Nouvelles en Famille - 14 juillet 2012
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Saint Michel Garicoïts écrit...
- Spiritualité des Laïcs
- Vers le 150e anniversaire de la mort de saint Michel
- 5 minutes avec la communauté de Bouar-Niem -République du Centre-Afrique
- Histoire des Chapitres généraux de la Congrégation du Sacré Cur de Jésus de Bétharram (7)
![]() | format PDF |
Le mot du Père Général
L'OBÉISSANCE BÉTHARRAMITE
« Lobéissance filiale par amour est lâme de notre congrégation : Ce qui doit nous caractériser, cest lesprit dobéissance Si lobéissance manque, la raison dêtre manque.?» (RdV 60, DS 196-197).Cette citation et le titre de ce chapitre de la Règle de Vie indiquent clairement que lobéissance fait partie intégrante de notre identité de Religieux du Sacré Cur de Jésus. La contemplation et limitation du Cur obéissant du Christ, passionné pour réaliser la volonté de son Père (art. 60), font loriginalité de lexpérience de foi non seulement de St Michel Garicoïts mais aussi de tous les Bétharramites, daujourdhui et de toujours?: Jésus obéissant, animé par lEsprit de son Père au moment de la conception, et disant?: Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté (Héb. 10,7)?; Jésus qui proclame vouloir soccuper des choses du Père, quand sa Mère lui demande : Pourquoi nous as-tu fait cela?? (Lc 2, 48-49)?; Jésus obéissant qui, au Gethsémani, dit?: Père,
pas ma volonté, mais la tienne (Lc 22,42) ; Jésus obéissant à la volonté du Père à chaque instant de sa vie : Tel a été le motif de toutes les actions de Notre-Seigneur Jésus-Christ?: «?Ma nourriture, disait-il, est daccomplir la volonté de celui qui ma envoyé, et je ne suis occupé quà exécuter son bon plaisir...?» (DS 92-93).
Lobéissance nest possible que dans un projet de vie incluant de renoncer à ses intérêts pour accepter comme siens les intérêts et les projets du Père en vue du bien de tous les hommes. Lobéissance par amour soppose au «?moi devenant la fin des choses » (RdV 59?; DS 83). Notre vocation consiste à nous mettre au service de la mission de manière libre et responsable en sachant passer de ce qui nous plaît à ce qui plaît au Père (Jn 8, 29?; RdV 63). Cest ainsi quil en a été avec Jésus obéissant au Père, avec St Michel Garicoïts obéissant à son évêque, avec les Bétharramites dhier et de toujours obéissant à leurs supérieurs légitimes. Le secret de lobéissance de Jésus est très bien exprimé par Benoît XVI?: «?Dans sa mort sur la croix saccomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever lhomme et le sauver tel est lamour dans sa forme la plus radicale. » (Deus Caritas Est, 12) Un vrai Bétharramite ne vit pas pour soi, mais pour Dieu et pour collaborer à son projet de sauver tous les hommes. Par notre profession religieuse, nous offrons notre volonté comme un sacrifice total de nous-mêmes à Dieu notre Père (art. 60).
Cest lamour dans sa forme la plus radicale. Et cest que lamour et lobéissance vont de pair?! St Michel Garicoïts parle de double loi : la loi intérieure, celle de lamour, et la loi extérieure, celle de lobéissance. Cest lEsprit Saint, le Maître intérieur, qui a coutume de graver dans les curs la loi intérieure de lamour. La loi de lobéissance répond aux moyens extérieurs : la Règle de Vie, la communauté et les ordres des supérieurs. «?Dieu, de qui procède tout bien, demande des instruments dépouillés de tout, surtout deux-mêmes, et entièrement abandonnés dans leur Cur à laction du Saint-Esprit, à la loi damour et de charité quil a coutume dy graver, et à la grande loi de lobéissance, à lexemple de Notre-Seigneur?» (Correspondance T.II, l. 293, pp. 128-130).
Cest seulement à partir de notre expérience de foi en Jésus-Christ que se justifient notre renoncement au droit dêtre indépendants, de cultiver des projets personnels, et notre décision prise en toute liberté de faire nôtre la volonté de Dieu. Unis au Christ dans loffrande de tout notre être par amour, nous devenons libres en renonçant à nos aspirations les plus légitimes pour être fidèles à la mission de la communauté. Nous devenons ainsi de réels disciples de Jésus « qui marchent avec des curs dilatés par une sainte joie, courant et volant dans le service de Dieu?» (Art. 64?; DS 156)
De ce point de vue, un Bétharramite est un homme de discernement qui recherche, avec sa communauté et les supérieurs, la volonté de Dieu. Avec lappui de ses frères, il engage toutes ses forces pour mettre en uvre la volonté de Dieu traduite dans le projet communautaire et apostolique. Un Bétharramite se soumet dans la foi aux décisions de ses supérieurs légitimes, prises conformément aux instances de gouvernement exprimées dans la Règle de Vie. Le propre des Bétharramites est dobéir au pape et aux évêques des Églises où nos communautés se trouvent, pour tout ce qui a trait au bien des personnes, à la célébration des sacrements et à lanimation de la pastorale (art. 62). Sans cette obéissance des religieux aux supérieurs, la congrégation ne pourrait prendre dengagements stables auprès des Églises locales car elle ne serait pas certaine de pouvoir sen acquitter.
Nous avons été appelés par lEsprit à reproduire lhumilité et lobéissance du Christ. Et nous avons été convoqués pour nous aider les uns les autres à vivre le charisme dans la communion fraternelle. La communauté est le lieu privilégié pour discerner et accepter la volonté de Dieu, et pour avancer ensemble dans une union desprit et de cur (VC 92 ; RdV 66). Lorsquun religieux est appelé à prendre une décision, dictée aussi bien par lobéissance, ses frères de communauté doivent le soutenir, en ayant à lesprit la communion qui nous unit à Jésus obéissant et lobéissance demandée par les Supérieurs majeurs comme un bien à la fois pour le religieux lui-même et pour lengagement missionnaire pris par la Congrégation.
Un changement de communauté et de mission doit être considéré avant tout comme un bien pour le religieux. Si un tel changement exige un renoncement, il offre aussi de nouvelles opportunités, sources denrichissement et dépanouissement personnels. Dans la communauté, le supérieur est un serviteur de Dieu en vue du bien (Rm 13,4?; RdV 67). Son service doit favoriser lunité de la communauté autour de la fidélité de chacun au charisme de St Michel Garicoïts. Pour ce faire, le supérieur doit connaître, évaluer et stimuler les dons de chaque religieux, favoriser la créativité et laudace missionnaire, tout en mettant en garde contre lactivisme qui peut fragiliser la santé, léquilibre personnel, la vie spirituelle, la fraternité, voire le service missionnaire même.
Lobéissance, tout comme la chasteté et la pauvreté, confère à la vie de Jésus et à celle des personnes consacrées une dimension eschatologique : une fois nos curs libérés des convoitises du plaisir (art. 43), de lattrait des biens matériels et des affections, et en sacrifiant aujourdhui notre liberté pour réaliser la volonté du Père, nous voulons annoncer ce jour où, « quand toutes choses lui auront été soumises, le Fils lui-même sera soumis à Celui qui lui a tout soumis, pour que Dieu soit tout en tous » (1 Cor. 15,28 ; RdV 69).
Gaspar Fernández Pérez, SCJ
Saint Michel Garicoïts écrit...
Devoirs des supérieurs qui ignorent certaines règles
Si donc les inférieurs ne sont pas cultivés par les soins, les attentions, les bons exemples des supérieurs, ils ne rendront jamais la bonne odeur des vertus, ils ne produiront que des ronces et des épines. Les supérieurs nayant plus de digues assez fortes pour arrêter le cours des abus se rebuteront. Les supérieurs doivent donc avoir les règles, les règlements, et quils les lisent souvent. Le supérieur de la société fera là-dessus par lui-même ou par ses visiteurs des informations particulières. Ils parcourront en présence du supérieur local et du conseil, les règles, etc... Ils observeront en quoi on les viole et par quelle voie on peut les remettre en vigueur. (M 336)
Spiritualité des Laïcs

VIVRE L'ESPÉRANCE AVEC MARIE
Le samedi 26 mai sest déroulée la rencontre mensuelle de la Fraternité des laïcs bétharramites ivoiriens Nè Mè. Dans un premier temps, la Fraternité a médité sur le thème suivant : Marie, modèle despérance. Nous vous proposons une synthèse de cette réflexion préparée par Félicien Valentin et Léontine.
En effet, Mère des hommes, Marie connaît bien les besoins et les aspirations de lhumanité. Cest pourquoi nous devons nous mettre à son école en la prenant pour modèle et en essayant de vivre comme elle dans la pleine confiance de son intercession.
Par sa vie, Marie encourage tous les chrétiens à vivre la chasteté avec un zèle particulier, selon leur état, et à se confier au Seigneur dans les diverses circonstances de vie. Les jeunes en quête dun amour authentique de-vraient regarder la Vierge et invoquer son aide maternelle pour persévérer dans la pureté.
Marie rappelle aussi aux conjoints les valeurs fondamentales du mariage, les aidant à surmonter les tentations de découragement et à dominer les passions qui tentent dassujettir leur cur. Son total dévouement à Dieu constitue pour eux une forte incitation à vivre dans la fidélité réciproque.
Marie montre aux chrétiens comment vient la foi, chemin dengagement et de participation qui exige de laudace, du courage et de la persévérance constante en apprenant à trouver dans la volonté de Dieu le même bonheur quelle a vécu (DS, p. 436), en sabandonnant pleinement à Dieu pour regarder vers lautre.
La présence de Marie dans lEglise rassure les chrétiens et les invite à se mettre chaque jour à lécoute de la parole du Seigneur pour mieux appréhender les diverses espérances quotidiennes dans le dessein damour de Dieu pour eux.
Aujourdhui, Marie invite toute lhumanité (car elle est honorée de plus en plus par des croyants qui nappartiennent pas à la communauté catholique) à vivre lespérance dun monde en paix, dun monde de paix. Pour elle qui a espéré contre toute espérance, cest le signe de sa maternité spirituelle universelle et cela constitue un grand signe despérance pour le chemin cuménique, gage de paix et dunité.
Enfin, glorifiée corps et âme au Ciel, Marie contribue à affermir notre espérance. Aussi la Mère de Jésus représente-t-elle et inaugure-t-elle lEglise en son achèvement dans le futur en attendant la venue du Seigneur. Elle brille déjà comme un signe despérance assurée et de consolation pour le peuple de Dieu. Cest une vraie espérance pour lêtre humain qui voit en lAssomption de Marie comment se réalisera pour chacun de nous la perfection de notre vie chrétienne.
Ayant pour sa part atteint la béatitude, pour avoir cru dans laccomplissement des paroles du Seigneur, Marie accompagne les croyants et lEglise tout entière, afin quà travers les joies et les épreuves de la vie présente, ils soient dans le monde les véritables prophètes de lespérance.
En effet, lespérance placée en Marie nécessite de la confiance de notre part. Cest pourquoi, voulant augmenter en nous cette confiance, Jésus nous a donné pour mère et pour avocate sa propre mère (Jn 19,27), et la investie de tout pouvoir pour nous obtenir la grâce du salut et lespoir dacquérir tous biens pour la gloire de Dieu.
Cest donc à juste titre que nous proclamons Marie notre espérance, puisque nous espérons obtenir par son intercession ce que nos prières seules nobtiendraient pas. Nous la prions afin que la dignité dune telle médiatrice supplée à notre faiblesse.
Prier Marie avec une telle espérance nest pas témoigner que nous défions la miséricorde divine, mais que nous nous abaissons devant notre indignité.
Ainsi, lEglise a raison dappeler Marie, la Mère de la sainte espérance, cest-à-dire celle qui fait naître en nous, non la vaine espérance des biens misérables et passagers de cette vie, mais la sainte espérance des biens immenses et éternels de la vie future.
Félicien Valentin et Léontine
Vers le 150e

UN CHEMIN DE PURIFICATION POUR RENFORCER L'UNITÉ
Poursuivons notre parcours dapproche vers le 150e anniversaire de la mort de St Michel qui sera célébré du 14 mai 2013 au 14 maggio 2014.
Le P. Enrico Frigerio, coordinateur de la commission chargée de la préparation de cette commémoration, nous propose cette réflexion...
Un premier point portait sur la reconnaissance de notre condition de pécheurs. Le Pape rappelait que lÉglise « ne peut passer le seuil du nouveau millénaire sans inciter ses fils à se purifier, dans la repentance, des erreurs, des infidélités, des incohérences, des lenteurs. Reconnaître les fléchissements dhier est un acte de loyauté et de courage qui nous aide à renforcer notre foi, qui nous fait percevoir les tentations et les difficultés daujour-dhui et nous prépare à les affronter?» (TMA 33). Notre Congrégation est invitée, à tous les niveaux, à adopter cette attitude pénitentielle dans les diverses initiatives qui jalonneront ce temps de préparation à lAnnée jubilaire. Dans son rapport dintroduction au Chapitre général, le Supérieur général nous encourageait en affirmant que « ce nest pas parce que nous avons conscience de notre péché que nous devons rester immobiles » et quau contraire « il nous faut faire notre propre examen, avec sincérité, dans tous les aspects de notre vie ». Il renforçait en outre son message en citant lexemple de saint Michel qui invitait une religieuse, dans une lettre, à regarder au mal présent dans sa vie et à dire au Seigneur : « Voilà bien le fruit de mon jardin ; de mon fonds, il ne peut en sortir que de semblables ; mais dites une parole et tout changera de face ». Célébrer une année jubilaire signifie aussi se mettre à lécoute pour accueillir cette « parole?» et laisser notre vie changer daspect.
Un autre point saillant de la lettre apos-tolique est le profond désir dunité entre les chrétiens. Il y est question de blessures et de divisions quil faut soigner. Laccent est mis sur le dialogue et surtout sur la prière pour lunité.
« Parmi les péchés qui requièrent un plus grand effort de pénitence et de conversion, il faut évidemment compter ceux qui ont porté atteinte à lunité voulue par Dieu pour son peuple Mais nous savons tous que la réalisation de cet objectif ne peut être le fruit des seuls efforts humains, tout indispensables quils soient. En définitive, lunité est un don de lEsprit Saint. Il nous est demandé de favoriser la concession de ce don sans nous laisser aller à des légèretés ni à des réticences dans le témoignage de la vérité mais en mettant généreusement en pratique les directives tracées par le Concile et les documents du Saint-Siège qui lont suivi. » (TMA 34)
Nous pouvons faire nôtre cette invitation à travailler pour lunité en sachant avec quelle passion St Michel traitait lui-même ce sujet : « Notre Seigneur demande pour nous laccomplissement de ce dessein de Dieu par ces paroles de feu : Quils soient un comme nous... quils soient un en nous (Jean, 17, 11-20-21). Comme nous, cest-à-dire comme dimparfaites images peuvent ressembler à un tel modèle. En nous, source et principe dunité, par qui et en qui nous sommes unis. Quils soient un en nous ! que nous soyons, non seulement le modèle, mais le lien de leur unité. Quils soient, par nous et par grâce, ce que nous sommes par nature et de nous-mêmes... » (MS 723).
Ce sont là des mots forts, que nous sommes appelés à reprendre et à nous approprier en ce temps de grâce. Ce sont des mots qui peuvent nous aider à renouveler notre engagement autour des diverses initiatives qui seront organisées à loccasion du 150aire. Du concours pour le choix du logo aux rencontres de prière, dune exposition photographique à un pèlerinage, tout nous amène à diriger notre regard sur St Michel, à raviver en nous le charisme quil nous a laissé et qui est plus que jamais actuel aujourdhui dans lÉglise, pour le monde.
Nous aussi, comme le Bienheureux Jean Paul II, confions lengagement de notre Congrégation à lintercession de Marie, afin quelle aide notre Congrégation à renouveler avec le Verbe Incarné son « Ecce Venio ».
5 minutes avec...
... la communauté de Bouar-Nien, Centrafrique

A Noël de lannée 1986, deux religieux bétharramites, le P. Arialdo Urbani et le P. Antonio Canavesi, étaient accueillis dans le diocèse de Bouar-Niem. Ce fut le début de laventure de Bétharram en Centrafrique. Aujourdhui, à 25 ans de distance, le Vicariat (formé de 9 religieux) raconte son expérience, ses attentes et ose poser le regard sur son futur.
Nef : La communauté a fêté récemment le 25e anniversaire de la présence bétharramite en Centrafrique. Comment et pourquoi est née cette présence au cur de lAfrique ?
- Notre présence depuis 25 ans en Centrafrique est le fruit dune décision du chapitre du conseil de province dItalie, dans les années 80, où on prit conscience de la nécessité de souvrir plus concrètement aux nouvelles pauvretés (voir aussi louverture de la Maison familiale de Monte Porzio). Cest ainsi que le P. Arialdo Urbani, en qualité douvreur de piste, et le P. Antonio Canavesi arrivèrent à Niem à Noël 1986. Le choix de la R.C.A., et plus particulièrement de Niem, est dû au fait davoir connu lévêque du nouveau diocèse, Mgr Armando Gianni. Il nous plaît de souligner que la nouvelle mission fut aussitôt soutenue et connue par un grand nombre de religieux de lex-province.
Quelle était la caractéristique de la nouvelle mission à lorigine ?
- Il faut savoir quavant notre arrivée, le vaste territoire de la mission de Niem était visité de temps en temps par les Pères Capucins et quil ny avait aucun poste fixe. La première activité dévangélisation a été de former des catéchistes capables de faire vivre et de soutenir la nouvelle communauté de la brousse. Lactivité évangélisatrice a été lactivité première. On a compris aussitôt quil fallait apporter une réponse positive à la demande de lEglise de Centrafrique qui indiquait léducation et la santé comme priorités absolues pour favoriser un minimum de développement humain. Voilà ce qui explique louverture décoles de la mission (aujourdhui on en compte près dune trentaine qui accueillent plus de 4 000 enfants pour leur apprendre à lire et à écrire grâce à un soutien efficace dadoption à distance). Est venu ensuite le dispensaire de Niem qui compte aujourdhui plus de 60 lits. Depuis 2010, il sest doublé du Centre St-Michel pour lassistance aux malades du Sida.
Après plusieurs années de présence à Niem, la communauté a élargi son horizon en acceptant la responsabilité de la Paroisse Notre-Dame de Fatima à Bouar?; ensuite, récemment, on a ressenti la nécessité dun centre de référence bétharramite, comme maison de formation et lieu privilégié pour lanimation vocationnelle et pour une ouverture à de nombreux besoins sociaux : doù louverture de la Maison St-Michel à Bouar, avec comme annexe le Centre de prévention des maladies sexuellement transmissibles (Sida). Quest-ce qui vous a poussés à cette nouvelle ouverture ?
- Nous sommes responsables de la Paroisse Notre-Dame de Fatima depuis septembre 1996 sur la demande de Mgr Gianni. Naturellement cette ouverture dans la ville a permis de nous confronter à un environnement différent de celui de la brousse ; elle nous a donné dabord la possibilité daccueillir des jeunes qui commençaient à frapper à notre porte. Avec le temps naissait la nécessité urgente dune résidence communautaire?: la résidence St-Michel a été ouverte en 2010. Elle nous permet davoir plus des-pace pour un accueil mieux adapté aux jeunes, surtout grâce à la nouvelle cons-truction inaugurée cette année.
Dans la résidence St-Michel a été ouvert dès 2010 le centre de santé pour les malades du Sida, né encore une fois de la volonté de Mgr Gianni, et que nous avons accepté promptement de prendre en charge. En lespace de deux ans, cette structure est devenue un point de référence national, notamment grâce au laboratoire très bien équipé et à la collaboration avec lassociation Il mosaico de Monte Porzio et avec deux centres hospitaliers italiens importants : létablissement Spallanzani de Rome (Institut national pour les maladies infectieuses) et lhôpital San Raffael de Milan.
Il faut souligner que le fonctionnement de ce centre est totalement confié à la Providence, vu que lassistance aux malades est totalement gratuite. Et la Providence nous a déjà ouvert plusieurs portes, notamment celle de la collaboration avec le Fonds mondial pour le Sida.Vous avez maintenu trois résidences et une seule communauté : de plus il faut rappeler que la distance entre la résidence de Niem et celle de Bouar est denviron 70 km. Comment réussissez-vous à faire communauté ?
- Voilà la question la plus embarrassante?; il est difficile de vivre vraiment dans une communauté avec trois résidences et un supérieur qui vit à 70 km des deux résidences les plus importantes. Jusquà ce jour cependant, nous avons tous pris lengagement dêtre fidèles à la rencontre mensuelle et aucun religieux na jamais manqué ce rendez-vous. Nous avions fixé des rencontres danimation spirituelle pour lAvent et le Carême ; de plus, le vicaire se rend à Bouar toutes les semaines. Cela est certainement insuffisant et suite à la récente visite du Supérieur régional, nous étudions le projet dune nouvelle organisation pour le vicariat. Certes les structures ne peuvent pas faire grand-chose sil ny a pas, de notre part, le désir dêtre ensemble et de servir ensemble, chacun selon ses moyens dans la congrégation et lEglise locale.
Ce qui frappe, cest limportance de lengagement au plan social. Dans un contexte de fortes tensions et dune pauvreté «?chronique », les religieux bétharramites vivent en communauté leur engagement dans lévangélisation et la promotion humaine : écoles de village, dispensaire, T.A.D. (Centre de prévention). Voilà les urgences majeures du milieu social dans lequel vous vivez. Pourquoi et quelles en sont les causes ?
- Comme cela a été déjà souligné, depuis plusieurs années, lEglise de Centrafrique a mis en évidence deux priorités?: lécole et la santé, et nous les avons adoptées pour offrir le service le plus efficace à cette population.
Il faut dire aussi que lEtat centrafricain est pratiquement absent en dehors de la capitale Bangui. Aussi les différentes églises religieuses, notamment les catholiques, ainsi que quelques ONG se sont engagées à fond pour assurer un minimum de dignité et de développement aux populations locales. Outre lengagement pour léducation et la santé, il en va de même pour lévangélisation.
Le Chapitre général a rappelé que « lanimation vocationnelle concerne tous les religieux. Nous ne devons pas avoir peur des jeunes ; ils vivent une conversion continue, parce que notre témoignage est toujours plus cohérent ; parce que nous avons un regard positif sur notre avenir?». La communauté « provoque-t-elle » les jeunes ? De quelle manière ?
- Accueillir les jeunes est toujours un défi et dans ce contexte plus encore. Le dis-cernement des vocations nest pas simple?; il faut tenir compte entre autres choses du bas niveau détudes des jeunes qui frappent à notre porte.
Voici ce que nous faisons pour laccueil des aspirants : la maison St-Michel accueille des jeunes pour une durée de deux ans avant de les envoyer en Côte dIvoire. Nous cherchons à stimuler les jeunes à prendre confiance en eux-mêmes, en leur donnant la possibilité de suivre plusieurs cours dintroduction pour une formation humaine, religieuse, biblique. Naturellement on souligne limportance de la disponibilité pour les divers services de la communauté sans omettre lactivité manuelle. Une chose qui marque les jeunes qui nous fréquentent, cest notre constant engagement pour lévangélisation et le service de lhomme sans aucune distinction de race ni de croyance religieuse. Actuellement nous préparons un projet pour accueillir des jeunes qui viendront vivre avec nous à partir du mois de septembre prochain. Nous sommes toujours disposés à reprendre laccueil des jeunes en formation qui font déjà partie de notre famille religieuse.
7. LE CHAPITRE DE 1947 ET LES INTERVENTIONS
Le chapitre de 1947 fut décisif pour les soixante années qui suivirent. On y décida en effet la subdivision de la Congrégation en provinces. Il faut préciser quil ne fut pas demandé aux Pères comment subdiviser la Congrégation ni quels regroupements de nations envisager, mais seulement de prendre une décision de principe : à savoir fallait-il admettre ou non lintroduction de cette nouvelle forme de gouvernement intermédiaire. Il revint en effet au nouveau Conseil général de mettre en uvre cette décision du chapitre, comme on le verra par la suite.
Des interventions durant les sessions du chapitre, il ressort que lassemblée capitulaire était favorable, sauf quelques voix isolées, au principe dintroduire la subdivision de la Congrégation en provinces. Les motivations les plus souvent données étaient les suivantes :
Mettre fin au « régime colonial » (Labouerie) selon lequel la Congrégation vit depuis trop longtemps, situation qui fait de lEurope un réservoir de vocations pour maintenir les uvres américaines et de lAmérique «
une colonie conçue pour procurer des revenus » ;
Mettre fin au « système dexportation?» qui sest développé surtout depuis la Première Guerre mondiale, selon lequel les novices et les scolastiques américains, italiens, anglais, espagnols sont tous regroupés pour étudier ensemble et «?obligés de partager une mentalité, une langue et dadopter des coutumes qui leur sont étrangères » ;
Mettre fin à un nationalisme toujours plus envahissant, à un « racisme religieux?» (Labouerie), « au malaise qui provient du frottement des nationalités?» (Garcia) qui, dune part, fragilisent la stabilité et à la vie des communautés, aigrissant les curs et les esprits et qui, dautre part, empêchent le témoignage dune vie authentiquement religieuse ;
Permettre que lesprit de St Michel sincarne dans de nouveaux pays, produise des fruits excellents, favorise un développement et une organisation nationale ;
Permettre une animation vocationnelle plus active et mieux enracinée qui puisse saccompagner dun nombre croissant de nouveaux membres de lInstitut.
Surtout permettre que les nouvelles générations soient formées en respectant leur culture, leur langue, les coutumes locales : « Faites-nous de vrais bétharramites : en Angleterre, à la manière anglaise ; en France, à la manière française ; en Italie, à la manière italienne. » (Suberbielle) ; « Faites-nous confiance, nous vous trouverons des hommes » (Lyth) ; « Bétharram est le nom dune famille à laquelle nous devons et voulons procurer en Italie une intensité de vie et un accroissement de développement proportionné au grand désir du Bienheureux?» (Del Grande).
Permettre une meilleure disponibilité économique et par là un partage plus sensé et plus juste des revenus des activités apostoliques.
Répondre à une attente et à un désir venu de la base.
Les quelques voix contre craignaient une fragmentation de la Congrégation, le risque dun excès dautonomie qui favoriserait « un relâchement de lesprit de corps, de lesprit dunité » ; on allait même jusquà redouter le danger dun schisme dans la Congrégation ; par suite les discussions capitulaires furent inévitables et interminables, discussions qui concernaient les difficultés économiques qui pourraient se répercuter sur lensemble de lInstitut.
Cependant la Congrégation était prête à faire ce grand pas et la décision fut irrévocable. Le procès-verbal de la session décisive des votes sexprime ainsi : Au scrutin secret le vote sur lessai des provinces donne, sur 23 votants, 22 oui et un bulletin blanc. Dans le mot de la fin, le T.P.R. qualifie cette unanimité de « vote historique dans la vie de lInstitut » [en gras dans le texte] et on croit entendre la voix du Sacré-Cur répéter le duc in altum adressé jadis à St Pierre.
Actions sur le document