• English
  • Français
  • Italiano
  • Español
Betharram
Vous êtes ici :Accueil / NEF / NEF 2015 / Nouvelles en Famille - 14 juin 2015 / Vie de la Congrégation (1)
12/06/2015

Vie de la Congrégation (1)

Une vie contemplative bien remplie

Paysage de Galilée

La vie de Mariam Baouardy tient de l’aventure romanesque : orpheline à 3 ans, fugueuse à 13 pour ne pas renier sa foi, elle travaille comme servante là où la Providence la conduit: Alexandrie, Jérusalem, Beyrouth, avant d’aboutir à Marseille. Et ce n’est que le début de l’histoire ! Mais ce qui émerge au-delà de l’anecdote, c’est une religieuse au caractère fortement trempé et une détermination sans pareil mis au service de l’obéissance et de l’humilité.

Cette sœur carmélite palestinienne vient d’être canonisée à Rome le dimanche 17 mai. Elle avait été béatifiée le 13 novembre 1983. Pourquoi le diocèse de Bayonne s’intéresse-t-il à Mariam Baouardy, fille de Galilée, née le 5 janvier 1846 à Abelin, à côté de Nazareth et morte au carmel de Bethléem le 26 août 1878 dans sa 33e année ? Tout simplement parce qu’elle a vécu 6 années de sa courte vie à Pau, au carmel du Sacré Cœur, devenu en 1969 Maison Saint-Michel avec les Religieux de Bétharram.

Mariam est le prénom de son baptême. Ses parents avaient fait la promesse de l’appeler ainsi lors d’un pèlerinage à la grotte de la nativité de Bethléem où ils s’étaient rendus, désespérés, ayant perdu leurs 12 premiers enfants garçons au berceau. Un autre garçon naquit l’année suivante, Boutros. Mariam devient orpheline de père et de mère à 3 ans et elle est confiée à un oncle, commerçant à Alexandrie, en Egypte.

C’est à Pau qu’elle reçoit le nom de religieuse «  Marie de Jésus Crucifié » ; elle a franchi la porte du carmel le 15 juin 1867. Son nom indique toutes les souffrances de Jésus Sauveur qu’elle partagera, y compris les stigmates aux mains et aux pieds, sur le côté et sur le front. Le 24 mai 1868, à l’ermitage « Notre Dame du Mont Carmel » qui se trouve dans le jardin du carmel, elle bénéficie d’un phénomène mystique rare : la transverbération du cœur, comme la réformatrice du carmel, Thérèse d’Avila. C’est une communion d’amour avec le Seigneur si intense que le cœur en est blessé. Après sa mort, d’ailleurs, lorsque le chirurgien extraira son cœur, la cicatrice du cœur sera constatée ; Mariam voulait que son cœur soit ramené à Pau, « sa maison paternelle ».

Au milieu de toutes les épreuves elle fait preuve d’humilité, d’obéissance et de charité alors même que la communauté s’émerveille de ses extases et de ses prédictions qui se vérifient justes.

La vie cloîtrée de Pau n’est pas pour elle une vie en dehors du monde. Bien vite elle sent un appel missionnaire pour aller fonder un carmel à Mangalore en Inde ; elle quitte Pau le 21 août 1870 avec cinq autres carmélites et trois religieuses du Tiers-Ordre Carmélite à peine fondé à Bayonne par Mère Véronique qui a été d’un soutien particulier pour Mariam. Trois de ses compagnes meurent en cours de voyage. Le 21 novembre 1871, elle célèbre la première profession religieuse. Bien vite son entourage doute d’elle à cause, en particulier, des possessions diaboliques dont elle est victime ; elle est renvoyée à Pau en septembre 1872. C’est bien plus tard que sa supérieure de l’Inde la réhabilitera : « Je désire de tout mon cœur que tout le monde sache qu’à Mangalore on s’est trompé. »

Ce renvoi est permis par Dieu lui-même pour que la Providence continue à réaliser son projet à travers cette jeune carmélite n’ayant pas l’aptitude de bien lire les psaumes en français et en latin. Dès son retour à Pau, c’est le projet d’une fondation de carmel à Bethléem qu’elle va entrevoir. Le Père Estrate, religieux de Bétharram, son confesseur, la soutiendra ; il lui trouve une bienfaitrice pour financer la réalisation de ce projet, Berthe Dartigaux, fille unique du président de la Cour de Pau. Il faut encore que Mgr Lacroix (Evêque de Bayonne de1838 à1878), fasse une demande à Rome. C’est dans le même ermitage « Notre-Dame du Mont Carmel » que la lettre est rédigée.

Elle insiste auprès de l’évêque pour que le chanoine Bordachar, supérieur du collège de Mauléon et des Dominicaines, soit envoyé à Rome ; comme par enchantement le Pape Pie IX donne l’autorisation le 16 mai 1875.

Le 20 septembre, sept carmélites partent pour Bethléem, accompagnées de Berthe Dartigaux, du chanoine Bordachar et du Père Estrate. A leur arrivée, c’est un vol de colombes qui indique l’emplacement du carmel, comme Mariam en avait reçu l’assurance lors d’une vision !

Elle est l’architecte du monastère et le chef de chantier, étant la seule à connaître l’arabe pour échanger avec les ouvriers. Avant même l’achèvement des travaux, elle reçoit un appel divin pour fonder un carmel à Nazareth. Lors d’une visite, le terrain est acheté mais c’est 30 ans plus tard que le carmel y sera construit. Au cours de ce voyage, il lui est révélé qu’elle aurait la grâce d’indiquer le lieu où Jésus avait pris le repas avec deux disciples ; cela se produit à Amouas, prés de Latroun. Plusieurs années après, une basilique du IIIe siècle y est découverte, l’une des plus anciennes de Terre Sainte.

Avant de partir de Pau, elle avait reçu une révélation ; elle ne verrait pas le carmel de Bethléem achevé. Le 22 août 1878, en allant porter deux seaux d’eau fraîche aux ouvriers, elle tombe et se fait une fracture au bras gauche ; la gangrène s’installe et le mal s’aggrave. Elle meurt le 26 août en s’écriant : « mon Jésus, miséricorde ».

Celle qui se définissait avec beaucoup d’humilité comme « le petit rien », Sainte Marie de Jésus Crucifié est un modèle parfait d’humilité et d’obéissance : « Au ciel on rencontre beaucoup de vices mais pas l’orgueil. En enfer, on rencontre beaucoup de vertus mais pas l’humilité. »

Nous sommes très heureux d’honorer à Pau cette sainte canonisée il y a quelques jours ; elle vient nous rappeler la grande solidarité que nous sommes invités à vivre avec les chrétiens du Proche Orient affrontés à la persécution. (...)

La chapelle de l’ancien Carmel (Maison Saint-Michel) et l’ermitage demeurent les deux endroits significatifs où nous pouvons accueillir le message évangélique des béatitudes transmis par cette carmélite galiléenne ; ils sont ouverts chaque jour de 8H à 19H. A sa demande, une messe du Saint Esprit est célébrée le 2e mardi du mois à 19H. Depuis 45 ans, les religieux de Bétharram sont présents dans l’ancien carmel.

Laurent Bacho, scj

Conférence donnée à Pau le 23 mai dernier à la chapelle de l’ancien carmel de Pau, dans le cadre des festivités en l’honneur de Sr Marie de Jésus Crucifié.

Actions sur le document

NEF

Logo NEFNEF, NOUVELLES EN FAMILLE

La Nef est le bulletin officiel de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram.
La rédaction est sous la direction du Conseil général.

Pour lire la NEF, vous pouvez consulter la section appropriée du site, qui contient également les archives des dernières années.

Ci-dessous les trois derniers numéros de la NEF ...