Nouvelles en famille - 14 juillet 2009
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Le Père Etchécopar écrit...
- À mes frères prêtres
- Ce lac que j'ai vu
- La générosité bétharramite
- 5mn avec le P. Alessandro Locatelli
- Avis du Conseil général sur le P. Gilbert Koffi Kouman
- In memoriam: P. Jean Tipy (1922-2009)
- 1959-2009: Bétharram en Côte d'Ivoire (7)
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Le mot du Père Général
Procurer aux autres le même bonheur
Lors dune de mes visites aux communautés, un de nos frères bétharramites qui sest rétabli dune dépendance à la boisson, ma invité à laccompagner à un centre daccueil des alcooliques anonymes. La première chose à signaler est que ce religieux met tous ses efforts à sen sortir, et quen dépit des difficultés, il ne manque jamais aucune réunion du groupe. En le voyant vivre, on comprend que ce rétablissement est essentiel pour lui : cela lui a permis de retrouver bien des éléments de sa vie et dassumer avec sérieux les responsabilités de sa vocation et de sa mission.
Au centre daccueil nous avons participé à une réunion avec des personnes qui sont en cours de traitement de leur addiction. Notre frère a témoigné de ce quil a vécu, avant et après son rétablissement. Ce qui ma frappé, cest quil a parlé une heure durant, lui qui se plaint toujours de la longueur des sermons de certains évêques. Mais jai compris cette attitude : quand on est convaincu de quelque chose pour lavoir vécu dans sa chair une expérience qui signifie beaucoup dans une existence en termes de pertes et de gains tout le temps passé à rendre raison de son espérance pèse peu, dès lors quil sagit de convaincre dautres de ne pas passer à côté dune libération vitale pour eux.
Cette expérience ma fait penser à la mission de Bétharram, laquelle consiste, selon lexpression de saint Michel Garicoïts, à procurer aux autres le même bonheur. À ceux qui font la triste expérience par laquelle il est passé, le frère en question cherche à transmettre la qualité de vie consécutive à la libération de laddiction. Deux qualités de vie sont en jeu : celle dont il témoigne comme d'un acquis pour lui, et celle à laquelle que ses auditeurs peuvent parvenir sils y croient, et sils en prennent les moyens.
À travers le témoignage de la vie consacrée et les activités de sa mission, le Bétharramite proclame lamour que Dieu a pour lui mais aussi lamour quil a pour tout homme, tel que nous la révélé Jésus anéanti et obéissant. La finalité de la mission est de nous introduire dans une dynamique de qualité de vie ou de bonheur. À travers cette expérience de lAmour de Dieu, toute personne croisée sur notre route, lune après lautre, pourra parvenir à une meilleure qualité de vie, au bonheur, au salut.
Cest le même bonheur que celui des Prêtres de Bétharram. Cest aussi une expérience particulière, cachée celle-là : le même bonheur éprouvé par notre père saint Michel Garicoïts. Et le bonheur des prêtres de Bétharram est le même que celui de Jésus anéanti et obéissant devant le Père, dont il reçoit lAmour qui émane de ses attitudes, de ses actes, de ses gestes et de ses paroles.
Le bonheur de Jésus. Jésus, incarné, mort et ressuscité, est la source du bonheur. En lui le bonheur est le fruit de la conviction dêtre Fils bien-aimé du Père, qui laime dun amour tendre et engagé. Un amour, réponse à celui du Père, qui conduit Jésus à livrer généreusement sa vie, et consiste à ne rien faire par lui-même mais à agir toujours par l'Esprit de Dieu, constamment abandonné aux ordres de Dieu pour souffrir et faire tout ce qu'il voudrait. Tel est le bonheur de Jésus anéanti et obéissant, attrait, modèle et moyen de parvenir à l'amour divin.
Cest le même bonheur de saint Michel Garicoïts : il a répondu à lamour de Dieu à son égard en consacrant sa vie à organiser la Congrégation voulue par Dieu ; il est mort sur la croix de lobéissance, sans avoir vu la reconnaissance de son uvre et avec bien des signes dune possible dissolution.
Cest le même bonheur des religieux - et des laïcs, dirions-nous aujourdhui - bétharramites : dans la contemplation de Jésus et de saint Michel, eux aussi ont fait lexpérience de lamour de Dieu, qui les pousse à consacrer leur vie par les vux à la mission de procurer aux autres le même bonheur. Cest un bonheur contagieux. Sil manque chez un religieux, par quoi sera-t-il remplacé ?
Le même bonheur des autres : le témoignage de notre bonheur éveillera une question irrésistible chez les autres : et lui, pourquoi est-il ainsi ? Et comme le héros de lhistoire qui ouvrait ma réflexion, nous donnerons les raisons de notre qualité de vie et de notre bonheur. Nous leur annoncerons lamour de Dieu manifesté en Jésus Christ, nous leur dirons quil est aussi pour eux, quils le connaîtront, léprouveront, le proclameront et à leur tour procureront à dautres ce même bonheur. Jusquau bout du monde et jusquà la fin des temps.
Le Père Auguste Etchécopar écrit... dans son cahier intime, n°38
Oui, je n'en puis douter : le sacerdoce est quelque chose de si sublime, de si divin que le Prêtre doit être un autre Jésus Christ.
Ô mon Sauveur, que vous aurez un misérable représentant! Quelle copie imparfaite, dégradé, méconnaissable de ce modèle admirable, de votre sainteté, ô mon Dieu, de vos perfections, ô Jésus. Et cependant « Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force » (Phi 4,13). Vous pouvez changer des pierres en enfants d'Abraham. Remplissez-moi, Seigneur, de votre esprit. « Si lEsprit de celui qui a ressuscité Jésus dentre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus dentre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels » (Ro 8,11).
Faites revivre en moi, augmentez, dilatez cet esprit de force et de grâce que vous avez daigné m'accorder dans l'ordination du diaconat. (
) Que je corresponde à votre grâce, que je mette ma confiance en la sainte Vierge, votre divine Mère.
Ô Jésus j'espère en vous ! Ô Jésus je désire de vous plaire ! Ô Jésus que vous êtes bon ! je désire vous louer éternellement.
À mes frères prêtres
À loccasion de la solennité du Cur de Jésus et des 150 ans de la mort du curé dArs, l'archevêque bétharramite de Rabat a écrit cette lettre ouverte aux prêtres. De quoi méditer et rendre grâces...
Le 19 juin 2009, fête du Sacré Cur, le Saint Père a ouvert lannée sacerdotale. Que cette année soit pour chacun dentre nous une année daction de grâce pour tout ce quil nous a été donné de vivre depuis notre ordination.
Action de grâce pour tout cet amour par lequel nous nous sommes laissés envahir ; un amour qui jaillit chaque jour de ce Cur transpercé.
Action de grâce pour toutes ces rencontres faites, qui nous ont en même temps, rapprochés de Dieu et de cette humanité à qui le monde est confié.
Action de grâce pour tous ces autres différents qui nous ont tellement fait grandir en humanité et dans notre foi.
Action de grâce pour tout cet amour reçu et donné.
Action de grâce pour avoir mieux compris combien nous faisons partie de cette Église qui se veut signe de cet amour inouï de Dieu pour les hommes et femmes de toute culture et de toute religion, en particulier dans ce pays qui nous accueille.
Action de grâce dêtre invité à être non seulement au service dun peuple chrétien ; mais nous comprenons mieux que nous sommes prêtres pour tous les hommes et toutes les femmes que nous rencontrons.
En pensant à tout ce chemin parcouru depuis notre ordination, nous faisons mémoire aussi de toutes ces personnes, prêtres ou laïcs, hommes ou femmes, jeunes ou moins jeunes qui nous ont accompagnés sur notre route ; nest-ce pas un peu grâce à eux que nous sommes ce que nous sommes aujourdhui ?
Et en vivant un tel jour, navons-nous pas à rendre grâce pour ce don de lEucharistie que nous sommes invités à célébrer en nous rappelant comme nous lécrivait Jean Paul II : « LEucharistie nest pas seulement une expression de communion dans la vie de lÉglise, elle est aussi un projet de solidarité pour lhumanité tout entière ». Quelle dimension elle prend pour nous où que nous soyons dans ce pays !
Et le Pape de continuer : « Le chrétien qui participe à leucharistie apprend par elle à se faire artisan de communion, de paix, de solidarité ». Quelle responsabilité formidable nous recevons à chaque célébration !
+Vincent Landel,SCJ
Ce lac que j'ai vu
![]() | Étendu dans une cuvette solitaire En longeant son rivage accessible De loin, japerçois une barque dans sa solitude Le Nord de ce beau paysage contrasté, indice historique inégalable Tendre et douce source intarissable Aller voir le lac de Tibériade et se laisser aller Serge N'Da, novice à Bethléem |
La générosité bétharramite
La famille de Bétharram est née de la générosité, par excellence, du Verbe incarné : par un acte damour, Il a renoncé à sa condition divine, Il sest penché vers notre misère pour nous élever jusquà Dieu.
Saint Michel a su contempler lélan de Jésus qui sest fait homme par amour, et qui a vécu parmi nous comme lun de nous, à lexception du péché. Il a alors cherché la manière de reproduire cette générosité incarné.
Par essence, tout Bétharramite est appelé à vivre à la manière de Jésus, en se donnant totalement aux autres, en priorité les plus pauvres et les malades. La générosité du Me Voici la conduit à vivre pleinement abandonné à Dieu. Il na jamais cherché à être honoré ni reconnu. Au contraire, il a cherché à faire connaître et aimer de tous le Nom du Père.
Un vrai Bétharramite, à lexemple du Verbe incarné, est toujours prêt à faire la volonté du Père. Il sait agir, il sait aussi se retirer. Il a conscience dêtre un serviteur, et un serviteur inutile. Il est généreux en tout ce quil entreprend. Il sait que limportant nest pas den faire beaucoup mais de faire dun cur généreux ce quon lui a confié. Il est capable de déployer limmensité de la charité dans les limites de sa position. Il ne garde jamais rien pour lui-même, il sait partager. Comme la veuve de lÉvangile qui versa au Temple les derniers sous qui lui restait, le Bétharramite a confiance dans la Providence. Il sait que toutes les choses créées, notre Congrégation même, tiennent leur existence de Dieu.
Bétharram sest toujours signalé par sa générosité. Dès sa fondation, il a existé pour servir lÉglise. Nos premiers Bétharramites se sont dévoués dans le diocèse de Bayonne en priant, en confessant, en évangélisant, en instruisant
ils ont vécu pour les autres.
La mission en Amérique manifeste clairement la grande générosité de notre Père fondateur : aux appels de lévêque de Buenos Aires, il na pas tardé à répondre ; il lui a envoyé ses meilleurs religieux, alors même que sa communauté comptait moins de trente profès perpétuels.
Bétharram est pauvre, et sait donner généreusement. Il croit quil faut faire tout ce qui dépend de nous, puis laisser à Dieu le miracle - comme pour la multiplication des pains.
Le Me voici de saint Michel est généreux, il ne se limite à aucune tâche spécifique, il est ouvert aux temps et aux besoins de lÉglise.
Quand le pape Léon XIII demanda au P. Bourdenne, Supérieur général, dimplanter le Beau Rameau au Paraguay, aussitôt, les Bétharramites ont dit me voici, et sont partis travailler dans les collèges, les paroisses, les missions auprès des pauvres.
Il en fut de même au Brésil lorsquà la demande du cardinal de Rio de Janeiro, Dom Sebastião, les Bétharramites ont posé leur camp de base au pied de la Serra de Mantiqueira ; de là, ils se sont répandus en dautres lieux, et porté de beaux fruits.
Le Bétharramite est un soldat vaillant, consacré à Dieu et à lÉglise. Les obstacles ne le découragent pas. Il va toujours de lavant, convaincu que tout est possible si on y met le cur.
Cest pourquoi le Bétharramite est obéissant : se laisser guider par les desseins de Dieu, voilà la plus généreuse façon de se donner à Lui.
Saint Michel a rêvé dhommes totalement dévoués, prêts à obéir sans retard, sans réserve, sans retour, par amour plutôt que pour tout autre motif.
Quà lexemple de Notre Dame du Beau Rameau, dans son immense générosité à dire oui au Seigneur, nous apprenions à vivre généreusement, de plus en plus livrés à la mission qui nous est confiée, et à nous exclamer à la fin du jour : nous navons fait que notre devoir.
Davi Lara,SCJ
scolastique à Belo Horizonte
5 minutes avec... le Père Alessando Locatelli
Être curé est sans doute une belle et exigeante aventure. Belle, parce quaprès un certain nombre dannées, on se retrouve à la tête dune grande famille; exigeante, parce quil nest pas facile de garder les brebis dans la bergerie, à savoir lÉglise, les Sacrements, la Vérité. Le Père Alessandro est un prête attentif, soucieux que ses ouailles ne ségarent pas loin du Chemin, de la Vérité et de la Vie, agissant par le dialogue et la prière. Mais cest surtout auprès des jeunes que le P. Alessandro donne le meilleur de lui-même » (une paroissienne, Annalisa Colzi) Rencontre avec le P. Locatelli.
Nef : Tu as passé la majeure partie de ton ministère de prêtre à la paroisse du Sacré Cur, à Montemurlo. De cette expérience, tu as sûrement bien des choses à raconter
- Cest vrai ; sans exagérer, on pourrait écrire un livre ! Mais je men tiendrai à un point, une réflexion que je me fais depuis quelque temps. En regardant les enfants et les jeunes, ceux du caté, de laumônerie, ou du patronage en été, un verset du psaume 128 mest venu à lesprit: Tu verras les fils de tes fils. Quand je vois, à la paroisse, les enfants de ceux qui ont fréquenté les groupes daumônerie et le patronage pendant ces 21 ans, je me sens béni de Dieu ; en effet, de nos jours, tous les curés nont pas ce bonheur de voir grandir des jeunes, et une fois devenus parents, au nom des bons moments vécus dans la paroisse, de les voir te confier leurs propres enfants, tandis queux-mêmes sont bien présents à la communauté chrétienne.
Le point faible de la plupart des paroisses, cest la jeunesse précisément. On dit quaprès la confirmation, la plupart déserte les sacrements. Est-ce vrai ou est-ce exagéré, daprès toi?
- Cest vrai; tous ceux qui travaillent en paroisse en font lexpérience. Même ici, une fois reçus les sacrements de linitiation chrétienne, peu de jeunes continuent leur chemin en Église. Personnellement, je garde espoir, pas seulement parce que certains restent : les bonnes relations humaines nouées avec tous, et le fait de laisser toujours la porte grande ouverte, permettent de maintenir un contact qui pourra se transformer un jour en retour vers lÉglise. Ce qui aide bien à garder le contact, cest le petit blog que je tiens, et le réseau social facebook qui me permet dentretenir des liens avec quantités de jeunes.
À propos, avec le spectacle Narnia, tu as mis de nombreux jeunes dans le coup. Peux-tu nous en dire plus sur cette passion pour les chroniques de Narnia ?
- Lexpérience de Narnia, qui en est à sa troisième année, nous avons pris lhabitude de la qualifier de « merveilleuse aventure ». Tout à commencé comme un jeu et personne, moi le premier, ne sattendait à un tel engouement : cette année, 130 acteurs (enfants, ados, jeunes, adultes) ont planché pendant six mois à cette représentation, que beaucoup ont trouvée réussie et suggestive. Et je ne compte pas la troupe des collaborateurs : costumiers, metteurs en scène, décorateurs, techniciens du son, chorégraphes
Cest à dessein que jai parlé de « plancher » car Narnia est luvre de Lewis, un grand ami de Tolkien ; leurs romans relèvent de la littérature fantastique dinspiration chrétienne, et offrent donc matière à réflexion et catéchèse.
Le 19 juin, fête du Sacré Cur de Jésus, sest ouverte lAnnée du sacerdoce. Le curé dArs disait qu « au ciel seulement on mesurera toute la grandeur. Si on la comprenait déjà sur terre, on mourrait, non de peur, mais damour
Après Dieu, le prêtre cest tout. Cette grandeur ne teffraie-t-elle pas ?
- Bien sûr quelle meffraie, mais je me souviens toujours de ce que me disait Don Gino, le curé de mon village aujourdhui défunt, peu avant mon entrée au séminaire. À ma peur de nêtre ni digne ni capable dêtre prêtre, il répondait : Ce nest pas la dignité qui compte mais lappel. Et ces mots continuent de métablir dans la confiance.
Daprès toi, que doit faire le prêtre pour ne pas crouler sous le poids des responsabilités ?
- Il va de soi que le souci de sa vie spirituelle, en tant que religieux et prêtre, nest pas quun devoir : cest un acte damour envers soi, envers le peuple qui test confié et envers Dieu. Cela dit, je crois quil est tout aussi important de ne pas négliger la dimension purement humaine, de cultiver des amitiés sincères et loyales, des personnes avec qui se confronter, vivre des moments de détente et avoir des points dintérêts, quels quils soient, qui permettent de se construire dans toutes les dimensions de la vie.
Comme religieux-prêtre justement, comment situer la communauté dans la pastorale ?
- Outre la mienne, deux autres paroisses ont été confiées à notre communauté. Entre nous existe une réelle entraide dans laction pastorale. Reste que, depuis des années, nous attendons des Supérieurs quils définissent les personnes, les modalités et le calendrier pour lancer lUnité pastorale qui rendrait plus incisive la présence de Bétharram, ici, à Montemurlo.
Avis du Conseil général sur le P. Gilbert Koffi Kouman
En septembre 2007, lassemblée des religieux du Rio de la Plata (Argentine et Uruguay) avait décidé de restructurer les communautés, et notamment de quitter la paroisse San Roque de Santiago del Estero pour renforcer notre présence à Nueva Esperanza (à 200km au nord). Le P. Gilbert Koffi Kouman, Bétharramite ivoirien accueilli à Santiago en 2003, na pas accepté ce changement; il nest pas allé à Nueva Esperanza et na pas voulu rejoindre une autre communauté de Bétharram, en Argentine ou ailleurs.
Début 2008, des comités de soutien ont organisé des marches de protestation en sa faveur; les médias se sont emparés de laffaire. Persévérant dans sa position, et déniant à lEglise toute autorité sur lui, le P. Gilbert, malgré linterdiction épiscopale, a continué dexercer son ministère et de célébrer les messes de guérison qui lavaient fait connaître. Les tentatives de rapprochement nont pu faire évoluer la situation.
Après avoir épuisé toutes les voies du dialogue, selon les procédures canoniques, le Conseil général a pris acte du refus de réintégrer la famille de Bétharram et présenté son cas à la Sacrée Congrégation pour les Religieux et les Instituts de vie consacrée. Par décret confirmé par le Saint-Siège le 27 avril 2009, le P. Gilbert Koffi Kouman a été renvoyé de la Congrégation. Nous prions pour le religieux suspendu "a divinis", et pour les communautés affectées par laffaire et son dénouement.
In memoriam: Vicariat de France-Espagne
Hasparren, 25 septembre 1922 - Bétharram, 5 juin 2009
Lévangile des Béatitudes est comme le condensé, le résumé de tout lÉvangile. Cest lidéal de tout chrétien, de tout prêtre et de nous tous, les religieux. Alors que partout, nous entendons crier : "Heureux les riches, les puissants, les forts", le Seigneur nous dit : "Heureux les pauvres, les miséricordieux, les curs purs".
Cet idéal a été celui du P. Jean Tipy. Très jeune, ce natif du Pays basque a entendu lappel ; entré au noviciat de Balarin en août 1940, faisant ses études en Palestine, il a pu simprégner de cet esprit des Béatitudes. Ordonné prêtre à Bethléem le 4 juillet 1948, le P. Tipy a été lancé, avec dautres Bétharramites, dans la mission de léducation ; il sy est dévoué corps et âme, pendant des années et des années.
Professeur consciencieux, il a toujours considéré son rôle déducateur enseignant comme une mission, et il sétonnait dentendre quelques voix qui ne pensaient pas comme lui. Il est vrai que, bien préparé, le Père Tipy a été un excellent professeur aimé et respecté par ses élèves. Très tôt, il a dû prendre la direction de plusieurs collèges : il a toujours été un supérieur compétent, bon organisateur, très soucieux du bien de ses élèves. Quand il était nommé à la tête dun établissement scolaire, au collège de Bétharram comme à Ozanam, à Limoges, on pouvait être sûr que luvre éducatrice serait bien menée.
Un trait qui mérite dêtre souligné : la communauté religieuse dont il avait la charge la toujours estimé et même aimé. Certes, les difficultés nont pas manqué, mais dans le tourbillon de notre époque, le Père Tipy est resté fidèle à sa vocation déducateur.
Au collège Stanislas de Paris, il a donné le meilleur de lui-même, trouvant là un milieu où il pouvait sépanouir complètement. Il a été un professeur de religion très apprécié par ses élèves qui lui ont été reconnaissants. Car le Père Tipy na jamais oublié quil était prêtre, considérant que léducation de la jeunesse fait partie de la mission confiée aux Pères de Bétharram : jusquau bout il a voulu être fidèle à cette mission.
Quand lheure de la retraite est venue, le Père a su se rendre utile à la paroisse Saint-Amand du diocèse de Bayonne, ce diocèse auquel il était fier dappartenir. Car il na jamais oublié, tout brillant professeur quil était, ses racines humaines et spirituelles : là aussi il a été fidèle.
Merci, Père Tipy, pour tant de services rendus, pour léducateur consciencieux que vous avez été. Merci pour tant de jeunes que vous avez aidé à grandir : ils ne vous oublieront pas.
Dire merci, cest reconnaître luvre de lEsprit dans lexistence du P. Tipy, une existence toute de service. Merci, cest aussi le sens du mot Eucharistie, action de grâces. « Lheure de lEucharistie comble ma journée », disait le Père Tipy. Quil soit comblé de reconnaissance pour léternité.
Gaston Gabaix-Hialé,SCJ
7. L'ENFOUISSEMENT
« Un petit chemin étroit et encore sans issue, de petits riens, qui semblent ne devoir aboutir à rien. Ensuite tout cela marche et marche encore, lentement, silencieusement, pendant trente ans à Nazareth ». Les fils de Saint Michel qui quittent Katiola pour senfoncer vers le pays djimini en cette année 1982 méditent cette réalité du mystère de lIncarnation indiquée par le Fondateur. Les débuts sont humbles : en juillet cest le Père Arialdo Urbani qui rejoint Boniéré, en septembre cest le P. Jacky Moura qui sinstalle à Dabakala, arrivant de Limoges ; après Noël, cest le P. Beñat Oyhénart à qui on a demandé de se reposer quelques mois qui rejoint le P. Jacky.
Boniéré, cest un petit centre avec 24 villages, visités régulièrement par des missionnaires SMA depuis 1937 ; près de 1 500 chrétiens sur 14 000 habitants, venus à léglise parfois pour des avantages matériels (école, dispensaire
). Depuis 5 ans, les prêtres diocésains en ont la charge pastorale et ne peuvent apporter les mêmes soutiens matériels ; la pratique a chuté « on na rien gagné à être baptisé », disent certains vieux. 35 kilomètres plus loin, Dabakala est bien différent ; ici une imposante mosquée est en construction. Léglise est une chapelle de brousse et aucun des sept villages évangélisés na de lieu de culte ; le rassemblement eucharistique se fait sous un manguier. Au centre, la communauté chrétienne est constituée de fonctionnaires et de collégiens ; les autochtones y sont minoritaires.
Les Religieux de Bétharram sont heureux de vivre un dépaysement total par rapport à ce quils ont pu connaître à Katiola : Ce qui nous rend heureux dabord, cest de pouvoir nous rencontrer tous les trois ; le trajet dans les deux sens nous regroupe trois fois par semaine, pour échanger à bâtons rompus, prier, manger ensemble, mener une vie fraternelle. Vivre ensemble, cest ce qui est le plus important. Pouvoir dire à lautre les joies, les surprises, les inquiétudes, les espérances de notre travail pastoral
À Dabakala, la chance dêtre deux permet un échange complet. À Boniéré il ny a pas encore cette possibilité de partage. Cest là quon sent la nécessité dun quatrième »
Larrivée du 4° ? A la fin de lannée pastorale 83-84 ; cest le départ du P. Arialdo pour lItalie ; ils restent à deux pour lanimation des deux paroisses pour lannée pastorale suivante. Lardeur apostolique ne faiblit pas : le P. Vincent Landel, supérieur provincial en visite à Dabakala en est témoin et apporte son soutien aux Pères Jacky et Beñat pour la rédaction dun projet communautaire missionnaire. Ils veulent une collaboration très étroite avec les catéchistes : « il nous semble important délargir lhorizon des catéchistes qui, avant dêtre des spécialistes en catéchèse, devraient être des hommes qui apportent leur humanité. Nous souhaitons entrer avec les catéchistes et dautres dans lalphabétisation en djimini en lien avec léglise baptiste ». Nos frères sont sensibles aussi à aider les jeunes apprentis, les chômeurs, les déscolarisés, les travailleurs des champs pour quils se mettent debout et préparent plus activement leur avenir ; le risque est réel de se contenter de se lamenter ou de se satisfaire dêtre assistés.
La présence de notre petite communauté ne se limite pas à ce secteur pastoral du département de Dabakala ; au sein du presbyterium, elle facilite un dialogue plus fraternel avec lÉvêque, dune organisation entre religieux et religieuses du diocèse. Parmi les déceptions nos frères regrettent une Église trop « masculine » ; il ny a plus de communauté de religieuses et les femmes semblent très réservées. De plus les chrétiens continuent à vivre la polygamie, ce qui est un obstacle pour lEucharistie ; très peu de communions lors des messes. Leur témoignage de pauvreté en particulier butte aux réalités de précarité généralisées dans cette région enclavée où les fonctionnaires naspirent quà partir au plus tôt.
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