Nouvelles en Famille - 14 octobre 2011
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Le Père Etchécopar écrit...
- Le but du charisme bétharramite et sa spiritualité
- Bangkok - Madrid : 14 000 Km pour un rendez-vous spécial
- 5 minutes avec Roberto Beretta
- In memoriam: Frère Henri Cha
- La vie extraordinaire de Sur Marie (09)
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Le mot du Père général
LE CHARISME DE LA FAMILLE DE BÉTHARRAM
Dès le début de la Règle de vie, il apparaît clairement que la Congrégation du Sacré-Cur de Jésus trouve sa source dans une expérience de lEsprit, une expérience mystique. Comme le déclare le Concile Vatican II, la vie consacrée, en tant que réalité ecclésiale, nappartient pas à sa dimension hiérarchique mais à sa vie de sainteté (LG 43). Et le mot charisme signifie précisément cela : le don de Dieu, le cadeau de lEsprit à son épouse, lEglise. Saint Michel était conscient davoir été choisi par lEsprit Saint pour recevoir ce don, comme en témoigne aussi le P. Etchécopar. Le charisme de Bétharram est la forme originale avec laquelle, religieux et laïcs à la suite de notre père saint Michel, lEsprit nous demande de vivre lEvangile.
La source et le secret de ce don et de cette congrégation se trouvent dans la contemplation de lélan généreux du Cur de Jésus, du Verbe incarné qui soffre par ces mots: Père, Me voici!; nous y percevons une double orientation:
- vers le Père quil désire glorifier et à qui il veut obéir par amour en fidélité absolue à sa volonté de salut;
- vers les hommes quil veut servir par amour dans un engagement total afin que tous aient la vie (Jn 10, 10).
La vocation bétharramite, à travers la vie des religieux, consiste à reproduire et manifester cet élan généreux du Cur de Jésus, du Verbe incarné tourné vers le Père et les hommes. Il sagit de le rendre présent et visible dans le monde daujourdhui dans son adoration et obéissance au Père, son dynamisme missionnaire et son service des hommes en disant avec lui : « Père, me voici ! » Lamour est lunique raison choisie par le Cur du Christ et qui se diffuse largement dans ce chapitre : le motif de son obéissance et de son service.
« Combien tu mas aimé, mon Dieu !... par amour plus que tout autre motif ! Lamour est le secret ressort quil faut découvrir. » Cest un amour dynamique, un élan généreux. Découvrons-le dans le Cur de Jésus où le Père et le Fils saiment lun lautre. Cest là que Jésus a aimé saint Michel, quil aime les Bétharramites et tous les hommes. Unis au Cur de Jésus, saint Michel, les Bétharramites, religieux et laïcs, aiment le Père, Jésus et tous les hommes. Le Père Etchécopar exprima très bien ce que le cur de Jésus devait représenter pour chacun de nous: « Ce Cur ouvert proclame doù nous venons, à qui nous devons tout attribuer et tout rendre et sur quel fondement nous devons nous appuyer sans cesse pour nous élever toujours plus. »
Cette originalité de la vie de lEvangile de Jésus à vivre aujourdhui, sexprime aussi dans les quatre dimensions de notre vie de consacrés :
La spiritualité : il ne sagit pas de dévotions sinon que dune façon dêtre, une vie menée dans lEsprit Saint, dune façon de vivre, fondée sur lexpérience de foi de nous savoir aimés de Dieu dans la personne de Jésus bien que nous ayons conscience de ne pas le mériter puisque nous sommes pécheurs. Cette expérience dun amour immérité donne une nouvelle orientation à notre vie.
La consécration : elle est la conséquence de cette nouvelle orientation que nous avons donnée à la vie à cause de lexpérience de foi de lamour de Dieu ; à celui qui a donné sa vie pour nous, à qui nous sommes configurés par le baptême, nous donnons le meilleur de nous-mêmes par les trois vux de chasteté, pauvreté et obéissance qui nous font participer au style de vie que lui-même a choisi (RdV 6).
La fraternité : lamour chrétien mobilise toute notre existence et se manifeste dans nos relations humaines. Nous navons pas été créés pour vivre isolés sinon que pour sortir de nous-mêmes et nous donner aux autres et acceptant leur propre don deux mêmes afin que nous soyons meilleurs. Cest cela la vie de communauté, la fraternité évangélique; cest pourquoi les différences au lieu dêtre sources de divisions le sont de notre unité puisque nous sommes tous unis au Cur de Jésus, notre raison dêtre et dagir. Cest la fraternité évangélique ou se vit la Parole du Seigneur: Comme le Père ma aimé, moi aussi je vous ai aimés : demeurez en mon amour (Jn 15, 9). Cette fraternité se construit avec les sentiments dhumilité, de mansuétude, dobéissance, de don et de charité qui caractérisent nos relations puisquelles sont les vertus même du Sacré-Cur de Jésus.
La mission : cest loriginalité de la mission bétharramite, sa mission consiste a continuer lacte doffrande du Cur de Jésus, le Verbe incarné, à son Père pour accomplir sa volonté de salut : révéler aux hommes de ce temps la tendresse et la miséricorde, le visage damour de Dieu le Père (RdV 9).
Il ne sagit pas de quatre vies différentes mais de quatre dimensions dune unique existence de la personne mutuellement reliées les unes aux autres. La spiritualité est le fondement de la consécration, de la fraternité et de la mission. La consécration est spirituelle, fraternelle et missionnaire. La fraternité est le style de vie de la vie spirituelle, de la consécration et de la mission. La mission nest jamais autant efficace que lorsque la vie spirituelle, fraternelle et missionnaire est adulte. Au cur même de ces quatre dimensions de notre vie, elle reste unifiée car fondée sur lélan généreux du Cur de Jésus, le Verbe incarné. Cette unification de notre vie à travers lamour de Dieu manifesté en son Fils Jésus, nous rend heureux et contents.
Partager ce bonheur et cette joie aux autres est notre mission propre. Il ne pourra sagir toujours que du bonheur qui, venant du Cur du Père, remplit celui de Jésus et, a travers lui, le cur de saint Michel et des bétharramites, religieux et laïcs, pour visiter le cur des hommes et des femmes que nous rencontrons sur notre chemin.
Gaspar Fernandez,SCJ

Le Père Auguste Etchécopar écrit...
Aux religieux de la résidence de Bayonne, novembre 1876
Se rappeler souvent la parole adressée par le Souverain Pontife à la congrégation : « Le dévouement de ses membres ne métonne pas ; cest le contraire qui métonnerait ; ne sont-ils pas les prêtres du Sacré-Cur ? et le cur de Jésus cest la source du dévouement et de lamour ».
Or, ce dévouement cest le sacrifice continuel et parfait surtout de notre intérieur, de nos vues, de nos affections, volontés, pour les conformer au divin Cur qui nous crie : Discite a me quia mitis sum et humilis corde et invenietis requiem animabus vestris. (Devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos - Mt 11,29)
Témoignage

LE BUT DU CHARISME BETHARRAMITE ET SA SPIRITUALITE
Voici lextrait d'une réflexion de M. Mario Grugnola, (laïc associé), intitulée Les Pères de Bétharram et le charisme de Bétharram (notes d'un laïc).
En le remerciant à la fois de sa contribution et de sa collaboration comme traducteur de la NEF, nous l'encourageons à continuer sa réflexion, dans l'espoir que dautres laïcs bétharramites suivent son sillage.
Saint Michel Garicoïts a vécu sa sainteté en contemplant et en imitant le Verbe Incarné. En se tournant vers le Père et en disant « Me voici ! » notre Saint se place dans le sillage de lEcce venio du Sauveur.
Les vertus de la charité, de l'humilité, de la douceur, de l'obéissance et du dévouement sont les mêmes quil a vu incarnées dans le Sacré Cur de Jésus.
Charité signifie amour. « Me voici, sans retard, sans réserve, sans retour, par amour », ce sont des mots de saint Michel qui expriment l'amour de Dieu, sujet fréquent de ses méditations et de ses conversations : Dieu aime même celui qui ne l'aime pas, parce que Dieu ne peut pas ne pas aimer.
Jésus, en s'incarnant, shumilia. Il était Dieu mais, devenu homme, il sest anéanti devant Dieu : « Vidé de lui-même, rapetissé, réduit à néant, effacé, sans se faire remarquer, sans se complaire en son être divin, renonçant aux privilèges liés à sa divinité ; (...) il se fait serviteur, et plus encore, victime » (Cf. P. Gaspar Fernández Pérez, Jésus anéanti et obéissant, NEF, septembre 2011).
Jésus est obéissant. Au Mont des Oliviers il prie à genoux et dit au Père : «
non pas ma volonté, mais la tienne. » (Lc 22.42)
Le Sacré-Cur a manifesté son amour au Père en lui obéissant en tout. « Il consacra le premier acte de sa liberté » dit saint Michel Garicoïts « à faire la volonté du Père et il s'est fait obéissant jusqu'à la mort en croix. Tout ceci se résume dans un mot : Me voici ! » L'obéissance à Dieu est la conséquence de l'amour quon a pour lui.
Le dévouement est ce qui rappelle le mieux le Me voici de saint Michel : « Nous sommes toujours prêts à courir où l'obéissance nous appelle », avec désir d'action, avec zèle mais surtout avec amour. Si dans notre Me voici il manque lamour, le dévouement devient un exercice stérile : « jamais nous ne ferons assez pour Dieu. Il a tant aimé le monde quil a donné son propre Fils. Cette pensée doit nous inspirer une incessante générosité pour sa gloire et pour son service. »
Souvent, les circonstances nous permettent de dire Me voici ! Mais pour une raison ou une autre, nous narrivons pas à le prononcer dans les relations avec notre famille et nos voisins, dans les réunions, dans la vie quotidienne et au travail.
Le Me voici de saint Michel, le Me voici bétharramite, ne doit pas être chez nous conçu comme l'annonce de notre disponibilité. Même avant cela, il représente notre Ecce venio personnel, l'invocation pour que Jésus nous prenne par la main et nous aide à comprendre et à agir en conformité.
La prière fera le reste.
Mario Grugnola (laïc du nord de lItalie).

BANGKOK - MADRID : 14 000 Km POUR UN RENDEZ-VOUS SPECIAL
Du 17 au 21 août dernier, le Fr. Andrew Athit Niyomtham et le P. Peter Phairot ont conduit une délégation de jeunes thaïlandais aux Journées Mondiales des Jeunes à Madrid.
Au-delà de sa réflexion sur le thème majeur de ce rassemblement, le Fr. Athit nous transmet ici lenthousiasme de ces jeunes ambassadeurs de la joie.
Cétait la première fois que je participais à un événement aussi grandiose que la Journée Mondiale des Jeunes. De ma vie, je noublierai une telle expérience. Des millions de jeunes sont venus du monde entier pour prendre part à lévénement. Une question sest imposée à moi : ma foi est-elle aussi grande que celle de ces jeunes ? Jai vraiment été très impressionné !
Jaimerais partager quelques réflexions inspirées par le thème de ces journées, notamment lexpression « fermes dans la foi ». Ces mots qui, en espagnol « firmes en la fe », étaient repris dans l'hymne de la journée ont très souvent été prononcés. Ces journées mont permis dapprofondir ma foi dans sa dimension spirituelle.
Jai vu des millions de jeunes exprimer leur foi de manières si différentes: par le chant, la danse, la méditation... Cela ma amené à relire ma propre foi dans le Christ en revenant sur son passé et à lapprofondir dans ma vie religieuse de maintenant. Pour être ferme et fort dans ma foi, je suis appelé à trouver Jésus dans ma vie et dans celle des autres. Une fois que je lai rencontré, je peux Lui dire à linstar des apôtres : « Je sais que Tu es le Christ, le Fils de Dieu qui a donné sa vie pour moi. Je veux te suivre fidèlement en me laissant guider par ta parole. »
Notre foi se décline de trois façons différentes. La première est la foi en Jésus-Christ. La seconde est la foi dans le Pape qui est le représentant du Christ sur la terre. La troisième est notre tradition de foi. Si, avec courage, nous associons intimement ces trois dimensions, notre foi chrétienne ne pourra que sen trouver raffermie.
Jaimerais conclure ce partage sur une expression que jai entendue et que je tenterai de rapporter fidèlement : Ésta es la juventud del Papa. Quand j'ai découvert le sens de ces mots, à savoir : « nous sommes les jeunes du Pape », jai compris que, lorsque nous nous référons au Pape, nous nous référons aussi au Christ, quand nous écoutons les enseignements du Pape, nous écoutons les enseignements du Christ.
Merci à tous ceux qui mont permis de vivre cette expérience de foi. Merci du fond du cur.
Fr. Andrew Athit Niyomtham, SCJ
5 minutes avec...
Roberto Beretta

Nos questions se sont adressées cette fois-ci à Roberto Beretta, journaliste au quotidien italien Avvenire. Il vit avec sa famille à Lissone, dans la paroisse du Sacré-Cur (diocèse de Milan) confiée aux Bétharramites.
M. Beretta a grandi dans cette paroisse et a fréquenté nos écoles. Cest un membre très actif du laicat bétharramite dItalie et depuis 7 ans il dirige la revue du Vicariat italien, Presenza Betharramita.
Nef: Quel est laspect de la spiritualité de saint Michel que tu as le plus aimé pendant les années de formation et qui te tient toujours lié aux Bétharramites ?
- Jai vécu 9 ans dans les écoles bétharramites et je pense que laspect qui me plaisait le plus, cest lesprit de famille que lon y respirait. Pas de formalisme, beaucoup de liberté, une grande souplesse pour passer des études aux travaux manuels ou aux sports, un rapport avec lautorité non répressif, mais plutôt familier. Cest peut-être ce que voulait dire St Michel quand il parlait de Camp volant ? Je ne sais pas...
Ce qui mintéresse le plus aujourdhui chez les Bétharramites, outre le lien affectif que jentretiens avec eux, cest justement cette souplesse et même les dimensions réduites de la Congrégation... Elle pourrait être plus libre que les autres Institutions de lEglise, en lançant des expériences davant-garde au niveau de la Pastorale et de la spiritualité. Bien sûr la crise des vocations existe chez eux comme dans les autres Instituts religieux; je crois pourtant quun peu de courage, dans de nouveaux projets, jouerait en leur faveur.
Dans ton activité de journaliste et décrivain, tu es connu pour ta verve quand tu condamnes les plaies de lEglise, en particulier le cléricalisme. Peux-tu préciser le sens de tes interventions ?
- Les motifs de ma polémique anticléricale vis-à-vis de lEglise sont divers. En voici simplement deux : le premier vient de mon expérience personnelle : dans mes 50 années de vie très catholique, dont la moitié comme journaliste dans les mass medias de lEglise, jai été témoin de quelques aspects qui ne mont pas plu et je pense quil est de mon devoir de les dénoncer, pour quéventuellement ils changent en mieux.
Le second motif vient du fait que dans lEglise italienne, nous navons jamais été habitués à avoir une opinion publique. Cest-à-dire à discuter librement de nos problèmes, comme aussi de nos défauts ou erreurs, pour faire exister - en restant dans la juste mesure - les opinions diverses. On ne conteste jamais le curé ou lévêque, même quand leurs choix sont mauvais. Le résultat... cest que dans les sacristies ou les églises, on bavarde beaucoup, mais personne na le courage de dire ce quil pense vraiment, surtout devant les supérieurs. Si un journaliste catholique ne le fait pas, qui doit le faire ? Faut-il attendre lintervention dun journal laïc pour dire ensuite quil s agit dune attaque contre lEglise?
Depuis 7 ans tu dirige la revue du Vicariat dItalie Presenza Betharramita : de quelle manière ce précieux instrument peut-il favoriser la connaissance et lestime réciproque entre religieux et laïcs bétharramites en Italie ?
- Déjà 7 ans de passés ? Je ne le réalise pas. Je remercie vraiment les Bétharramites qui mont fait confiance, me laissant une liberté presque complète - en particulier quand jécris mes articles un peu polémiques sur le cléricalisme. Je crois beaucoup à cet instrument qui fait circuler, outre des informations sur la vie de la famille bétharramite, laffection, la chaleur, la proximité qui existent dans les échanges au sein de la famille bétharramite et qui ne trouvent pas toujours un mode dexpression. Dautre part, jai découvert depuis longtemps que dans lhistoire et lexpérience des Bétharramites - passées ou présentes - il existe des trésors, surprenants même pour un laïc : ils méritent dêtre connus, alors que presque personne ne les connaît; pour cette raison - je le dis sans fausse modestie - il faut souvent la faculté dun professionnel avec des yeux prêts à reconnaître où est la nouvelle...
Depuis la 4 e fête nationale des laïcs bétharramites, qui sest tenue à Lissone, quelles sont les initiatives par lesquelles vous voulez relancer leur présence en Italie ?
- Les laïcs bétharramites en Italie sont une sorte dobjet mystérieux, même si depuis 10 années dactivités, les expériences se sont multipliées et que des pas ont été faits. Par exemple, dans beaucoup de paroisses tenues par des Bétharramites, un petit groupe de personnes commence à croire à cette réalité, se passionne et devient moteur pour la diffusion dun laïcat bétharramite auprès dautres laïcs et parfois aussi auprès dune communauté de religieux.
Mais, paradoxalement, nous sommes daccord pour reconnaître quil est deux secteurs où les laïcs sont actifs dans le travail avec les Bétharramites italiens je fais allusion à la maison-famille pour les malades du Sida de Monteporzio-Catone et aux volontaires engagés en Centre Afrique. Or ce message nest pas passé. Pour cette raison nous avons pensé dy consacrer notre prochaine rencontre avec les laïcs des missions bétharramites. Entre temps, nous voulons aussi organiser des week-ends de spiritualité de St Michel et aussi un cours de formation pour laïcs, couples et familles.
Fort de ton expérience professionnelle, quel message veux-tu adresser aux laïcs bétharramites à travers le monde ?
- Peut-être celui qui servait de titre lors de la dernière fête à Lissone io valgo je suis valable, je suis bon a quelque chose
souvent nous laïcs catholiques, par fausse humilité mais aussi par paresse, nous avons tendance à renoncer à nos engagements en Eglise, avançant lexcuse de notre manque de préparation, de temps
et aussi que les choses sont mieux faites par les prêtres
cest faux : en tant que baptisés, les laïcs ont la même dignité que les clercs et ils doivent trouver jallais dire revendiquer leur place dans la communauté chrétienne : il est parfois nécessaire de le faire. Une place qui est beaucoup plus importante et profonde que celle qui leur est réservée habituellement.
In memoriam
Effacé, Devoué: Ces qualités que saint Michel prônait dans ses lettres auprès de ceux qui lui demandaient conseil, se sont reflétées dans la vie du Frère Enrique qui vient de quitter notre communauté de Montevideo.
Son parcours bétharramite débute le 11 février 1938 par ses premiers vux prononcés à Balarin. Cette même année il part pour le Río de la Plata et se lance dans son travail de secrétaire au collège St-Joseph.
Il sengage définitivement dans la vie religieuse en prononçant ses vux perpétuels en la basilique du Sacré-Cur de Barracas le 11 février 1944.
Pendant 12 ans, il assume la charge de secrétaire à La Plata, avant de rejoindre le collège du Sacré Cur de Rosario, où il restera deux ans (1950 51).
Enfin, le collège de lImmaculée Conception de Montevideo laccueille en 1952. Il y poursuit son travail de secrétaire quil cumulera avec d'autres activités jusqu'à ce que la maladie, puis un accident domestique en 2008, ne lécartent définitivement de toute activité.
P. Enrique Gavel, SCJ
Jai rencontré pour la première fois le Frère Henri le 1er avril 1977 lors de mon arrivée à Montevideo depuis Buenos Aires.
Mince, aussi grand que moi, sérieux et silencieux, tel était lhomme. Je ne me rappelle pas que durant tout ce premier dîner en Uruguay, il ait prononcé un seul mot. Jai vécu avec lui toutes ces nombreuses années. Au collège de lImmaculée Conception, il soccupait chaque jour du secrétariat. Un vrai travail dorfèvre! Toujours en quête dheures supplémentaires quil remplissait de chiffres, de noms et de brèves évaluations. Il se cachait derrière le clavier dune vieille mais auguste machine à écrire. Je crois quelle est devenue avec le temps sa meilleure compagne !
Homme réservé, certes, mais au grand cur, il a vécu trois grands amours :
- celui dabord envers les anciens élèves ; il les conservait en mémoire se rappelant leur noms lorsquils apparaissaient dans les albums ; quil puisse même connaître jusqu`à des détails de leur vie, sans sortir du collège, voilà qui reste pour moi un mystère !
- ensuite, les parties de football dans la cour de recréation ; il nen manquait aucune quand bien même il avait à travailler au secrétariat ; il les vivait avec grand intérêt mais ne manifestait aucune passion extérieure même quand son équipe perdait ; même à létranger, étant chargé des affaires interprovinciales bétharramites, il sen préoccupait.
- Enfin, celui qui lui tenait le plus à cur, les pauvres ! Il les accueillait à la porte de la communauté. Il ne voulait pas être vu ; mais comment ne pas voir la lumière allumée posée sur la table. Il avait toujours quelque chose à donner.
Il aimait beaucoup la nature aussi. Son petit monde au centre de la ville se résumait à quelques jardinières fleuries et des pigeons quil nourrissait avec le pain de la veille. Et lorsque, lâge venant, il lui était difficile de se rendre dans la cour, les pigeons lattendaient.
Il était de la vieille école. Réglé comme une horloge, plein de patience, il nous attendait sans broncher pour la prière communautaire. Il a eu la grande vertu de ne jamais critiquer personne. Il aimait notre congrégation dont il lisait toutes les revues qui lui tombaient sous la main. Dans ses dernières années, prisonnier de sa chambre, il aimait beaucoup écouter ses visiteurs lui parler des changements : en premier lieu, le projet de régionalisation, puis par la suite, sa réalisation. Je me rappelle du jour où je lui ai demandé : « Ça te ferait plaisir de parler avec le Père Gaspar et de le voir sur lordinateur ? » Il narrivait pas à le croire. Et quand il la vu, il a été tellement ému quil na rien pu dire sinon pour le saluer.
Ainsi est parti notre frère, sans rien dire, fidèle comme il avait vécu, pauvre de paroles mais riche en noms.
P. Giancarlo Monzani, SCJ
09. LA BEATIFICATION DE SUR MARIE
La messe pontificale du 13 novembre 1983 était célébrée à Saint-Pierre de Rome par le Pape Jean-Paul II. À lautel, lentouraient le Patriarche Beltritti, le Cardinal carme de Turin Ballestrero, le Patriarche melkite Maximos V Hakim, le Supérieur général carme, T.R.P. de Baranda, et le Supérieur général de Bétharram, le T.R.P. Pierre Grech. Pour tous, quelle joie de voir Sur Marie, « le petit rien » dans la fameuse gloire du Bernin !Entre le Kyrie et le Gloria, à la demande solennelle du Patriarche latin de Jérusalem d« inscrire au nombre des Bienheureux la Servante de Dieu Marie de Jésus Crucifié Baouardy », le Pape répondit : « Entendu lavis de la Sacré Congrégation pour les Causes des Saints, Nous déclarons, avec Notre Autorité Apostolique, que la Vénérable servante de Dieu Marie de Jésus Crucifié peut désormais être appelée Bienheureuse et que sa fête pourra se célébrer chaque année au 26 août jour de sa naissance au Ciel. »
Puis, sétant réjoui que la glorification de Sr. Marie intervienne pendant le Jubilé extraordinaire de la Rédemption, Jean-Paul II prononça lhomélie dont voici des extraits : « Sur Marie de Jésus Crucifié est allée au Christ, en prenant sur elle son joug, apprenant du Seigneur quil est doux et humble de cur et y trouvant réconfort pour son âme. Tout cela est venu de lamour. La sainteté sappuie avant tout sur lamour, Elle en est le fruit mûr... lamour de Sur Marie de Jésus Crucifié pour le Christ a été fort comme la mort : les épreuves les plus douloureuses ne lont pas éteint, au contraire elles lont purifié et fortifié. Et elle, elle a tout donné pour cet amour.
La vie entière de la petite arabe, comblée de dons mystiques extraordinaires, a été dans la lumière de lEsprit-Saint, la réponse consciente, irrévocable à son appel à la sainteté... Toute sa vie est le fruit de cette suprême sagesse évangélique avec laquelle Dieu se plaît à enrichir les pauvres et les humbles pour confondre les puissants. Douée dune entière limpidité dâme, dune grande intelligence naturelle et de limagination poétique propre aux peuples sémites, la petite Marie neut pas la possibilité de faire des études. Mais cela ne lempêcha pas, grâce à son éminente vertu, de se remplir de cette connaissance supérieure qui a mené le Christ à mourir sur la croix : la connaissance du mystère trinitaire, si important dans la spiritualité chrétienne orientale, dans laquelle la petite arabe avait été éduquée
Sur Marie de Jésus crucifié appartient à lOrient. Elle en est en quelque façon la représentante. Elle est comme un don fait à lÉglise universelle par ceux qui, dans des conditions de lutte, se trouvent verser leur sang. Aujourdhui, tout spécialement, ils recourent à sa fraternelle intercession dans lespoir que, grâce à ses prières de Servante de Dieu, la paix et la concorde soient enfin restaurées là où le Verbe sest fait chair (Jean, 1,14), qui est lui-même notre paix
Les menaces actuelles nous pressent de faire de lamour et de la fraternité la loi fondamentale des rapports sociaux et internationaux, dans un esprit de réconciliation et de pardon. Nous avons à nous inspirer du style de vie dont la Bienheureuse Marie de Jesus Crucifié est un exemple, non seulement pour son propre pays, mais pour le monde entier. Puisse ce nouveau style de vie nous procurer une paix, fondée non sur la terreur, mais sur une confiance réciproque. »
Pierre Médebielle, SCJ
Jérusalem (1983, pp. 201-239)
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