Nouvelles en Famille - 14 juin 2010
Sommaire
- Le mot du Père général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Grandir dans sa foi et dans sa vie
- Celle qui sauve des eaux (1)
- Session internationale pour les vux perpétuels
- 5 minutes avec le Père Mario Sosa
- Projet solidaire: Inde 2010
- In memoriam: P. Henri Nadal (1920-2010)
- In memoriam: P. Beñat Segure (1933-2010)
- Feuilleton: l'aventure de Bétharram en Chine (6)
![]() | format PDF |
Le mot du Père général

Le Cur sacerdotal de Jésus
Notre cher Pape Benoît XVI a centré lannée sacerdotale sur le Cur de Jésus, en citant le curé dArs : Le sacerdoce, cest lamour du cur de Jésus. Comme Religieux du Sacré Cur de Jésus, nous nous identifions à cette spiritualité. Notre père saint Michel Garicoïts sest plongé dans la contemplation du Cur du Verbe incarné, son obéissance amoureuse à la volonté du Père, qui lui demandait dêtre Fils et rien que Fils, et donc le doux frère de tout homme. En minspirant de le retraite prêchée au Pape par le cardinal Vanhoye en 2008 - Accueillons le Christ, notre Souverain Prêtre - je vous invite à pénétrer dans le Cur sacerdotal du Christ.
Le sacerdoce du Christ ne sidentifie pas aux activités rituelles extérieures, sacrifices et holocaustes, mais aux attitudes et décisions de son cur, depuis sa conception et tout au long dune vie dont il a fait une offrande, un acte de solidarité fraternelle : Aussi, en entrant dans le monde, le Christ dit, d'après le Psaume: « Tu n'as pas voulu de sacrifices ni d'offrandes, mais tu m'as fait un corps. Tu n'as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t'ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c'est bien de moi que parle l'Écriture. » (Hé 10,5-7; Ps 40,7-9). Mystère de l'Incarnation.
Le moment décisif est la Passion de Jésus. Jésus y est la victime du péché des hommes. Bien quinnocent, on le traita en coupable : pourchassé, trahi, vendu, renié, humilié, maltraité, condamné, flagellé, couvert de crachats, mis en croix
Cest le résultat dune humanité quil a assumée jusquau bout.
La réponse fidèle, par amour, dans lobéissance au Père et la compassion pour les hommes, exprime un changement radical qui mène à une Alliance nouvelle, un cur nouveau et un esprit nouveau. « Tout fut transformé de lintérieur, à partir du cur. Ce qui était extérieurement le plus opposé à lamour est devenu occasion dun amour plus grand, grâce à la générosité du cur de Jésus. On ne saurait imaginer denvironnement plus contraire aux progrès de lamour : injustice, cruauté, trahison ; cependant, tout ce qui soppose à lamour devient le lieu dun surcroît damour, dans un extraordinaire dépassement. Le secret de tout cela se trouve dans le Cur de Jésus, cest-à-dire dans lamour de Jésus. » (Card. Vanhoye)
Dire que ces souffrances étaient voulues par Dieu serait fausser la vérité. Un Père ne peut vouloir la tragédie vécue par Jésus pendant sa passion. Cest plutôt le Père, par amour du Fils, qui subit une souffrance injuste en souffrant avec lui. Mais, pour impressionnantes quelles soient, ce ne sont pas les souffrances extérieures qui nous ont rachetés. « Ce naurait été quun événement tragique et scandaleux. » (id.) Cest bien plutôt la décision filiale et fraternelle que Jésus prend dans son cur, parmi tant de souffrances, qui leur donne une valeur rédemptrice, en en faisant loccasion dun « amour extrême ».
La volonté du Père est tout autre. Elle consiste en ce quun homme enfin, dans ces situations tragiques, se laisse porter par lamour qui unit et non par la haine qui divise, ou la vengeance qui aggrave le mal davantage. En ce quen cette situation limite, le Fils continue dêtre obéissant : Père, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! (Lc 22,42) Et un frère compatissant et miséricordieux pour tout homme : Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu'ils font (Lc 23,34), au lieu dun rebelle, qui ne penserait quà lui et, poussé par la haine, chercherait à simposer et à gagner, en soumettant par la force ses persécuteurs. Il fallait rompre la spirale de la violence et de la vengeance, et apporter une réponse nouvelle, celle de lamour jusquau don de sa vie, inaugurant une nouvelle manière de vivre.
Nous sommes sauvés par lamour du Cur de Jésus : malgré les combats et les contradictions quil éprouve, rien ne saurait lempêcher de décider selon lamour reçu du Père de toute éternité, et avec « lamour vécu comme Fils de Dieu dans sa nature humaine, et avec les souffrances, les sentiments et les décisions des hommes » (id.).
La décision prise en son cur, par amour filial et fraternel, cest la première fois quun homme la prenait. Et dans cette situation tragique, un tel amour répondait à la volonté du Père de réconciliation, dunité et de communion. Personne jusqualors navait pu faire cette réponse : le désir dalliance, dunité et de communion en restait au stade des bonnes intentions, car aucun cur humain nétait capable de répondre en pensant au Père et aux autres, chacun le faisant en fonction de ses intérêts. Jésus, lui, répond en prenant le risque de tout perdre parce quil se fie à lamour du Père fidèle à ses promesses, et qui ne peut labandonner.
La médiation sacerdotale de lamour du Christ unit deux attitudes fondamentales : lobéissance filiale au Père et lhumilité, la miséricorde et la douceur fraternelles avec les hommes. Obéissance et solidarité avec les pécheurs plutôt que séparation et sévérité à leur égard. Participant, de par le baptême et lordre sacré, au sacerdoce de Jésus Christ, nous devons vivre le cur animé par ce même amour qui nous a rachetés : Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. (Jn 17,23)
Gaspar Fernandez,SCJ
Le Père Auguste Etchécopar écrit...
aux Religieux du Collège San José de Buenos Aires, 18 juin 1882
Je suis bien convaincu, chers Pères et chers Frères, que durant ce beau mois, vous lui faites sentir la reconnaissance et la sainte fierté que vous éprouvez de porter le nom de ce divin cur et dêtre les ministres de ses miséricordes. À la vue de cette blessure visible qui nous manifeste la blessure invisible de lamour, vous lui répéterez souvent : « Ô amour ! sans commencement et sans fin et sans mesure ! Mon faible amour dun jour soupire après vous et vous crie : Me voici ! Ecce venio ! »
Grandir dans sa foi et dans sa vie

Le 9 mai, Mgr Vincent Landel,SCJ, archevêque de Rabat, a été invité à Rome pour confirmer 36 jeunes du Lycée Chateaubriand à léglise Saint-Louis des Français. Son homélie, dont nous publions de larges extraits, peut être lumière pour les confirmands et pour les chrétiens... confirmés.
LEsprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. (Jean 14,26)
Peut-on recevoir plus beau cadeau de la part de lÉglise, de la part du Seigneur, que ces paroles que nous venons dentendre: « mon Père laimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurez auprès de lui » (Jn 14,23)! Sentendre dire que notre Père des cieux nous aimera ; combien de personnes voudraient entendre une telle parole damour et ne lentendront jamais
Sentendre dire que notre Père des cieux viendra chez nous (
) Peut-il y avoir quelque chose de plus beau que la personne aimée accepte de venir chez moi ! Vous voudriez que votre demeure soit si belle ! Sentendre dire « nous irons demeurez auprès de lui » ; non pas pour faire nimporte quoi, mais pour donner un sens plus plénier à votre vie ! Plusieurs dentre vous me lavez écrit dans vos lettres : être confirmé ce nest pas seulement pour être plus pratiquant, mais cest aussi pour se mettre au service de ses frères en humanité !
De telles paroles sont un magnifique cadeau que vous recevez, chers confirmands, (
) mais cest aussi un magnifique cadeau pour moi, archevêque de Rabat, qui veut pouvoir vous dire que ce Père des cieux naime pas seulement les quelques chrétiens que nous sommes, mais tous les hommes de bonne volonté, et en particulier les musulmans qui sont la quasi-totalité de mes diocésains. Lamour de Dieu est vraiment sans limites... Dieu aime tous ces musulmans et que de choses magnifiques je vis avec eux !
En recevant ce cadeau, je veux reprendre des paroles que vous mavez écrites dans vos lettres. Pratiquement, vous mavez tous dit que vous deviez devenir « adulte dans la foi » ; vous avez été baptisés enfants et vous prenez conscience que maintenant votre vie chrétienne, ce nest plus lhistoire de vos parents, mais votre histoire à vous, et même que vous aviez besoin des adultes pour vous accompagner ! Adulte dans la foi, cest très beau, mais vous ne le serez que si en même temps vous acceptez de devenir de plus en plus des adultes dans votre vie humaine ; vous allez acquérir des compétences par vos études, vous allez prendre des responsabilités, vous allez faire des choix dans votre vie
nest-ce pas le même type de démarche que vous devrez faire dans votre foi? Votre foi ne peut se contenter de la messe du dimanche: cest dans toute votre vie humaine, familiale, sociale, économique, politique que vous aurez à mettre votre coloration chrétienne. LEsprit que vous allez recevoir va vous apporter cette sagesse, cette force, cette intelligence, ce conseil, pour avancer en homme et femme chrétiens.
Vous mavez beaucoup parlé de doutes dans votre vie chrétienne ; il y a des moments où lon se pose des questions, et cest normal pour vous (
) comme pour moi . Avoir un doute, ce nest pas refuser de croire, cest essayer de mieux comprendre quelque chose qui aujourd'hui paraît obscur. Nayez pas peur de ces doutes, ils vous aideront à grandir dans votre foi. LEsprit Saint saura vous apporter la lumière dont vous aurez besoin.
Mais limportant nest pas de sinstaller dans le doute, mais dentendre le Christ nous dire « nayez pas peur», comme nous lon redit Jean-Paul II et Benoît XVI. Je nai pas de recettes à donner, mais lorsque vous êtes envahis pas le doute, nhésitez pas à prier, à contempler CELUI qui vous aime ; nhésitez pas à vous plonger dans la parole de Dieu avec dautres. (
) LÉvangile est un message qui devient lumière au jour le jour, surtout si nous acceptons de nous faire aider par dautres... nos aînés dans la foi, ne sont pas plus saints que nous, mais peuvent nous aider à nous poser les vraies questions qui nous ferons avancer.
Plusieurs dentre vous mavez parlé de lengagement ; cest vrai, un confirmé ne peut rester les bras croisés à regarder une Église et un monde qui se construisent. Il y a différents engagements à prendre : la catéchèse, le scoutisme, auprès des SDF, et bien dautres choses (
) Il y a aussi une aide humanitaire à vivre, mais ne le faites pas seulement en « humanitaires », faites-le en chrétien. Cette aide humanitaire nous dépasse, mais peut donner tellement de sens à nos vies...
Mgr Vincent Landel, SCJ
Notre-Dame des Miracles | Notre-Dame de Bétharram

Celle qui sauve des eaux (1)
Bien que distants dans le temps et dans lespace, deux sanctuaires ont en commun un fait similaire et émouvant: un ou une enfant sauvés de la mort par noyade. Premier volet: Notre-Dame des Miracles, Rome, il y a 485 ans...
Cest Rome, 20 juin 1525. Année jubilaire. Au bord du Tibre samoncellent les branchages rejetés par le fleuve en crue. En quête de bois de chauffage, une pauvre femme tenant par la main son petit enfant descend la berge, près du port de Ripetta, non loin de la place du Peuple.
Pendant que sa mère ramasse du bois, lenfant samuse sur la rive. Soudain, une vague lui fait perdre léquilibre et lentraîne dans la rivière. Réalisant que son enfant allait se noyer, la femme crie son désespoir ; en vain : il ny a personne alentour pour lui porter secours. Dinstinct, elle se retourne alors vers une antique arcade où se trouve représentée Marie et son fils Jésus. Elle la fixe de ses yeux remplis de larmes, et sécrie, éplorée : Bonne Mère, sauvez mon enfant !
Le gamin risquait dêtre emporté par un tourbillon quand lui apparut une femme au visage de lumière. La belle Dame tout de blanc vêtue lui tendit les bras, et tirant lenfant hors de leau, le déposa sur la rive où résonnaient encore les appels à laide de sa mère. Quand les gens accoururent enfin, ils constatèrent que lenfant était sain et sauf, et que la mystérieuse dame avait disparu. Mais lenfant raconta tout ce qui lui était arrivé, et sa mère indiqua limage de Marie quelle avait invoquée.
Comme une traînée de poudre, la nouvelle du miracle se répandit dans tout Rome. La dévotion populaire fit de lendroit un but de pèlerinage : des tas de gens sy rendaient chaque jour pour demander des grâces à la Madone apparue au bord du Tibre. Le pape Clément VII fit bâtir une chapelle pour protéger la fresque, et ce fut le début de la grande vénération pour Sainte Marie des Miracles. Mais voilà, le petit oratoire se trouvait dans une zone menacée par les caprices du Tibre.
En 1539 les Capucins se virent confier la garde de la chapelle, qui devint leur première résidence à Rome. Cependant ils se mirent bientôt en quête dun lieu plus salubre, à labri des inondations. Autre gardien de la Vierge des Miracles : saint Camille de Lellis. Ayant commencé son apostolat à lhôpital Saint-Jacques tout proche, cest dans cette même chapelle quil prit la soutane avec quatre compagnons et sy consacra au service des malades. Cétait le 8 septembre 1854, date de fondation des Ministres des malades, et la modeste chapelle devint naturellement le siège du nouvel ordre religieux.
Mais la proximité du Tibre naugurait rien de bon. Par décision du cardinal Salviati, la fresque originale fut détachée et transportée à léglise Saint-Jacques en cours de construction, ne laissant à loratoire quune copie sur toile de la Vierge à lEnfant. Or loin de se détourner vers Saint-Jacques, la dévotion des fidèles se poursuivait sur place; les prodiges se multipliaient, et la renommée de Notre-Dame des Miracles sétendait en dehors de la ville.
On déplaça ensuite limage à léglise Sainte-Ursule, elle méritait un écrin plus majestueux : on lui éleva un splendide sanctuaire qui prit précisément le nom de Sainte-Marie des Miracles. Jumelle architecturale de Sainte-Marie en Montesanto, elle avait dillustres concepteurs : Carlo Rainaldi, Carlo Fontana et Gian Lorenzo Bernini (Le Bernin). Le cardinal Castaldi inaugura solennellement le sanctuaire en 1679 ; depuis, le cadre à leffigie miraculeuse ne cesse de témoigner du flux de grâces découlant de la présence maternelle de Marie.
Giuseppina Sciascia
"Madre di Dio", juillet 1990
Session internationale pour les vux perpétuels

Du 24 avril au 21 mai dernier, jai vécu à la Maison Mère avec 8 "jeunes pousses" pleines de vigueur et de promesses pour le Bétharram de demain. Huit de plus parmi les "forces nouvelles", qui non seulement vont assumer lhéritage soigneusement conservé et affiné par les générations précédentes, mais apporter un nouveau style, un nouvel élan. Et ouvrir un chapitre de notre histoire qui, pour être nouveau, ne sinscrit pas moins dans la continuité du passé. Car ce passé, nos jeunes laiment et le respectent. Gustavo Agin,SCJ
Je les ai vu parler avec émotion de leur vocation, de leur modèles de religieux et de prêtres, de leur idéal de vie consacrée et communautaire. Je les ai vus se délecter des « lieux saints » du charisme (découverts dans la réalité et non plus en images). Ils ont joué dans la neige (une première pour la plupart). Jai constaté lempreinte laissée en eux par ces Pères et ces Frères tout donnés qui les ont accompagnés dans leur chemin de formation, Religieux de Bétharram ou dautres familles, masculines et féminines.
Jai apprécié louverture desprit, le sens du service et la disponibilité des Pères âgés et des plus jeunes, des communautés de la Maison Mère et dailleurs. Jen ai tiré profit pour ma vie spirituelle, quelque peu malmenée par le culte du travail, desséchée et assoiffée délixir bétharramite et à travers lui, sans le savoir, de lAmour de Dieu
Enfin, je lavoue, jai changé davis sur la nécessité de ma présence : pourquoi quitter une Région entière, avec ses problèmes et ses questions en suspens, pendant un mois ? - Pour être avec ces jeunes, pour les accompagner et boire avec eux à la source de notre charisme. À quelques semaines de distance, grâce à internet je revis ces instants partagés. Lémotion et lespérance ressurgissent, intacts.
Comme le Seigneur est bon avec nous, Bétharramites ! Pour bâtir le Royaume parmi les pauvres et les exclus, Il nous donne des petits frères choisis. Ils ont des visages nouveaux et de différentes couleurs. On nen méritait pas tant!...
5 minutes avec... le Père Daniel Mario Sosa
La fin de lannée du sacerdoce a vu converger à Rome en général, et via Brunetti en particulier, des prêtres du monde entier : ils ont répondu à lappel du Pape à se retrouver et à se renouveler dans le sacerdoce. Parmi eux, le P. Mario Sosa, Paraguayen de nationalité et Bétharramite par la profession, avec qui nous avons voulu faire plus ample connaissance.
Nef : Pouvez-vous nous parler de votre vocation de religieux-prêtre ?
- Ma vocation, comme toute vocation religieuse et sacerdotale, est un miracle de lamour personnel du Christ. Il nous fait participer gratuitement à sa vocation, à lappel de Dieu le Père. Il nous unit à son offrande généreuse : Tu nas voulu ni holocaustes ni sacrifices, alors voici, je viens pour accomplir ta volonté
(Psaume 39) Cest ainsi que dans les lointaines années 50, je suis entré au séminaire à linvitation dun ancien camarade décole, plus par curiosité que pour autre chose. Et curieusement, peu de temps après, cet ami qui avait été linstrument de mon premier contact avec la famille de Bétharram a quitté le séminaire.
Que vous inspire un regard sur votre parcours ?
- Du haut de mes 70 ans dâge, et en cette année du sacerdoce, je rends grâce à Dieu pour ma vocation. Je ne regrette pas davoir suivi ce chemin marqué par la Providence. Je me sens épanoui en tant que personne, en tant que chrétien et en tant que prêtre. Jai assumé des responsabilités en collège et en paroisse, jai vécu diverses expériences. Au bout du compte, jéprouve la joie et la satisfaction de celui qui a servi et qui sert avec amour et par amour.
Quel est votre ministère actuel ?
- Je suis revenu pour la deuxième fois à la communauté du Collège apostolique San José ; ma charge daumônier me permet de continuer à enrichir du charisme de Bétharram le travail éducatif, et de vivre pleinement ma vocation de religieux-prêtre.
Bétharram au Paraguay est fortement impliqué dans léducation. Quels enjeux y voyez-vous pour votre pays, pour lÉglise et pour la Congrégation ?
- Les prêtres de Bétharram sont arrivés au Paraguay en 1904, à la demande expresse de lévêque : il voulait quils soccupent de léducation des jeunes. Par là, il entendait faire contrepoids à lesprit laïciste et antichrétien qui régnait dans
lenseignement public. Actuellement, plus de 5000 élèves font leurs études dans les cinq collèges dirigés par Bétharram dans le pays. De cette manière, la Congrégation reste fidèle à la mission reçue de lautorité ecclésiastique il y a 106 ans. Léducation est lobjectif principal, mais pas unique, de notre présence au Paraguay.
Dans quelles circonstances vous êtes-vous intéressé aux mouvements sectaires ?
- Lorsque jétais curé du Sacré Cur de Ciudad del Este, dans les années 80, jai été confronté à ce problème. Je me sentais démuni face à lexpansion des sectes, et à la confusion religieuse quelles entretenaient dans ma paroisse. Jai eu alors la chance de rencontrer un vieux Père jésuite, qui avait une longue expérience en la matière. Avec ses conseils, jai pu mettre au point une catéchèse pour adultes simple et pratique, qui a été reprise dans les paroisses voisines. À mon retour dans la capitale, larchevêque dAsuncion ma nommé coordinateur de léquipe de promotion de la foi catholique dans son archidiocèse. Déjà, le document final de la conférence du CELAM à Saint-Domingue avait demandé dinstruire le peuple de la problématique sectaire.
Quattendez-vous de la rencontre internationale de prêtres qui vous a conduit à Rome ?
- Lannée du sacerdoce nous offre une magnifique occasion de renouveler notre engagement de religieux-prêtres de Bétharram. Cette initiative de lÉglise est dautant plus urgente dans la période de crise et de scandales quelle traverse. Par ailleurs, la nouvelle organisation de notre Congrégation en Régions et en Vicariats nous incite aussi à refonder notre vocation et notre vie religieuse, personnellement et en communauté.
Que diriez-vous à un jeune qui vous confierait son désir de consacrer sa vie au Seigneur ?
- Je lui dirais que les apôtres nont jamais regretté davoir été fidèles à leur vocation. Si ce jeune a reçu lappel, quil aille de lavant malgré les difficultés. Lobjectif est noble et bon, par conséquent : en avant toujours, comme dirait saint Michel Garicoïts !
Un mot de conclusion ?
- Au dos de la seule image dordination que jai conservée, on peut lire : « Prêtre par la grâce de Dieu ordination sacerdotale Père Mario Sosa Gamarra 10 décembre 1966 Asuncion, Paraguay ». Dieu ma choisi sans aucun mérite de ma part. Dans les limites dune existence humaine, il ma fait la grâce de massocier à la vocation de Jésus Christ lui-même. Je remercie aussi la Congrégation de Bétharram de mavoir permis de vivre ma vocation de religieux et de prêtre. Depuis Rome, la ville des saints et des martyrs, je voudrais faire parvenir ce même message à tous mes frères bétharramites : En avant, toujours en avant !
Acte de consécration des Prêtres au Cur immaculé de Marie (Benoît XVI)

Projet solidaire: Inde 2010
Le projet de notre mission en Inde sest concrétisé en septembre 1995 avec linauguration de Shobhana Shaakha, maison de formation des premiers jeunes indiens - certains, qui avaient frappé à la porte de Bétharram des années auparavant, étaient hébergés jusqualors par dautres religieux.
Bétharram en Inde aujourdhui, cest un poignée de religieux-prêtres et un groupe plus étoffé de séminaristes Grâce aux nouvelles publiées sur betharram.net, leurs visages et leurs activités nous sont relativement familiers.
« LInde est un creuset de religions
Malgré ses richesses culturelles et religieuses, lInde daujourdhui est blessée, elle a besoin dune libération intérieure. » Voilà ce quécrivait dans le numéro 22 de la NEF (2007) le P. Biju Alappat, actuel Supérieur du Vicariat dInde, avec cette insistance : la mission de Bétharram consiste à « révéler la justice et la compassion de Dieu envers les petits et les malheureux, à travers loption pour les pauvres, la simplicité de vie, une forte expérience de Dieu, la sainteté personnelle et la vie fraternelle. » Tout un programme. Mais où en est-on, trois ans après ?
Les Bétharramites indiens sont investis dans deux maisons de formation, une paroisse qui leur a été confiée, et une série de projets missionnaires diversifiés (à Bidar, au sud de lInde, et dans des diocèses du nord-est).
À Shobhana Shaakha, notre maison de Bangalore, se trouvent les novices de la Région Bienheureuse Mariam (Indiens et Thaïlandais) et de jeunes aspirants. La résidence de Mangalore en revanche accueille les étudiants en théologie, en philosophies et en écoles supérieures (en vue dobtenir un diplôme dÉtat).
Une nouvelle communauté vient tout juste douvrir dans le diocèse de Bangalore pour animer une paroisse des faubourgs. Trois jeunes prêtres et deux jeunes en formation font des expériences pastorales au nord-est du pays (États dArunchal Pradesh et dAssam) sous la houlette des Missionnaires de saint François de Sales. En mai dernier à Bétharram, lors de la session de préparation aux vux perpétuels, jai pu constater avec quel enthousiasme ils revenaient de leur stage : sans rien cacher des difficultés, tous soulignaient la richesse dune telle expérience pour leur vie spirituelle, et la possibilité dun nouveau champ missionnaire pour Bétharram là-bas. Au mois de mai, le nombre de nos prêtres indiens a augmenté notablement : les dernières ordinations lont fait passer de 6 à 9.
Cette année, toute la Congrégation est invitée à encourager les frères engagés dans la mission dévangélisation en Inde. Laissons le mot de la fin au P. Biju Alappat : « Dieu ne nous demande pas de réussir. Il nous demande simplement dessayer en prenant chaque jour comme il vient. Notre Père du Ciel sait nos besoins, il veille sur nos faits et gestes, il nous bénit en abondance. Il ne s'arrête pas à nos limites et nous montre le chemin, doucement mais fermement. Faisons tout pour ne pas faillir dans limitation du Christ, approché et contemplé en ceux que nous rencontrons. »
Sachons soutenir les efforts des Bétharramites indiens par la prière, laide morale et matérielle !
Luc-Martial Kouadio,SCJ
In memoriam | France: P. HENRI NADAL, SCJ
Bayonne, 22 mai 1920 | Bétharram, 12 mai 2010
Qui était le Père Henri Nadal ? - I1 naît 1e 22 mai 1920, à Bayonne, dans une famille de militaires, une famille de 11enfants, profondément chrétienne : 1e 24 mai, i1 est baptisé à léglise de Saint-Pierre-d'Irube.
En 1930, i1 entre au col1ège Notre-Dame de Bétharram.En 1937, il fait 1e noviciat à Balarin, dans 1e Gers, et part ensuite en Terre Sainte en 1938 : i1fait sa profession perpétuelle 1e lundi de Pâques, à Emmaüs en 1942.
Il est ordonné prêtre 1e 20 février !944, au Carmel de Bethléem. Il rentre en France en 1946, après avoir accompli le temps du service militaire en Syrie, dans un collège tenu par les Frères des Ecoles Chrétiennes.
Arrivé en France, il lui faut vivre une série rapide de changements au service de l'éducation : à lEcole Apostolique ; au collège de Saint-Affrique, en Aveyron ; à lEcole Ozanam à Limoges.
En I952, le P. Henri arrive à lUnion des uvres, rue de Fleurus, à Paris. Il y restera jusqu'en 1968, où il devient responsable de la communauté de 1'aumônerie de Notre-Dame du Refuge chez les Servantes de Marie, à Anglet.
Son activité apostolique durant ces années est difficile à suivre à travers la France : il participe à des Congrès, des Semaines Sociales ; il anime des Retraites et des Récollections pour des Prêtres, des Religieux et des Religieuses
ce qui ne lempêche pas de partager les nombreux événements joyeux et les deuils de sa nombreuse famille.
En I976, il retrouve le Collège Ozanam et le Diocèse de Limoges : dabord comme curé de la paroisse de Saint-Léonard-de-Noblat, jusquen 1995 ; ensuite au service du Diocèse
Ses dernières années dactivité, il les vivra à Pibrac, et ensuite à la communauté du Sanctuaire de Bétharram.
Ce long parcours révèle un prêtre ouvert à tous, donnant sa pleine mesure dans la formation et laccompagnement spirituel.
Il a vécu le « Me voici » du Sacré-Cur de Jésus en vrai disciples de saint Michel Garicoïts. Sa demande d'exercer un ministère sacerdotal jusquaux derniers mois de sa vie révè1e aussi sa disponibilité nourrie dans le silence, la lecture de la Parole de Dieu et aussi dauteurs spirituels, en particulier du P. Varillon qu'il savait proposer aux autres : i1 savait partager ses découvertes.
Jai vécu 8 ans avec lui chez 1es Servantes de Marie : je puis témoigner que si la communication n'était pas envahissante, la communion fraternelle était authentique et profonde : sa fidélité était un soutien pour beaucoup de personnes rencontrées tout au long de sa vie.
Durant les derniers jours de maladie, il est passé de 1a confiance filia1e à lAbandon total au Père, partageant les paroles du Christ : « En tes mains, Père, je remets mon esprit. »
Gaston Gabaix-Hialé,SCJ
In memoriam | France: P. BEÑAT SEGURE, SCJ
Itxassou, 25 mai 1933 | Bétharram, 31 mai 2010
Le Père Beñat Segure naît à Itxassou le 25 mai 1933, dans une famille de trois enfants. Il fait ses études secondaires au Collège Notre-Dame de Bétharram et le Noviciat à Pau : il sengage au service du Christ par la Profession religieuse en 1953. Les études de philosophie et de théologie sont interrompues par 26 mois de service militaire : 4 mois en Allemagne et 22 mois en Algérie : cette longue expérience le marque et confirme son audace et son courage...
Il termine ensuite sa formation pour 1e sacerdoce et il est ordonné prêtre le 29 juin 1967, à Bordeaux. En vrai fils de saint Michel Garicoits, il part en Afrique, suit une formation pastorale en Haute-Volta (lactuel Burkina Fasso), avant de rejoindre la Côte dlvoire, dabord à Ferkessedougou puis à Katiola jusqu'en 1971.
Il revient en Europe terminer une licence despagnol. Pendant cette période, en tant quaumônier du collège Ozanam à Limoges, il soutient le lancement du Mouvement Eucharistique des Jeunes. Avec sa fougue et son charisme de sportif, il devient une figure de proue pour de nombreux élèves. Par la suite, il repart en Afrique où il est nommé directeur du Collège-Séminaire de Katiola.
De 1979 à 1984, il assure la direction du Collège Notre-Dame de Bétharram, puis de 1983 à 1990 celle du Centre Etchécopar de Saint-Palais. Il repart en Côte d'Ivoire jusquen 1994,malgré un accident cardiaque.
De 1994 à 2002, il rejoint la communauté des aumôniers des Servantes de Marie à Anglet. Homme du grand large, il appréciera la proximité de locéan...
Il arrive à la Maison de Retraite à Bétharram en 2003 après un séjour de quelques mois en Amérique latine. Dès son arrivée, le P. Beñat va soutenir la chorale de Montaut avec générosité et enthousiasme. Il recevait le programme des chants le lundi et le travaillait avec assiduité tout au long de la semaine ; il a laissé de nombreux cahiers où il notait laccompagnement des chants.
Tous les vendredis, régulièrement et avant lheure, il était à léglise de Montaut pour la répétition des chants. Le samedi ou le dimanche, cest lui qui accueillait les paroissiens de son bonjour éclatant, sa main généreusement tendue.
À loccasion des fêtes et anniversaires des membres de la chorale, il apportait sa gaité communicative, et de sa voix claire et forte il poussait le puissant irrintzina* qui résonnait bien au-delà des murs du presbytère.
La veille de ses obsèques, le groupe de la chorale au complet est venu dire sa reconnaissance à Beñat. Le jour même, tous étaient là pour lui dire quils comptent sur son soutien pour les aider à persévérer dans ce beau service de la communauté chrétienne.
Homme de relation, fidèle au pays Basque, il a été aumônier des Basques de Pau « Lagunt eta maïta » (Aide et aime ! en basque) pendant 10 ans; et depuis 2007,i1 était aussi aumônier de la confrérie de la Cerise dItxassou...
Homme de relation, Beñat se prêtait volontiers à laccueil des pèlerins à lappel du responsable du sanctuaire et il était heureux de leur en faire découvrir la beauté.
Homme de relation, il savait aussi être proche des personnes handicapées à la Maison de Retraite... Il ne craignait pas la mort, il avait préparé la célébration de ses obsèques : il est resté vivant au milieu de nous jusquà son départ vers le Père le 31 mai, fête de la Visitation de Marie.
Gaston Gabaix-Hialé,SCJ
![]() | 4. NOS MISSIONS PENDANT LA GUERREpar |
Suite de la lettre du P. Trezzi : « Je crois les confrères dici de taille à supporter [les privations actuelles] et un peu plus. Nous avons encore un peu de riz : nos chrétiens, eux, nen ont plus : il y a longtemps quils ont fini de racler le fond de leur provision
Chaque jour un ou autre dentre eux vient de mapporter quelques tomates sauvages ou quelques herbes de la forêt pour avoir un peu de riz, non pas pour lui, mais pour les petits qui ne savent pas encore ce que cest que la guerre et pourquoi il ny a pas de riz dans la marmite. Je vais alors au grenier, je ferme les yeux et tâche de puiser à la surface pour ne pas sentir le fond et je donne, en me disant quil reste certainement encore beaucoup de riz dans le panier. »
Le P. Etchaïde mécrivait de son côté : « Nous ne sommes pas dans labondance, cest certain ; mais qui dentre nous oserait prétendre à un régime meilleur ? » Un régime meilleur ? Sans se montrer exigeants, ils auraient pu souhaiter une amélioration, eux qui bien souvent navaient que quelques herbes pour assaisonner leur riz, quils prenaient dailleurs avec une parcimonie extrême pour le faire durer plus longtemps. Le P. Etchaïde pourrait même vous dire quun jour il na eu rien à manger. Ils étaient aussi obligés despacer leurs visites entre eux, pour se confesser, car ils navaient plus de chaussures et les chemins sont rudes dans la région.
Le P. Oxibar mécrivait : « Chaque jour je me sens plus heureux que la veille. » Grâce à laide des Américains, jai pu les ravitailler un peu. Néanmoins leur situation nest pas bien brillante. Et comme jexprimais un jour mon regret de navoir pu faire plus : « Ne vous inquiétez pas, me dit le P. Etchaïde, tant quil y aura une racine sur nos montagnes
», quand ce nétaient pas les feuilles darbres, dont les habitants se servent pour nourrir leur porcs. Ces Pères sont, en vérité, des vaillants, des héros, des « Garicoïts vivants. »
La situation de leur chrétienté les angoisse beaucoup plus que leur situation matérielle. Ils logent cependant dans des paillottes qui ne les préservent pas des intempéries. Heureusement, il pleut surtout dans la saison chaude et la pluie, même la nuit, est plus facile à supporter. Leurs chapelles, au nombre dune trentaine, tombent en ruines. Néanmoins, ce qui les peine le plus cest de ne pouvoir activer linstruction de tant de chrétiens, de laisser des milliers de catéchumènes sans pouvoir leur fournir des catéchistes pour les amener jusquau baptême.
Dailleurs, ces souffrances, tous les Pères les partagent dans leurs districts. Et maintenant que nous pouvons compter sur les secours venus de France, nous commençons à reprendre nos uvres. Dans quelques jours, nous aurons quelques petits que nous allons diriger vers le Séminaire. Le P. Lacoste a rouvert deux écoles. Les PP. Trezzi et Oxibar nattendant quun signal et quelques secours pour rouvrir les leurs. Le P. Pirmez fait des démarches dans le même but. (
) Les Surs vont, sous peu, reprendre leur uvre du Pao-Shan ; déjà à Tali, elles développent leur orphelinat. Cest un vrai printemps après les froids de lhiver. Il suffit dune pluie bienfaisante pour faire regermer les plantes qui paraissent mortes. Nous espérons quil en sera ainsi pour nos uvres de la mission de Tali.
Actions sur le document