Narratio fidei du F. Angelo Sala scj

« Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3, 16-17)

« L’idée de créateur n’implique-t-elle pas celle de père ? La création est plutôt un acte d’amour qu’un acte de puissance et de sagesse... Oui, Dieu est notre père, et tout ce que la paternité terrestre offre de plus tendre et de plus aimable n’est qu’une pâle image de la suavité et de la douceur de notre Père qui est dans les cieux… » (MS)

« [Soyez contente] aussi dans les moments de sécheresse, de peines et de misères, quelles qu’elles soient, et dans les tentations ; contentez-vous de jeter un regard de confiance et d’amour sur le Cœur de Jésus, sans les regarder ni les combattre directement. Enfin, modérez et calmez même les désirs de la perfection, et que, dans votre cœur tendrement uni au Cœur de notre bon Maître, tout soit calme et paisible. » (Corresp. lettre 4)

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

Je trouve ce passage de l’Evangile qui m’est proposé pour la narratio fidei très pertinent face à ce que je vis dans le pays où je suis.

Vivant ma mission dans une nation où, en raison des événements politiques, règnent la haine, la violence et l’esprit de vengeance, je trouve ces versets fondamentaux au regard de ce que j’essaie de comprendre et de ce à quoi je suis appelé à vivre en tant que religieux.

En cette période, plus que jamais, je me sens interpellé pour prendre une position courageuse dans la situation pressante que je vis, en essayant de donner un sens à tout ce en quoi je crois et que je réalise dans le lieu où je me trouve.

Dans cette nouvelle expérience je me sens plus que jamais appelé à vivre l’idéal de l’évangile pour une rencontre profonde avec le Christ, qui est difficile à vivre, en raison à la fois du temps à ma disposition et de la difficulté à entrer en communion profonde. Mon choix de vie comporte un engagement à vouloir ce que je dois faire chaque jour. Et ce, dans l’esprit que saint Michel s’était lui-même proposé, à savoir : m’unir le plus possible à Dieu dans la prière pour obtenir la source de tout bien et une vaste participation à sa grâce. Redoubler de zèle envers le prochain et la communauté, être bienveillant à l’égard de tous  : ne pas manifester de rigueur ou de sévérité hors de propos, mais faire preuve de force d’âme, de vigilance et de sollicitude lorsqu’on commence quelque chose et de vigueur pour mener cette chose à terme (DS).

Vivre selon cet idéal comporte une confrontation, courageuse et quotidienne, avec ma communauté, les laïcs et les religieux qui travaillent avec moi au Centre d’assistance des malades du Sida.

L’évangéliste Jean m’amène à réfléchir sur ce grand amour de Dieu pour l’homme et pour le monde, au point de donner ce qu’il a de plus cher : son Fils unique.

Dieu aime l’homme depuis l’éternité, et cet amour que j’ai reçu en tant qu’homme, je sens que je dois le donner aux autres.

Accueillir le don immense de l’amour c’est sentir que je ne peux plus vivre sans Celui qui m’a aimé le premier ; c’est me sentir pauvre et sentir que j’ai besoin de sa miséricorde.

La fidélité à cet amour reçu en don me permet de retrouver le sens de la vie et de ne pas me lasser de rendre grâce à Dieu à travers l’écoute de la Parole et les œuvres. Ce doit être un amour qui me stimule à aimer les personnes que je rencontre, faire leur bien, souffrir avec eux.

Si Dieu aime le monde depuis l’éternité, il est toujours aux côtés de l’homme, quelles que soit ses actions, même s’il ignore son existence, car l’amour de Dieu pour l’homme est sans réserve.

Etre appelé à vivre cet idéal, à travers ma profession religieuse, engage tout mon être. Je dois surtout le vivre non par nécessité, mais librement et gratuitement, sans rechercher aucun intérêt.
Ce doit être surtout un amour fidèle, c’est-à-dire un amour qui ne diminue pas, ne change pas, qui naît du cœur et cherche uniquement le bien de la personne que je rencontre chaque jour dans ma mission.

Ce doit être un amour créatif, surtout généreux dans le pardon, y compris quand cela me coûte ; un amour qui ne doit pas être uniquement en paroles, mais qui se manifeste par une vie donnée pour la personne que l’on rencontre, que l’on aime et que l’on respecte, de sorte qu’elle puisse elle aussi jouir de ce même amour.

Tout cela passe à travers la personne du Christ, dans l’Incarnation, dans le Calvaire, dans l’Eucharistie. Pour recevoir et donner ce don de Dieu, je dois me libérer de tout. C’est seulement ainsi que je peux être libre d’aimer et tout faire en sachant que je ne suis qu’un simple serviteur, conscient que « les croix sont inévitables et nous, frères et prêtres missionnaires, nous devons, par nos paroles et actes, prêcher l’obligation de les porter avec amour » (DS).

Sur ce chemin, qui n’est pas facile à suivre, les échecs ne manquent pas. Il exige une confrontation continue avec moi-même, avec mes frères et toutes les personnes avec lesquelles je collabore et auprès desquelles j’essaie de témoigner de mon choix de religieux bétharramite.