Nouvelles en Famille - 14 février 2010
Sommaire
- Le mot du Père général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Conseil de Congrégation: des paroles et des Actes
- Vers le Chapitre général: la Règle, chemin de Vie avec le Christ
- 5 minutes avec le Père José Antônio da Silva
- Feuilleton: l'aventure de Bétharram en Chine (2)
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Le mot du Père général
Un trésor dans des vases d'argile
La grâce du Chapitre général 2011
Rome, 2 février 2010
Chers Pères et Frères,
Avec le Conseil de Congrégation, réuni fin janvier à Rome, nous avons décidé que le XXVIe Chapitre général de notre famille se tiendra dans notre maison de Bethléem, du 14 au 31 mai 2011. Le Chapitre général, signe dunité et de charité pour tous les religieux de notre institut, est un événement ecclésial, affirme notre Règle de Vie (art. 177).
La période capitulaire souvre par cette lettre ; elle sadresse à chaque Bétharramite désireux de se conformer en toute chose au Cur de Jésus. Le rendez-vous de Bethléem sera le point culminant du chemin entrepris par tous les religieux et toutes les communautés de la Congrégation. Sa fécondité sera proportionnelle à limplication des religieux et des communautés dans la réflexion, la prière et leffort de conversion, pendant le temps de préparation. Les délégués qui y participeront, en tant que représentants de leurs frères, rempliront leur mission sils se sentent portés par un climat spirituel et un désir authentique de vivre lhéritage charismatique légué par saint Michel Garicoïts.
Nous voulons que ce temps de grâce nous centre sur la prise de conscience de nos fragilités, ainsi que des possibilités et des énergies quelles peuvent libérer. Et toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda,c'est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. (Michée 5,1) Nous ne voulons pas considérer nos fragilités comme des échecs mais comme une opportunité qui nous est donnée : celle dêtre des outils adaptés à la mission de construire le Corps du Christ quest lÉglise, et faire avancer le Royaume de Dieu dans la société. Cest ce que suggèrent ces paroles de saint Michel Garicoïts et de saint Paul : Que nos misères mêmes nous rendent plus humbles, plus généreux, plus forts en Jésus-Christ et par Jésus-Christ! « C'est quand je suis faible que je suis fort » (2Cor 12,10). (DS 81) Ce trésor, nous le portons comme dans des vases dargile
(2 Cor 4,7)
Jésus Christ est notre référence. Jésus Christ dans le cur, sur les lèvres et dans notre conduite. Jésus Christ, voilà notre miroir, notre exemple, qu'il ne faut jamais perdre de vue; sa vie, ses actions, sa conduite intérieure, extérieure, etc. Se comparer sans cesse à Lui: "Ton cur est-il comme le sien? A présent comment agirait-il?" Jésus est comme le serpent d'airain; il suffit de le regarder pour être guéri quelquefois des morsures les plus venimeuses des mauvaises inclinations. « Pour moi, vivre cest le Christ » (Phi 1,21), oui, c'est lui, lui seul qui est ma vie! (DS 341)
Avec cet esprit dhumilité et de confiance en lamour du Père, avec le même enthousiasme quau jour où nous avons décidé dêtre ses disciples-missionnaires, avec la même ardeur que nous mettons à la mission, nous devons tous nous mettre à travailler et à prier. Vu que lapprobation de la Règle de Vie révisée sera le gros morceau du chapitre, nous proposons quà compter de ce mois de février jusquà avril de lan prochain, on fasse une lecture sainte de la Règle de Vie en communauté. Nous devons le faire dans un climat de prière, de narratio fidei, qui nous aide à partager, en toute simplicité, la joie dêtre ce que nous sommes avec nos frères de communauté. Car dans la communauté se trouvent les religieux, la vie et la mission la Congrégation (dans ce numéro de la Nef, vous trouverez la fiche danimation élaborée avec les Supérieurs régionaux).
Ce travail en communauté est une préparation à lAssemblée qui aura lieu en chaque Vicariat, temps fort de communion et de participation, mais aussi dévaluation de la fidélité à notre charisme, de son incidence sur notre milieu culturel et de la manière dont la culture de chaque Vicariat enrichit ses expressions. Les conclusions des Assemblées remonteront aux Chapitres régionaux, qui sen saisiront pour analyser létat de la Région, faire des propositions au Chapitre général et en élire les députés. (art. 225)
Parcourons avec joie et résolution cet itinéraire capitulaire : cest un moment important pour être encore plus dauthentiques religieux du Sacré Cur de Jésus, une occasion unique de renouveler vraiment la vie de nos communautés et notre engagement dans la mission. Ne prétextons pas notre faiblesse. L'amour de Dieu ne souffre pas d'excuse. Notre père saint Michel Garicoïts nous encourage, avec les mêmes mots quil eut un jour pour Sur Zéphirin-Saint-Blaise : Vous n'êtes pas juste pour reconnaître le bien que le Seigneur opère en vous et par vous, en même temps que vous reconnaissez le mal que vous faites. Reconnaissez donc le premier et dites: « Seigneur, j'en suis bien indigne, mais je ne vous en remercie que davantage; faites que j'en profite pour vous aimer et vous servir avec plus de zèle. » Reconnaissez aussi le second et dites: « Voilà bien le fruit de mon jardin; de mon fonds, il ne peut en sortir que de semblables; mais dites une parole et tout changera de face. » (Corr. I, lettre 114, p. 243).
Au soir de cette journée de la Vie consacrée, jai participé, avec les Pères Bruno, Jean-Luc, Jacky et Beñat, et le Fr. Fiorenzo, aux vêpres et à ladoration présidées par le Pape Benoît XVI à la basilique Saint-Pierre. Jen ai profité pour présenter à Jésus-Eucharistie toute la Congrégation embarquée dans le projet du XXVIe chapitre général. Je lai présentée à la façon dont Marie présentait son Fils Jésus au Temple : Nous purifier et nous présenter. Ces deux choses nous devons les faire marcher ensemble jusqu'à la mort; vivre et mourir en nous purifiant de nos fautes journalières et en nous présentant à Marie, par Marie à Jésus, et par Jésus a Notre Père céleste. Pensons cela souvent, aimons cela, faisons cela. Ainsi soit-il! (Corr. I, lettre 74, p. 190)
Restons unis dans cette entreprise, entre nous, avec le Bétharram du ciel, notre père saint Michel Garicoïts, le Serviteur de Dieu Auguste Etchécopar et la Bienheureuse Mariam. Amen. Fiat. Fiat. Eamus. En avant toujours!
Gaspar Fernandez,SCJ
Le Père Auguste Etchécopar écrit...
au Père Pierre Pagadoy, 22 avril 1877
Nous sommes actuellement occupés [à la rédaction de nos Constitutions] avec toute la sollicitude possible, dans le désir de rapporter avec nous [de Rome] cette forme de vie si impatiemment attendue par la Congrégation tout entière et qui devra être soumise au prochain Chapitre général, et enfin au Saint-Siège.
Priez et faites prier pour que la très sainte Vierge notre Mère soit glorifiée en laffermissement et sanctification de ses enfants, de son uvre de Bétharram. Oh ! mon Dieu, il me semble que nous ne voulons pas autre chose ; mais nous sommes de si indignes, de si mauvais instruments !
Heureusement que nos frères meilleurs que nous, nous aident ici et là-bas ! Heureusement que la grâce qui nous soulève est puissante et semble vouloir, comme seule, enlever tous les obstacles !
À cette grâce, notre reconnaissance sans bornes !
Conseil de Congrégation: des paroles et des Actes
Le XVIIIe Conseil de Congrégation, composé du P. Gaspar Fernandez, Supérieur général, de son Conseil (PP. Enrico Frigerio, Laurent Bacho, Bruno Ierullo et Jean-Luc Morin), et des trois Supérieurs de Région (PP. Gustavo Agin, Austin Hughes et Graziano Sala), sest réuni à la Maison générale, à Rome, du 21 au 27 janvier. Voici l'essentiel des Actes publiés à lissue de la rencontre.
1. LA RÉGIONALISATION
Après les rapports des Supérieurs de Région, le Conseil a fait le point sur la régionalisation, un an après sa mise en place.
En positif
- La bonne volonté de la plupart des religieux et leur ouverture à la Congrégation au-delà de leur réalité locale;
- le partage du service de lautorité entre Supérieurs de région et de vicariat;
- le climat de confiance et de travail au sein des Conseils:
- la place de laccompagnement des religieux dans les attributions du Supérieur régional;
- la sérénité et la conviction avec laquelle les Supérieurs mènent leur mission, en dépit de lampleur de la tâche;
- lintérêt manifesté dans les vicariats pour mieux vivre la consécration, un sens accru du bien commun;
- limportance accordée à la coopération entre vicariats dans la formation et la valorisation du charisme;
- le climat positif des assemblées de vicariat ;
- linsistance sur la communauté : on cherche des missions pour des communautés, non des activités pour des individus ;
- la prise en compte des réalités nationales : un pas vers la responsabilisation, même si cest ardu ;
- le passage dune forme de bilatéralisme (et de dépendance) à un partenariat où chacun se sent impliqué et solidaire ;
- lesprit dinternationalité dans linformation (Nef, betharram.net), et lintérêt que cela suscite;
- la sensibilité aux efforts dharmonisation économique.
En négatif
- la confusion des rôles entre Supérieur régional et de vicariat ;
- la difficulté à mettre en place les structures, et à tenir les rythmes de réunions prévus par la Règle;
- la complexité du fonctionnement du Conseil régional, liée aux dépenses de voyages, même si on essaye de sy conformer ;
- le manque de pertinence, et les coûts de fonctionnement, du Conseil de Région, au point que deux régions sur trois nont pas réussi à le constituer;
- la lourdeur du Chapitre régional tel que le prévoit la nouvelle Règle, doù la nécessité de repenser sa composition;
- la mise en uvre de la régionalisation comme réforme institutionnelle qui ne saccompagne pas toujours dune refondation et conversion, personnelle et communautaire;
- lécart entre lignorance de la Règle et de la Régionalisation par certains religieux, et les énormes efforts fournis en ce sens depuis des années;
- des résistances qui proviennent souvent de problèmes personnels quant à la vocation, ou au rapport à lautorité;
- la difficulté à comprendre que la régionalisation ne fonctionnera que si fonctionnent les communautés;
- les interrogations que soulèvent la figure du Supérieur de vicariat, encore floue, et la faiblesse de certains supérieurs locaux dans leur rôle danimation;
- les cloisonnements des anciennes Provinces : un passé quon a du mal à dépasser;
- la peur du changement, la contradiction entre la volonté de simplifier et la complication perçue des structures...
Les défis en cours
- Convaincre ceux qui en doutent encore du bien fondé de la Régionalisation;
- ne pas laisser retomber lenthousiasme personnel;
- continuer à partager et à alimenter le climat de confiance entre Supérieurs régionaux et Conseil général;
- veiller à lengagement personnel de chacun par rapport à sa vocation, raviver le sens dappartenance à Bétharram.
2. LES SUJETS ABORDÉS
Narratio fidei
Le Conseil a entrecoupé ces travaux de deux temps de partage de foi qui ont permis de fonder spirituellement ses réflexions (lun sur la lettre 69 de saint Michel, lautre sur une circulaire du P. Etchécopar). Encore une fois la narratio fidei a démontré être plus quun moyen ou un exercice : une expérience qui fait grandir.
Questions économiques
Face au peu de rendement des placements financiers, le Conseil discute dun investissement foncier au service dun réalité montante de la Congrégation. Le Bureau déconomat général présente les comptes 2003-2008 et les formulaires bientôt en vigueur. Lunification visée devrait permettre une meilleure gestion prévisionnelle, au niveau local et global.
Questions de formation
Le Conseil prend connaissance des orientations définies par le Service de formation, à sa réunion de la mi-janvier à la Maison générale : éléments de la pédagogie bétharramite complétant la Ratio et programmation de la prochaine session en vue des vux perpétuels à Bétharram.
Projet missionnaire
Après la Thaïlande (2008) et la Côte dIvoire (2009), le Conseil a lintention de mettre en avant un nouveau projet pour favoriser lanimation missionnaire. À cet égard, il distingue lopération solidaire annuelle, limitée dans le temps et les objectifs, et le travail de fond de lanimation missionnaire. Le premier vise linformation, la sensibilisation et limage de la Congrégation ; le second un investissement de longue durée.
Les facultés spéciales accordées aux Ordinaires
Exposé et échange avec labbé Antonio Neri, sous-secrétaire de la Congrégation du Clergé, à propos de la régularisation canonique de certaines situations.
Horizon Chine
Depuis quelque temps des contacts ont été noués avec le P. Grégoire Taozhibin, tant à Bétharram quà Rome : seul prêtre en activité au diocèse de Dali, le P. Grégoire est très attaché au lien, historique et missionnaire, avec la Congrégation. Un voyage en Chine de deux membres du Conseil général est envisagé pour poser les jalons dune éventuelle collaboration à soumettre au Chapitre 2011.
Le chapitre général 2011
Le Conseil discute du choix du lieu et des contenus du prochain Chapitre général. Parmi eux: un travail de groupe sur les fragilités et les forces de la Congrégation; léclairage dun expert, à partir de la Bible, du charisme, etc.; des temps de partages dans la ligne de narratio fidei.
3. LES DÉCISIONS
- Le Conseil de Congrégation décide de verser un loyer au Carmel apostolique pour Maria Kripa (scolasticat de Mangalore), et demande au Conseil régional, avec le Supérieur du Vicariat dInde, de chercher un terrain pour bâtir dans les 5 ans ; le Conseil général est prêt à acheter ce terrain dans les limites de ses disponibilités.
- Le Conseil de Congrégation a décidé que, cette année, lanimation missionnaire densemble (projet solidaire 2010) portera sur le soutien au Vicariat dInde.
- Le Conseil de Congrégation a adopté le nouveau plan comptable pour toute la Congrégation.
- Il propose de supprimer le Conseil de Région de la Règle de Vie, et de changer les critères délection des députés aux chapitres régionaux.
- Il sest exprimé pour que le Supérieur Général, conformément à larticle 195.e de la Règle de Vie, dispense des modalités actuelles de formation des chapitres régionaux et fasse adopter les critères avancés par la Commission de révision de la Règle de vie (ces derniers devant être soumis au Chapitre général de 2011).
- Le Conseil approuve le programme de la session en vue des vux perpétuels du 20 avril au 28 mai 2010 en France, ainsi que les modifications apportées à la Ratio par le Service de formation bétharramite.
- Le Chapitre général aura lieu dans notre maison de Bethléem du 14 mai au 31mai 2011.
- À la mi-janvier 2011, après la tenue des chapitres régionaux, le Conseil de Congrégation se réunira pour recueillir les apports des Chapitres régionaux et préparer les documents du Chapitre général.
La Règle, chemin de Vie avec le Christ
Saint Michel Garicoïts définissait la Règle comme un "huitième sacrement, une voie droite pour aller à Dieu et nous mettre sous la conduite de lEsprit-Saint" (DS 221). Pour que ce sacrement "produise du fruit" (DS 225), il est bon que chaque religieux et chaque communauté sen saisissent, non pas tant comme un objet détude que comme un chemin de vie avec le Christ.
Au printemps 2011, le gros dossier du Chapitre général sera lapprobation de la Règle de Vie en cours dexpérimentation. Dici là, le Conseil de Congrégation invite à une lectio divina, un partage de vie et de foi, sur ce document. Voici la marche à suivre quil propose :
Le cadre
un rendez-vous mensuel, dune durée convenable (1h30 environ), dans un climat propice à la lecture personnelle et à lécoute mutuelle.
Les objectifs
Partager sur la beauté de notre vie religieuse bétharramite ; lexpérience de saint Michel éclaire la nôtre.
Découvrir nos fragilités pour nous permettre de renouveler notre élan "Que nos misères nous rendent plus humbles, plus forts, plus généreux en Jésus Christ et par Jésus Christ." (DS 81)
Accueillir les autres avec leurs forces et leurs faiblesses pour nous aider et nous encourager à avancer.
Faire des propositions en laissant notre vie se laisser éclairer, interpeller par la Règle de vie, sur le plan personnel et communautaire ; considérer le Christ comme "notre miroir" (DS 341).
Exprimer des réflexions en vue du Chapitre général pour nous impliquer dans la préparation par des engagements concrets.
Propositions de rencontres
(chaque communauté étant libre de regrouper les chapitres)
1. le Charisme (partage de nos récits de vocation là où cela na pas encore été fait)
2. la Mission
3-5. la Consécration (une rencontre par vu?)
6. la Vie fraternelle
7. la Vie de prière
8. la Formation
9. le gouvernement et (ou) ladministration des biens.
La méthode
Prier (5mn)
Reprendre la citation de saint Michel en exergue de chaque chapitre:
Invoquer lEsprit Saint (Veni Creator, prière de la Bienheureuse Marie de Jésus crucifié...).
Lire (20mn)
Confronter notre vie à la Règle en commençant par lire le chapitre considéré.
Partager (50mn)
Dans cette partie de la Règle,
-Quest-ce qui me touche ? Me conforte ?
- Quest-ce qui minterroge ? Fait difficulté ?
- Y a-t-il un écart entre ce que je lis et ce que je vis aujourdhui ?
- Quels moyens me donner personnellement, et nous donner en communauté, pour être plus fidèles et plus heureux dans notre vocation ?
Discerner(10mn)
Sur un point de notre échange, envoyer une proposition au Chapitre régional (il ne sagit pas ici de modifier le texte de la Règle, mais de nous aider à mieux la vivre).
Chanter (5mn)
Notre Père, hymne à saint Michel ou à Notre Dame
5 minutes avec... le Père JOSÉ ANTÔNIO DA SILVA
Le P. José Antônio da Silva vit en communauté au scolasticat regional de Belo Horizonte. Atteint dun diabète avancé, il a perdu ses deux jambes mais pas sa sérénité, comme en témoigne ce qui suit (et que nous publions trois jours après la Journée mondiale des malades).
Nef : Vous avez été ordonné prêtre à 35 ans, en 1991. Quel a été votre parcours jusque là ?
- Avant dentrer dans la vie religieuse, jétais commerçant, patron dun restaurant à Santa Luzia, non loin de Belo Horizonte. Le restaurant était à côté du presbytère où vivaient les Pères Emmanuel Calvarin et Joaquim Soares Moreira, tous deux Bétharramites, et qui tenaient la paroisse à lépoque. Ma vie était celle de tout commerçant: beaucoup de travail.
Que retenez-vous de ces années ? En quoi ont-elles participé au mûrissement de votre vocation ?
- Ce qui a le plus attiré mon attention, ce qui me fascinait cétait Jésus
le fait de suivre Jésus-Christ. Javais déjà le sens des responsabilités, une forme de maturité induite par mon style de vie, car le commerce a ses exigences. À lépoque, le plus important pour ma vocation fut peut-être de faire le pas dentrer au séminaire, prendre la décision dentreprendre un chemin de formation : tout quitter pour quelque chose dont je ne savais pas encore très bien ce que cétait.
Quest-ce qui vous a décidé à devenir Bétharramite ?
- La simplicité de la Congrégation, de ceux qui la composaient, les religieux. Le P. Emmanuel a eu une grande influence sur moi, le P. Joaquim aussi, mais le P. Emmanuel était plus proche, plus intime pour ainsi dire. Le charisme, la devise de la Congrégation, le FVD (Fiat Voluntas Dei - Que la volonté de Dieu soit faite), mavaient aussi frappé ; jy voyais un appel qui exigeait une réponse, une réponse personnelle : être prêt, être disponible sans sarrêter aux situations ni aux personnes.
Depuis lors, quel a été votre ministère ?
- À peine ordonné, on ma envoyé à Conceição do Rio Verde, avec le Père Paulo Vital. Jétais vicaire paroissial, je rendais les services quon me demandait. En 1994 jai été nommé curé de la paroisse de Maria Helena, un petit village de lintérieur de lÉtat du Parana. Nous étions trois, le P. Emmanuel, le P. Joaquim et moi jhabitais à Douradina, mais je travaillais surtout à Maria Helena. Quand la Congrégation a décidé de restituer la mission, on ma chargé de la paroisse du Sacré Cur de Jésus à Nova Granada, Belo Horizonte
cétait en 1998. En lan 2000 et pour deux ans, me voilà de nouveau vicaire à la paroisse Saint-Sébastien de Passa Quatro. Jai ensuite été envoyé au Collège Saint Michel, à Passa Quatro même, pour aider celui qui était alors le Fr. Mauro. Comme laspirantat se trouvait au même endroit, jy étais aussi pour accompagner les séminaristes. Cest là-bas que ma maladie a empiré ; jai dû subir une première amputation en 2003. Je suis revenu à Nova Granada en 2004 comme vicaire du P. Antonio Scarpa, le curé toujours en fonction, et
me voici.
Vous vivez avec la maladie depuis plusieurs années. Quel retentissement a-t-elle sur votre vie ?
- La maladie et les limitations quelles mimposent, mont appris peu à peu, et toujours davantage, à faire la volonté de Dieu
Jessaie de vivre chaque jour le « me voici », dans les limites de mes possibilités concrètes.
Saint Michel disait que « les malades sont une bénédiction pour les communautés ». (D.S. 174) À partir de votre expérience personnelle, comment recevez-vous cette phrase ?
- Pour moi, cette phrase est très vraie. Quand quelquun a besoin daide pour presque tout, pour ses besoins les plus élémentaires, je crois que cette expérience permet aussi aux autres, à lentourage, de se rendre compte de limportance de la santé, mais aussi de sa fragilité ; santé et maladie, capacité et incapacité, tout cela fait partie de la volonté de Dieu. Quelquun qui me voit dans cette situation peut percevoir quelque chose de la bonté de Dieu, tellement plus grande quaucun don quon ait pu recevoir. À partir de là, je me sens encouragé à vivre joyeusement ma maladie. Je crois que Dieu se sert un peu de moi comme dun signe pour les autres.
Comment voyez-vous lavenir de la Congrégation au Brésil ? Avez-vous des questions, des convictions ou des espoirs à nous partager ?
- Je vois un avenir plein de promesses: nous avons des vocations, de bons gars qui senthousiasment pour notre style de vie et notre charisme. La question qui reste présente, et quon doit se poser tous les jours, cest : comment continuer le projet de Dieu ? Et ce, pour chacun de nous en particulier, comme pour les vicariats et les régions, en tout endroit, aussi reculé quil soit, où se trouve notre Congrégation et où il y a un religieux de Bétharram qui cherche à incarner Jésus Christ pauvre, obéissant et chaste. Voilà mon espérance : un Bétharram chaque jour meilleur. En avant toujours !...
![]() | 2. ORGANISATION ET PREMIÈRES ÉPREUVESpar |
Cinq ans après son érection, la Mission était érigée en Préfecture Apostolique, le 10 décembre 1934 par un décret de la Propagande. Et Mgr Magenties, le premier prélat bétharramite, devenait Préfet Apostolique à 39 ans. Ce résultat si rapide avait été obtenu par le nombre croissant des missionnaires qui, dannée en année, vinrent grossir la première troupe.
En 1925, cétaient les Pères Oxibar, Barcelonne et Trezzi ; en 1928, les Pères Magenties et Bazet. Venu en France pour le Chapitre de 1929, le Père Etchart repartit avec quatre missionnaires, dont les Pères Subervie, Bart et Darrière. En 1931 arrivèrent les premiers Frères coadjuteurs, les Frères Dimas et Xavier, accompagnés des Pères Lacoste et Darnaudéry. En 1932, cest le Père Bradley, dont lapostolat fut malheureusement entravé par la maladie qui lobligea à rentrer en France en 1935, doù il gagna lArgentine. Dautres arrivées se succédèrent jusquen 1939: celles des Pères Carraro, Saint-Guily, Echaide, Saubatte, Hüwel, Miguel, Fognini, Toucoulet, Pucheu, Spini et du Fr. Ricardo.
Un autre secours non moins important fut fourni en 1934 par larrivée des six premières Filles de la Croix missionnaires qui rendirent dimmenses services en ouvrant un dispensaire, une crèche et en dirigeant une école de filles. Cette même année 1934, un vétéran de la première heure dut, à son grand regret, être rapatrié à cause de son état de santé.
Lorsque vers la fin de 1924, les trois premiers Pères parvinrent à Tali, la région était évangélisée par quelques Pères des Missions Étrangères et comptait environ un millier de chrétiens. Le pays était infesté de brigands : un missionnaire était même tombé entre leurs mains, le Père Piton, qui devait mourir après deux ans de captivité. Dans une de ses premières sorties, le P. Etchart lui-même fut enlevé, mais les pirates se contentèrent de le dévaliser avant de le renvoyer. Pour comble de malheur, au mois de mars 1925, un formidable séisme vint ravager la région de Tali. La ville ne fut plus quun monceau de ruines, tous les bâtiments de la Mission furent détruits, le nombre des victimes séleva à plusieurs milliers, dont une douzaine de chrétiens. Les Pères, sans se décourager, surent tirer le bien du mal, et par leur générosité gagnèrent la sympathie des indigènes, jusqualors totalement fermés à linfluence chrétienne, car Tali avait été la capital du royaume musulman de Chine.
La Mission commença bientôt à se relever : les Pères Palou et Pirmez rouvrirent à Yang-Pi un poste fermé depuis sept ans, après lassassinat du missionnaire. À Tali, lécole catholique des garçons compta 150 élèves et celle des filles 60. Mais en 1926 un nouveau fléau vint sabattre sur la région. Des bandes de pirates, armées et organisées, sous la conduite dun bandit sanguinaire qui chaque jour mangeait un cur humain, ravagèrent les villages environnants et mirent le siège devant Tali, qui fut heureusement délivrée à temps par les troupes gouvernementales accourues de Yunnan-fou.
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