Vers le Chapitre général

Le prochain Chapitre général qui se tiendra au Paraguay nous projettera dans un contexte historique, culturel, social et ecclésial particulier. Pour beaucoup de nos frères capitulants, qui sont de nationalités et de cultures diverses, ce sera le premier contact direct avec ce pays. Pour autant Ils ne seront pas de simples hôtes de passage, des présences dues au hasard dans un lieu géographique différent. Aussi, les articles publiés ici et au cours des prochains mois ont-ils pour but de nous aider tous à mieux connaître un Peuple, son histoire, sa culture, sa foi, les difficultés d’ordre social, ses désirs pour le futur, ses interrogations…

Avant l’arrivée des conquistadores, le Paraguay était peuplé de différents groupes indigènes, parmi lesquels se distinguent les Amazoniens avá (guarani) qui, grâce à leur supériorité numérique et à leur culture évoluée, sont venus du nord de l’Amérique méridionale et se sont établis dans ce territoire.

Les premiers Européens ayant foulé cette terre, qui allait ensuite être baptisée Province Géante des Indes, ont été  : en 1524, l’explorateur portugais Alejo García, à qui l’on attribue la découverte du Paraguay ; en 1528, Sebastiano Caboto qui, au cours de son voyage sur le fleuve Paraguay, est arrivé à hauteur du fleuve Pilcomayo. Il passe donc pour le premier à avoir navigué sur ces eaux.

La fondation du fort de Notre-Dame de l’Assomption, converti par Domingo Martínez de Irala en 1541 en ville très noble et loyale, a été le point de départ de la conquête espagnole dans le Rio de la Plata. C’est de là que sont parties la plupart des expéditions de fondation en Amérique.

Deux révoltes populaires, appelées Révolution Comunera, ont été le prélude à l’indépendance du pays. Le cri de ralliement des rebelles, Vox Populi, Vox Dei, marquait le désir croissant d’un bon gouvernement. La deuxième révolution est appelée « le Cri Précurseur de l’Indépendance Américaine ».

De nombreux événements ont conduit ensuite à l’indépendance du Paraguay (1811) : les guerres guaraníticas, au cours desquelles les indigènes et les jésuites ont uni leurs forces pour combattre l’envahisseur portugais ; l’expulsion des jésuites, qui commença en 1767 ; la création en 1776 du Vice-Royaume du Rio de la Plata, dont fera partie la province du Paraguay. Parallèlement aux invasions napoléoniennes de la Péninsule Ibérique, le Conseil de Buenos Aires, en rébellion contre la métropole, tenta d’annexer la province du Paraguay par une expédition militaire placée sous le commandement du général Manuel Belgrano qui se solda, pour les Portugais, par un échec. Après cet acte belliqueux, le soulèvement des héros nationaux du Paraguay contre la domination espagnole, les 14 et 15 mai 1811, aboutit à l’indépendance du Paraguay et à l’institution de la première République Indépendante du Sud, au Congrès du 12 octobre 1813.

Cette première période de transition connaît une succession des gouvernements provisoires : triumvirats, juntes, consulats    ; jusqu’au jour où José Gaspar Rodríguez de Francia est élu au Congrès de 1814 Dictateur temporaire de la République. Au Congrès de 1816, il est désigné Suprême Dictateur à vie, ce qu’il sera jusqu’à sa mort en 1840. Après quoi, s’instaure une période semblable à celle qui avait suivi l’indépendance : aucun successeur n’ayant été nommé, une crise de stabilité gouvernementale éclate ; enfin, le Congrès de 1841 établit le Consulat comme forme de gouvernement, composé par Mariano Roque Alonso et Carlos Antonio López. Ce dernier, au congrès de 1844, est élu Président Constitutionnel du Paraguay. Pendant son mandat, le Paraguay a continué de se développer en pays indépendant. Plus tard, à sa mort, son fils, Francisco Solano, lui succède et est élu par le Congrès de 1862. Les premiers gouvernants contribuent à faire du pays la nation la plus prospère d’Amérique du Sud.

C’est durant la présidence de Francisco Solano Lopez qu’éclate la guerre la plus ravageuse de l’histoire sud-américaine. L’Argentine, le Brésil et l’Uruguay se liguent dans une triple alliance contre le Paraguay (1865 -1870). Ce conflit laisse la nation paraguayenne en ruine du point de vue démographique, territorial, politique et économique. Cependant le courage, la volonté de ceux qui survécurent à cette terrible disgrâce permettent au pays de se reprendre tel le phénix qui renaît de ses cendres. La majorité des survivants étant des femmes, c’est avec courage et détermination que celles-ci reconstruisent le pays.

La proclamation de la Constitution Nationale au Congrès de 1870 inaugure une nouvelle étape pour le Paraguay (président élu : Cirilo Antonio Rivarola). Cette période est caractérisée par d’incessants soulèvements armés entre les différents groupes politiques en lutte pour le pouvoir. Une « hégémonie libérale » se maintient jusqu’à la guerre chaqueña. En 1932 une guerre éclate entre le Paraguay et la Bolivie pour la possession du Chaco boréal. Elle se termine avec la signature du Protocole de Paix (1935). Le Paraguay conserve les trois-quarts du territoire à l’origine du conflit, la quatrième partie revenant à la Bolivie.

La guerre du Chaco ouvre une nouvelle ère de révolutions internes., avec notamment la révolution Febrerista (1936) et la révolution “pynandi” (nu-pieds, 1947). Cette dernière marque le début de l’ « hégémonie du parti Colorado ».

Le 15 août 1954, Alfredo Stroessner prend la présidence du Paraguay. Sa dictature impose un régime de « main de fer » contre l’opposition. La répression recourt à la torture, aux enlèvements et aux assassinats politiques. En même temps, la corruption augmenta. Un coup d’état (2 et 3 février 1989), emmené par le général Andres Rodriguez renverse le gouvernement dictatorial de Stroessner, après 35 ans de pouvoir absolu.

Le Paraguay s’est engagé depuis dans une nouvelle voie en expérimentant un processus de transformation dans tous les secteurs. La Constitution nationale, adoptée en 1992, a fixé les règles pour la vie démocratique du pays. Beaucoup d’événements, tel que le « Mars Paraguayen » (1999), ont montré depuis la volonté et la détermination populaire dans la lutte pour le respect des libertés individuelles et collectives.

Depuis le renversement de la dictature, différents représentants se sont succédés. La présidence du pays est menée actuellement par le chef d’entreprise Horacio Cartes.

Le Pape François, qui en 2015 a fait une visite apostolique au Paraguay, évoque ce pays dans les termes suivants : Je tire mon chapeau au Paraguay. Ce Pays est incroyable. Il ne faut pas s’étonner que ces frères aient ressuscité de leurs cendres.

Mónica Silvia Gadea