Nouvelles en Famille - 14 juin 2012
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Saint Michel Garicoïts écrit...
- Vers le cent-cinquantième anniversaire
- Session internationale (Bétharram 11 avril - 18 mai 2012)
- La spiritualité de saint Michel dans la vie d'un couple ...
- 5 minutes avec la communauté de Pibrac
- In memoriam: P. Robert Daquo
- Histoire des Chapitres généraux de la Congrégation de Bétharram (6)
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Le mot du Père Général
LA PAUVRETÉ ÉVANGÉLIQUE
Il suffit de lire le titre pour se rendre compte que le style de vie pauvre est une valeur évangélique. Il est important pour nous den être convaincus : à vue humaine, selon les critères sociaux, la chose nest pas si évidente. À simplement ouvrir lEvangile, nous pouvons contempler dans toute sa splendeur la personne de Jésus, qui est né pauvre, a vécu pauvrement, dans une famille pauvre vivant de son travail quand elle en avait un, qui est entré en relation avec les plus pauvres pour leur annoncer lEvangile de lAmour de Dieu, qui navait pas une pierre où reposer la tête et qui mourut pauvre : dépouillé de ses vêtements, de ses amitiés et jusquà sa propre vie.Lexpérience de la pauvreté consiste à être conscient de nos limites, du néant de notre vie et de notre incapacité qui nous obligent à dépendre des autres, sachant bien que sans eux, nous ne pourrons pas être meilleurs. Mais plus encore, ceux-là nous font entrer dans la reconnaissance ; en effet, si nous sommes quelquun cest bien de par ce que nous avons reçu de ceux qui ont été généreux envers nous. Dun autre côté, nous découvrons petit à petit les dons et les qualités avec lesquels le Seigneur nous enrichit et, en les donnant à notre tour, nous collaborons à ce que les autres saméliorent. Ainsi en est-il entre nous, créés à limage et à la ressemblance de Dieu, puisquavant nous il en était de même : le Père qui engendre de toute éternité, communique la vie au Fils sachant bien que sans lui, Il ne serait rien. Le Fils qui reçoit tout de son Père, et qui vit pour Lui plaire en toute chose, et lEsprit qui est leur don réciproque et mutuel. La pauvreté est donc une caractéristique des trois personnes de la Trinité et, en cela, elle fait partie intégrante de lidentité du Verbe Incarné.
Voilà ce en quoi consiste la pauvreté spirituelle tellement importante pour pouvoir aimer et être aimé. Elle se manifeste dans la pauvreté matérielle : pauvreté de biens, aussi bien pour ceux qui y sont obligés par linjustice humaine que pour ceux qui, ayant la possibilité de posséder, font le choix de tout abandonner. Une chose est claire : être pauvre cest ne pas avoir et ne pas disposer de biens. Faire le vu de pauvreté est le fruit dune décision libre de la part dun religieux désireux dimiter Jésus pauvre et de vivre comme les pauvres. Personne nest obligé de prononcer le vu de pauvreté.
Le numéro 49 de notre Règle de Vie exprime bien le contenu de notre vu de pauvreté. Le fondement de tout est lexpérience de la foi en lamour de Dieu ; cest de lui que nous recevons ce que nous sommes, valons et possédons. Cet amour, nous lapprenons de Jésus et cest pourquoi nous décidons dêtre pauvres comme lui : reconnaissant que tout don vient du Père, confiant en la Providence et partageant avec les frères.
Cest un engagement immense qui exige de nous renoncement, austérité et transparence. Est pauvre celui qui ne peut pas disposer de biens à lui. Il ne sagit pas pour lui, même ayant prononcé le vu, de singénier à obtenir ce quil veut sans toucher à la caisse de communauté ; pas plus que vivre une vie « pépère » et bourgeoise, ou vivre dans lobsession dacheter ou préoccupé par le fait davoir le dernier cri de la technologie sur le marché. Ce nest pas plus avoir un compte en banque personnel sur lequel déposer largent du ministère pour quun jour ce soit la famille qui en hérite au lieu de la congrégation.
Être pauvre par vu, cest partager. Tout ce quun religieux peut acquérir par son travail ou ses compétences, tout ce quil reçoit en donation, appartient à la congrégation. Il en va de même pour les retraites, les pensions, subventions ou assurances (RdV 50). Partager, cest tout confier à la communauté sans rien garder pour soi. Partager, cest user des biens seulement pour la nécessité. Partager, ce nest pas user des biens de la communauté plus que celui qui napporte rien.
Partager, cest aussi accepter de recevoir de la communauté ce qui mest nécessaire ou ce qui lest pour la mission, que jaie un travail rémunéré ou bien que mon activité pastorale ou ma disponibilité pour les besoins de la communauté ou encore ma condition de malade ne me permette pas de recevoir une reconnaissance économique en rapport à mes activités. Celui qui reçoit un salaire dépend de la communauté pour ce qui est du nécessaire et de la mission, tout autant que celui qui ne reçoit rien.
Partager, cest regarder les postes de dépense et léquilibre financier en communauté ; travailler ensemble aux projets de la congrégation, discerner à la lumière de critères évangéliques que nous avons choisi de vivre, afin dêtre capables de nous corriger et ainsi de nous aider à rester fidèles à notre vu de pauvreté. Cela signifie aussi réduire les gaspillages aussi bien personnels que communautaires, surtout lorsque samenuisent les ressources sur lesquelles nous comptons et que nous voulons être solidaires des plus pauvres. Partager veut dire rendre les comptes à la communauté des biens quelle met à notre disposition, chacun sen sentant ainsi responsable.
La communauté elle-même doit être pauvre et vivre auprès des familles pauvres, évitant laccumulation ou le scandale provoqué par lusage de moyens dignes des plus nantis : voitures de luxe, vêtements de marque, etc. La communauté ne peut pas accumuler les biens. Elle doit partager - et pas seulement sur ce quelle a en trop - à la fois pour aider à vivre et réaliser au mieux la mission des autres frères de la congrégation qui ont moins et pour partager avec les pauvres.
L esprit de pauvreté et de partage est la base de notre égalité et ce qui nous aide à construire la communion ; cette dernière est la grande valeur de la communauté religieuse comme celle de lEglise dans le monde daujourdhui ainsi que le rappelait Jean Paul II dans son expression maison et école de communion.
Cette égalité dans la dépossession des biens est fondamentale pour que notre fraternité soit authentique. Cest pourquoi ceux qui possèdent des biens doivent sen détacher en entrant dans la communauté. Il nest pas admissible de voir dans une communauté des religieux qui possèdent des biens et dautres non, comme cela était dans le monastère de lIncarnation à Avila quand sainte Thérèse y entra. Avant la première profession religieuse, [les novices devront] céder ladministration, lusage et lusufruit à une ou plusieurs personnes de [leur] choix (RdV 54).
Le choix de vivre la pauvreté exige de nous une vie simple, austère, proche des pauvres, tenant compte de la situation locale dans chaque pays.
Disposer de biens, après avoir fait le vu de pauvreté, est une hypocrisie pour nous-mêmes, un scandale pour les chrétiens qui savent qui nous voulons être et nous voient vivre le contraire, et une humiliation pour les frères de la communauté et de la congrégation qui sont fidèles à la dépendance dans lusage des biens. Cest très grave car nous ne sommes plus fidèles alors à nos engagements, rompant légalité que nous donne la pauvreté et transformant la vie communautaire en farce !
Gaspar Fernández Pérez, SCJ
Saint Michel Garicoïts écrit...
La famille
La famille ne pourrait être considérée ni comme une recrue pour le ministère paroissial, ni comme une réunion de prêtres doù, dans de telles circonstances, ou à la demande de tel ou tel personnage, on pourra tirer un membre pour une des fonctions quelconques en dehors de luvre. Parce que...
1° ce serait ouvrir une porte à lambition et rien nest recommandé comme de létouffer.
2° Ce serait changer létat de la famille et faire pour ainsi dire de Bétharram un lieu de passage ou de préparation.
3° Ce serait détacher les sujets de la véritable fin de luvre.
4° Ce serait blesser au cur la communauté, ou bien parce quelle ne pourrait plus compter de voir mourir dans son sein ses enfants les plus dévoués, ou bien parce quelle se verrait surchargée denfants étrangers en quelque sorte qui nourriraient dautres projets que celui de vivre et de mourir sous ses ailes et qui seraient prêts à labandonner dès quils seraient à même de remplir les secrets desseins quils recélaient au fond de leur âme. (
)
Quest-ce qui resterait de fondamental dans la société avec un pareil principe ? Et ce principe une fois admis la société ne peut-elle point toucher à chaque instant au moment de sa ruine...? (M 348)
Vers le cent-cinquantième anniversaire

LES JEUNES BETHARRAMITES AUX JMJ DE RIO DE JANEIRO
Le Pape Benoît XVI a invité les jeunes du monde entier à vivre la XXVIIIe rencontre des JMJ qui se tiendra à Rio de Janeiro avec pour thème : « Allez, de tous les peuples, faites des disciples. »
En cette même année, du 14 mai 2013 au 14 mai 2014, notre famille religieuse célèbrera le 150e anniversaire de la mort de saint Michel Garicoïts, notre fondateur.
Cest dans cet esprit que le P. Gaspar, Supérieur général, a voulu avec force que les jeunes bétharramites de toutes les réalités et de chaque culture puissent se rencontrer pour approfondir la spiritualité bétharramite qui peut devenir dans la vie de chacun deux, une source dinspiration et un ressort pour vivre leur vocation chrétienne. Dautre part, avec la participation aux JMJ de Rio, ils auront la possibilité de vivre une expérience dEglise intense, en dehors de laquelle un charisme ne peut être vécu.
En quoi consiste cette double participation ? Comment relier entre elles ces deux expériences ? Il me semble utile dindiquer ici quelques points :
a. Cest une grande occasion éducative : par elle nous voulons vivre avec les jeunes une forte expérience à la suite de lappel de Benoît XVI sur le thème des JMJ : « Allez, de tous les peuples faites des disciples » (Mt 28.19). Cest un appel avec deux éléments :
? Dabord, on ne peut annoncer que si on est disciple...
? Ensuite, on ne peut être disciple si on naccepte pas le défi de partir.
Ce Allez ! est un appel qui exige de témoigner ce que nous avons vu et vécu, ce que nous avons expérimenté, touché...
Ces JMJ seront donc une expérience vocationnelle forte pour nous religieux qui la vivrons avec des jeunes. Nous sommes invités à redécouvrir la qualité de notre condition dappelé...et à renouveler notre adhésion à Celui qui nous a appelés, récemment ou depuis plus longtemps, mais qui nous appelle et nous demande de renouveler aujourdhui et chaque jour notre élan missionnaire.
Cest une grande expérience vocationnelle pour les jeunes que nous accompagnerons. Que lEsprit du Ressuscité nous donne de vivre une nouvelle Pentecôte !
b. Pour nous religieux du Sacré-Cur, nest-ce pas une grande occasion de vivre le souvenir des 150 ans de la mort (dies natalis) de notre Père saint Michel Garicoïts ? Il continue, comme je lai dit plus haut, à vivre à travers nous, dans la mesure où nous vivons fidèles au témoignage quil a donné.
Du message « Allez... Faites des disciples?», nous pouvons retenir deux fortes affirmations qui sont aussi les notres :
1. La première : « Me voici ! Je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ! » Ne vous semble-t-il pas que lappel de Jésus « ALLEZ » a été vécu dabord par lui-même, avec cette attitude fondamentale de disponibilité personnelle dans laccomplissement de la Volonté de son Père ?
Saint Michel a retenu de cet engagement de Jésus le cur, le Centre pour en faire son expérience de vie humaine et spirituelle : voilà la réponse de Michel, une réponse immédiate, passionnée, enthousiaste.
2. Le « ME VOICI » de St Michel exprime la joie, non la tristesse. Croire en Jésus-Christ et vivre de Lui, lui donnent une joie débordante quil ne peut garder pour soi. A linvitation de Jésus?: « Faites des disciples » répond celle de St Michel qui écrit dans la préface des Constitutions de 1838 : « A la vue de ce spectacle prodigieux, les pères de Bétharram se sont sentis poussés... à se consacrer entièrement à procurer aux autres le même bonheur. »
Ces mots simples viennent de lexpérience de Dieu vécue par St Michel et quil nous invite à vivre aujourdhui avec les jeunes.
Faisons nôtre cet itinéraire (non seulement en esprit mais physiquement) à travers les témoins de notre temps. Lexpérience sera conduite par le Supérieur général lui-même et aussi par dautres religieux et laïcs qui partagent le même « rêve » de St Michel et qui veulent le vivre avec des jeunes pour quils puissent se passionner et dire leur ME VOICI dans des choix courageux et joyeux de disciples et de témoins pour lannonce...
Dans une lettre récente envoyée à tous les supérieurs régionaux et aux vicaires pour lancer cette initiative, le P. Gaspar a insisté sur la valeur vocationnelle de cette expérience, car elle peut devenir loccasion dun nouvel engagement pour lanimation des vocations. Il écrivait : « Je demande de soutenir dès maintenant cette initiative susceptible dêtre une occasion pour mener maintenant une animation des vocations dans vos régions et vicariats. »
Le projet est lancé !
Nous le confions à lintercession de notre Père saint Michel.
Vie de la Congrégation

SESSION INTERNATIONALE (Bétharram 11 avril - 18 mai 2012)
Les sessions précédentes (2001, 2003, 2006, 2008, 2009, 2010) avaient rassemblé de 8 à 13 profès pour se préparer à la profession perpétuelle. Cette année, ils étaient 19 (11 de la région Bse Marie, 5 de la région Auguste Etchécopar et 3 de la région St Michel), accompagnés par les Pères Enrico, Guido, Laurent et Stervin) ; Le Supérieur général y a passé près de 3 semaines.
Cette session avait les mêmes objectifs que les précédentes. Cependant une insistance a été mise sur lintériorisation quotidienne afin que chacun puisse faire mémoire du vécu de la journée avec les différentes interpellations reçues. Nous avons consacré aussi deux journées entières à recueillir les témoignages de nos frères aînés ; leurs interventions ont impressionné les jeunes qui ont été invités à la fidélité quelles que soient les difficultés traversées. Des rencontres avec des religieux de passage (Pietro Felet, Austin Hughes, Jean-Luc Morin, Elie Kurzum et Gérard Sutherland) ont ouvert les horizons, comme aussi avec lassociation «?Au cur du monde ». Il y a eu plusieurs autres occasions pour élargir nos curs, avec des religieuses (Igon, Anglet et le monastère de « Bethléem »), avec lEvêque de Bayonne, avec différents laïcs, amis de Bétharram, en particulier à Pau pour la fête de lAscension.
Mais les rencontres quotidiennes ont été précieuses avec les aînés de la Maison Neuve et les religieux de la communauté Notre-Dame qui ont assuré de nombreux services et rendu le séjour agréable. Plusieurs religieux sont intervenus pour nous donner des enseignements (communautés de Pibrac, Pau et Anglet). Sur place, à Bétharram, nous avons tenu à inviter nos frères lors des présentations des différents vicariats ; nous avons participé aussi aux différents offices ou célébrations eucharistiques. La fête de St Michel Garicoïts a été une excellente occasion offerte par le Vicariat France-Espagne pour une meilleure connaissance entre nous. Nous avons été heureux de tous ces échanges qui renforcent notre appartenance à la congrégation et lintérêt manifesté pour ce que vivent les autres frères.
Dans la pédagogie de la session, les lieux de vie du Fondateur ont été essentiels?; Ibarre et Bétharram en premier lieu, mais aussi Hosta, Oneix, Garris, Cambo, Bayonne (cathédrale et port)... Dautres lieux (Loyola, Xavier et Lourdes) ont permis un approfondissement à chaque participant. La marche silencieuse a permis aussi une meilleure intégration personnelle. Nous avons voulu devenir plus proches de notre Fondateur, sans négliger le côté affectif qui assure un attachement humain bien nécessaire. Plusieurs de ses lettres méditées et partagées ont favorisé un lien plus fort avec St Michel, pour ensuite mieux percevoir le trésor de sa spiritualité qui vient nous transformer.
Cette session a aussi pour but une meilleure connaissance du « Bétharram international » par le brassage des différentes cultures vécu chaque jour ; il a fallu beaucoup découte et de respect car la diversité des langues rend la communication plus difficile. Les Pères Enrico et Guido ont assuré un service précieux dans la traduction ; les temps de prière communautaire ont été des occasions favorables pour accueillir nos différences qui sont un enrichissement. Il faut reconnaître que les échanges sont parfois limités par la méconnaissance des langues ; les jeunes en formation sont invités à un effort plus grand en ce domaine. Chacun a su reconnaître avec humilité que la rencontre de lautre venant dune autre culture est absolument nécessaire dans notre congrégation.
L essentiel, comme toujours, cest de faire une expérience profonde personnelle avec Jésus anéanti et obéissant, le cur doux et humble de Jésus pour choisir de vivre toute sa vie dans la fidélité au charisme de notre Fondateur. La prière personnelle, le temps dintériorisation, la marche silencieuse, laccompagnement personnel et la célébration eucharistique en particulier ont été soulignés comme très importants pour envisager la profession perpétuelle. Les exigences nont pas été écartées ou ignorées mais soulignées pour rendre la démarche personnelle très sérieuse. La joie de la consécration personnelle à Dieu a été vue comme déterminante pour assurer une fidélité du cur à notre vocation religieuse bétharramite.
Les accompagnateurs, lors de leur évaluation commune, ont reconnu que ce temps avait été un kairos (occasion favorable) pour les jeunes sans doute mais aussi pour chacun deux ; le temps donné aux autres est un temps particulièrement bénéfique au niveau personnel. Il est à souligner que la présence du Supérieur général a été très bénéfique pour assurer une bonne qualité à cette session. Nous souhaitons que cette session porte dexcellents fruits dans la mission bétharramite à laquelle ces jeunes seront invités et envoyés dans les différents vicariats.
Laurent Bacho, SCJ
Spiritualité des laïcs

LA SPIRITUALITÉ DE SAINT MICHEL DANS LA VIE D'UN COUPLE
Tout est donné mais rien nest planifié, car tout se construit petit à petit : au hasard dun déménagement et par le jeu des rencontres. Anne-Marie est membre de la Fraternité Me Voici et correspondant international depuis le chapitre général de 2005. Daniel Marchand, son mari, avait pris ses distances vis-à-vis de lEglise, puis il est revenu depuis quelques années à une foi exprimée et pratiquée en suivant son propre parcours. Un pèlerinage en Terre sainte pour fêter leurs noces... démeraude... a été loccasion de revisiter leur histoire commune avec Bétharram. Témoignage à deux voix.
Daniel: Jaccompagnais épisodiquement Anne-Marie à la messe dominicale. Jétais attiré par le visage souriant de ces prêtres, le souci de tous, la profondeur des sermons, le respect, lespoir qui se dégageaient deux.
Je me souviens encore du baptême de notre dernier avec Joseph Ruspil, et dun repas amical avec Joseph Pécoste, Xavier Destizon et Jacky Moura, plein de joie de vivre et dhumour.
Au cours dune confession Xavier Destizon ma dit : « Tu es en chemin?». Cette simple réflexion résonne toujours en moi. Je mesure le chemin parcouru depuis.
Nous avons vécu en paroisse la fête de la communauté, avec les 60 ans des trois religieux, Xavier, Joseph, Henri ; elle a marqué tout le monde.
Daniel: Jai eu loccasion de rejoindre Anne-Marie à Bétharram, puis à Rome. Nous sommes allés dans plusieurs communautés, les valeurs perçues étaient partout présentes.
Henri Lamasse accompagnait la fraternité dont Anne-Marie fait partie. Aussi, lors de ses venues, avais-je loccasion de partager avec lui. Le chemin, entrevu avec Xavier Destizon, sest poursuivi avec lui, par ses conseils de lecture, nos partages. Il a su me convaincre de faire le week-end Vivre & Aimer (association mondiale Marriage Encounter), permettant dapprofondir le dialogue dans le couple ; le tact, le savoir, le respect dont Henri ma entouré, mont permis davancer sur le chemin vers Dieu. Petit à petit, Anne-Marie et moi partageons en couple notre foi et notre prière.
Je découvre maintenant Jean-Dominique Delgue. Le « En avant » ne me heurte pas, il correspond plutôt à mon tempérament.
AM: Au bout de dix ans, je suis toujours émerveillée par la complémentarité de ce que mapportent Vivre & Aimer (dinspiration ignatienne) et la Fraternité Me Voici. La disponibilité à la Volonté de Dieu ou Me Voici et la décision de mieux aimer le conjoint dans Vivre & Aimer se soutiennent quotidiennement. Daniel sait dailleurs me rappeler le « Me Voici?» !
Nous navons pas de communauté proche, les autres membres du groupe expriment vivement leur regret de ne pas pouvoir se déplacer. Le groupe de Gironde est reconnaissant à Henri, qui a fait la route pendant douze ans, et à Jean-Do maintenant, de nous accompagner environ tous les deux mois. Cela permet un petit lien avec la Congrégation ; Daniel et moi avons la chance dêtre accueillis à Pau, Limoges, Bétharram, Pibrac ou plus loin, au gré de nos déplacements dans notre responsabilité au sein de Vivre & Aimer. Cest très important pour moi de pouvoir partager un temps de la vie de la communauté, prière, messe, partage, repas amical ; ça renforce ce lien fraternel.
Daniel: Quand Anne-Marie a souhaité rendre visite au P. Henri en Palestine, je nai pas hésité. Notre périple palestinien était complètement basé sur la présence de Bétharram à Nazareth et Bethléem. Nous nous sommes laissé guider par Philippe Hourcade et Henri. Nous avons bien perçu limportance de la géographie, de lhistoire ancienne et actuelle. Jai aimé revivre sur place lEvangile, je me sens plus proche de ce juif Jésus, de cette Eglise primitive. En comprenant les conflits de cette époque, jaccepte plus facilement les difficultés actuelles de lEglise. Je men sens partie prenante, ce pèlerinage et la lecture de livres sur Vatican II (conseillés par Jean-Do Delgue) me permettent de ne pas être bloqué quand je suis en désaccord avec des pratiques. La simplicité, le respect des pères de Bétharram maident à poursuivre mon chemin.
5 minutes avec...
... la communauté de Pibrac

En 1982, la communauté bétharramite se transférait de la grande ville de Toulouse à Pibrac, un village rural incorporé à la banlieue urbaine, pour prendre le relais des Frères missionnaires des campagnes. Pendant ces 40 ans, elle a maintenu sa vocation de maison de formation. Elle est actuellement composée de trois membres: Le P. Emmanuel Congo, le P. Jean-Do Delgue et le P. Jacky Moura (en partance pour la Terre sainte) qui ont eu la joie daccueillir ces derniers mois trois jeunes de Côte dIvoire : le F. Hyacinthe Ali Konan, le F. Marius Angui (pour leur année de préparation à la profession perpétuelle) et le postulant Hippolyte Yomafou.
NEF: Après avoir connu pendant longtemps les Frères missionnaires, vos paroissiens connaissent sans doute bien la vie religieuse. Les liens qui vous unissent à eux présentent-ils des particularités par rapport à dautres paroisses?
- La présence dune Congrégation dans une paroisse apporte avec elle la richesse de son charisme. Les Frères Missionnaires des Campagnes avaient apporté à la paroisse de Pibrac leur partenariat fraternel avec les laïcs et leur présence vivante à ce que vivent les gens. Ils ont labouré « profond » le champ de la paroisse. Les religieux du Sacré Cur continuent lesprit de cette collaboration. La vie communautaire favorise un esprit de famille comme frères de tous. La simplicité des relations, un accueil familier et disponible nous permettent dêtre attentifs aux appels des personnes qui nous entourent et de leur « procurer le bonheur » de se sentir aimées pour ce quelles sont. Beaucoup de religieux sont passés ici, mais les gens constatent que, malgré les différences, cest le même esprit qui nous anime.
La communauté a été instituée dès les origines comme maison de formation. Comment se traduit à présent cette mission et la vie communautaire fait-elle des choix particuliers pour la mettre en uvre?
- La formation bétharramite cherche à accompagner la personne qui se sent appelée par Dieu à devenir disciple du Christ à la façon de St Michel Garicoïts. Ici, à Pibrac, on donne de limportance à la fidélité à la prière personnelle et communautaire, à la lecture continue de la Doctrine Spirituelle et à la régularité des rencontres communautaires et des temps de récollection bimensuelle. Un effort est fait pour faire des repas un temps riche déchanges fraternels.
Quapporte la présence de jeunes religieux de passage au sein de la communauté ?
- Cest un apport remarquable de jeunesse, de vivacité et de joie. Les enfants et les jeunes apprécient de trouver leur amitié et de pouvoir partager avec des plus proches de leurs préoccupations et de leurs centres dintérêt.
Au sein de la Fraternité Me Voici, beaucoup de laïcs vivent à Pibrac. Quels sont vos rapports ? Quelles sont leurs attentes ?
- Les laïcs en général, membres de la Fraternité Me Voici ou non, vivent avec les religieux une grande proximité, quasi familiale, et une grande solidarité dans le travail pastoral. Tous sintéressent à la vie de la communauté. Tous sont curieux de la Congrégation. Les membres de la Fraternité tiennent à découvir avec nous ce que le charisme du P. Garicoïts nous aide à vivre, et à porter avec nous le souci de la Congrégation. Il existe trois groupes qui se réunissent pour approfondir la spiritualité du Fondateur. Cest ici que fonctionne lAssociation Tshanfeto qui soutient le projet de la ferme Pédagogique dAdiapodoumé en Côte dIvoire. Ils restent en lien avec lEcole Supérieure dAgriculture de Purpan, institution jésuite à Toulouse, qui suit de près le développement de notre uvre, envoyant des stagiaires qui suivent le progrès du travail de formation et dexploitation.
Vous avez la charge de la basilique Sainte-Germaine, dédiée à cette petite bergère qui, elle aussi, gardait les moutons et faisait létonnement du village par sa patience, sa douceur et sa piété. En tant que fidèles disciples de St Michel Garicoïts, comment vivez-vous le culte de la sainte et est-ce que cela ne vous oblige pas à quelques
« infidélités » vis-à-vis de notre fondateur ?
- Ste Germaine et St Michel ont des traits de sainteté évangélique communs (lévangile de leur fête est le même)?: lhumilité, la patience, la recherche de la volonté de Dieu dans les petites choses. St Michel Garicoïts connaissait sans doute le pélerinage de Ste Germaine, et lon peut penser que lors de ses passages à Colomiers, chez les Filles de la Croix, (il existait une communauté de ces surs à Pibrac) il ait pu faire une prière à la petite sainte. Le recteur de la Basilique est lun des pères de la communauté. Pibrac compte aussi une Ecole des Frères de la Salle, et il y a eu très longtemps au prieuré un noviciat important. Nous sommes entourés de sainteté.
Pibrac est un lieu de pèlerinage : comment se fait laccueil des pèlerins ? Quel impact est-ce que cela a sur la vie de la communauté?
- Laccueil de pélerins est un service que la communauté assure avec joie et cordialité. La communauté y voit le moyen de manifester son « me voici » en se laissant déranger, bousculer. Les laïcs sont partie prenante de ce service daccueil. Sans compter que la proximité de laéroport de Toulouse Blagnac occasionne le passage de nombreux confrères.
Quel est selon vous le point fort de votre vie communautaire? Y a-t-il des points faibles sur lesquels vous aimeriez travailler davantage ?
- On peut dire que le point fort de notre vie communautaire est lunité dans la diversité des occupations et des personnes. Cest pour cela que nous privilégions les temps communs de prière et sa qualité, et que nous garantissons la fréquence des moments déchange et de partage fraternels.
La fête de Ste Germaine est imminente?! Au programme des festivités, ce 15 juin, est prévue une messe des jeunes. A quels niveaux ces derniers sont-ils présents dans la vie de la paroisse ?
- La participation des jeunes à la vie paroissiale est essentielle. Beaucoup se regroupent dans les divers groupes scouts (de France, dEurope, Scouts Unitaires) et les parents y sont aussi présents. LAumônerie de lEnseignement Public en rassemble une cinquantaine ; il sont présents comme servants dautel, musiciens pour la liturgie. Il existe aussi deux groupes Samuel où ils découvrent comment Dieu appelle...
In memoriam
Père Robert Daquo

Layrisse, 14 août 1932 - Bétharram, 24 mai 2012
Je voudrais faire une brève présentation de la vie du Père Daquo, dailleurs ce serait lui faire injure que de sappesantir sur tout ce quil a vécu, tellement il aimait passer inaperçu par humilité et discrétion...
Pourtant le Père Daquo mériterait quon insiste sur ses qualités humaines et spirituelles ; sans avoir lair dy toucher, il savait nouer des contacts par un sourire, un geste, une taquinerie (nous pensons en particulier à sa présence au milieu des jeunes du collège dont il était très apprécié !) Quant aux professeurs, lun dentre eux disait : « tant que les frères Daquo seront là, quel que soit le directeur, le collège marchera. »
Le Père Daquo était très sensible à la peine des autres, demandant des nouvelles dun tel ou dun tel quil savait souffrant ! Il nous a donné lexemple dun vrai fils de Michel Garicoïts, sachant rester à sa juste place sans être un embarras, un «?patraque?» comme aimait dire St Michel.
A la maison de retraite, on le retrouvait souvent à la chapelle où il sattardait longuement, seul devant le Seigneur !
Il est resté à la maison de retraite pendant 19 ans, de 1993 à 2012 ; au collège, pour le secrétariat et la comptabilité, pendant 30 ans, de 1963 à 1993 ; à Bel Sito, pendant 6 ans, de 1958 à 1963. Il avait fait un bref passage à lapostolicat après ses études à Rome.
On oppose parfois les deux termes : être brillant ou être lumineux. Robert était brillant car il avait obtenu tous ses diplômes de Droit Canon, darchiviste ou de bibliothécaire, mais il a été surtout lumineux, habité de lintérieur, et là nous sommes sur le terrain de la grâce...
Nous prions pour lui, bien sûr, mais notre prière est aussi action de grâce et reconnaissance !
6. LE CHAPITRE GÉNÉRAL DE 1947
Le chapitre de 1947 mérite une attention particulière, car il y fut décidé dune nouvelle organisation administrative de la congrégation : la subdivision en Provinces.
Jusqualors, en effet, tout lInstitut était gouverné par le supérieur général et son conseil : toutes les communautés dispersées dans les quatre continents dépendaient directement de lui.
Le conseil général nommait les supérieurs locaux et on recourait à lui pour tous les problèmes qui pouvaient surgir entre religieux.
Cette unité de gouvernement concernait aussi la question économique et la formation des jeunes.
Comme on la vu, il ny avait quun noviciat (en France) et un seul grand séminaire, en Terre sainte, pour toute la congrégation.
Cette organisation était dépassée désormais pour plusieurs motifs :
- avant tout, cest le Saint-Siège lui-même qui exigeait le nouveau modèle de gestion prévoyant une autorité intermédiaire : le supérieur provincial et son conseil pour chaque pays.
- En outre, lhistoire et lexpérience de la congrégation trahissaient le monolithisme du passé qui devait nécessairement évoluer. Avec lexpulsion intervenue en France, linstitut devenait de plus en plus international.
De petits séminaires avaient été ouverts en Argentine (Barracas), en Espagne (Mendelu), en Italie (Colico), en Angleterre (Droitwich), en plus du séminaire de Bétharram.
Au noviciat et au grand séminaire de France et de Terre sainte venaient vivre ensemble des jeunes de culture, de formation et de mentalités différentes.
Linternationalisation de la congrégation navait pas été suivie dune mise à jour des méthodes de formation qui dataient de St Michel et étaient codifiées dans le fameux coutumier : celui-ci garantissait sûrement lunité de la congrégation et la continuité de la tradition de St Michel et du P. Etchécopar ; mais par certains côtés, il étouffait les élans de nouveauté venant de la périphérie de la congrégation. Ce que nous désignerions aujourdhui comme un manque dinculturation du charisme bétharramite na fait alors quexaspérer les divisions et les nationalismes.
La décentralisation du gouvernement et la subdivision de la congrégation en petites unités dadministrations régionales pouvaient garantir un meilleur fonctionnement de lInstitut dans le respect des cultures et des diverses mentalités.
Enfin lexpérience vécue par la congrégation durant la Seconde Guerre mondiale avait conduit à réfléchir sur ces questions : des difficultés de communication, voire linterruption même des communications comme dans le cas de la Chine, restée isolée du reste de la congrégation pendant six ans, avaient déjà contraint le Supérieur général, le P. Buzy, à nommer en 1939-40, en divers pays, un délégué général pour la gestion extraordinaire des résidences soumises à leur autorité.
Le premier chapitre après la guerre fut amené à décider cette nouvelle forme de gouvernement. Il se tint à Bétharram du 12 au 23 janvier 1947. A ce chapitre, participaient pour la première fois des religieux bétharramites non-français. En effet, sur les 22 pères capitulaires étaient présents : le P. William Lyth (Anglais), le P. Alessandro Del Grande (Italien) et le P. Valentin Perez (Argentin).
En outre, au nouveau conseil général nommé à la fin du chapitre, il y eut le premier « étranger » : le Père Félicien Cattaneo, de nationalité argentine, élu économe général.
Roberto Cornara
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