Nouvelles en Famille - 14 mai 2010
Sommaire
- Le mot du Père général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Avec saint Michel Garicoïts: mon "me voici" quotidien
- Expressions d'un couple sur le charisme de saint Michel
- Chapitre général J - 365: variations sur une prière
- 5 minutes avec le Père Daniel Martín
- Le point sur le campus de Dabakala
- Un inoubliable pèlerinage de Pâques à Lourdes
- Feuilleton: l'aventure de Bétharram en Chine (5)
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Le mot du Père général

Le prêtre Michel Garicoïts
Je pense que tout Bétharramite sest senti honoré de voir Michel Garicoïts inscrit dans la liste des prêtres cités en exemple par le site internet de la Congrégation du Clergé, à loccasion de lAnnée sacerdotale voulue par Benoît XVI.
Saint Michel Garicoïts se sentait pleinement prêtre. Cétait son être même. Il signait ses lettres : Garicoïts, prêtre. Il exprimait son identité sacerdotale en ces termes : être homme, être chrétien,être prêtre, prêtre de Bétharram, supérieur de cette communauté. Être tout cela, être bien tout cela, vous comprenez que cela, cest tout pour moi !... tout le reste, vanité, malheur ! (Correspondance II, p. 28, lettre 194, n°3). Il a exercé son ministère et il est mort en prêtre du diocèse de Bayonne, car notre Congrégation ne fut reconnue par le Saint-Siège que douze ans après sa mort.
Sa vocation sest précisée peu à peu dans le silence et la solitude de ses activités de berger, à Oneix. De nombreux prêtres apparaissaient dans ses souvenirs, tels les persécutés, cachés dans la grange, que son père faisait passer en Espagne, de nuit, par des sentiers secrets à travers la montagne. Il entendit sa mère raconter comment elle avait dû se marier en Espagne, pour que son union ne soit pas célébrée par un prêtre infidèle au Pape. Ces souvenirs familiaux, la souffrance de ne pas être admis à la première communion avant quatorze ans, la consolation dOneix où il comprit tout lamour que Dieu lui portait, vont donner corps à sa vocation. À tel point quil pourra surmonter tous les obstacles jusquau jour où il sera ordonné à la cathédrale de Bayonne, le 20 décembre 1823.
Son premier poste fut vicaire à Cambo. Son curé, labbé Hardoy, était très malade. Garicoïts a dû assumer presque toute la charge pastorale de la paroisse. Il se dévoua sans compter à la prédication, à la confession, à la visite des malades et des exclus, et lança une confrérie du Sacré Cur de Jésus.
En 1825 Mgr dAstros, son évêque, le nomme professeur de philosophie et économe du Séminaire de Bétharram. Par son témoignage de vie et son dévouement aux élèves, il transforme le climat communautaire du Séminaire dont il devient supérieur, en 1831. Cette même année, lévêque commence à orienter les philosophes vers Bayonne, de sorte quen 1833 sont ordonnés les derniers théologiens restés à Bétharram. Supérieur de quatre murs, comme il se désignera lui-même, il se retrouve seul avec le P. Guimon (Correspondance I, lettre 10, p. 90).
Il passera le reste de sa vie à Bétharram, comme recteur du sanctuaire Notre-Dame et aumônier des Filles de la Croix dIgon. De nouveau, les longues plages de silence et de solitude favorisent une vie de prière intense, où il reçoit la grâce de fonder la Congrégation des Prêtres Auxiliaires du Sacré Cur. Dès lors, son ministère se résume essentiellement à la confession, à la direction spirituelle et à la formation, tant de ses propres religieux que des Filles de la Croix.
À lextérieur, la déchristianisation du peuple et la désobéissance du clergé impressionnent saint Michel Garicoïts: Si vous aviez vu, comme moi, des évêques pleurer ! Ces faits, confrontés à la Parole de Dieu dans la prière, le préparent intérieurement à une expérience mystique : la contemplation de Jésus, Prêtre éternel et Serviteur du Père, anéanti et obéissant, ne faisant rien par lui-même, agissant toujours par l'Esprit de Dieu, pour souffrir et faire tout ce qu'il voudrait. La grâce de cette contemplation le conduit à configurer sa vie à Jésus humble et obéissant, et à se faire témoin de son amour. Tel est le secret de saint Michel Garicoïts dans sa manière originale de vivre le sacerdoce.
Cette expérience, quil considère comme un charisme de lEsprit, il lélargit à dautres prêtres, qui se sont sentis portés à se dévouer, pour imiter Jésus anéanti et obéissant, et procurer aux autres le même bonheur (DS 40-41). Ainsi naît la Congrégation en octobre 1835.
Et le prêtre Michel Garicoïts saisit lessence de lÉvangile et prit au sérieux une obéissance calquée sur celle de Jésus. Il lui fallut donc en témoigner par toute sa vie. Il est mort sur la croix de lobéissance, tiraillé entre la conviction que le Dieu des petits lavait choisi pour fonder une famille religieuse qui vive les vux en communauté, et lopposition de lévêque, qui refusait de reconnaître son projet de Congrégation. Il sensuivit bien des difficultés, et une incertitude qui entraîna la défection de certains membres. Saint Michel est mort dans cette situation où, en obéissant à lévêque, il assistait à la lente désagrégation de sa Congrégation naissante ; comme Abraham, il était prêt à sacrifier son enfant, tout en étant persuadé que Dieu, qui avait voulu la Société des Prêtres de Bétharram, sarrangerait pour quelle survive.
Lobéissance au Père par amour est un trait fondamental de Jésus, le Verbe incarné. En conséquence, ce doit être la caractéristique de tout disciple de Jésus, de tout prêtre. Pour un Religieux du Sacré Cur, prêtre ou frère, ce qui doit nous caractériser, c'est l'esprit d'obéissance... Si l'obéissance manque, la raison d'être manque (DS 196-197, RV 60). Lobéissance ne soppose ni à la liberté ni aux droits de lhomme quand elle est vécue par amour, et consiste à ne rien faire par soi-même, mais toujours par l'Esprit de Dieu
pour souffrir et faire tout ce qu'il voudrait.(Cf. DS 40-41).
Gaspar Fernandez,SCJ
Le Père Auguste Etchécopar écrit...
au P. Jean Magendie, 5 mars 1896
Frère Athanase se remet de sa crise de catarrhe, non de la maladie des ans, ni de la gaieté toujours la même. Lautre jour, jallais le voir ; nous parlions des vieux temps ; et lui, sanimant par degrés : « Le Père Garicoïts ! quil était bon ! toujours prêt à rendre service, à se donner ! Combien il aimait les frères ! Il disait à lÉconome : vous avez leur direction, vous êtes mon ami, ayez donc des égards pour ces bons frères, ils font ce quils peuvent. Pour nous, pour les frères, il aurait passé et repassé le Gave cent fois. Un jour jallais vider la barrique des vidanges, il vient maider. Je lui dis : Retirez-vous ; vous allez gâter la soutane ; il me répond : Laisse-moi ; des soutanes, il nen manque pas ; du reste, je ferai attention ; et il faut engraisser ces terres si maigres de Sainte Marie. » Oh ! Quelle simplicité ravissante, nest-ce pas ? Quelle charité pour les frères, quel exemple dhumilité! Nest-ce pas limage de notre très doux Jésus, qui disait : « Je ne suis pas venu pour me faire servir, mais pour servir et pour donner ma vie » ?
Avec saint Michel Garicoïts: mon "me voici" quotidien

Le groupe des laïcs bétharramites de Limoges sest réuni le 19 avril autour du thème dannée : Dans notre vie d'aujourd'hui, à quels passages de la charte et des textes de saint Michel, nos engagements chrétiens trouvent-ils substance et raisons davancer malgré nos tempêtes intérieures? Voici comment le Fr. Alfred, le religieux-accompagnateur, a lancé la réflexion.
Dans un souci de partage, il me semble important de vous donner mon petit témoignage : quand je parcours les écrits de Saint Michel, plusieurs de ses conseils sont pour moi toujours dactualité. Servir Dieu en servant les personnes pauvres et simples. Cela me procure dimmenses joies indicibles !
Face à des obstacles comme le silence qui me gêne, la solitude qui m'oppresse, les désirs du corps de se donner à une partenaire, ceux de mon cur à aimer tout le monde sans en garder personne, je dois redire chaque matin « Me Voici » Seigneur !
Cest exigeant ce « Me Voici » quotidien ; il minvite à trouver ma paix et ma joie en Christ et rien quen Lui. Dans une prière fervente, à travers un examen de conscience de mes sentiments, il mincite à partager mes expériences en communauté, à examiner et obéir. Ma prière de tout temps est « Seigneur, je ne suis pas capable, je ne suis digne, peut-être même suis-je incapable et indigne ; mais une parole et je serai digne et capable. » (Lettre 46, Correspondance, tome 1)
Suivre fidèlement les uvres de Dieu sans les devancer
Confiance en Dieu
Marcher dignement selon la vocation et la mission
Être et se montrer toujours et en tout, humble, doux, patient
Supporter les caractères les plus difficiles avec charité, travailler avec un soin infini à conserver lunité dun même esprit par le lien de la paix... Faire luvre de la vérité dans la charité pour vivre et faire vivre les autres, une charité prudente comme le serpent et simple et aimable comme la colombe (Corresp. I, lettre 49)
Ce sont des paroles qui me dynamisent dans les moments de doute et dincertitude, la tentation du découragement, de démissionner pour autrement orienter ma vie
Je tire ma joie de chaque expérience pour comprendre ce à quoi mappelle le Christ : continuer de construire ma vie avec les religieux du Sacré Cur de Jésus !
Alfred Christian Nandjui, SCJ
Charisme de saint Michel Garicoïts: expressions d'un couple

"Être ce que lon est, être bien ce que lon est, chose importante,cest tout, tout le reste nest que vanité. Être homme, être chrétien... Être tout cela ; être bien cela." (Lettre n°3) "Restez bien en paix dans la position où Dieu vous a placée..."
Ces passages de saint Michel rejoignent pour moi, le ME VOICI. Si chaque jour, avec laide de Dieu, je cherche à vivre pleinement ma vie de femme (au travail, en famille et dans toutes mes activités) et ma vie de "serviteur aimé de Dieu", si je prends bien ma place, seulement ma place, peut-être jarriverai un peu à faire la Volonté de Celui qui maime. Ce nest pas si facile de prendre sa place tout simplement, sans peur, sans orgueil, avec courage... Cela demande de prendre du temps pour prier, pour réfléchir avec dautres (fraternité) et pour célébrer le Seigneur. (Mado Bleynie)
Comment la spiritualité de saint Michel Garicoïts imprègne ma vie de tous les jours ? "En Avant", cest la parole que je prononce, tous les matins, à 5h45, en me levant. Cette parole, elle me vient de saint Michel et de lélan quil a toujours voulu donner à tous les actes de sa vie.
Cest bien sûr dabord un acte volontariste que cet "En Avant", manière vivifiante de se lancer pour une journée de travail (ou de repos). La charte de la Fraternité "Me voici" nous invite à accueillir dans la foi les événements du quotidien, il faut pour cela démarrer du bon pied et ne pas se laisser "écraser" à lavance par les soucis, les imprévus, la souffrance côtoyée qui peut prendre de multiples formes. La vie dune famille nest pas un long fleuve tranquille pas plus que la vie dun médecin généraliste ou la vie en société. Dire "En Avant", cest réaffirmer que je veux être debout comme saint Michel Garicoïts a toujours voulu lêtre en bon prophète quil était.
Mais cet "En Avant" voudrait être bien plus quun simple acte volontariste : cest laspiration à se fondre dans lacte créateur de notre Dieu. Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous a fait cohéritiers de lacte créateur de son Père, non pas que la Création soit un acte inachevé que nos petites humanités devraient parachever, mais par une grâce divine par laquelle Dieu veut nous rendre amoureux de ce Monde et nous savons bien quun amour authentique peut transformer la vie. Il me semble que dans toute la vie de saint Michel Garicoïts il y a eu quelque chose de cet ordre là. La traduction la plus concrète a été ce désir de fondation dune Congrégation religieuse. Ce désir nétait pas une ambition pour une gloriole personnelle mais il était né dun discernement avec un Jésuite lui indiquant un chemin à suivre. Dès lors, quelle volonté au fond de son cur, quelle persévérance et quelle abnégation!
toujours dans la douceur et lhumilité
Mais comment "effleurer" un peu un tel comportement... Une seule solution sans doute, se fondre en charité (ou en Amour) dans tous les actes de notre vie. Tout ce que je peux faire na aucun sens si lAmour ny préside pas
Alors ça
pas facile ! À mon "En Avant" du matin, il ne me reste plus quà répondre: "Par Amour". (Philippe Bleynie)
Chapitre général J - 365 Bethléem, 14-31 mai 2011
Esprit Saint, fermentation incessante,
Maître intérieur, viens en nous.
Rassemble-nous en un seul corps, tourne-nous vers
Celui qui est notre Tête et notre Cur.
Il est le Verbe qui appelle à incarner, dans le monde et
lÉglise daujourdhui, son dévouement et sa douceur.
Il nous a choisis pour manifester, dans nos limites,
limmensité de sa tendresse et la beauté de la vérité.
À Bethléem où Il est né, tu nous rassembles pour relire ce que nous sommes et ce que nous faisons,
Tu veux raviver notre identité et notre ardeur apostolique.
Donne à toute notre famille le goût du bien ; donne-nous
la sagesse pour le discerner et la force de laccomplir.
Rends-nous docile à ta grâce, toujours la même et toujours nouvelle. Fais de nous de bons instruments entre les mains du Créateur, des témoins joyeux, miséricordieux, petits, constants, de Jésus Sauveur.
Apprends-nous à vivre sous la double loi que tu graves en nos curs : lamour pour nous unir au Seigneur en servant nos frères humains ; lobéissance pour nêtre quun et faire Sa volonté, de bon gré et dune âme volontaire.
Que la Règle soit notre huitième sacrement, signe et moyen de vivre ton bonheur et de le procurer aux autres.
Que nos communautés deviennent de plus en plus lieu de don et de pardon, foyer de communion, tremplin vers la mission, en vicariat, région, Congrégation.
Que nos misères mêmes nous rendent plus humbles, plus généreux, plus forts, en Jésus Christ et par Jésus Christ.
Que nous nayons quun mouvement et quune prière pour ce Chapitre, comme chaque jour de notre vie :
nous mettre sous ta conduite, entrer dans ton élan, dire sans cesse « Me Voici » à lécole de Notre Dame de Bétharram, de saint Michel Garicoïts notre père, de la Bienheureuse Mariam et du Père Auguste Etchécopar.
Amen. Fiat. Fiat.
5 minutes avec... le Père Daniel Ramon Martín

Rencontre avec le Père Daniel Ramón Martín, de la communauté dAdrogué, concepteur dune feuille spirituelle à lintention des laïcs bétharramites dArgentine.
Nef : Comment avez-vous connu la Congrégation ?
- Les Pères de Bétharram, Ángel et Luis Carraro, étaient amis de mon grand-père, ils venaient souvent à la maison, et cest ainsi que le P. Luis devint mon parrain de confirmation. Lui dont le visage gardait toujours un sourire accueillant a su où lancer lhameçon...
Comment est née votre vocation ?
- Cette question, habituelle chez les jeunes et les formateurs daujourdhui, fait sourire les gens de ma génération, car lépoque était tout autre. Lappel sest éveillé en moi en voyant se lever mon grand-père à 5 heures du matin pour sa méditation ; en le voyant travailler assidument dans diverses activités dapostolat paroissial (je vous parle de lannée 1947). Et puis, il y a eu limpact du service à lautel pendant toutes les années où jétais enfant de chur. Quand, à 10 ans, je franchissais le porche imposant de lapostolicat de Barracas, mon cur brûlait déjà dun ardent désir : être prêtre.
Dans votre ministère, quelle expérience vous a le plus marqué ?
- Dans ma vie mouvementée, au gré de divers ministères, mon souci constant a été daccompagner les jeunes, garçons et filles : les aider à faire lexpérience de la rencontre de Jésus, personnellement et en Église, à travers les sacrements de la réconciliation et de lEucharistie.
Comment est née lidée dune page de spiritualité sur internet ?
- La page dite de « spiritualité bétharramite » est entrée dans ladolescence : elle a 14 ans. Mais elle nest pas née sur la Toile. Pendant des années, on a distribué périodiquement près de 500 feuillets ronéotypés dans toutes nos uvres et mouvements, comme la Juventud Betharramita (Jeunesse bétharramite), la FALABE (Famille des laïcs bétharramites), parmi nous nos agents en pastorale éducative et paroissiale. À présent, chaque communauté la reçoit par courriel et en fait des photocopies. Le contenu ne varie pas : une page de spiritualité actuelle, son correspondant chez Saint Michel, une invitation à la prière sur la vie. En avant, toujours en avant !
Que suggérez-vous pour vivre plus en profondeur lesprit de notre Congrégation ?
- Comme nous y invitent nos Chapitres Généraux, la nouvelle Règle de Vie et les pistes dorientation du Supérieur général, arrêtons de nous bercer de mots. Imprégnons notre vie quotidienne des intuitions du charisme et de la spiritualité de notre père saint Michel. Nayons de cesse de les « actualiser ». Car on naime que ce quon connaît, on ne vit que de ce quon aime, on ne sidentifie quavec ce quon vit, on nannonce que ce à quoi on sidentifie.
Quels sont selon vous les points forts de la spiritualité bétharramite ?
- Guidé par saint Michel, on apprend de Jésus, Verbe anéanti et obéissant, à sabandonner à la volonté propre pour se laisser combler de la plénitude du Dieu-Amour - la loi intérieure de charité. Guidé par saint Michel, on est appelé à devenir kérygme, vivant témoignage de Dieu-Amour, à travers lÉvangile de liberté, puissance salvifique de Dieu offerte à tous les hommes.
En quoi cette spiritualité peut-elle rejoindre et nourrir la foi des fidèles laïcs aujourdhui ?
- Je reprendrai le document de Base de la Famille des laïcs bétharramites (1997). Ce qui est charismatique, comme élément intégrateur et moteur dans lÉglise, cest le lien à Jésus Christ, parole éternelle humanisée, dans le mystère du Dieu Amour, Un et Trine ; le lien à lÉglise, mystère de communion, et à sa mission ; le lien au monde, aux réalités temporelles et quotidiennes, comme levain dans la pâte ; le tout, avec une nuance et un cachet bétharramites : lintuition de saint Michel est justement davoir découvert lessentiel de la Révélation du Dieu-Amour dans la personne de Jésus, dans son style de vie (lÉvangile) et dans sa mission libératrice, ce Jésus de lÉvangile, anéanti et obéissant, adorateur du Père - me voici pour réaliser ton plan de salut -, serviteur des hommes me voici pour réaliser tes desseins de miséricorde et de libération -, en relation vitale à la communauté - lÉglise -, avec un ardent désir missionnaire : procurer aux autres le même bonheur (Manifeste).
Projet solidaire: Côte d'Ivoire 2009

Le point sur le campus de Dabakala
Lan dernier, dans le cadre du Projet solidaire 2009, la Congrégation était invitée au partage avec nos communautés de Côte dIvoire en général, et celle de Dabakala en particulier. Le P. Luc-Martial Kouadio, supérieur de notre communauté en pays djimini, fait le point des opérations.
Nous tenons à remercier tous les donateurs et bienfaiteurs de la Congrégation. Un merci particulier à ceux qui ont soutenu le projet du campus de Dabakala. Grâce à eux, ce qui restait à faire pour améliorer les conditions de vie des jeunes a considérablement avancé.
Les dons reçus (pour un total de 4.259.300 francs CFA, 6.500 euros) ont financé laménagement de 4 douches et de 4 toilettes, la construction dun nouvel appatam (abri pour le repos et létude) et la réfection dun autre, lacquisition de 10 lits superposés et la remise en état de la clôture.
Les jeunes sont contents pour tout ce que nous faisons pour eux. Ils narrêtent pas de nous remercier. Ils sont trente-six venus de tout le département pour leur scolarité à Dabakala. Trois dentre eux sont en terminale, douze en troisième, et les autres dans les classes intermédiaires.
Cette année, nous avons essayé daller un peu plus loin dans laccompagnement des jeunes. Deux fois par semaine, deux professeurs, de français et de philosophie, leur dispensent des cours particuliers. Ces prestations sont payées à partir du loyer des jeunes, lequel sélève à 2000 francs CFA par mois (environ 3,2 ). En plus de cela, deux pharmaciens de lhôpital de Dabakala, enseignants bénévoles au lycée, viennent renforcer les élèves en classe dexamen (troisième et terminale) en mathématiques et physique. En tant que chrétiens de la paroisse, ils rendent gratuitement ce service. Résultat : aux premier et deuxième trimestres, les notes des jeunes sont en net progrès par rapport à lan dernier. Quatre ou cinq sont premiers de leur classe. La majorité de nos campussiens a la moyenne.
Du point de vue matériel, reste à trouver un financement de 1.200.000 francs CFA (1850 ) pour aménager le « coin cuisine » du campus - les jeunes se préparent eux-mêmes leurs repas). Encore une fois, un grand merci à ceux qui nous soutiennent et
qui continueront à le faire !
Luc-Martial Kouadio,SCJ
Birmingham - Lourdes

Un inoubliable pèlerinage de Pâques
Pendant la semaine de Pâques, jai eu le privilège de participer au pèlerinage à Lourdes de lHCPT (Handicapped Children Pilgrimage Trust - Organisation de pèlerinages pour enfants handicapés). LHCPT a été fondée en 1956 par un médecin, Michael Strode, qui avait emmené 4 enfants porteurs de handicaps en pèlerinage dans la cité mariale. Son principal objectif était de leur faire vivre pleinement cette expérience ; aussi les logea-t-il dans un hôtel plutôt quà lhôpital, et les traita comme nimporte quel pèlerin.
Aujourdhui, tous les ans à Pâques, HCPT emmène à Lourdes environ 2000 enfants handicapés. Ces enfants sont dorigines ethnique et religieuse différentes. Répartis en petits groupes avec accompagnateurs, ils venaient cette année de toute le Royaume Uni, dIrlande, mais aussi de Croatie, de Roumanie, de Slovaquie, des États-Unis et des Antilles. LHCPT est lun des plus grands pèlerinages denfants du Royaume-Uni.
Jai eu la chance de faire partie du groupe 204 des West Midlands, dont le P. Austin Hughes,SCJ est aumônier depuis 2002. Notre groupe se composait de 19 personnes dont 6 enfants handicapés et un adulte à mobilité réduite.
Mon expérience au Centre Sainte-Élisabeth de Muchhadam, lété 2008, auprès denfants ayant de graves difficultés dapprentissage, ma permis rejoindre le groupe et de participer à ses diverses activités lesprit serein. Plusieurs étaient centrées sur le thème dannée du pèlerinage : « Appelés à servir ». Nous avons bien apprécié le circuit sur les pas de Bernadette et le vieux Lourdes, la balade en montagne, les moments de détente et de chansons dans les cafés, les jeux sur la prairie, les visites impromptues à la grotte pour la prière, les piscines, la procession aux flambeaux et la Messe spéciale HCPT.
Mercredi 7 avril, le P. Austin a été notre guide à Bétharram ; il a raconté au groupe lhistoire de notre fondateur saint Michel Garicoïts et les humbles commencements de notre Congrégation. Le sacrement des malades et la Messe ont été célébrés pour nous à la chapelle Saint-Michel. Après le pique-nique, visite du sanctuaire Notre-Dame et méditation des stations du Chemin de croix. Tous les membres du groupe nous ont dit avoir apprécié ce temps spirituel vécu à Bétharram.
Faire un bout de chemin avec ces personnes a été une magnifique expérience: ce fut lune des plus belles semaines de ma vie, pleine de fous rires, de détente, de rencontres avec des gens incroyables et des enfants merveilleux, sans oublier la forte dimension spirituelle du pèlerinage à Lourdes. Ils mont fait lhonneur de maccueillir, et jai pu partager avec ceux qui nont pas autant de chances que moi. Comme assistant, jai perçu un lien profond entre les membres du groupe, et je my suis fait de vrais amis.
Au cours du pélé, jai compris que cest en donnant soi-même quon reçoit laffection et lamitié des enfants et des autres bénévoles. Je puis dire non sans fierté que le pèlerinage HCPT à Lourdes ma enrichi humainement. Le thème dannée, « Appelés à servir », ma remis en mémoire la spiritualité de notre fondateur saint Michel, quand il parle de « procurer aux autres le même bonheur ». Je dirais que jai fait de mon mieux pour rendre les autres heureux, tant les membres du groupe que les personnes croisées ces jours-là à Lourdes.
![]() | 4. NOS MISSIONS PENDANT LA GUERREpar |
À sa création en 1929, la Mission indépendante de Tali comptait 1.281 chrétiens. Ce nombre augmenta dannée en année lentement mais sûrement : 1.428, 1.574, 1.739, 2.052, 2.243, 2400 environ. En 1938, grâce à la conversion des Lahous, la courbe ascendante séleva brusquement à 5.038 ; en 1939, le chiffre était aux environs de 11.600 et, en 1940, il nétait pas loin des 20.000 pour 5 millions dhabitants. En face, la Préfecture apostolique dispose de 16 Pères, 2 ou 3 prêtres chinois, 3 Frères et 7 Filles de la Croix.
Au moment où la guerre éclatait en Europe, nos uvres ne demandaient quà se développer. Malgré que nos ressources fussent insuffisantes parce que nous comptions sur les aumônes qui nous venaient de France, nous allions de lavant avec confiance. Mais la tourmente est venue qui a renversé tout cela. Que de ruines !
[La guerre pénètre au Yunnan avec les troupes japonaises. La résidence de Pao-Shan est détruite par les bombardements ; le P. Saint-Guily et les Surs qui sen occupaient ont dû rejoindre Tali. Faute de ressources, tous nos missionnaires ont à subir les plus dures privations ; ils ont été obligés de fermer le probatorium, les écoles, les dispensaires et de renvoyer catéchistes et professeurs, quils ne peuvent plus payer
(Nef, sept. 1944)]
Faute de ressources, peu à peu toutes les uvres ont disparu ! Les écoles, à lexception de trois, ont été fermées. Les catéchistes nous ont quittés, parce que nous ne pouvions plus assurer leur salaire. Lécole préparatoire au Séminaire a été congédiée. La vie montait dans des proportions effrayantes ; nos ressources, elles, diminuaient toujours
dans les mêmes proportions. La mesure de riz qui se vendait 0 franc 80 en 1939, se payait 2.400 il y a un mois. Le coton qui nous coûtait 2.000 fr. il y a quatre ans, se vendait 1.600.000. Et il fallait nourrir et vêtir tout ce monde ! De sorte quau début de 1944 nous navions plus rien du tout. Pour faire des économies, jenvoyai quatre missionnaires travailler dans dautres missions et je partis tendre la main auprès dautres missions plus fortunées que la nôtre.
Nos Pères de la région de Teng-Yuch furent bien éprouvés. Ils sont restés prisonniers des Japonais durant deux ans, avec un mois de prison effective, mais toujours dans langoisse du lendemain, exposés aux caprices de lenvahisseur, qui pouvait dun moment à lautre les envoyer dans un camp de concentration. Sils y ont échappé, ils lattribuent à une protection toute spéciale de St Joseph et de notre Bienheureux (Michel Garicoïts).
Mais ce sont les Pères du Sud qui ont le plus souffert de privations. Je nai pu les ravitailler de deux ans, et ils navaient rien. Craignant pour leur santé, je leur avais écrit de rejoindre Tali, où nous partagerions ensemble ce qui nous restait, en attendant des temps meilleurs. Voici ce qui me répondit le P. Trezzi qui se trouve dans cette région depuis lassassinat du P. Bart : « Nous devons à tout prix rester avec nos chrétiens, pour éviter lapostasie de tous nos Lahous. Ce sera dur, je ne me fais aucune illusion à ce sujet ; mais je voudrais bien savoir quel est lheureux pays où maintenant les hommes ne connaissent pas les duretés de la vie. Il est peut-être plus dur dimposer une pareille situation aux autres. Mais il le faut. »
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