Nouvelles en Famille - 14 mars 2011
Sommaire
- Le mot du Père général
- Le Père Etchécopar écrit...
- 40 jours
- Ah! Cette Règle de Vie
- L'Incarnation: Dieu dans la faiblesse humaine 3/4
- 5 minutes avec le P. Alessandro Paniga
- In memoriam: P. Carlos Rodriguez (1933-2011)
- La vie extraordinaire de Sur Marie (3)
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Le mot du Père général
Humilité et générosité d'un grand missionnaire
Ce missionnaire, cest saint Paul : ses nombreux voyages, la fondation de tant dÉglises, sa fidélité, malgré les difficultés, à la mission confiée par Jésus ressuscité en personne, son courage et son dévouement font de lui un grand missionnaire. Il a tout fait pour la mission, doù sa générosité.
En même temps, on connaît sa fragilité et sa vulnérabilité - lui-même en était conscient. Elles lont aidé à rester à sa place, de sorte que la personne du missionnaire sefface devant Celui quil annonçait : Jésus, Fils bien-aimé du Père, né dune femme, qui est mort et que le Père a ressuscité pour réconcilier tous les hommes et tout accomplir en lui.
Je vous invite à faire une lectio des deux lettres aux Corinthiens, au centre desquelles se trouve la phrase choisie pour donner le ton du prochain Chapitre général, à Bethléem : ce trésor, nous le portons en des vases dargile. (2Cor 4,7)
On se rappelle la fougue du jeune Saul gardant les manteaux de ceux qui lapidaient Étienne (Ac 7,58), et son acharnement à pourchasser les chrétiens. Mais lorsque lirruption du Ressuscité dans sa vie la jeté à terre, il a rencontré et sest configuré à Jésus, celui que tu persécutes. (Ac 9,5) La même force qui lavait renversé, le fit se lever et entrer dans la ville où on lui dirait ce quil devait faire, car cet homme est l'instrument que j'ai choisi pour faire parvenir mon Nom auprès des nations païennes. (Ac 9,15)
Cette rencontre a changé radicalement lorientation de sa vie. Dès lors il se voit comme un avorton (1Cor 15,8) ; face aux hommes et aux communautés, il se présente dans sa faiblesse, craintif, hésitant, incapable de convaincre par léloquence (1Cor 2,1-4). Sil faut des motifs d'orgueil, c'est dans ma faiblesse que je mettrai mon orgueil. (2Cor 11,30), car nous nous réjouissons chaque fois que nous sommes faibles (2Cor 13,9), lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort (2Cor 12,10), bien que je ne sois rien. (2Cor 12,11)
Paul a deux raisons de mettre en valeur sa faiblesse. Dabord, le fait dêtre disciple de Jésus crucifié : lui qui était riche, est devenu pauvre à cause de nous. (2Cor 8,9) Ensuite, le fait dêtre missionnaire : seulement sil apparaît vulnérable et impuissant ceux qui le verront et lentendront ne sarrêteront pas à son éloquence et à ses arguments, mais souvriront à Celui quil proclame et à sa puissance de salut en Dieu. Quand je suis venu chez vous pour vous annoncer le mystère de Dieu... je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. (1Cor 2,1-2)
Car la raison de vivre de Paul, le fond de sa prédication, sa fierté et sa gloire, cest le Christ crucifié (cf. 2Cor 13,3-4). En Lui, dans sa faiblesse, sa vulnérabilité, son dépouillement et son anéantissement, Dieu le Père manifeste sa puissance de salut. Nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l'homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l'homme
Ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s'enorgueillir devant Dieu. (1Cor 1,23-31)
Sa faiblesse se manifeste aussi dans les épreuves, les affronts, les persécutions endurés pour le Christ : à notre arrivée en Macédoine, nous n'avons pu trouver aucune tranquillité, mais c'était à tout moment la détresse : au-dehors, des conflits, et au-dedans, des craintes. (2Cor 7,5) Tels sont les traits qui lidentifient au Maître crucifié, et en font un disciple crédible. Mais ce sont aussi les traits qui le rendent solidaire des hommes et des femmes bafoués, assoiffés de la consolation et du salut apportés par le Dieu-Amour. Si quelqu'un faiblit, je partage sa faiblesse. (2Cor 11,29) Ce sont les situations où il fait lexpérience et où il apprend à ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts. (2Cor 1,9) Cest là aussi quil ressent les divines consolations, ce qui seul remplit vraiment sa vie et donne de la force pour sa mission. Béni soit Dieu... Dans toutes nos détresses, il nous réconforte ; ainsi, nous pouvons réconforter tous ceux qui sont dans la détresse, grâce au réconfort que nous recevons nous-mêmes de Dieu. (2Cor 1,4) Cest la manière choisie par Dieu pour se révéler: Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. (2Cor 12,9)
Lapôtre ne tire pas prétexte de sa fragilité pour éviter de sengager ou mettre des limites à son dévouement. Au contraire, en se fiant, non à lui-même, mais à la grâce de Dieu, il sélance dans la course et ne craint aucun obstacle pour accomplir la mission reçue du Seigneur. Là senracine cette générosité que sa faiblesse ninfirme pas.
À lapproche du Chapitre général, en contemplant la vie de Paul, disciple et missionnaire authentique, chacun de nous, Père ou Frère de Bétharram, doit sexaminer sur ce qui motive véritablement sa vie de consacré et sa mission, et demander la grâce de la conversion. Certes, lavenir de notre famille passe par une pastorale vocationnelle bien organisée ; mais elle se joue surtout sur la fidélité de chacun au style de vie évangélique pour lequel Dieu est lunique nécessaire, et qui conduit pour cela même à vivre dans la logique du grain de blé et du lavement des pieds enseignée par Jésus. Saint Ignace de Loyola la parfaitement saisi dans loffrande en trois points des Exercices : Roi éternel et souverain Seigneur de toutes choses, je vous présente mon offrande
je veux et désire, et c'est ma détermination arrêtée, pourvu que ce soient votre plus grand service et votre plus grande gloire, vous imiter en supportant les injures, les opprobres, la pauvreté d'esprit et de cur, et même la pauvreté réelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et m'admettre à cet état de vie. (Exercices spirituels n°98)
Gaspar Fernandez,SCJ
Le Père Auguste Etchécopar écrit...
au P. Jean Magendie (à Buenos Aires), le 4 mars 1894
Les ordinations ont dû être retardées. ( ) [Les scolastiques] profiteront des sages délais imposés par lÉglise : parce que les sentiments dont ils sont animés nous semblent excellents, et quétant bons religieux, ils deviendront de bons prêtres, des prêtres à limitation du Père Garicoïts. Cest dur ; faire ainsi marcher professorat, théologie, la propre sainteté et celle des autres. Simmoler enfin ! Mais les enfants de famille, à quoi les reconnaît-on ? Nest-ce pas en retrouvant en eux quelque trait de leur Père ? Or voyez-le, toute la vie cumulant tous les travaux les plus durs et les plus opposés ; domestique et élève jusquau Grand Séminaire ; puis toujours maître et esclave à la fois ; le premier et le dernier, comme la tête et la bête de somme de la Communauté !!! Oh ! nous avons beau faire ! la nature aura beau crier, regimber, enrager Noblesse oblige ! notre drapeau nous entraînera ; notre devise nous enlèvera ; et bon gré, mal gré, vous courrez à lodeur des parfums de votre fondateur en disant : plutôt mourir que fuir !
Préparation spirituelle au Chapitre général

LINCARNATION : DIEU DANS LA FAIBLESSE HUMAINE
3. Lhumilité: chemin de vérité et de liberté
![]() | Le Tout-Puissant a voulu partager notre faiblesse en prenant la condition humaine : tel est le mystère merveilleux de lIncarnation, centre de notre spiritualité. Le charisme de Bétharram, "lEcce Venio du Cur de Jésus" est un trésor incomparable; il nous est donné mais nous le portons dans des "vases dargile". |
Lincarnation du Fils veut nous persuader combien nous sommes aimés par Dieu le Père puisquIl envoie son Fils vivre avec les hommes une extraordinaire proximité. Ainsi le Père nous montre combien il nous estime et nous apprécie : « Cest le désir ardent de Notre Seigneur que nous soyons animés des sentiments de son Cur » (DS 51). Puisque Dieu se préoccupe tellement de moi, inutile de passer trop de temps à minterroger sur ma valeur. Nous sommes appelés non pas à une existence repliée sur nous-mêmes mais ouverte aux autres, en nous souciant des autres (Ga 5, 22-23). Certes chacun dentre nous a besoin de lamour des autres, mais lorsque ce besoin dêtre aimé et apprécié devient envahissant, nous perdons notre liberté ; nous gaspillons notre énergie pour être reconnus au lieu de nous investir dans le bonheur à apporter autour de nous : « Dans lhypothèse quune gloire égale dût revenir à Dieu de lestime et des éloges que nous accorderaient les hommes, nous devrions avoir un amour de préférence pour les contradictions et les humiliations afin dêtre entièrement conforme aux sentiments de Notre Seigneur » (DS 49).
Lorsque nous sommes moins préoccupés de nous-mêmes, les déceptions et les échecs mêmes sont relativisés et considérés comme attachés à notre condition humaine sans que cela nous déstabilise et nous détruise : « Notre Seigneur est venu du ciel pour nous apprendre à plaire à son Père, à accomplir ses volontés, à estimer les humiliations et les souffrances comme le monde estime les honneurs, à rechercher la croix avec plus dempressement que les hommes du siècle la gloire dici-bas. Mon Dieu, venez à notre aide ! Seigneur, donnez-nous de goûter ces choses ! Faites que nous ne trouvions de consolations que dans les abaissements de votre divin Fils » (DS 109).
Parfois cette humilité a pu conduire à des déviations ; il ne sagit pas de se déprécier en se comparant sans cesse aux autres, en pensant que si nous sommes faibles cest la faute des autres : « Apprécier sa valeur de personne unique et irremplaçable ne consiste pas à se croire parfait ou meilleur que les autres. Cela ne pousse pas à se comparer aux autres, à entrer en compétition avec eux ni à les rabaisser
Lamour de soi commence par une authentique compassion envers soi. Loin de se disputer pour ses erreurs, de se blâmer dans la souffrance et de shumilier dans les échecs, la personne qui saime, sécoute, se console, sencourage et se fait confiance
La personne qui a confiance en elle-même nest pas hantée par la perspective de commettre des erreurs. Si elle en commet, elle sait les réparer ; elle les considère comme autant doccasions dapprendre ce quil ne faut pas faire
Cette confiance est alimentée par les convictions suivantes : je me sens capable, je nai pas besoin de me comparer aux autres ; je compare plutôt mes réalisations à celles du passé; jaccepte mon niveau actuel de compétence, tout en cherchant à maméliorer sans cesse
» (Jean Maubourquette, p. 33-35). à suivre
Laurent Bacho,SCJ
extraits de la récollection à la Fraternité Nè Mè (18/12/2010)
Carême 2011

40 jours
Depuis le 9 mars, nous sommes en CARÊME. Comment se fait-il que dans nos conversations, il se serait réduit à une période pénible defforts mesquins et inutiles, de privations que lon prétend simposer en toute hypocrisie, comme un régime auquel on narrive pas à croire ?
Voici le temps de grâce, le temps favorable, ce temps cadeau de Dieu pour reprendre la mesure du meilleur en nous. Il semble quil ny ait que Dieu pour croire vraiment à notre sainteté possible, à notre croissance, à notre épanouissement, à notre accomplissement.
Faire carême cest simmerger dans laccueil de ce désir de Dieu. Dans son génie créateur Il a déposé en nous la capacité daimer qui lui ressemble. Il sait comment cela peut irriguer notre existence pour lépanouir en bonheur. Il fait avec nous le constat que la vie vient obstruer ces canaux.
Avec son Fils Jésus, il nous propose dentrer dans un chemin où nous allons nous laisser tenter par lécoute du meilleur en nous-mêmes. Vous avouerez que cela réclame de nous un sacré changement dhabitudes : arrêter de courir contre le temps, de se disperser tous azimuts, de se croire indispensable, retenir le flots de tous les besoins que nous nous sommes créés et qui nous rendent esclaves
JEÛNER, ce ne serait donc pas seulement du côté de la bouche et du ventre, (même si...) mais du côté des oreilles, de lagenda ou de lipod, de la console ou dinternet, du portable et des SMS, de la consommation ou de la vitesse
PRIER, ce serait inventer ces plages de silence où il fait si bon sexposer au soleil bienfaisant de la présence de Dieu et se mettre à écouter son souffle de vie pour ne plus rester en apnée
PARTAGER, ce serait faire à lautre, quel quil soit, laumône de devenir mon prochain. Solidarité/charité ? Ces deux mots associés le sont à dessein comme deux versants du partage : la charité, cest lAmour tel quil nous est mis au cur par Dieu, et qui nous pousse à aimer lautre. La solidarité cest cet amour mis en uvre dans les actions concrètes où nous honorons les liens qui nous unissent à tout homme. LEncyclique du Pape Benoît XVI, « LAmour dans la Vérité » est, sur ce thème, la référence.
Alors, sommes-nous partants pour cette quarantaine ? Que du bonheur que ce temps-là ! par pitié ne prenons pas nos masques de tristesse pour laborder. LÉvangile nous invite au contraire à redoubler de parfum et de délégance pour que la beauté du cur soit au rendez-vous, pour que la Pâque vienne couronner en bouquet final ce temps favorable. BON CARÊME à chacun.
Jacky Moura,SCJ
Ah! Cette Règle de Vie!
Le poète a dit ceci :
« Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
et les mots pour le dire arrivent aisément ».
Et ceci :
« Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. »
(Nicolas Boileau, lArt Poétique, 1674, Chant I)
On la croyait (presque) éternelle ! Il a fallu la revoir. Des ébauches ont apparu ; puis dautres
1er novembre 2008 : un texte ad experimentum ; (presque) définitif, dans lattente, (presque) tranquille, du chapitre général.
Janvier 2010 : on sest fait une raison pour tenir compte de lexpérience, la mère des sciences. Alors : cétait (presque) certain, le texte de 2010 irait jusquau chapitre de 2011.
Cétait oublier le poète ! Sage, la "commission" sest remise sur le métier
Encore ! (presque) "vingt fois" ; pour un texte poli et repoli ?
Deux ans dexpérience et trois chapitres régionaux plus tard, des religieux, des communautés, des vicariats, des régions se sont exprimés. Un grand merci à tous, à chacun.
Des phrases ont été allégées : « ajoutez quelquefois, effacez souvent », nous lavons fait ! Des tournures ont été rendues
compréhensibles, qui sénoncent clairement !
La place des vicariats et le rôle des vicaires régionaux ont été précisés, valorisés ; et apparaît "léconome du vicariat".
Huit articles des constitutions et un statut concernant les « bureaux déconomat » ? Bon ! un seul statut !
En suivant le code de droit canonique actuel, le chapitre « sortie de la congrégation » devient « séparation davec un membre ».
Restent deux épreuves :
- le chapitre général de mai prochain, à Bethléem, pour voter un texte définitif (que dautres changeront !) ;
- la vie quotidienne pour mettre en pratique ce qui aura été voté !
Hâtons-nous lentement ! sans perdre courage ! nous arriverons ! Notre père saint Michel Garicoïts nous enseigne :
« LEglise catholique, les supérieurs, les règles nous montrent la route, semblables aux poteaux du grand chemin. » (Doctrine Spirituelle, 145-146)
Et encore :
« Nos règles sont de grands instruments de coopération à la grâce, des voies droites pour aller à Dieu et nous mettre sous la conduite de lEsprit Saint ; elles sont pour nous comme notre huitième sacrement. De plus, nous y trouvons des guides sûrs et des moniteurs qui nous rappellent nos devoirs, souvent même nos obligations de droit naturel. » (DS 221)
Beñat Oyhénart,SCJ
Commission de révision de la Règle de Vie
5 minutes avec... le Père Alessandro Paniga

Depuis 7 ans et demi, le P. Alessandro Paniga est aumônier dune maison de repos gérée par les Frères Hospitaliers de Saint-Jean de Dieu, à Solbiate, non loin de Côme (nord de lItalie). Nous lui avons posé quelques questions...
Nef : En quoi ton rôle daumônier dans un établissement de soins est-il dans la continuité de ton précédent ministère de religieux-prêtre de Bétharram ?
- Au cours de ma vie, jai exercé divers ministères : responsable des apostoliques, supérieur du scolasticat, professeur de lettres, animateur vocationnel, supérieur provincial, vicaire paroissial, mais la présence aux malades mentaux et aux personnes âgées a toujours eu une place à part ; jeune prêtre déjà, jétais aumônier de la clinique Saint-Benoît dAlbese, non loin de notre maison dAlbavilla. Tant et si bien quaujourdhui encore, depuis Solbiate, je rends visite deux fois par semaine aux malades mentaux de cet établissement. Et donc le ministère actuel, que je mène de front à Solbiate auprès des vieillards et des malades, et à Albese avec les déficients intellectuels, est dans la continuité de ce grand désir constant de me dévouer à de telles personnes.
Quels sont les points communs entre notre spiritualité et celle des Frères de Saint Jean de Dieu ?
- Les Frères de Saint-Jean de Dieu font un quatrième vu : se consacrer au service des malades. Cest donc le pivot de leur charisme, tel que la voulu leur fondateur. Lassistance aux malades et aux personnes âgées nest pas le propre de Bétharram, néanmoins nous sommes appelés à leur être attentifs et disponibles. Notre fondateur a été très clair sur lattitude à avoir à leur égard, dabord à lintérieur de nos communautés : Il ne faut rien épargner pour soigner les malades. Saint Jean de Dieu recommande à ses religieux daccueillir le malade comme un frère et un prochain, disant : Ayez toujours la charité, car là où il ny a pas de charité, Dieu nest pas, bien quil soit en tout lieu. Rappelons-nous ce que disait saint Michel : La maladie est un don, une grâce, dans les plans divins
Tout ce que nous faisons pour les malades, cest à Dieu lui-même que nous le faisons. Notre Règle de Vie dit que « Suivre le Christ, c'est s'engager à le servir dans les hommes » (art. 10) et que nous voulons partager « les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes. » (art. 18) Tel est le ministère que jessaie dexercer dans cette maison de soins.
Pendant plusieurs années, tu as fait communauté avec deux confrères malades accueillis dans cet établissement. Comment las-tu vécu ?
- Quand je suis arrivé ici en tant quaumônier, le P. Angelo Pessina mavait précédé de 15 ans. Un accident de la route lavait rendu infirme, mais le P. Angelo a toujours vécu cette épreuve avec foi, courage et générosité. Bien quà distance de toute communauté, il se sentait très lié à notre famille religieuse. Il était ravi de recevoir la visite de confrères. Il parlait souvent de saint Michel et de notre spiritualité ; son attitude était admirable et réconfortante. Puis, quand le P. Angelo Petrelli a été admis en 2005, nous avons essayé de passer du temps ensemble, de prier ensemble, de vivre ici lesprit de Bétharram. Nous avons formé une petite communauté bétharramite. Pour ma part, la parole et le témoignage de ces vrais fils de saint Michel ma soutenu et encouragé. Le P. Angelo Pessina nous a quitté le 27 janvier 2008 et le P. Angelo Petrelli le 12 avril 2009. Ils me manquent beaucoup.
« Les malades sont une bénédiction pour les communautés », disait saint Michel. Ton expérience ta-t-elle mieux fait comprendre cette affirmation de notre fondateur ?
- Lexpérience vécue avec ces deux confrères, les Pères Pessina et Petrelli, auxquels il faut ajouter les Pères Luigi Gusmeroli et Alessandro Del Grande, ma profondément convaincu de la justesse des propos de notre Fondateur : « Loin dêtre un obstacle à luvre de Dieu, les malades attirent les bénédictions du ciel par leurs souffrances et leurs prières. » Malgré la souffrance de ne pas vivre en communauté, nos confrères malades ne se sont jamais senti ni isolés ni inutiles. Ils ont compris que leur vie était entre les mains de Dieu et quils étaient appelés à la vivre dans la foi. Ils ont tant prié pour les vocations, pour les confrères, pour notre famille religieuse. Tout cela ne peut quattirer sur nous tous les bénédictions de Dieu.
Lesprit de saint Michel taide-t-il dans ton ministère auprès des patients, de leurs familles et du personnel ?
- Lesprit de Bétharram, je lai toujours vécu comme un esprit de famille qui rend proche des gens, avec cette délicatesse, cette simplicité et cette disponibilité que saint Michel désirait pour lui et pour ses fils spirituels. Ici, jessaie dêtre présent et attentif, découter les personnes et de faire de mon mieux pour elles. Par rapport aux familles et aux soignants, je cherche à rendre un bon témoignage de vie chrétienne dans le service des personnes âgées.
En tant que délégué au prochain chapitre général, as-tu un message pour les religieux du monde entier que tu vas retrouver ?
- Le message que je voudrais adresser aux Bétharramites répandus un peu partout dans le monde, cest de saimer davantage et de traiter tout confrère rencontré comme un frère à accueillir et à servir. Lorsque lun deux est en difficulté, rappelons-nous toujours ce mot du Fondateur : Il ne faut rien épargner pour soigner les malades; on doit éviter surtout toute parole, toute façon d'agir qui leur feraient croire qu'ils sont à charge. (DS 172) Et il ne sagit pas seulement de maladie physique mais de toute maladie morale et spirituelle qui peut en éprouver tant parmi nous. Le message fort que jattends du prochain Chapitre général est que tout religieux se sente fier dêtre bétharramite et quil sengage à faire grandir lesprit de communion et de générosité que notre Fondateur désirait pour nous, ses fils spirituels.
In memoriam | Thaïlande: P. CARLOS ROGRIGUEZ,SCJ
Pampoliega (Espagne), 27 janvier 1933 | Chiang Maï (Thaïlande), 21 février 2011
Pierre Caset,SCJ

3. VERS LE CARMEL
Toujours hantée par la pensée de son frère, Mariam prit place pour Saint-Jean-dAcre sur un bateau que la tempête fit accoster à Jaffa. Elle sy joignit à des pèlerins allant à Jérusalem et y trouva aussi une place.
Un jeune homme mystérieux laccosta dans la Ville sainte, lui fit léloge de la chasteté parfaite, la conduisit au Saint-Sépulcre, ly aida à prononcer son vu de virginité et, avant de la quitter, lui rappela les étapes de son existence que lui avait prédites la religieuse dAlexandrie. Accusée davoir volé une bague à sa maîtresse, elle fut jetée en prison mais tôt libérée quand on eut découvert la vraie coupable. Mariam alla reprendre un bateau à Jaffa pour Acre. Mais la tempête le fit encore continuer sur Beyrouth où elle entra à nouveau en service, avec de nouvelles épreuves: encore une accusation de vol, vite levée; une chute mortelle; une extraordinaire cécité de 40 jours; sa guérison inexplicable; des visions.
Encore trop bien appréciée pour son service, Mariam changea de maîtres et finit par suivre à Marseille une famille melkite Najjar. Là elle fut aussi très appréciée, mais encore servante bien déroutante, avec ses ravissements, ses maladies, ses visions et ses désirs dentrer en religion.
Les Surs de Saint-Joseph finirent par laccepter, bien qu'elle ne sût ni lire ni écrire, baragouinant le français, tutoyant tout le monde, à larabe, cc quelle ferait toute sa vie, même avec le Patriarche de Jérusalem. Elle servait à la perfection, avec un extraordinaire dévouement. Mais ses extases se multipliaient et, en 1866, apparurent aussi les stigmates, à ses pieds et ses mains. Ces phénomènes extraordinaires firent delle un sujet de contradiction dans une communauté active. En 1absence de la supérieure générale qui lestimait beaucoup, la majorité du Conseil ne laccepta pas pour le noviciat. Navrée de la décision, la Supérieure devait déclarer par la suite, le 12 décembre 1868: « Nos supérieurs ecclésiastiques nont pas cru devoir la garder au milieu de nous, disant que le cloître avait le privilège de garder de telles âmes. Nos Surs ont obéi. Vous avez cette âme privilégiée. Que Dieu en soit béni. »
Mariam était arrivée au Carmel de Pau le 15 juin 1867, avec Sur Véronique Leeves (1823-1906), personnalité assez extraordinaire. Fille dun pasteur anglican, elle sétait convertie à Malte et était entrée chez les Surs de Saint-Joseph en 1851. Ayant travaillé quelques années à Calicut en Inde, elle fut destinée à fonder un Tiers-Ordre féminin carme et fut envoyée pour cela à Rome. La fondation ayant échoué en 1866, elle rentra à Marseille. Elle y fut provisoirement maîtresse des novices et de là, partit avec Mariam au Carmel de Pau. Ayant dû dans la suite reprendre la fondation du Tiers-Ordre projeté, celui-ci est devenu une Congrégation de religieuses carmélites indiennes.
Cette Mère Véronique donnait de Mariam, sa novice de 21 ans, le portrait suivant: « À la voir, on ne lui aurait pas donné plus de 12 ans. Sa petite taille, sa figure candide, sa difficulté de sexprimer en notre langue, sa profonde ignorance de toute chose, car elle ne savait pas lire ni en arabe ni en français, tout faisait delle une véritable enfant. Aussi ne pouvions-nous la désigner entre nous que sous le nom de "la petite Sur". Cependant, chose surprenante, elle joint à cette simplicité la plus grande sagesse, beaucoup de discernement et si elle est dénuée de talents acquis, son cur et son esprit sont riches de dons qui font les grandes âmes. »
Pierre Médebielle,SCJ
Jérusalem (1983, pp. 201-239)
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