Les laïcs et le charisme de Bétharram

Trente ans après avoir pris en charge l’ensemble pastoral de Montemurlo, celui-ci vient d’être rendu au Diocèse de Pistoia. Manque de personnel, nécessité de redimensionner notre présence pour assurer une vie religieuse significative... Tels sont les motifs principaux qui ont amené à la décision de fermer une communauté qui, depuis 1980, proposait aux paroissiens une vie pastorale inspirée de notre spiritualité et qui faisait connaître notre saint et ses vertus.

Un rêve a pris naissance, il y a 36 ans, lorsque des hommes de bonne volonté ont décidé de s’arrêter ici à Montemurlo. Un beau matin, sous la terre humide de notre région, ils ont enfoui une graine qui a tout de suite commencé à pousser. Voici l’histoire de ce rêve…

Trente-six ans, vous rendez-vous compte ? Au-delà du temps qui a passé, c’est une multitude de vies que vous avez connues : des personnes sont nées, ont grandi avec vous, se sont, grâce à vous, rencontrées, se sont peut-être mariées, ont eu des enfants que vous avez baptisés, des personnes qui ont traversé des moments de joie et de douleur, certaines sont mortes avant de vivre une deuxième naissance. La foi est souvent confrontée à des moments difficiles, presque incompréhensibles. Dieu semble se taire, se cacher, et l’on n’obtient pas les réponses que l’on cherche. Vous vous rappelez la graine que j’évoquais un peu plus haut ? Reprenons de là.

Mère Teresa avait coutume d’appeler Jésus l’ « absent », justement parce qu’il se tait, se cache, et c’est ainsi, Dieu se cache, mais où ? Je crois bien l’avoir découvert… Toute jeune, je me suis aperçue, au fil des ans, de ce petit grand miracle : Dieu est allé se cacher dans vos yeux, vos mains, vos pieds, il est venu demeurer dans votre « Me voici », ce « Oui  » que saint Michel, le premier, sut prononcer avec courage. Grâce à vos paroles et à votre exemple, j’ai pu goûter au don le plus précieux que la foi peut nous offrir : j’ai fait l’expérience de la Vie comme un chemin et de notre destin de pèlerins affamés de la Beauté de Dieu. J’ai compris que la Vie est passion : il faut la cultiver et en prendre soin dans chacun de ses aspects, de ses fondations jusqu’à la moindre petite lucarne de l’âme. J’ai appris que la Vie est communauté : partager ensemble les joies et les douleurs, les pensées, les désirs, les attentes, les difficultés comme les incompréhensions. Je me suis rendu compte, à ma grande surprise, que la Vie est amitié : ces dernières années, je n’ai pas trouvé uniquement des prêtres, envoyés ici au service de nos paroisses, mais des amis. J’ai appris que suivre Jésus est synonyme de joie, car la joie est tout ce que l’on reçoit quand on ouvre son cœur au Christ. La figure de saint Michel que vous avez tant désiré nous faire connaître, est entrée dans notre quotidien comme un compagnon de foi, un exemple humble et simple à suivre. Son visage nous est devenu familier. Ce n’est plus uniquement un saint, mais un saint-ami, une présence spéciale dans le cœur de chacun de nous. Les années passées ici ensemble sont devenues elles aussi un élément familier de notre vie : nous avons fini par former une famille. Au fil du temps, l’identité modelante de notre Communauté a été gagnée par l’énergie de votre charisme et du reflet de votre esprit de service. Nous avons pris forme ensemble, comme un dessin à colorier que Dieu aurait mis entre vos mains et que chacun de vous a complété avec succès. En venant dans nos paroisses, vous avez ajouté l’un après l’autre un morceau de cette icône précieuse, qu’est devenue ensuite notre Unité pastorale. Des générations entières ont grandi avec la présence infatigable des pères, prêts à nous prendre par la main dans toutes les étapes de la vie.

Pour finir, j’aimerais adresser un remerciement spécial à quatre personnes qui m’ont guidée d’une manière particulière tout au long de mon parcours de croissance : je remercie le père Alessandro, le premier “Don” que j’aie connu quand j’étais petite et grâce à qui j’ai de magnifiques souvenirs d’enfance, tels que les centres aérés en montagne, les rencontres avec Sœur Anna sur la vie, le voyage, le but à atteindre, les petits spectacles d’aumônerie et les longues excursions en montagne. J’étais en CM2 quand un matin tu es entré en classe en disant : « Si l’on désire voir le Sommet, c’est sur le Sommet qu’il faut fixer son regard ». Grâce à cette phrase, je peux dire aujourd’hui que je ne me sens plus une vagabonde, mais une pèlerine ! Je remercie le père Pietro pour sa force, ses conseils et ses remontrances quand j’en avais besoin. Merci parce que chaque parole prononcée a été une incitation toujours plus grande vers l’accueil plein de Dieu.

Enfin, je veux remercier deux amis : je remercie le père Maurizio pour son charisme infatigable, pour tout ce qu’il a mené à bien avec dévouement et avec amour dans notre Unité pastorale, pour sa manière d’être proche des jeunes, à qui il a toujours réservé une place spéciale dans son cœur. Je le remercie pour sa grande volonté de faire et pour tout ce qu’il nous a donné. Je remercie le père Simone, un guide spirituel, un ami et une présence constante parmi nous, les jeunes. Je le remercie de nous avoir aidés à nous remettre en selle dans les moments difficiles, de son admirable capacité à stimuler notre participation par des rencontres de formation et de prière, en nous accompagnant dans des expériences uniques telles que les Journées Mondiales des Jeunes, le Chemin de Saint-Jacques, le Nouvel An à Rome, les retraites spirituelles, les concerts-médiation, les longues et belles discussions faites dans la joie. Merci d’être allé au devant de jeunes de tous âges et de nous avoir consacré son temps avec passion !

Merci à vous tous, du premier au dernier, je vous porte dans mon cœur et conserve de chacun de vous une image belle et joyeuse. Je vous confie affectueusement à la douceur infinie de Notre Dame de Bétharram, pour qu’elle vous accompagne dans votre mission et pour qu’en vous ne faiblisse jamais ce Me voici, la graine sans laquelle tout ceci n’aurait jamais été possible. Je sais que nous resterons proches dans la prière et l’amitié.

Comme avant et plus qu’avant : en avant toujours, jusqu’au Ciel ! Merci pour ce Rêve !

« Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. »

Alessandra Corti