité, de cette période centrale et traditionnelle de la vie de l’Église ? Je crois que oui, si on s’inspire  de nos racines, si on puise aux sources de notre charisme en manifestant ses lignes porteuses, essentielles. Je prends ces lignes originales au Manifeste de notre fondateur, qui est comme le porche ouvrant sur le contenu et l’esprit de notre Règle de vie, et en même temps, en fait une synthèse de théologie pastorale, inégalée et inégalable pour nous.
"Exinanivit semetipsum, factus obediens usque ad mortem, mortem autem crucis”. Nous connaissons tous cette citation, tirée de l’hymne de saint Paul aux Philippiens (2,11) : elle précise le but, le point d’arrivée du chemin du Christ, la Croix, celle qui s’élève au bout du Carême et que le Christ accepte librement, par amour pour nous.
Mais, dans le Manifeste, saint Michel souligne le début du chemin : l’incarnation, l’offrande que le Verbe fait au Père de toute son existence terrestre. Notre fondateur relie et conjugue le début et la fin de la mission du Christ : c’est un chemin (en termes plus proprement bibliques et évocateurs, un exode) qui conduit de l’amour de l’offrande initiale à l’amour de l’oblation finale, totale. Et tout au long du chemin, il y a l’amour de chaque personne, notamment les pauvres, les marginaux, les pécheurs. Saint Michel déduit - ensuite - de cet amour de Dieu révélé en Jésus Christ la nécessité de notre réponse d’amour à Dieu, qui nous a aimés jusque là (c’est ainsi que Dieu nous a aimés).
En conséquence, il me semble que le Carême bétharramite peut se concevoir et se définir comme un exode bidirectionnel : l’amour de Dieu rendu visible et palpable dans l’Incarnation et la Croix du Christ, et l’amour de l’homme devant, et en réponse à, ce spectacle prodigieux du Verbe de Dieu venu sur terre et anéanti pour nous.
La première direction : l’offrande du Verbe au Père et sa vie sont un mystère d’amour qui s’exprime et se manifeste (mais ne s’épuise pas) dans le témoignage suprême de son amour pour les hommes : la Croix. Saint Michel contemple à plusieurs reprises, émerveillé, ce mystère qui part de l’Incarnation (considérée à son tour avec stupeur pour la "condescendance" de Dieu) et conduit à la folie de la Croix.
Dans l’exinanivit, il voit la profondeur, et même l’absurdité (si on la voit les yeux et le cœurs froids, c’est-à-dire sans la lumière et la chaleur de l’amour), d’une attitude qui anéantit, justement, l’être d’une personne pour en assumer une autre, une attitude de pleine et entière relation à une autre identité : l’ouverture totale à notre humanité. Telle est l’attitude de Dieu en faveur de l’homme, à la fois indicible (d’où la Révélation divine) et incroyable à vue humaine. En même temps, elle est certitude exaltante du salut, que la Croix atteste sans équivoque possible.
La seconde direction : le spectacle prodigieux doit conduire le Bétharramite (et toute personne) à imiter Jésus anéanti, dépouillé, obéissant, à se consacrer pour témoigner et procurer aux autres la joie d’être aimés et sauvés par l’Amour du Verbe incarné et crucifié. L’amour – nous dit saint Michel – , spécialement cet amour total, exige une réponse d’amour, qui soit sur la même longueur d’onde bien que, forcément, de moindre intensité. Croire à l’amour et l’accueillir, c’est être renouvelé ; c’est reconnaître avant tout qu’on a besoin de cet amour ; c’est en saisir l’immensité pour vivre sa complexité et sa totalité. Ce spectacle exige (comme le dit l’hymne paulinien auquel notre fondateur a emprunté sa citation) de nous d’avoir les sentiments mêmes du Christ, c’est-à-dire nous engager nous aussi sur ce chemin du don de soi à Dieu et aux frères, aimés et rachetés par le Christ, en se laissant saisir par son amour et son exemple. Pour communiquer la libération et le salut. Pour continuer son incarnation dans l’Histoire. Le Bétharramite est l’homme de l’incarnation, qui dans sa vie et en son temps perpétue, témoigne, communique le « Me voici, je viens » du Verbe et le fait en tenant compte, comme l’a fait le Christ, de l’homme saisi dans son temps, ses exigences et ses questions.
Voilà. Je crois que le Carême bétharramite peut s’identifier et se résumer à cet exode bidirectionnel à parcourir toujours dans l’optique et la logique de l’amour du Verbe incarné. Et l’Église elle-même aujourd’hui souligne avec insistance que la vie religieuse est un chemin, à l’imitation de la vie du Christ (Vita consecrata 40) : elle est un continuel exode, personnel et communautaire, qui prend constamment pour modèle le Verbe incarné dans ses dispositions : don de soi pour le salut des hommes, parfaite obéissance au Père, oubli de soi, amour pour toute personne dans le besoin.
Au-delà de la Croix : mais le texte de saint Paul cité par saint Michel continue : le chemin du Carême ne s’arrête pas à la Croix, il se poursuit dans l’exaltation du Christ ressuscité. L’exaltation est le fruit et la conséquence de son obéissance au Père : c’est pourquoi… dit saint Paul. Le Père a exalté le Verbe pour son obéissance, sa totale adhésion à sa volonté et son amour oblatif pour les hommes.
Le chemin, l’exode du Verbe incarné s’achève avec la vie qu’il donne à ceux qui acceptent le salut: c’est la résurrection de tout péché et de toute faiblesse, c’est la certitude que Dieu vivant ne nous abandonne pas à la tristesse de la mort, la manifestation joyeuse que le Christ s’est incarné pour être révélation d’un amour éternel et indéfectible envers toute personne.
Dans cette perspective typiquement bétharramite (rappelée tout spécialement par l’Église à l’occasion du Grand Jubilé, comme chemin et stimulant pastoral pour le Troisième Millénaire), l’Incarnation ne désigne pas que la Croix, mais à travers la Croix elle indique la Résurrection et la Vie. Ici jaillit la joie de la Vie offerte par Dieu, ce bonheur à procurer aux autres, comme le dit saint Michel, toujours dans le Manifeste. Et c’est ainsi que la joie de Pâques devient moteur et dynamisme de la Mission.
Voilà comment l’exode du Carême conduit à Pâques et de Pâques à l’Histoire. La nôtre et celle de l’humanité. Pour le Bétharramite, la mission continue dans le témoignage et dans la transmission de la Vie reçue du Verbe incarné.

Ennio Bianchi, SCJ


Notre expérience en Ashram

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Tout le monde est en recherche. Nous cherchons le sens l’existence, un but à notre vie, pour nous unir au Verbe fait chair. Dans cette quête, nous sommes tous pèlerins. Et nous, les novices bétharramites, nous nous sommes mis en route pour approfondir l’aspect indien de notre spiritualité.
Comme prévu au programme, les neuf novices ont séjourné du 11 au 21 décembre 2009 à l’Ashram Anjali, situé au pied des Monts Chamundiswari, à l’entrée de Mysore (Karnataka). L’Ashram est un lieu de sérénité où règne la joie intérieure. L’expérience holistique de l’âme (Atma Purna Anubhava) était le thème de ces 10 jours d’initiation à la pleine conscience de soi qui mène à la pleine conscience de Dieu.
Les enseignement et les points de méditation (upadesas) du Maître spirituel (Achary-Guru) nous ont permis d’orienter notre démarche à travers tout un processus pour centrer et recentrer notre vie. Nous, les "chercheurs" (sadhaka), avons été mis au défi de prendre au sérieux l’objectif, de croire en la possibilité (sadhya) de l’atteindre, et donc à faire ces exercices spirituels (sadhana) du mieux possible, avec sérieux régularité et détermination.
Dès le premier jour, le maître (gourou) a rappelé la nécessité du silence, intérieur et extérieur. « Ne cherchez pas capter avec les sens, ou à comprendre avec la tête, nous dit-il, contentez-vous d’observer. Laissez faire, observez et contemplez l’Esprit avec les yeux de la foi. » Nous avons été initiés à la spiritualité indienne intégrale - l’exercice universel du Yoga pour une vie harmonieuse, et guidés par des exercices spécifiques (sadhana), en particulier la méditation (dhyana).
Les mots clés des trois premiers jours étaient : conscience et liberté, silence et tranquillité, être calme, être tout simplement. On nous a encouragés à la maîtrise de soi, corps, langue, esprit (tous les sens), à nous concentrer sur une seule intention (ekagrata), à faire l’expérience d’une passivité et d’une immobilité totales (Samadhi) dans une conscience de soi toujours croissante (cit). À la fin du troisième jour, nous étions en mesure de faire l’unité en nous-mêmes et avec Dieu (Brahman), de vivre une communion avec tous (communauté de "chercheurs"), un engagement social, une harmonie avec la nature, de sorte que notre principale activité personnelle soit d’entrer dans son sanctuaire intérieur, le sanctuaire de l’Esprit, dans un état de conscience et de félicité.
Les deux jours suivants, ce cheminement spirituel a été soumis à la question de savoir qui est religieux. Dans les traditions religieuses et culturelles de l’Inde, dans le contex- te socio-économique et politique du pays et dans la tradition judéo-chrétienne de l’Église, on s’est interrogé : « Suis-je reconnu comme religieux par les autres, les chrétiens et les adeptes d’autres religions ? » On en est arrivé à se dire que le Christ est le parfait religieux, lui qui ne vivait que pour faire la volonté du Père, et que nous voulons l’imiter.
Tout au long de ces dix jours de solitude et de silence, nous avons pu écouter la voix de l’Esprit. Cette expérience nous a fait comprendre que la pleine présence à soi conduit à la conscience de la présence de Dieu (Brahman). C’est l’expérience même de la Samaritaine. Nous humaniser pour nous diviniser, voilà le grand défi à relever.
L’ambiance de l’ashram nous a aidés à approfondir l’appel à devenir vraiment Bétharramites, c’est-à-dire  réaliser le Brahman qui nous habite, devenir mystiques de l’incarnation. La condition pour se réaliser comme personnes (Jivan-Mukta), pour ressembler à Jésus, c’est de se renoncer. Les voies spirituelles indiennes pour atteindre Dieu (Gnana marga, Bhakti marga, et Karma Marga) nous ont été d’un grand secours pour saisir que Dieu nous fortifie dans la vérité, pour accéder à l’amour et de l’amour au service. Même le service (seva) que nous avons rendu à l’ashram nous a poussés à être unis à Dieu et à la nature.
L’expérience se résume et s’exprime dans un style de vie simple et sobre. Les journées étaient rythmées par la  méditation du matin (Pratha samdhya), l’Eucharistie célébrée en style indien, les travaux manuels, l’enseignement spirituel (upadesha), la méditation de midi (madhyan samdhya), la séance de yoga, la méditation du soir (saayam samdhya) et le partage avec la communauté (satsang). L’interaction avec des gens de croyances différentes et le régime végétarien ont également joué comme moyens de creuser la relation à soi, aux autres et à Dieu.
Le sommet du séjour a été de faire la synthèse de l’expérience de Dieu, de la vie religieuse et de la spiritualité indienne, en prenant conscience que l’ashram est d’abord et essentiellement un état de vie plutôt qu’un lieu, un état de recherche incessante, un mouvement continu qui s’incarne dans la personne et dans son style de vie.
Ainsi, unis au Sacré Cœur, sous la protection maternelle de Notre Dame de Bétharram et dans l’esprit toujours vivant de notre père Michel, les neuf petits rejetons du beau rameau que nous sommes avons fait à l’ashram une expérience intense, une expérience que nous gardons précieusement et que nous revivons quotidiennement. Gloire et honneur au Cœur miséricordieux, maintenant et toujours !

Album photos

Les novices de la Région Bienheureuse Mariam


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Prière pour le Chapitre général Bethléem, 14-31 mai 2011

Esprit Saint, viens en nous, tourne-nous vers le Seigneur.

Né à Bethléem, c’est là qu’Il nous attend.
Il nous appelle à incarner, dans le monde et dans l’Église, son dévouement et sa douceur.
Il veut manifester, dans nos limites,
l’immensité de sa tendresse.

Maître intérieur, fais la vérité
sur ce que nous sommes et ce que nous faisons.
Donne-nous la sagesse pour discerner le bien,
et la force pour l’accomplir.
Rends-nous docile à sa grâce,
toujours la même et toujours nouvelle.

Apprends-nous à vivre sous la double loi
que tu graves en nos cœurs :
l’amour pour nous unir à toi en servant nos frères ;
l’obéissance pour n’être qu’un et faire la volonté du Père.

Que la Règle soit notre huitième sacrement,
notre chemin de fidélité, de bonheur à partager.

Que nos misères mêmes nous rendent plus humbles,
plus généreux, plus forts, en Jésus Christ et par Jésus Christ,
et que nous n’ayons qu’un mouvement et qu’une prière,
à la suite de la Vierge Marie, de saint Michel et de la
Bienheureuse Mariam : faire de toute notre vie un Me voici.

Amen.


  

5 minutes avec... les Pères PHAÏROTE et ARUN

Phairote Nochatchawan, SCJ

Le 16 mai 2008, une belle aventure commençait pour le P. Phairote Nochatchawan et le P. Arun Kano. Ces deux jeunes prêtres quittaient  Chiang Mai pour construire une  toute nouvelle communauté  bétharramite à Maetawar, dans le diocèse de Nakhon Sawan en Thaïlande. Partons avec eux à la découverte de ce nouveau terrain de mission. 

Nef : Vous êtes arrivés à Maetawar en mai 2008. Pouvez-vous nous présenter votre terrain d’action du point de vue social et humain ?
- Eh bien oui, cela fera bientôt deux ans que le P. Arun et moi œuvrons dans le diocèse de Nakon Sawan. Les districts de Maetawar et Maetan comptent 72 villages dispersés dans la montagne de la Province de Tak. Parmi ces villages, 17 d’entre eux ont une église ; ailleurs, les familles catholiques vivent isolées. Il existe deux centres scolaires mixtes d’environ trente élèves chacun : une école secondaire, le Centre St François d’Assise (Maetawar), et un Centre de formation agricole. Nous avons aussi trois écoles de village : la Fresh Flower School, qui se trouve dans un village éloigné, une école primaire à Maewey et une école préparatoire aux classes supérieures à Mae Sa Pau. Nous sommes trois prêtres pour cette mission, dont le P. Arun et moi-même avec le P. Alain des M.E.P., et nous collaborons avec deux sœurs, quinze catéchistes, cinq enseignants et deux volontaires.

Et les chrétiens, qui sont-ils et combien sont-ils ?
- Les chrétiens dont nous nous occupons sont tous karen (Skaw Karen et Po Karen). Avec les 1 843 baptisés et les 693 catéchumènes, ce sont en tout 2 536 personnes.

Est-ce différent de ce que vous avez connu jusque-là ?
- Les différences entre le diocèse de Chiang Mai et le district de Maetawar-Maetan touchent principalement à trois domaines :
Religieux : Dans cette région, les gens s’intéressent au catholicisme. Les conversions sont en nombre croissant, surtout chez les animistes. En revanche la foi et la pratique religieuse ne sont pas enracinées chez les fidèles autant qu’il le faudrait.
Linguistique : les Karens de cette région parlent une langue légèrement différente. Pour la transcription ils utilisent des caractères de la langue birmane, alors que nous étions habitués à l’alphabet romain.
Liturgique: Lors des cérémonies nuptiales par exemple, la jeune fille entre dans l’église, parée de sa longue robe blanche. Après l’engagement solennel, elle revêt sa robe de mariée.

Quelles sont vos principales activités ?
- Nous œuvrons principalement dans la pastorale, l’évangélisation des villages dispersés dans la montagne et dans l’accompagnement pastoral des jeunes dans les écoles. (P. Phairote)
“Lève-toi et marche” est notre mot d’ordre. C’est pourquoi, en-dehors de l’activité pastorale, nous essayons de cheminer avec les gens et de leur montrer qu’ils peuvent compter sur eux-mêmes. L’année dernière, par exemple, j’ai planté du riz sur un bout de terre que le P. Alain, M.E.P. avait acheté il y a quelques années et qu’il avait laissé en jachère. Étant seul, il n’avait pu se charger de ce travail supplémentaire. Fruit de cette initiative : les jeunes de deux Centres ont mis en application ce qu’ils étudiaient à l’école et ont ainsi acquis de l’expérience ; les parents des étudiants ont été invités à participer eux aussi, en offrant quelques journées de travail, au profit de l’éducation de leurs enfants ; les élèves des centres scolaires mangent le riz qu’ils ont eux-mêmes cultivé, ce qui, de bien des points de vue, est très positif. (P. Arun)

L’éducation des enfants et des jeunes est donc une part importante de votre ministère ?
- Sans aucun doute, car le niveau scolaire dispensé par le ministère de l’éducation dans les écoles de ces villages isolés est très bas. Ces centres de formation de qualité sont indispensables pour que ces jeunes, plus tard, puissent à leur tour relever le niveau de l’éducation dans leurs propres villages.
Depuis votre arrivée, les conditions de la mission ont-elles changé ? Les anciens missionnaires nous avaient donné ce conseil : “Lorsque vous arrivez dans un nouvel endroit, commencez par vous taire, ouvrez grand les yeux et observez avec attention pour vous souvenir nettement de tout ; ouvrez bien grand les oreilles et écouter pour recueillir les informations et les idées des personnes qui ont de l’expérience ; ouvrez grand votre cœur et essayez de saisir ce que vous êtes appelés à faire”. Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir donné ainsi un exemple à suivre, à savoir les missionnaires et tous ceux qui ont formé les ouvriers pour la moisson. Nous poursuivons la mission avec les capacités et l’énergie qui sont les nôtres. Tout au long de ces années, le nombre de chrétiens a augmenté.

Quels sont les défis majeurs auxquels vous êtes confrontés du point de vue de l’évangélisation ?
- Les routes et les pistes dans les montagnes sont difficiles à parcourir. Les personnes que nous approchons cultivent des croyances peuplées d’esprits. Mais les défis réels auxquels nous devons faire face sont de tout autre nature. Dans notre activité pastorale et dans le domaine de l’évangélisation, les vrais défis tiennent à la charge qui repose sur nos épaules et dans nos cœurs : Comment gouverner avec précaution cette grande barque lancée sur la rivière au milieu des rapides et sous les rafales d’un vent de tempête qui ne s’apaise jamais, pour lui faire gagner le havre de paix ? C’est là le plus grand défi et la croix la plus lourde à porter.

En tant que religieux-prêtres, quelle est votre plus grande satisfaction dans ce que vous vivez aujourd’hui ?
- C’est l’Eucharistie, donnée chaque jour avec dévotion et détermination, qui me donne la force de vivre ma vie religieuse. « Si la prière est constante, le courant de force est régulier ; si la prière faiblit, la force faiblit d’autant ; si la prière est absente, la force vient à manquer ».

Quel avenir voyez-vous pour Bétharram dans le diocèse où vous travaillez et, plus largement, en Thaïlande ?
- Le futur de Bétharram en Thaïlande? Voici ce que je crois : Si nous devions être invités par d’autres diocèses, nous devrions avancer au loin (Luc 5,4) guidés par l’Esprit de la Congrégation, car l’Esprit-Saint a toujours œuvré chez les Supérieurs qui ont été nommés jusque-là ; certes il faudra que la Congrégation trouve des aides financières pour soutenir de nouvelles activités. (P. Arun)
En faisant confiance à la Providence divine et en nous en remettant à elle sans condition, la Congrégation ne manquera pas d’être comblée de grâce dans cette nouvelle région. (P. Phairote)

Arun Kano, SCJ

 


IN MEMORIAM FRANCE

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Hasparren, 6 janvier 1922 - Bétharram, 22 février 2010

Né à Hasparren (France) le 6 janvier 1922, élève de l’école apostolique de Bétharram, le P. Sauveur a fait son noviciat à Balarin et prononcé ses vœux le 15 août 1940. Appelé au service obligatoire en Allemagne pendant deux ans, il doit interrompre ses études de philosophie et de théologie. Il est ordonné prêtre le 15 août 1947 à Jérusalem. Après une année à Rome (à Notre-Dame des Miracles), il part missionnaire pour la Chine avec le P. Séguinotte. Arrivé à Tali le 30 mars 1949, on l’envoie l’année d’après à Hia-kouan, où se trouve la communauté des Filles de la Croix. Expulsé du Yunnan, il arrive à Chiang Mai en mai 1952; pendant plus de vingt ans, c’est dans ce nouveau pays que se déroule son activité missionnaire, en particulier à Chiang Mai. De retour en France, au milieu des années 70, il est envoyé dans un premier temps à Pau, puis, à partir de 1979, à Bétharram, où il passera le restant de ses jours.

Je vais vous faire un aveu. C’est la première fois qu’on me demande de faire l’homélie pour un Religieux de Bétharram. En acceptant de commenter cette Parole de Dieu, me sont venus à l’esprit deux faits qui me lient au Père Sauveur. Il est né à Hasparren. Je suis né à Hasparren. Surtout, chaque fois que nous nous rencontrions, il évoquait un prêtre, ancien vicaire d’Hasparren qu’il appréciait, un certain Arnaud Delgue, mon grand oncle et parrain de mon père. Quand j’ai commencé la formation au séminaire de Toulouse, il m’a offert un bréviaire qui avait appartenu à mon grand oncle et que je garde précieusement.
Cet après-midi, le Père Londaïtzbéhère nous réunit dans cette chapelle Notre-Dame de Bétharram. Il vient de vivre son passage. Et sa mort nous touche tous et chacun car nous l’aimons pour ce qu’il est. Comment ne pas nous rappeler sa stature, sa voix, sa vie missionnaire en Chine et en Thaïlande, vie missionnaire marquée par une expulsion de Chine qui l’a affecté pour toute sa vie. Et tous les kilomètres parcourus dans ce Sud-Ouest avec sa mobylette bleue et sa soutane au vent. Sauveur, ou Xalbat, aimait le Christ à qui il a donné toute sa vie.
Les textes de la Parole de Dieu que nous venons d’écouter nous interrogent. Quelle est la fécondité d’une vie religieuse, d’une vie sacerdotale, en cette année sacerdotale et en ce lieu choisi par le diocèse comme lieu de pèlerinage ? Peut-on mesurer les fruits d’une vie donnée au Christ ? A quoi sert un religieux, un prêtre ? Est-ce en termes d’utilité que nous avons à évaluer la vie d’un Religieux-Prêtre ? La Parole de Dieu est là pour nous mettre au cœur même de ce qui fait notre être profond de religieux : le mystère du don total.
« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt il donne beaucoup de fruit ». Le grain doit mourir pour donner du fruit. Voilà la fécondité ! Mourir à soi pour se livrer au Christ. L’essentiel est de se laisser transformer par la Parole du Christ, cette Parole de Dieu qu’on ne peut enchaîner, qui n’arrête pas sa course, qui continue à être proclamée par tous les missionnaires, par tous les disciples du Christ à temps et à contre temps, à travers les épreuves que tout disciple du Christ peut rencontrer, à travers les limites humaines des messagers de l’Evangile. Sauveur a expérimenté jusque dans sa chair et dans son cœur la souffrance des messagers de la Parole de Dieu. Les messagers qui sont rejetés, mis au silence, renvoyés… Sauveur a toujours gardé foi au Christ, il a suivi le Christ jusqu’au bout. (...)
La fécondité d’une vie religieuse passe par cette configuration au Christ. Le Christ a-t-il été prophète dans son pays ? A-t-il été compris par ses compatriotes ? A-t-il été aimé par les siens ? Le Christ a livré sa vie pour le salut des hommes. Le Christ a toujours dit « Me voici, ô Père » ! (…)
La fécondité d’une vie religieuse se déploie dans la mesure où le cœur à cœur avec le Christ est vécu chaque jour dans la prière, le silence et la vie sacramentelle. (…) Sauveur nous a laissé le témoignage d’une grande fidélité à la prière pour être avec le Christ, pour servir le Christ. (…)
Comment ne pas garder espérance ? Nous sommes appelés à vivre avec le Christ : Si nous sommes morts avec Lui, avec Lui nous vivrons. Voilà le sommet de la fécondité ! Oui, le grain tombé en terre porte du fruit. Aussi, comment ne pas rendre grâce pour toute la vie de Sauveur ? Ce qu’il a semé porte du fruit. Ce qu’il a semé en Chine, en Thaïlande ou ici à Bétharram, porte et portera du fruit. En Thaïlande où la relève des missionnaires a été faite…

Homélie du P. Jean-Dominique Delgue,SCJ
Bétharram, 24 février 2010


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3. PREMIÈRES ÉPREUVES  (SUITE)

par
Joseph Séguinotte,SCJ

L’Écho de Bétharram
septembre-octobre 1944

Yang-Pi fut complètement mis à sac, et les deux Pères qui desservaient ce poste durent fuir dans la montagne. Trois mois seulement plus tard, le P. Palou put y rentrer. Un spectacle désolant l’y attendait : « À la chapelle, tout a été enlevé ; seuls restent accrochés au mur, au-dessus de l’autel, le cadre du Sacré-Cœur, celui de la Sainte Vierge et celui de saint Joseph. Le crucifix a disparu, l’autel a été complètement dépouillé, la porte du tabernacle défoncée ; sur le parquet, des lambeaux d’étoffe, restés des ornements qui ont été lacérés, déchirés. De l’école, plus rien. La résidence pillée. » Deux ans plus tard, le chef de ces bandits devenu colonel de l’armée régulière enleva le P. Pirmez qu’il garda prisonnier une dizaine de jours.
En 1927, un violent courant de xénophobie déferla sur la Chine entière ; deux Jésuites furent assassinés à Nankin. Devant ces menaces, les consuls étrangers conseillèrent à leurs compatriotes de se mettre à l’abri. Les pasteurs protestants obéirent aussitôt, mais les missionnaires catholiques préférèrent rester au danger, cette attitude, d’ailleurs, ne fit qu’augmenter la sympathie que les indigènes leur témoignaient.
Cette mention des protestants nous fait songer que nos Pères n’étaient pas les seuls à travailler dans ce champ d’apostolat. En 1935 un missionnaire écrivait : « Nous avons des rivaux très nombreux, beaucoup plus nombreux que nous et disposant de ressources infiniment supérieures : ce sont les protestants. » Et il ajoutait : « Nous ne sommes pas 20 pour 33 sous-préfectures, eux sont plusieurs par sous-préfecture » et il en citait une qui ne comptait pas moins de quatre pasteurs mariés et cinq demoiselles missionnaires.
Au début de 1931, le P. Etchart fit le voyage de la Birmanie pour s’entendre avec le Vicaire Apostolique de Mandalya au sujet de l’évangélisation d’une peuplade à cheval sur la frontière birmano-chinoise : les Shans ou Taïs. Dès l’année suivante, les Pères Trezzi, Lacoste et Darnaudéry partirent pour apprendre la langue de cette tribu. Mais entre-temps un deuil cruel avait frappé la jeune Misison : à son retour de Birmanie, en avril 1931, le P. Etchart avait été emporté, en 36 heures, par un mal foudroyant. Cet apôtre qui, avant de quitter la France pour la première fois avait dit : « Nous sommes la première vague d’assaut », tomba le premier sur la brèche, à 48 ans, et sa dernière parole : « Est-ce donc fini ?... » rappelle, à s’y méprendre, le « non recuso laborem » de l’apôtre des Gaules avec, en plus, une petite nuance d’acceptation généreuse, de résignation à la volonté de Dieu.
En novembre, Mgr Salotti annonçait la nomination du T.R.P. Magenties comme Supérieur de la  Mission : l’élu n’avait à son actif que trois ans de séjour en Chine. Sous son impulsion, le progrès continua : on fonda une école pour les catéchistes, un probatorium pour les futurs prêtres. Le P. Darnaudéry entreprit l’évangélisation d’une nouvelle tribu : les Katchins. Le P. Oxibar ouvrit dans le Sud un nouveau district qui, trois ans plus tard, devait donner de magnifiques résultats.

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