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14/03/2012

Nouvelles en Famille - 14 Mars 2012


Sommaire

 

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Le mot du Père général

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UNE BONNE NOUVELLE

Je vous annonce une bonne nouvelle : notre Règle de vie, votée au dernier chapitre de mai 2011, a été approuvée par le Saint Siège. Que chaque religieux et chaque communauté remercient le Seigneur pour le don de cette nouvelle version de notre Règle de vie ; à partir de maintenant elle va éclairer le chemin de notre consécration au Seigneur et de notre mission dans l’Eglise pour la plus grande gloire du Père, du Fils et de l’Esprit Saint et pour un meilleur service de nos frères les hommes.

Ce que nous avons vécu, nous les conseillers qui vivons à Rome, à la suite du chapitre de Bethléem en 2011 m’a rappelé les vicissitudes rencontrées par les Pères Estrate et Bordachar lorsqu’ils sont venus à Rome en 1875 avec les Constitutions, comme le leur avait demandé sœur Marie de Jésus Crucifié. Cela m’a rappelé aussi les voyages du Père Etchécopar à Rome également, à deux reprises, pour rencontrer le Père Bianchi et faire les corrections nécessaires aux constitutions, afin que l’Institut soit définitivement reconnu en 1877. Nous avons en archives le message qu’il adressa au Père Pagadoy, son conseiller, depuis Sarrance : « Je viens de recevoir ici en cette fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, le Bref qui approuve notre chère congrégation.... quelle coïncidence ! Que tous célèbrent une messe d’action de grâce ! Que les Frères et tous ceux qui ne sont pas prêtres communient une fois et récitent 4 fois le Rosaire ! » C’est pourquoi, la première chose que j’ai faite a été de rendre grâce dans l’église de la Minerve où venaient célébrer le Père Etchécopar et les Bétharramites quand ils passaient à Rome, afin de rendre grâce pour tout le travail effectué par la commission de révision pendant toutes ces années, la contribution de tous nos frères, le vote enfin du 26e chapitre général et la révision qu’en ont faite les experts de la  Congrégation pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique (CIVCSVA).
Ce fut une approbation longue et laborieuse. Le 1er juillet, nous présentions la Règle à la CIVCSVA. Le 17 septembre, nous recevions la réponse selon laquelle 23 observations ont été faites, les unes générales, les autres plus particulières ; les unes étaient importantes, les autres moins. Comme l’un des assesseurs de la Commission nous avait dit que nous avions produit un bon travail, nous étions un peu déçus par la réponse. Comme le Père Etchécopar, nous avons eu 3 rencontres, toute l’équipe réunie, avec un chef de cabinet, un sous-secrétaire puis avec le Secrétaire de la Congrégation, Mgr Tobin C.Ss.R. Nous avons toujours été accueillis, écoutés et remerciés pour le travail effectué et invités à apporter quelques corrections. C’est ainsi que l’approbation nous a été communiquée à la date du 22 février 2012.
Le grand problème était l’existence des vicaires régionaux. Nous n’avons pu faire en sorte qu’ils soient considérés à la fois comme conseillers et supérieurs majeurs. Ils restent donc vicaires et leur autorité, à défaut d’être celle d’un ordinaire, est sous le mode délégué comme le précisent les articles 246 et 251 de la Règle. On pourrait penser que nous sommes revenus aux anciens supérieurs de délégation ; or, de par l’intitulé même de cette charge de vicaire régional, dont les pouvoirs sont définis par la Règle de vie aux articles 240, 249, 250, 261 et 273, et au vu de l’expérience de ces trois dernières années, le vicaire régional a plus d’autorité que le supérieur de vicariat, sans que ne soit établi un quatrième niveau de supérieurs.
Une autre modification touche au fait qu’un seul conseil peut prendre des décisions, à savoir le conseil général; le conseil de congrégation, quant à lui, comme indiqué dans l’article 217, se limite à examiner, contrôler, évaluer, préciser les moyens. Il nous a été demandé aussi de préciser la prière pour les défunts, la durée du postulat, de veiller à séparer les fonctions de secrétaire et économe général. On nous a demandé de préciser aussi que les évêques émérites retournés dans la Congrégation n’auront voix ni active ni passive, de même que les religieux de vœux temporaires au chapitre régional. Les conseillers régionaux doivent se rencontrer tous les trois mois au moins ; il ne peut y avoir plus de trois membres d’un chapitre régional nommés par le supérieur régional. Il était aussi demandé de reformuler de façon plus canonique les articles 62, 200, 203, 241, 206 et 207.
Le concile Vatican II précise : puisque la règle ultime de la vie religieuse est la suite du Christ, comme l’Evangile la propose, tous les instituts religieux doivent la tenir comme règle suprême (PC 2, a). C’est sur la base de ce premier critère ainsi que sur quatre autres, que s’est faite la rénovation dans notre famille religieuse. A la suite de saint Michel, nous voulons vivre de cette vie même de Jésus, et par dessus tout nous voulons reproduire et manifester l’élan du Cœur de Jésus, le Verbe incarné, lorsqu’il dit à son Père : “Me voici!” et se livre à tous ses desseins pour la rédemption des hommes (RdV 2).
La Règle actuelle diffère beaucoup de celle de 1901 ; celle-ci était en effet très juridique et l’ “Ecce venio” n’y figurait pas, car le Père Etchécopar, qui l’avait toutefois maintenu dans la partie intitulée “Dévotions de la Congrégation”, était à l’époque décédé. Il se peut que nous accordions peu d’importance à la Règle puisque l’Evangile est tout pour nous. Mais avec une telle façon de penser il n’est plus utile ni de prêcher chaque dimanche pas plus que de continuer à vivre des exercices spirituels, ni tant d’autres choses. Notre Règle de vie recueille la richesse du charisme : la spiritualité aussi bien que la mission, elle précise les exigences de notre style de vie, régule nos relations mutuelles et indique les critères selon lesquels résoudre nos conflits. La plupart du temps ceux-là mêmes qui la vivent le moins sont ceux qui l’invoquent pour vivre tranquilles. Qu’elle puisse plutôt servir tant à notre prière personnelle que communautaire, à nos réunions communautaires et au discernement de notre mission !
Notre Institut, à la demande du 26e chapitre général, et avec l’approbation de Rome, va s’appeler dorénavant : Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus de Bétharram.
Le chemin est bien tracé ; il ne suffit plus que de le suivre fidèlement et joyeusement afin que l’amour de Jésus anéanti et obéissant soit manifesté, annoncé, cru et aimé par nous mêmes et par les hommes et les femmes qui nous sont proches pour la plus grande gloire de la Sainte Trinité

Gaspar Fernandez, SCJ

 

 



 

smichel.jpgSaint Michel Garicoïts écrit... 

Il faut étudier les Règles et les regarder comme venant de Dieu.

Est-il nécessaire d’étudier les règles ? R. Il est nécessaire d’étudier nos règles, puisqu’elles sont l’expression de la forme de vie que nous avons embrassée et que nous devons réaliser et embellir de jour en jour, comme le plan de l’édifice que nous sommes appelés à construire et à perfectionner. C’est sur ce plan que nous devons produire toutes nos pensées, nos paroles, nos sentiments, nos actions, en un mot toute notre conduite. C’est en étudiant nos règles avec la grâce de Dieu et en les mettant en pratique que nous pouvons acquérir ou rétablir en nous une idée exacte de notre forme de vie.
(M 326)

 


 

 

Vie Communautaire

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RETOUR AUX ORIGINES

La communauté thaïlandaise de Ban Garicoïts a vécu, il y a quelques mois, une retraite spirituelle en contact étroit avec la nature : accueillis notamment par la famille du F. Saat, les jeunes bétharramites ont passé 7 jours dans la montagne, 7 jours consacrés à l’essentiel : une vie simple à l’écoute du Seigneur...

A BA-PAN-POI, petit village de 12 maisons près de Doi Inthanon, le point culminant de Thaïlande, les 40 habitants (pour la plupart apparentés au Frère Saat) ont fourni la nourriture, l’accès aux installations sanitaires, et se sont associés à la vie de prière. Par cette retraite, le Père Jiraphat désirait ramener les jeunes à leurs racines ; c’est pourquoi, de temps en temps, la prière du matin était conduite par des anciens du village qui témoignaient aussi de leur expérience de foi quotidienne de même que de leur découverte de la Bonne Nouvelle de Jésus.
Le Père Jiraphat a montré aux jeunes comment construire des huttes avec la paille provenant des rizières. Ainsi chacun des frères a vécu dans son propre refuge. Dans ce cadre naturel magnifique, le temps a passé en silence et en méditation tranquille. Au milieu de la semaine, le Père Austin, accompagné du P. Tidkham, a visité le lieu et en a profité pour donner une session sur la prière, à la façon de saint Ignace, lequel a tellement marqué saint Michel. Les frères ont eu la délicatesse de donner au Père Austin une hutte plus confortable.    
Vers la fin de la semaine, un pèlerinage « Marche avec Jésus », mené par des guides du village, a été organisé toute une journée durant vers le sommet de Dio Ithanon (1850 m). Tous les villageois ont participé aux messes et prières de cette semaine dans la chapelle en bois et, à la veille du départ, ont animé une soirée musicale. Même une famille musulmane, récemment arrivée de Bangkok, s’est jointe à la manifestation. Les Frères ont apprécié la simplicité de cette expérience, aussi bien des aménagements que de la nourriture: pas d’électricité, pas de radio ni de télé, l’accueil des villageois... tout cela dans un vaste espace tel une église à ciel ouvert dans ce vallon... un réel espace donné pour entendre la Parole du Seigneur sans aucune distraction possible. Cette simplicité peut-elle devenir la caractéristique de toute retraite ailleurs dans la famille de Bétharram ?

Austin Hughes, scj

***
 
C’est à Pa Bon Biang que nous avons vécu notre retraite annuelle, aux pieds de la montagne Ithanon, dans un lieu entouré de sommets et d’arbres. Le village est situé à Mae jam, province de Chiang Mai. Composé de sept à huit maisons, il est tout entier catholique. Pa Bon Biang est un endroit aux paysages magnifiques, aux habitations paisibles et rempli de la présence de Dieu.
Le temps était superbe et vraiment propice à nos activités. Nous avons beaucoup apprécié l’atmosphère de ce lieu. La nourriture a été un de nos soucis majeurs ; mais tout s’est très bien arrangé finalement ; nous avons pu y faire face facilement.
Nous avions deux entretiens par jour, matin et soir. La plupart de notre temps est passé en méditation dans la nature des environs. Cela tombe bien puisque l’un des thèmes était            « être dans la présence de Dieu au milieu de la nature ». En plus, quelques villageois ont été invités à nous parler sur quelques sujets dont par exemple celui de leur expérience en tant que laïcs au temps des Bétharramites missionnaires précédents.
Le temps passé en silence et réflexion personnelle dans la nature m’a beaucoup aidé à faire le point sur mon chemin de vocation et à renforcer ma dimension spirituelle pour être plus proche du Seigneur.
Cette méthode m’a permis d’être très apaisé et de prendre conscience combien le Seigneur est grand qui a créé toutes choses sur la terre.
être dans la nature c’est être avec Dieu. Dans cette atmosphère sereine, j’ai vraiment expérimenté la présence de Dieu dans le monde. La sérénité de la nature a ressourcé tout mon être pour aller de l’avant comme religieux bétharramite.
J’ai aussi connu les histoires de l’ancien temps, celui où les missionnaires bétharramites ont passé toute leur vie auprès des gens ici, à Mae Jam. La plupart des Karens les sentent encore présents dans leur vie quotidienne.

David Phithak Bi-Thu, scj


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Tout d’abord, je désire remercier le Seigneur de m’avoir donné cette opportunité de réfléchir sur moi-même, spécialement sur ma vie spirituelle. ç’a été aussi l’occasion de me recharger intérieurement pour vivre l’étape suivante de ma formation au séminaire.
Grand merci aussi au Père Jiraphat qui a permis que cette retraite devienne réalité. Il nous a aidés et accompagnés tout au long de cette semaine. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons été accueillis par les villageois. Après cet accueil chaleureux, ceux-ci nous ont encore aidés pour la nourriture, l’hébergement et toutes les autres choses nécessaires.
J’ai eu la joie de construire ma propre hutte avec de la paille provenant des rizières. C’était le premier ermitage que je construisais de mes mains. Je l’ai fait en silence ; je suis très fier de cela.
L’environnement a été aussi très important pour moi dans l’expérience de l’amour de Dieu. Je pouvais voir les levers et couchers du soleil. Et je n’ai pas manqué de remercier le Seigneur pour l’amour inconditionnel qu’il me porte ainsi qu’à mes amis. Chaque matin, le P. Jiraphat me donnait les thèmes à méditer et à intégrer à ma vie. J’ai fait aussi l’expérience du désert, de rester avec moi-même, ce qui m’a permis de faire le point sur tous les aspects de mon existence. Cela a été aussi un privilège de recevoir les réflexions de la journée de la part de trois anciens du village; ils nous ont partagé l’expérience vécue avec les premiers missionnaires bétharramites qui sont venus planter la semence de la foi et les convertir au christianisme.
J’ai pu aussi explorer plusieurs aspects de ma vie, notamment lorsque, loin de toute distraction, j’ai été déstabilisé mais cela m’a permis de faire l’expérience d’une relation personnelle à Dieu. Cela a été très important puisque j’ai pu lui dire très directement et ouvertement : « Je t’aime Seigneur ! ». En effet, dès mon réveil, j’entendais le chant des oiseaux, et j’ai pu voir le soleil de son lever à son coucher.
J’ai eu la chance de faire l’ascension du mont Ithamon. Il m’a fallu trois heures et demie pour l’atteindre. Cela m’a permis de me rappeler les missionnaires bétharramites et leurs difficultés, de suivre leurs pas et, ainsi, de leur être reconnaissant.
J’ai expérimenté l’amour de Dieu à travers ses créatures, cet amour qu’il m’a donné et dont j’ai pris conscience durant cette retraite, réalisant ma force et ma fragilité. Il m’a été possible d’apprécier les valeurs que porte la nature de même que mes compagnons.
Il m’a été possible aussi de mieux approfondir et comprendre certaines caractéristiques de ma vocation : Dieu m’a appelé à le suivre et à imiter sa façon de vivre en tant que simple être humain. Il y a eu un moment durant ma retraite où j’ai pu prendre conscience de mes obstacles intérieurs et de mes difficultés comme de mes réactions face à celles-ci et des réponses tant de la société que de la communauté. Le Père Austin m’a indiqué les cinq étapes des exercices spirituels qui m’ont beaucoup aidé pour examiner ma conscience. Les voici :
- tout d’abord, remercier le Seigneur pour chaque jour donné, avant de s’endormir ; telle est la clé du bonheur ;
- puis demander la lumière du Seigneur pour toutes les choses que je pourrais faire mieux ;
- relire ma vie à la façon d’un film (revoir toute ma journée : qu’est-ce que le Seigneur y a       fait ? ) ;
- demander simplement la grâce de guérison au Seigneur ;
- demander la grâce du Seigneur pour mieux faire, demain, mon devoir.
Comme notre fondateur saint Michel Garicoïts, faire cet examen à la fin de notre journée. J’ai vraiment apprécié la simplicité de cette expérience car j’ai pu y trouver l’amour de Dieu partout présent et être ramené à mes racines.

Emilio Sanan Pleepor, scj

 


Spiritualité

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LA GRANDEUR DU MARIAGE CHRÉTIEN DANS LES FRAGILITÉS HUMAINES

Les laïcs associés d’Adiapodoumé (Côte d’Ivoire) se donnent rendez-vous chaque mois pour prier ensemble et débattre sur des thèmes qui leur tiennent à cœur. Ils se sont interrogés, il y a quelque temps, sur le sacrement du mariage face aux fragilités humaines. Voici dans cet article un résumé de leur réflexion nourrie par leur engagement de chrétiens, leur expérience quotidienne et la spiritualité du Me voici.

Dans notre thème de réflexion, une antithèse est immédiatement perceptible. En effet, comment la grandeur peut-elle être portée par des fragilités ? Comment une grandeur peut-elle résider en des êtres qui « charrient » de nombreuses faiblesses ? Comment devenir saint à travers la vie conjugale malgré les faiblesses humaines ?
Et donc, qu’est ce qui, dans le mariage chrétien, élève l’homme, lui permet de surmonter ses fragilités, de les vaincre pour s’améliorer et se sanctifier ? En quoi le mariage chrétien est-t-il grand ou porteur de grandeur ? Que faire pour respecter ou préserver cette grandeur ?

Comprendre le mariage chrétien
Le Catéchisme de l’Eglise Catholique définit ainsi le mariage chrétien : « alliance matrimoniale par laquelle un homme et une femme constituent entre eux une communauté de    toute la vie ordonnée par son caractère naturel au bien des conjoints ainsi qu’à la génération et l’éducation des enfants » (§1601). Il y est ajouté que « le mariage qui se contracte entre baptisés a été élevé par le Christ Seigneur à la dignité de sacrement ». C’est une union indissoluble, qui dure toute la vie. Il s’agit de dire, comme le Christ et sa mère à Dieu, et à la suite de St Michel Garicoïts : « Me voici », pour toute la vie. Le mariage concourt au bien des conjoints. Et dans ce cas, le plus grand bien, c’est la sanctification mutuelle des époux. Ce que St Michel dit pour la vie religieuse est ici valable pour la vie conjugale: « se sanctifier, tendre à la perfection propre sans cesser de sanctifier les autres » (DS 329). Il vise aussi à faire, « des frêles bourgeons » qui en serai-ent issus, des arbres aux contreforts si profondément enracinés en Dieu qu’ils résistent à tous vents négateurs de la dignité humaine.
Par ailleurs, Dieu est lui-même l’auteur du mariage ; c’est une grâce qu’il accorde à des laïcs baptisés qu’il ne destine ni au sacerdoce ni à la vie religieuse. Là réside sa grandeur qu’on pourrait qualifier d’initiale.
Le mariage est une vocation que Dieu a inscrite dans la nature de l’homme et de la femme. Ainsi, l’Amour mutuel entre l’homme et la femme devient-il un reflet, une image (aussi imparfaite soit-elle) de l’amour indéfectible de Dieu envers l’homme et du Christ envers son Eglise. Voilà la vraie grandeur du mariage ! Dieu a créé l’homme par amour et l’a appelé à l’amour. Le mariage chrétien est un espace privilégié pour l’exercice de cet amour. La fécondité s’y associe alors pour faire des époux des continuateurs de la création :             « soyez féconds, multipliez vous, remplissez la terre et soumettez-la » (Genèse 1, 28).
Mais si le mariage est une vocation à l’Amour, les conjoints ne s’unissent pas seulement pour eux-mêmes. L’amour construit dans leur foyer doit irradier à l’extérieur de ce cadre «privé» tant il est vrai que « le bien-être de la personne et de la société est étroitement lié à la prospérité de la communauté conjugale et familiale » (CEC, 1603).
Par la grâce du mariage, les époux ont pour vocation d’être alors un petit reflet de l’Amour qui unit les trois personnes de la Trinité et qui anime également les époux entre eux et avec Dieu.
L’amour ne peut exister que s’il se donne. Dès lors, la vie conjugale est un exercice de don et de pardon. Voués à montrer au monde l’amour de Dieu, les époux sont incités à dépasser leurs fragilités.

Conserver et faire fructifier les grâces du mariage chrétien malgré nos fragilités
Le péché n’est certes pas une fatalité chez l’homme mais reconnaissons qu’il lui est inhérent. Un passage de l’évangile ne stipule-t-il pas que l’homme n’arrive pas à faire le bien qu’il désire mais le mal qu’il ne veut pas. Le péché est donc la grande fragilité spirituelle de l’homme. L’Eglise, notre mère, identifie l’adultère, le divorce, l’inceste, la polygamie comme des offenses à la dignité du mariage.
D’autres fragilités existent : • Le regard des autres et l’interprétation qu’on en fait ; • Les relations entre les belles familles et le couple sont souvent des sources de fragilités ; • Le travail professionnel et la recherche de l’argent et des honneurs ne sont pas toujours compatibles avec la sanctification du mariage; • Les relations avec les amis et les collègues peuvent nous éloigner de notre foyer.
Il y a aussi des aspects physiques qui fragilisent le mariage comme la frigidité, l’impuissance, la stérilité…
Savoir puiser en soi et surtout en Dieu les ressources pour vivre une union heureuse aide à renforcer la dignité du mariage et à construire sa grandeur.
Que faire quand le péché ou les fragilités surviennent dans un couple ? Mieux, que faire pour qu’ils ne surviennent pas ?

Quelques pistes pratiques
De façon pratique, comment vivre le mariage puisqu’il est indissoluble, sans retour. On ne peut revenir en arrière, il faut donc aller en avant, toujours ! Pour y parvenir, voici quelques pistes :
La Prière : Personne ne peut compter uniquement sur ses propres ressources pour vivre le mariage. Il faut solliciter le secours de Dieu qui est l’initiateur du mariage. Il est important de soigner la prière personnelle pour conserver l’intimité avec le Seigneur, mais aussi la prière du couple. Il est nécessaire de définir un temps, un lieu, une durée et une périodicité pour la prière du couple et de la préparer soigneusement. Une retraite annuelle serait bénéfique pour le couple.
Une bonne communication permet de mieux se connaître, de régler les conflits éventuels, de manifester tendresse et affection et de connaître les besoins à  satisfaire chez l’autre conjoint. Il est donc important d’aménager du temps pour être ensemble seul à seul et vivre des moments de qualité.
Le Pardon : Deux tempéraments différents ne peuvent vivre ensemble sans se blesser, d’où la nécessité de se pardonner. La parole de Dieu dit à cet effet. « Que le soleil ne se couche pas sur ta colère ».
Le Partage : le partage à tous les niveaux est vraiment nécessaire pour témoigner de l’amour de Dieu. Il s’applique à l’argent mais aussi au corps.
Pour finir, il ne faut pas hésiter à changer son cœur là où il faut pour obtenir l’harmonie.

Faustin Douh Aguei, Juliette Assienan-Kokola

 


5 minutes avec...

... la communauté de Hojai

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Le 26 octobre 2011 a marqué un date importante dans la vie du vicariat de l’Inde, et donc de la Congrégation : au nom de l’archevêque de Guwahati, le P. Thomas Mattathilany a accueilli ce jour-là le P. Subesh et le P. Wilfred pour confier aux Bétharramites la mission du Christ Rédempteur à Hojai. C’est ainsi qu’est née la première communauté missionnaire bétharramite, tant attendue, en Inde. Quatre mois ont passé, la toute jeune communauté s’est petit à petit organisée et, quoique distante de ses grandes sœurs de Bangalore et Mangalore, elle affronte les difficultés avec le dévouement et l’espérance des semeurs.

NEF :    Votre communauté est à Hojai dans l’Etat d’Assam au nord-est de l’Inde. Quelles sont les caractéristiques géographique et sociale de cette région ?
- Notre communauté au sanctuaire de Mukithadhat (ce qui signifie le Rédempteur) se trouve dans l’archidiocèse de Guwahati. Cette zone au nord-est de l’Inde est très différente du reste du pays. Elle est toute vallonée et adossée à l’Himalaya. La population locale est issue de nombreuses tribus qui étaient de religion monothéiste ou animiste, mais de toute façon coupées du monde extérieur. Ce sont des salvatoriens allemands qui ont amené la lumière du Christ à ce merveilleux pays, pour la première fois dans l’Histoire, au temps de la colonisation. Ils ont été obligés d’évacuer la région durant la Première Guerre mondiale et la population locale est restée sans pasteurs. Des salésiens ont été envoyés alors pour s’occuper du ministère pastoral parmi les tribus ; ils ont fait un travail formidable puisque maintenant le nord-est compte de nombreux diocèses ainsi que des prêtres et des religieux. La mission offre des potentialités importantes !

Pendant quelques années, nos jeunes frères religieux en formation ont été envoyés en stages missionnaires dans le nord-est. Qui les y a accueillis et quel genre d’activités leur ont été proposées ?  
- De fait, notre présence bétharramite dans le nord-est est partie de là ! Les prêtres MSFS (Missionnaires de St François de Sales) nous y ont chaleureusement accueillis dans leurs postes missionnaires ; nos frères ont pu ainsi vivre leur expérience pastorale; nous sommes reconnaissants aux pères MSFS pour leur bonne volonté. Les premiers stagiaires ont été envoyés en 2004 ; un service dans l’aide scolaire et dans une présence dans les pensionnats créés à côté des écoles leur a été confié. Jusqu’en 2010, un frère a été pris pour un stage annuel. Puis nos frères étudiants en théologie sont venus aussi pour des expériences missionnaires durant les vacances d’été. Nous ne perdons pas de vue que de telles occasions nous aident à découvrir les cultures et les langues locales ce qui s’avère utile dans la formation des futurs missionnaires envoyés sur place. Même les novices sont venus, cette année, faire une  expérience : c’est ainsi que Vino, Edwin et Justin ont rejoint la communauté d’Hojai.

Comment cette communauté s’est -elle créée ? Rencontrez-vous quelques dif-ficultés ?
- Ouvrir une communauté dans le nord-est était un vieux rêve des Bétharramites. Ces dernières années, des pères ont travaillé dans les différents diocèses. L’invitation inattendue et spéciale de l’archevêque de Guwahati a été le déclic qui a permis que le rêve devienne réalité. Le 26 octobre 2011, sous l’impulsion des Pères  Subesh et Wilfred, avec trois novices, nous avons donc ouvert une nouvelle communauté bétharramite à Hojai. Comme pour beaucoup d’autres communautés à leurs débuts, cela n’a pas été sans mal : il y a eu l’opposition de l’équipe du pensionnat comme de l’école. Au milieu de ces problèmes et tensions, nous avons pu compter sur le soutien fraternel en communauté et vos prières comme vos bénédictions nous ont permis de gagner la confiance des personnes.

Le projet communautaire est sans aucun doute, un élément important de la vie communautaire. Quels en sont les grands aspects par rapport à la prière, la vie communautaire et la mission ?
- L’éloignement de notre communauté du reste du vicariat nous a causé quelques difficultés, mais l’attention particulière du Père Biju, vicaire, nous a donné la confiance nécessaire pour y faire face. Nous avons aussi perçu l’attention et l’encouragement du Père Austin, régional qui, ces quatre derniers mois, nous a rendu visite à deux reprises. La mission nous sollicite beaucoup. Et notre vie communautaire a pour priorité les activités missionnaires. Nous nous retrouvons au moins deux fois par jour pour la prière et nous profitons des repas pour faire le point.
Une fois par mois, avec deux religieuses, nous prenons une journée de récollection. Des pères proches de notre communauté viennent nous aider en nous donnant une conférence d’une heure, et nous avons aussi l’adoration et le sacrement de réconciliation.
La mission de la communauté a trois directions :
- la mission éducative, avec notre présence dans l’Ecole auprès des 1400 élèves, d’une équipe éducative (enseignants et cadres administratifs)  sous la direction du Père Subesh;
- la mission pastorale avec, sur la paroisse, la présence de trois groupes ethniques (les Karbies, les Garos et les Santalis); tous les dimanches nous allons dans les villages alentour pour y célébrer la messe chez un chrétien pendant que les autres habitants sont absents; nous leur rendons visite aussi durant la semaine afin de préparer les liturgies du dimanche et catéchiser; nous nous efforçons aussi d’être proche de nos amis en les invitant à partager notre foi et notre façon de vivre;
- la mission auprès des jeunes dans le pensionnat où sont accueillis 42 garçons et 36 filles ; nous tâchons de leur tranmettre la foi tout en les préparant à être de futurs citoyens engagés ; nous essayons d’être particulièrement attentifs aux jeunes des villages les plus lointains ; en leur donnant l’accès à la connaissance, nous œuvrons à ouvrir l’horizon de tous dans les villages.

Vous êtes très éloignés de Bangalore et Mangalore, arrivez-vous à garder le lien avec les autres communautés en Inde ? Et plus largement avec celles de la région, en Thaïlande notamment ?
- Ce que vous faites remarquer, Père, est très vrai. Nous sommes éloignés de tout dans le vicariat et parfois nous sentons le manque de communication. Mais l’affection de nos frères en Inde du sud nous fait oublier la distance.

Quelle coopération existe-t-il avec les autres prêtres diocésains et les congrégations religieuses ? Qu’en est-il aussi du lien avec les laïcs ? Vous reconnaissent-ils comme « communauté en mission » ? 
- Dans cette terre de mission, la différence entre religieux et prêtres diocésains n’est pas très notable surtout aux yeux des autres groupes religieux : nous sommes tous membres d’une même famille. Les anciens missionnaires d’ici ont été surpris de voir notre jeune communauté avec autant de frères ensemble. Ils apprécient toujours une vie communautaire nombreuse pour la mission.  
Dans votre ministère, vous êtes en contact avec des jeunes. Quelle est la place de l’animation vocationnelle dans votre projet communautaire ?
- Je ne sais pas trop quoi répondre à cette question. A vrai dire, sur les 1400 élèves de l’Ecole, 65% sont des amis musulmans, 33% sont hindous ou venant des tribus animistes, seulement 20 élèves sont catholiques. Notre objectif est de semer la semence de la foi. Ce XXI siècle la verra germer lentement. Les fruits - si tant est qu’il y en ait - ne mûriront qu’au XXII siècle. Nous les verrons lorsque nous serons auprès du Père Eternel.

Dans l’Histoire de la congrégation, y a-t-il des événements, des circonstances qui évoquent votre situation ou bien peuvent inspirer votre ministère ?
- Nous les bétharramites nous sommes envoyés là où les autres ne veulent pas aller. C’est pourquoi, lorsque nous sommes dans des postes de mission éloignés de nos autres communautés, nous marchons dans les pas de notre père saint Michel. C’est aussi le rêve de notre congrégation de revenir en Chine pour y rétablir notre présence. En travaillant, ici, à la frontière chinoise au milieu de la population mongole, nous sentons que le rêve n’est pas loin de devenir réalité.

 



 

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3. LE CHAPITRE GÉNÉRAL DE 1903 

Ce chapitre général mérite un traitement particulier, vu son importance et le contexte historique pendant lequel il eut lieu. La société libérale du XVIII siècle et des premières années du XIX siècle, surtout dans les pays latins d’Europe et d’Amérique, conduit une âpre bataille contre l’Eglise catholique et ses institutions, en particulier les écoles et les congrégations religieuses.
Dans de nombreux pays d’Amérique du Sud, au Portugal, en Espagne, en Italie des lois furent promulguées pour exproprier, confisquer et vendre les biens ecclésiastiques. Les ordinaires et les congrégations religieuses perdirent tous leurs biens possédés jusqu’alors: écoles, couvents, églises, maisons religieuses ; seuls les hôpitaux furent épargnés ; ensuite certains furent interdits par des lois. Il en fut de même pour la vie religieuse, ou simplement le fait de vivre en communauté, et pour les vœux religieux.
En France, en 1901, fut promulguée la loi sur les associations qui en elle-même était totalement inoffensive; pour se voir reconnue juridiquement, toute association culturelle ou religieuse devait présenter une demande auprès des autorités. La même démarche devait être faite par les congrégations religieuses considérées comme toute autre association religieuse. Mais l’Etat trouva le moyen de refuser à toutes les congrégations du territoire français le droit d’exister : non reconnus, les instituts religieux furent dissous, leurs membres obligés de se disperser, leurs maisons confisquées, puis  vendues.
Le même sort tombe sur Bétharram. La demande d’autorisation déposée à la Chambre à Paris le 18 septembre 1901 est rejetée le 18 mars 1903 : à partir de ce jour la Congrégation de Bétharram n’a plus le droit d’exister, elle est supprimée par le gouvernement. Les résidences sont fermées, la vie de communauté interdite, les religieux obligés de laisser leurs maisons et de se disperser.
Subsistent seulement les maisons d’Argentine et celle de Palestine; la Congrégation n’avait plus de résidences en France. Des années de travail étaient annihilées en quelques semaines.
Toutes les nombreuses communautés, même celles fondées du temps de St Michel, furent fermées : Bétharram, Bayonne, Orthez, Oloron, Anglet, Pau, Sarrance. C’étaient des lieux riches de souvenirs, liés à l’activité et à l’œuvre du Fondateur et du Père Etchécopar.
Pour Bétharram, le coup final de cette attaque est porté le 14 août 1903 quand la police rejoint la Maison-Mère afin d’exécuter l’ordre d’expulsion des religieux « manu militari ». A 19h40 de cette soirée, le commissaire de police pouvait annoncer triom-phalement par un télégramme laco-nique : « Etablissement évacué à 7 heures sans trop de difficultés mais grâce à gendarmerie à cheval qui a pu maintenir foule évaluée à millier de personnes criant : vive la liberté, vive les pères ! Malades recueillis par familles malgré pluie tombant averse. 200 personnes persistent stationner. »
C’est dans ce contexte que le 10 août 1903 s’ouvre à Irun, en Espagne, le chapitre général le plus difficile de l’histoire de Bétharram. En effet, les pères capitulaires sont appelés à prendre toutes les mesures nécessaires pour la sauvegarde de l’Institut et des œuvres en France, pour le maintien de la vie religieuse, pour l’avenir de l’Institut, pour la sauvegarde de la régularité de la formation et des études des jeunes générations.

Roberto Cornara

 

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