• English
  • Français
  • Italiano
  • Español
Betharram
Vous êtes ici :Accueil / NEF / NEF 2015 / Nouvelles en Famille - 14 juin 2015 / Le mot du Supérieur général
12/06/2015

Le mot du Supérieur général

Notre vie est une prophétie

Icône de saint Michel Garicoïts peinte par le P. Philippe Hourcade scj

Dans le dernier numéro de la NEF, mai 2015, je partageais combien le témoignage de Maria Eugenia m’avait frappé : la façon dont elle a connu le charisme de la Congrégation grâce à un religieux, à sa prédication, à son travail apostolique comme à sa façon d’être. Cela m’a vraiment réjoui de voir que la vie d’un de nos frères était à ce point attirante, appelante, capable de provoquer une conversion chez cette jeune femme. Et j’en ai rendu grâce au Seigneur.

Ce témoignage m’a beaucoup fait penser à la signification de notre vie bétharramite. Alors qu’aujourd’hui l’éducation est donnée à tous, que ce soit par l’Etat ou de façon privée, il semble difficile que la vie d’un religieux enseignant soit aussi signifiante que par le passé. Difficile mais pas impossible. Il en va de même pour ceux qui travaillent dans le monde de la santé, tellement l’éducation et la santé se sont professionnalisées.

Le fait de partir au loin pour la mission paraît aussi être peu significatif aux hommes et femmes d’aujourd’hui. Tellement de volontaires et de bénévoles partent pour quelques années de leur vie, dans le cadre des ONG, pour un service gratuit aux personnes et aux populations en situation d’exclusion. Comme si ce volontariat vidait de son sens le choix des missionnaires.

Il faut ajouter aussi que, dans ces derniers temps, nos frères missionnaires ont témoigné par leur choix de rester auprès des populations locales confrontées à des situations difficiles, au lieu de fuir, au risque parfois de leur vie. Lorsque les premiers évènements ont démarré en Côte d’Ivoire, l’ambassade de France a mis à disposition des hélicoptères pour faciliter l’évacuation des ressortissants français travaillant dans le cadre des différentes ONG. C’est ainsi qu’ils ont proposé au père J.M. Ruspil de revenir en France. Il a refusé d’abandonner les populations qui lui avait été confiées ; ce geste fut apprécié des fidèles de Dabakala. La même chose arriva un an après au père Bacho ou, auparavant, en Centrafrique avec nos frères missionnaires italiens. La présence également du père Sergio Gouarnalusse aux côtés des paysans de Santiago del Estero, dans le nord de l’Argentine, dans leur lutte pour défendre leurs terres, a été significative et prophétique.

Lorsque notre style de vie pose question, interroge et surprend ceux qui nous entourent, c’est qu’il est significatif. C’est ainsi que nous sommes prophétiques : nous devenons une parole vivante du mystère du dieu-Amour pour nos proches.

C’est du sérieux, de la cohérence et de la responsabilité avec lesquels nous vivons jour après jour, personnellement et en communauté, que naît l’apport original de notre vie : ainsi notre spiritualité dans un contexte matérialiste assoiffé d’expériences spirituelles ; notre célibat dans une ambiance hédoniste ; notre pauvreté face à quelques uns qui ne veulent qu’accaparer ; notre obéissance dans un univers auto-référencié ; notre fraternité dans une société individualiste ; et notre dévouement désintéressé dans les activités de nos missions au service des pauvres et de l’annonce de Jésus Christ, lorsque dans la mentalité commune, on ne recherche que des activités rémunératrices, sources de bénéfices économiques.

Il peut aussi arriver que celles et ceux qui partagent notre foi, comme ceux qui ont d’autres convictions, ne perçoivent pas ce sérieux de nos vies, ne voient pas clairement que nous vivons de ces valeurs-là. D’un autre côté, souvent, notre style de vie contredit notre discours où nous nous affirmons consacrés. Dans notre désir de vivre avec les autres, nous n’avons pas été capables de manifester qu’il y a des choses qui, à cause de notre libre choix de vie, doivent être différentes, en rupture avec l’esprit du monde et ainsi significatives.

A trop éviter cette différence qui nous rend significatifs, nous nous sommes “mondanisés” comme le dit le Pape François. Les individualismes qui freinent la vie fraternelle sont bien connus de nous tous comme de ceux qui nous sont proches dans la paroisse ou le milieu dans lequel nous vivons notre mission. Nous pouvons dire la même chose de la façon indépendante dont nous usons des biens temporels, ou, autre exemple aussi, de nos résistances à l‘obéissance lors d’un changement. Enfin le manque de conviction, de passion, d’attitude de service ou de joie avec lesquelles nous réalisons notre mission et qui devraient en être si caractéristiques.

Nous proclamons que notre ministère est l’annonce du Christ, la construction de l’Eglise, mais le Peuple de Dieu a l’impression que nous le faisons pour notre bien-être, pour exercer un pouvoir clérical, pour gagner notre vie au moyen d’une activité rémunératrice ; en définitive, que nous sommes intéressés. Le message que nous envoyons ainsi aux autres est une sorte de professionnalisation du ministère comme la société a professionnalisé l’éducation ou la santé. Nous perdons de vue l’unique finalité de notre ministère : ayant fait l’expérience de l’amour de Dieu qui remplit d’enthousiasme nos vies, nous voulons apporter aux autres le même bonheur. D’autre part, les gens perçoivent bien que certains laïcs, sans rien dire, vivent l’Evangile avec plus de sérieux que nous.

Notre vie doit donner le signe d’une lumière, du sel, du ferment. Il doit y avoir cohérence entre ce que nous disons, faisons et avons. Ces trois dimensions de nos existences ne peuvent être en contradiction pour que le message soit clair et non confus, transparent et non opaque. Tout cela dépend de la conhérence de notre vie. « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau ; on la met sur le lampadaire, et elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. De même, que votre lumière brille devant les hommes : alors, voyant ce que vous faites de bien, ils rendront gloire à votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 14 – 16).

Gaspar Fernández Pérez, scj
Supérieur général

 

Erratum: dans le numéro précédent de la NEF (n°104), une erreur s’est glissée dans la traduction. En page 2, 2e colonne, fin du premier paragraphe, il fallait lire « Le père Etchegaray était déjà mort depuis huit mois ».

Actions sur le document

NEF

Logo NEFNEF, NOUVELLES EN FAMILLE

La Nef est le bulletin officiel de la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram.
La rédaction est sous la direction du Conseil général.

Pour lire la NEF, vous pouvez consulter la section appropriée du site, qui contient également les archives des dernières années.

Ci-dessous les trois derniers numéros de la NEF ...