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01/05/2010

Nouvelles en Famille - 14 octobre 2010

Nouvelles en Famille - 14 octobre 2010

Sommaire

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Le mot du Père général

Vietnam, 08/09/2010

La double loi d'amour et d'obéissance

Dieu, de qui procède tout bien, demande des instruments dépouillés de tout, surtout d’eux-mêmes, entièrement abandonnés dans leur cœur à l’action du Saint-Esprit, à la loi d’amour et de charité qu’il a coutume d’y graver et à la grande loi de l’obéissance, à l’exemple de Notre-Seigneur, sous ces deux rapports: L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’Il m’a consacré par l’onction. (Lc 4,18); il s’est anéanti et rendu obéissant jusqu’à la mort de la croix, ce que résume ce seul mot: Me voici! (DS 45).

S’il paraît juridique, le langage de saint Michel Garicoïts exprime en réalité le style de vie du religieux du Sacré Cœur, qui est fait de cohérence entre l’intériorité, le cœur - là où l’Esprit instille la charité, qui est le moteur de toute chose – et la dimension extérieure, la conduite - imitation de Jésus, le Fils bien-aimé, obéissant en tout au Père, cherchant en tout à lui plaire.
La dynamique de l’Incarnation suppose de renoncer à son rang, de risquer sa vie, au lieu de la protéger, pour pouvoir la gagner. C’est la dynamique du grain de blé tombé en terre qui meurt pour porter du fruit ; la dynamique du Bon Samaritain qui s’approche du blessé au bord du chemin, pour le consoler et soulager sa douleur ; la dynamique de Jésus qui se penche vers ses amis et se met à genoux pour leur laver les pieds ; la dynamique de Gethsémani et de la croix où Jésus accepte l’échec de ses projets personnels pour que se réalise le projet de salut du Père ; la dynamique pascale et eucharistique du pain rompu, du vin béni, du corps livré et du sang versé.
L’amour est la force intérieure, le secret ressort qui pousse des hommes et des femmes à donner leur vie, comme Jésus, afin de porter du fruit, et un fruit qui demeure dans un surcroît de vie pour leurs frères. L’amour a des expressions multiples, comme les situations humaines où il se manifeste : service, engagement, don de soi, obéissance, respect, compassion… ce sont les œuvres de miséricorde.
Dans la charité, saint Paul distingue aussi la force intérieure et les œuvres où elle se manifeste, qui peuvent procéder d’autres motifs que l’amour. J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil… (1Cor.13, 1-3ss)
L’obéissance, caractéristique des Prêtres du Sacré Cœur, est une dimension externe de cet amour, une manière d’agir qui le manifeste. Sans amour, l’obéissance est dépendance immature. J’aurais beau obéir, et observer toutes les règles, si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien… Comme le Père de bonté m’a aimé en donnant son Fils chéri, lequel a livré sa vie pour que j’ai une vie meilleure, à mon tour, à l’imitation de mon frère et Maître Jésus, je lui remets tout ce que j’ai et tout ce que je suis : Prends, Seigneur, ma liberté entière. Voici ma mémoire, mon intelligence, toute ma volonté. Tout ce que je suis, tout ce que je possède, tu me l’as donné; je te le rends sans rien me réserver, disposes-en selon ton bon plaisir. Donne-moi seulement ton amour et ta grâce; j’en serai assez riche et je ne désire rien d’autre. (St Ignace de Loyola)
Il s’agit de vivre sans projets propres. Par le vœu d’obéissance, je suis toujours prêt à collaborer aux projets de la Congrégation pour prendre part à la mission de l’Église. Il peut arriver parfois que je sois tenté de m'approprier le projet que m’a confié la Congrégation : sans m’en rendre compte, je me suis lié à ce projet au point d’en devenir dépendant; je me retrouve donc dans une situation de conflit entre le projet qui m’absorbe et mon exigence de liberté totale que j’ai perdue. La Congrégation, qui comptait sur mon obéissance et sur ma disponibilité, ne peut remplir l’engagement pris envers l’Église. La mission se réduit au dernier emploi auquel j’ai été affecté, je m’y sens bien désormais, et je refuse de le quitter.  Dans ma vie, tout est à l’envers : je m’étais engagé à vivre pour Jésus et le Royaume, et voilà que je centre tout sur ma personne.
L’obéissance, comme œuvre extérieure d’un amour compris comme renoncement à soi et dévouement à Dieu et aux autres, se fonde sur des moyens externes et objectifs qui me libèrent d’un amour désincarné, me permettent de concrétiser mon offrande et me garde de trompeuses illusions. Ces moyens externes sont la Règle de Vie, le projet communautaire vécu dans la simplicité - le P. Etchécopar parle de « la vie communautaire pauvre, humble, crucifiée et exprimée dans la Règle » - et la voix de nos supérieurs, qui sont les garants de la fidélité aux engagements de la Congrégation envers les Églises locales, les projets de Congrégation et les capacités de chacun à servir dans des domaines spécifiques où se manifestent la vie et la mission de la Congrégation, laquelle participe à la vie et de la mission de l’Église.
L’amour et l’obéissance ne sont possibles que si l’on accepte de se perdre et de mourir, comme le grain de blé, comme Jésus, parce qu’on a confiance en Dieu, Père bon et fidèle, qui tient ses promesses et va jusqu’à ressusciter les morts. C’est ce que confirme la résurrection de Jésus de Nazareth, le Messie crucifié.

Gaspar Fernandez,SCJ


nef-etchecopar.jpgLe Père Auguste Etchécopar écrit...
à son frère Maxime, 19 décembre 1886

J’ai fait une petite pointe à St-Palais, en octobre dernier ; je n’y avais pas été depuis assez longtemps… Ma visite a duré un jour et deux nuits. Deux fois, à la tombée du soleil, nous sommes allés au cimetière, Madeleine et moi, prier sur la tombe de nos parents bien-aimés et de nos anciens maîtres du Collège ; puis, seul, avec le frère convers qui m’accompagnait, je suis allé près du Collège, à côté des platanes, toujours debout à l’entrée et qui me rappelaient tant de souvenirs. J’eusse voulu surtout visiter la chapelle, où, en 1841, j’eus le bonheur de faire ma Première Communion ; je n’ai pas osé pénétrer : j’aurais dû appeler l’Instituteur primaire qui habite le Collège avec sa femme ; et je voulais passer inaperçu.
Voilà, cher frère, ce qui reste de ces premières années qui font encore et qui seront toujours le charme de notre âme et comme le port des agitations de la vie, surtout pour nous, dont chacun de nos jours, à la maison et au Collège, fut marqué par le doigt de Dieu et les caresses de son amour.
Autrement, tout passe, et le temps nous emporte vers l’éternité…
Mais Dieu soit béni de ces étapes, où l’on se réconforte, pour continuer mieux sa course et chanter plus allégrement au souvenir de tant de bienfaits : Magnificat anima mea Dominum.


Histoire

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Bétharram: Notre Dame du Calvaire (2)

Suite et fin de l’enquête historique du Père Beñat Oyhénart,SCJ sur le chemin de croix de Bétharram.

La rage de la Révolution passe par là : le 17 mars 1794, le citoyen Monestier, envoyé de Robespierre, et ses hommes veulent détruire Bétharram ; empêchés par la foule des Lestellois, ils ne peuvent que fermer le sanctuaire marial, sans le démolir ; ils se vengent et anéantissent le Calvaire. Seule a été préservée la statue en bois du Christ de la flagellation, le « Christ à la colonne » que nous admirons au fond de la dévote chapelle.
La tourmente passée, vite après le Concordat de 1801, poussé par la piété populaire, le Père Joseph, capucin, relève le Calvaire : il lui donne dix stations, que précède une représentation de la Cène*. Il agit avec plus de zèle que de goût ! Le premier but du pieux religieux est souvent dépassé : le pèlerin, au lieu d’être impressionné par le réalisme des représentations, prend peur ! Seules quelques peintures de Butay** échappent à la condamnation générale.
Quand l’unanimité se fait contre une telle œuvre et que, pourtant, la foule des fidèles accourt sans discontinuer, il ne reste qu’à reconstruire ! Alors intervient l’abbé de Salinis***, prêtre réputé et directeur d’un collège célèbre, près de Paris ; il s’exclame : « En ma qualité de Béarnais, j’ai toujours été convaincu que les Pyrénées, c’est tout ce qu’il y a de plus beau au monde ; et ce qu’il y a, pour moi,  de plus beau dans les Pyrénées, c’est Bétharram. » Pour la fête de la Nativité de la Vierge, le dimanche 8 septembre 1839, il attire à Bétharram l’abbé Combalot, grand prédicateur bien connu dans les diocèses de France ; celui-ci, aussi ému par la piété populaire qu’offensé par la laideur des stations du Calvaire, également admiratif de la société de prêtres qui naît à Bétharram, promet : « Je veux vous envoyer un véritable artiste, un artiste chrétien. »
Ainsi, au printemps 1840, l’abbé Michel Garicoïts accueille-t-il Joseph-Alexandre Renoir ! Mgr Lacroix, l’évêque de Bayonne, estime cher le prix à payer ; mais il permet au supérieur de Bétharram de conclure l’affaire comme il l’entend. L’artiste se met de suite à l’œuvre et, peu à peu, apparaissent les bas-reliefs que nous connaissons :

  • novembre 1841 : « Jésus au Jardin des Oliviers » ;
  • début 1842 : « La trahison de Judas » ;
  • juillet 1842 : « Jésus devant Caïphe » ;
  • mars 1843 : « La flagellation » ;
  • août 1843 : « Le couronnement d’épines » ;
  • en 1844 : « La condamnation de Jésus par Pilate » et « Rencontre de Jésus et de sa sainte mère » ;
  • avril 1845 : « Jésus attaché à la croix ».

Le succès est grand dès le début : illustres visiteurs et généreux donateurs accourent, tout joyeux. Le journal local, Le Mémorial des Pyrénées, est très élogieux.
Le 17 juin 1845, coup de tonnerre dans le beau ciel de Pau : le P. Garicoïts annonce lui-même, par voie de presse, son regret de devoir renoncer momentanément à poursuivre l’œuvre : la chapelle du haut de la colline menace ruine ; sa reconstruction, en plus des dernières stations, voilà qui fait trop lourd pour la maigre bourse de Bétharram !
À regret, Renoir quitte donc les Pyrénées. Pour y revenir, pense-t-il. En attendant, il se doit, artiste, de visiter l’Italie, et, catholique, de prier à Rome. En s’éloignant, en 1845, il laisse à la chapelle ce qu’il estime son chef d’œuvre : la blanche statue de la Vierge mère tenant le divin Enfant sur ses genoux, le rameau sauveur esquissé sur le socle… Mais, malade, épuisé, le sculpteur s’éteint, à Paris, en mai 1854, pleuré par le Supérieur de Bétharram et ses compagnons.
En 1845, pourtant, le P. Garicoïts passe commande à Butay : deux tableaux « pour le haut du Calvaire ». Ensuite, l’état des finances et les besoins de la jeune congrégation imposent une suspension des travaux. Pour une vingtaine d’années.
Quatre ans après sa mort, les fils de Michel Garicoïts – le Père Jean Chirou, son successeur, en tête - reprennent l’ouvrage et le conduisent à son terme, à ce que nous connaissons aujourd’hui. De 1867 à 1873, en effet, de blanches chapelles s’élèvent vers le sommet de la colline : le P. Basilide Bourdenne, âgé de 25 ans, en est l’architecte ; le Fr. Joseph Pujo, le dessinateur ; ils sont aidés de Joseph Delcour, sculpteur-décorateur palois. Outre les bas-reliefs de Renoir, ces édifices abritent :

  • une statue en fonte pour la sixième station, celle de l’ « ecce homo » ;
  • un bas-relief de Pietro Luidoni, à la neuvième station, la rencontre de Jésus avec les femmes de Jérusalem ;
  • une toile collée sur bois, d’auteur inconnu, mais copie d’une œuvre de Daniel de Volterre, représentant Jésus descendu de la croix ; c’est la douzième station ;
  • un bas-relief sorti des ateliers Charron, de Poitiers, copie de la « mise au tombeau » de Raphaël ; quatorzième station.

La dixième station, le crucifiement, est reprise : à partir de 1867 les trois croix de bois reçoivent leurs personnages en fonte, et deux statues de marbre complètent l’ensemble. Ce groupe a plusieurs auteurs : Bouchardon pour le Christ ; Lequesne pour les deux larrons et saint Jean ; Huguenin pour Marie.
La Pietà de la treizième station, en marbre blanc de Carrare, est due au sculpteur Dumontet et à la générosité du marquis Armand-Mathieu d’Angosse et de sa femme, Marie-Henriette-Cécile de Lambert.
Reste la dernière station, celle qui a causé l’interruption des travaux en 1845, celle de la résurrection. Il a fallu la détruire et la rebâtir ! c’est chose faite en fin 1869 ; le Père Etchécopar s’exclame : « La chapelle de la Résurrection est un petit monument ; la façade est de toute beauté. Elle est l’œuvre d’un Jésuite, le P. Paillou ; le reste est dû à M. Basilide Bourdenne. » La statue du ressuscité, qui la domine, est l’œuvre de Fabisch, celui à qui on doit la statue de Notre-Dame à Lourdes. A l’intérieur, on retrouve une toile ancienne collée sur bois, copie d’un tableau de maître ; elle représente la résurrection, lumière jaillissant du tombeau, lumière qu’on ne peut éteindre, lumière qui réveille les endormis pour une vie d’amour sans fin !
Tout est en place pour l’inauguration officielle : le 14 septembre 1873, Mgr François Lacroix vient bénir solennellement le fruit de tant de labeurs.
Les premiers pèlerins de Massabielle ne connaissent que ce Calvaire : en train jusqu’à Montaut, c’est par milliers qu’ils accourent à la fin du XIXe siècle, avant que Lourdes ne construise son chemin de croix.
À nous, aujourd’hui, de tout faire pour être de fidèles héritiers !

Beñat Oyhénart,SCJ

* Cette Cène était adossée à la muraille, derrière la fontaine Saint-Roch actuelle.
** Jean-Baptiste Butay est né à Pau, dans une famille de peintres, le 10 décembre 1759. Camarade de jeunesse de Bernadotte, il reçoit son soutien lorsqu’il devient Roi de Suède. Butay meurt le 28 juin 1853.
*** Louis-Antoine de Salinis, né le 11 août 1798 à Morlaàs (Pyrénées-Atlantiques), mort le 30 janvier 1861. Prêtre en 1822, il fait alors partie du cercle des proches de l'abbé Félicité de Lamennais. Directeur du collège de Juilly dans les années 1830. Évêque d'Amiens en 1849, archevêque d'Auch en 1856.

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Témoignage

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La joie du serviteur

Le Fr. François Tohonon Cokou a été ordonné prêtre au Bénin, le 27 août dernier. Dans la perspective de son engagement, il avait écrit ce beau texte.

Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligences et de l’avoir révélé aux tout petits. Oui, Père, car tel a été ton bon plaisir. (Mt 11, 25-26).
Mon âme glorifie le Seigneur parce que ce grand Dieu, ce bon Père, me regarde... (DS 135)

Quelle grâce que de se sentir sans cesse aimé, choisi, appelé par le Seigneur lui-même, à devenir disciple. Je ne peux qu’avec saint Michel Garicoits rendre grâce au Seigneur pour tout le bien qu’il m’a fait !
Il ya bien des années que je chemine avec la congrégation pour découvrir un peu plus ce que Dieu veut pour moi. Je suis ravi de ce que j’y ai découvert et ce que je découvre encore. Ma formation et toutes les expériences communautaires et pastorales vécues m’ont aidé à m’abandonner à la providence (cf. D.S 67). Cette attitude m’a permis de me mettre à l’école du Saint de Bétharram, de rester à ses pieds pour me familiariser avec son charisme et sa spiritualité, de contempler le visage humano-divin de notre Seigneur. Entrevoir le projet de Dieu sur moi m’a aussi fait percevoir mes ombres et mes lumières, les points à travailler pour être plus disponible à son appel.
La suite du Christ, il est vrai, n’est pas sans exigences. Pourtant, c’est dans la foi et la confiance que j’ai décidé de m’engager sur ce chemin, car je suis habité par cette conviction : Dieu m’aime et il m’appelle à sa mission universelle. Je veux donc m’engager dans cette aventure amoureuse de foi et redire avec conviction : « Dieu tout ! Moi rien ! » (DS 75), « Tout pour vous plaire ô mon Dieu ! Toutes mes actions avec vous ! » Je le crois fermement : la volonté de Dieu ne me conduira jamais là où sa grâce ne peut me garder…
Depuis le 23 mars 2010, je suis diacre, appelé à rester en tenue de service. Diacre, serviteur et responsable du service de Dieu, devant mes frères, et grâce à l’action de l’Esprit Saint. Cette ordination a été pour moi une invitation à repartir du Christ, à renouveler non seulement pour un jour, mais pour toujours, mon Me Voici.
Bientôt je vais renouveler mon attachement au Christ Prêtre Éternel, à la suite de notre père saint Michel Garicoïts et dans la famille de Bétharram. Avec tous les religieux de Bétharram, je veux me dévouer à imiter Jesus anéanti et obéissant, en acceptant avec joie d’aller partout où la Congrégation m’envoie. Je veux être prêtre du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram, serviteur et témoin, serviteur et disciple du Christ Prêtre Éternel.
Conscient de l’amour de Dieu et de ma responsabilité dans le service, je m’efforce de corriger mes faiblesses pour mieux répondre à l’appel de Dieu et des hommes. Et par là, procurer aux autres le bonheur que j’éprouve moi-même. Cela passe d’abord par l’expérience de l’amour de Dieu dans la vie communautaire à Dabakala, car c’est lui qui fait « l’unité dans la perfection » (Col 3, 14). En Lui et par Lui, nous arrivons à répondre aux divers défis communautaires et pastoraux : nous consacrer tout entier à l’évangélisation ; œuvrer à la promotion humaine dans la mesure de nos capacités ; partager la mission confiée à Bétharram dans l’Église. Et cela, partout à travers le monde où le Christ a besoin d’être connu et aimé, partout où le pauvre n’est pas traité comme un homme, un enfant de Dieu.
Je suis sensible à la mission dans le domaine social, particulièrement auprès des plus démunis, enfants de la rue, orphelins du sida, malnutris... Le sacerdoce que je vais recevoir, je le vois comme la communion où personne ne vit pour soi, mais vit des autres et pour les autres devant Dieu. En cette année sacerdotale, je suis invité à faire de ma vie une diaconie concrète. Avec le Curé d’Ars, je comprends que la racine et le terme du service c’est l’amour : « le sacerdoce c’est l’amour du cœur de Jésus ».

François Tohonon Cokou,SCJ


PROJET SOLIDAIRE INDE 2010

Bangalore ou Mangalore...? Eh oui, les gens d’ailleurs ont souvent besoin de répéter ces deux noms pour ne pas les confondre. Oh juste le temps de faire une surgir une image, rappeler un souvenir ! Bangalore, à l’intérieur du pays, grand centre technologique, connu dans le monde entier pour sa précieuse main d’œuvre d’informaticiens. Mangalore ? Oh, mais oui bien sûr, la jolie maison des sœurs du Carmel apostolique et son jardin, au bord de l’océan indien, n’est-ce pas ?

Pour nous autres, Bétharramites, ces deux maisons sont tout simplement les foyers de 32 jeunes entre 18 et 30 ans, marchant doucement sur les pas de Jésus en compagnie d’un petit guide basque qu’ils apprennent à connaître. La spiritualité bétharramite transplantée en Inde a bien pris racine grâce à l’œuvre silencieuse des religieux qui prennent soin de ces jeunes - de près ou de loin - et grâce aux nombreux bienfaiteurs qui, par leur fidèle attachement, nous permettent d’assurer une formation humaine et intellectuelle digne de ce nom. À ce propos, saluons ici les amis de Bétharram en Angleterre.

Alors que le Vicariat d’Inde prépare scrupuleusement son terrain de mission ad gentes, la formation demeure son premier souci. Dans ce grand programme de promotion humaine, les jeunes apprennent aussi, avec leurs aînés, à affronter les aléas de la vie quotidienne. Alors qu’avant l’été, se posait le problème de remplacer pour environ 10 000 € la jeep de Maria Kripa (Mangalore), qui avait lâché après plus de 200 000 km,... alors qu’à Bangalore, on cherchait le moyen de résoudre les problèmes de transport pour conduire régulièrement les novices aux sessions inter-noviciat, et ce Bangalore ou Mangalore…? par l’éventuelle acquisition d’un véhicule (10 000 €)… voilà que le puits de Bangalore s’est tari.

C’est un coup dur. Il va falloir s’approvisionner au réseau de la ville dont les tarifs sont très onéreux,… à moins qu’on creuse un autre puits ? Il faudrait pour cela une manne de 250 000 roupies (soit environ 4 000 €). Le quotidien de la mission, c’est aussi gérer les imprévus et les soucis de tout foyer. Puisse un petit coup de pouce aider nos deux communautés à faire face au plus urgent !

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pour verser vos dons (déductibles des impôts) :
chèques à l’ordre de "au Cœur du monde",
Sanctuaires de Bétharram, place Saint-Michel Garicoïts 64800 Lestelle-Bétharram
> préciser: projet solidaire Inde 2010 <


1er chapitre de la région P. Etchécopar

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Une expérience de l'Esprit

Du 27 au 30 septembre 2010 s’est tenu à Passa Quatro le Chapitre de la Région Etchécopar, regroupant les vicariats d’Argentine-Uruguay, Brésil et Paraguay.
Réunis pour trois journées intenses de travail et de réflexion, les 30 participants au chapitre (29 membres et un invité, le P. Bruno Ierullo, conseiller général) ont affronté les thèmes suivants : examen de la situation de la région et des communautés; évaluation de l’application des résolutions des Chapitres précédents; étude des thèmes du Chapitre général, proposé par le Supérieur général; formulation de propositions concrètes pour le Chapitre général de 2011; élections des députés de la région à ce chapitre.
Pour aider la réflexion, le Supérieur régional a rappelé l’importance du document d’Aparecida, et produit des textes issus des conférences épiscopales des quatre pays concernés. Il a sélectionné en outre plusieurs messages du Supérieur général, tirés principalement de la NEF (bulletin officiel de la Congrégation).
L’enjeu était clair : selon les recommandations du P. Agín, il s’agissait d’être dociles aux inspirations de l’Esprit sans perdre de vue la fidélité créatrice à laquelle nous sommes appelés en tant que Bétharramites d’Amérique latine.
Voici les conclusions qu’en tire l’un des participants:

Sans exagérer, on peut dire que le premier chapitre de la Région Père Auguste Etchécopar a été pour tous un temps de grâce.
La situation géographique privilégiée de Passa Quatro a servi de cadre à cet événement qui a donné du tonus à notre Congrégation.
L’accueil fraternel du P. Jair et de sa communauté a donné le ton des belles expériences vécues au sud de l’État du Minas Gerais.
Dès le début il était évident que l’Esprit Saint animait et accompagnait notre groupe. L’intensité du travail fourni, la joie d’aborder les sujets, aussi importants que classiques, qui nous concernent, la profondeur, le sérieux et l’enthousiasme mis à les traiter, étaient autant de signes de la présence de Dieu parmi nous.
Et je ne manquerai pas de souligner les qualités humaines et religieuses du P. Gustavo, le Supérieur régional : avec tact et discernement, il a ouvert des chemins de dialogue et des espaces de communion.
De mon point de vue, ce Chapitre régional a été un véritable printemps pour notre présence féconde en Amérique latine. Je crois que s’est réalisé parmi nous ce que le cardinal Jean Daniélou (théologien au Concile Vatican II) souhaitait pour les temps nouveaux de l’Église : "Retour aux sources, contact avec la vie et dialogue avec la pensée culturelle contemporaine."

Carlos Escurra,SCJ


La béatification du Cardinal Newman

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Un événement inoubliable

Dimanche 19 Septembre 2010, Benoît XVI a déclaré Bienheureux John Henry Newman. Peu auparavant, sa visite d'État au Royaume-Uni avait suscité des sentiments très mitigés. Les catholiques britanniques craignaient un boycott populaire, suite au tollé mondial soulevé par le scandale de pédophilie de certains prêtres et aux soupçons d’étouffement de la part du Vatican. À l’arrivée, 55 000 personnes étaient rassemblées au Cofton Park de Birmingham, dont le cardinal Newman appréciait la beauté et la sérénité naturelle - il est d’ailleurs enterré à deux pas de là, à Rednal.
Le cardinal Newman est l'une des figures religieuses majeures des deux derniers siècles en Grande Bretagne. Sa conversion à 44 ans, de l'anglicanisme au catholicisme, a eu une grande répercussion dans l’histoire de l’Église d’Angleterre. Ses écrits ont fortement marqué et inspiré des générations. Aujourd’hui encore, les fidèles continuent de chanter des hymnes de sa composition, comme Guide-nous douce lumière, Louange au Très Saint dans les hauteurs… Aussitôt après sa mort, survenue en 1890, on a commencé à parler de John Henry Newman comme d’un saint.
Sa béatification, voulue par le pape Benoît XVI le dernier jour de sa visite d'État, a été vécue comme un événement exceptionnel pour les catholiques, mais aussi pour beaucoup de non-catholiques de ce pays. En ce qui me concerne, j’ai eu la chance de participer activement à la cérémonie. Servir le Pape à l’autel en tant que diacre m’a mis dans la joie intérieure ; ce fut un vrai bonheur. Pour moi, comme pour beaucoup de gens, ce sera l’un des événements inoubliables de ma vie. C’était comme un rêve devenu réalité, une expérience forte de prière et d’engagement. J’aurais volontiers passé plus de temps avec le Pape : catholique depuis toujours, le fait d’être proche du successeur de Pierre et de lui servir la Messe a fait de ce jour le plus beau de ma vie. Au terme d’une vibrante célébration, le Pape, ravi, a remercié les servants d’autel et le cérémoniaire de l’avoir assisté.
À mon avis, à cause de malentendus sur des faits antérieurs à son accession au pontificat, les gens se font une idée fausse de Benoît XVI. Mais après l’avoir rencontré et côtoyé, je l’ai perçu comme quelqu’un de doux et d’attachant. Quiconque lui a tendu la main pour serrer la sienne a éprouvé sa gentillesse. Aussi, je suis convaincu que sa mauvaise image va changer avec le temps. Pendant son séjour en Angleterre, le Pape a été une source d’inspiration pour beaucoup. Qu’il le reste dans les mois venir, voilà mon humble prière au Seigneur.

Wilfred Perepadan,SCJ

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5 minutes avec... le groupe de prière des Miracoli

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Tous les mardis en l’église Santa Maria dei Miracoli (Ste-Marie des Miracles), à Rome, Francesca, Claudio, Daniele et leurs amis se retrouvent pour prier ensemble. Nous leur avons posé quelques questions.

Nef : comment est né votre groupe ?
- Tout est parti de la rencontre d’un prêtre d’Isernia (sud de l’Italie), le P. Roberto Basilico. L’été 2004, après avoir participé à un camp d’évangélisation de la communauté L’Amandier, s’est éveillé en nous le désir prier chaque semaine ensemble. Au départ, nous étions une poignée : Claudio, Francesca, Giorgia, Diletta, Angela et Lea. Nous sommes allés voir notre curé de la périphérie de Rome, Mgr Adriano Furgoni, pour lui demander son accord. Il a mis à notre disposition la chapelle Saint-Ignace de Loyola à la Storta, le mardi soir. Au fil du temps, d’autres personnes se sont jointes au groupe ; quand nous avons atteint les 50 participants, la chapelle est devenue trop petite, et nous nous sommes retrouvés plus au large, toujours à la Storta, mais à la cathédrale des Saints Cœurs de Jésus et Marie. Après l’effondrement de la voûte de la cathédrale en novembre 2009, nous avons rencontré le P. Mario Giussani qui nous a accueillis, avec sa communauté, à l’église de la place du Peuple (piazza del popolo).

Quels sont les points forts de votre démarche?
- La Compagnie des amis de Jésus, Joseph et Marie s’inscrit dans le cadre spirituel du Mouvement charismatique catholique ; elle vit dans l’Église, Corps du Christ, en totale obéissance au Magistère ; elle reçoit la force de l’Esprit Saint ; elle tourne son cœur vers la figure maternelle de la Vierge Marie, Étoile de la nouvelle évangélisation ; enfin, elle reconnaît dans la prière la source de sa communion et l’énergie de l’évangélisation.
À travers cette expérience, nous avons compris l’importance de la vie sacramentelle : nous redécouvrons toujours plus la valeur du baptême, qui nous a fait entrer dans la famille de Dieu ; nous vivons la célébration eucharistique, source et sommet de notre vie chrétienne, qui nous aide à assumer les responsabilités liées au sacrement de la confirmation ; à travers le sacrement de la réconciliation, nous recevons l’Esprit Saint en nos cœurs comme un buisson ardent, une source intime de joie, celle de se sentir pardonner et de devenir instruments de pardon. De plus, en transmettant l’Amour de Dieu par le sacrement du mariage, notre famille devient une petite église, à    l’image et ressemblance de la Sainte Famille.
Tout cela a mûri et grandi grâce à l’expérience constante de la prière de louange, prière en commun vécue en Église, présidée par des prêtres et partagée avec les laïcs. Ainsi, la prière de louange renouvelle puissamment notre vie chrétienne, elle nous invite constamment à la conversion du cœur, elle est le feu qui nourrit notre « désir de renaître chaque jour de la Parole ».

Depuis que vous côtoyez des Bétharramites, qu’appréciez-vous en eux ?
- Conformément à l’intuition de Jean-Paul II, dans sa lettre apostolique Tertio millennio ineunte, la mission évangélisatrice à laquelle sont appelés tous les fidèles laïcs nous a poussés à vivre cette expérience, en exprimant notre foi et notre charisme au sein de l’Église.
Nous remercions le « Seigneur de l’Histoire », qui nous a donné de faire la connaissance du P. Mario Giussani ; en nous ouvrant les portes de l’église des Miracoli, il nous a acceptés avec délicatesse, respect et hospitalité paternelle. Ces qualités, nous les avons retrouvées au fil du temps chez tous les Pères de Bétharram. Ce que nous apprécions le plus, c’est la confiance qu’ils nous font pour accompagner avec eux - chacun selon son charisme et son ministère - d’autres frères et sœurs dans la foi.
Tous les prêtres de la communauté de Bétharram ont eu leur part dans le service du groupe de prière : le P. Enrico Frigerio pour les confessions et ses exhortations aux fidèles à participer aux sacrements ; le P. Angelo Riva pour ses précieux conseils ; le Père Général, le P. Gaspar Fernandez, pour son soutien moral et spirituel, son regard vigilant et attentif sur les personnes et sur les dynamiques du groupe ; le P. Mario, en tant que pasteur de notre communauté, qui prend soin avec grand amour de ses enfants et les accompagne sur le chemin à travers des formations à la Parole de Dieu, et par sa présence aux réunions de prière du mardi et aux récollections spirituelles du groupe.

En plus des réunions de prières, avez-vous d’autres projets ?
- Un projet se fait jour peu à peu à travers les rencontres, la prière continue et assidue : comme signe tangible de la charité en actes, créer un foyer « Saint Joseph ». Il s’agirait d’une structure d’accueil pour les enfants qui n’ont pas de famille ou en sont éloignés. Ce projet est porté spécialement par la famille responsable du groupe de prière ; elle s’y engagerait totalement comme permanents, tout en s’appuyant sur la collaboration d’autres membres de la communauté. D’ores et déjà, ceux-ci s’investissent dans la préparation et la mise au point du foyer.

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9. LE COMMUNISME ET LA MISSION DE TALI (décembre 1950-décembre 1951)

par
Arnaud Pucheu,SCJ

L’Écho de Bétharram
mars 1952

À Tali, le mouvement eût passé inaperçu, n’eût été l’intervention toute-puissante de la police. Celle-ci a tôt fait de découvrir parmi nos chrétiens deux individus passibles des tribunaux et de la prison. Le marché a été vite conclu : « Attaquez ces étrangers impérialistes et l’on vous laisse tranquilles ».
Le zèle des nouveaux convertis au patriotisme eut peu de succès ; les chrétiens se serraient autour de Mgr l’Évêque et suivaient docilement les directives de son catéchiste, sincèrement attaché à nous. « Il y a eu peu de martyrs en Chine jusqu’à présent ; il y en aura maintenant et j’en serai », telle est sa déclaration faite à l’un de nos jeunes missionnaires. Grâce à cette accalmie, nous avons pu célébrer dignement les grandes fêtes liturgiques : Pâques et l’Assomption ont eu leur « Pontifical » célébré au milieu de l’affluence et de l’enthousiasme des chrétiens. C’était un crépuscule.
Venue de l’émissaire gouvernemental – Les choses sans doute ne marchaient pas selon les vœux du gouvernement. Dans les premiers jours de septembre nous arrivait à Tali un émissaire du gouvernement, dûment formé aux méthodes communistes de noyautage et de désagrégation. Il opère dans les deux résidences des visites minutieuses ; il ne trouve comme suspect qu’un cahier d’élève, oublié au fond d’une caisse par un élève absent depuis deux ans. Mgr Lacoste doit, malgré ses récriminations, s’en porter responsable, car, lui est-il dit, « si on avait caché une bombe atomique dans la caisse, n’en serait-il pas responsable ? »
Défense est faite à Monseigneur de dire la messe le dimanche pour les chrétiens avant de faire les démarches requises. Il doit, tous les vendredis, présenter personnellement à la police la liste des chrétiens qui assisteront le dimanche à la messe, avec leur âge, leur situation sociale et leur domicile… La liste présentée le vendredi, la permission doit être demandée le samedi par Monseigneur en personne. Le dimanche arrivé, si quelqu’un manque ou est de trop dans l’assistance inscrite sur la liste, l’office ne peut avoir lieu. - Que faire ? Après avoir consulté les chrétiens et les avoir exhortés à la fidélité à leurs devoirs religieux, Monseigneur se décidait à accepter cette mesure ; mieux vaut assurer aux chrétiens jusqu’à la fin l’essentiel du culte. Cette mesure odieuse a eu le résultat attendu de provoquer la régularité aux offices : on n’a eu à omettre la messe qu’une fois ou deux pour cause d’absence…
La liberté des mouvements a été réduite aussi à sa plus simple expression : défense désormais aux Pères de circuler en ville en dehors de la rue qui unit la résidence des Pères à celle des Sœurs ; défense à Monseigneur de s’entretenir avec des chrétiens du dehors sans l’autorisation de la police.
À Pinkio la chapelle est envahie par des malandrins qui jettent à bas la Croix. À Pao-Shan défile dans la rue la procession des chrétiens progressistes : quatre ou cinq meneurs faisaient marcher au pas le reste des chrétiens, qui ne comprenaient rien à la manifestation.

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