Nouvelles en Famille - 14 mai 2013
Sommaire
- Le mot du Supérieur Général
- Saint Michel Garicoïts écrit...
- 150e anniversaire : 14 may 1863
- Les vertus du Sacré Cur: l'obéissance
- Narratio fidei
- Histoire de la Règle de Vie (5)
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Le mot du Supérieur général
LE TROMPETTES DU JUBILÉ
Le dixième jour du septième mois, tu feras retentir le son éclatant de la trompette ;
le jour des Expiations, vous ferez passer la trompette dans tout votre pays. (Lév. 25, 9)
Cest alors que jai commencé à comprendre quil sagissait des trompettes du Jubilé qui avait commencé à retentir en Thaïlande pour se diriger vers lArgentine, le Brésil et lUruguay en passant par toutes les communautés où les Bétharramites vivent la mission. Aujourdhui, cela fait donc 150 ans, exactement le 14 mai 1863, que notre cher Père Garicoïts achevait son pèlerinage sur terre et commençait sa vie dans la gloire céleste à côté du Père, du cur de Jésus, de lEsprit Saint, de Marie et de saint Joseph avec les 144 000 élus dont parle lApocalypse. Cette année-là, le jour tomba le jeudi de lAscension.
Aujourdhui, sur toute la terre, nous, les fils de saint Michel Garicoïts, religieux aussi bien que laïcs, commençons une année jubilaire et nous voulons proclamer, avec les trompettes, avec nos voix et par le témoignage de nos vies, les merveilles du Seigneur. « Du lever au coucher du soleil, louez soit le Nom du Seigneur ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, noublie aucun de ses bienfaits ! Chante au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis le Seigneur ! Mon âme proclame le Seigneur ! Magnificat ! »
Oui, magnificat ! Pour le don précieux de la personne de saint Michel Garicoïts, notre Père, qui nous a engendrés à la vie religieuse, où nous pouvons vivre la joie !
Magnificat !... parce que le P. Garicoïts «?croyait que le Dieu des petits et des pauvres lavait choisi pour ce but, lui, le petit pasteur de la dernière maison du hameau dIbarre ; lui, qui était un massacre, un rien. »
Magnificat !... parce que, depuis son enfance, Michel avait faim et soif de Dieu jusquà escalader les montagnes des alentours pour toucher le ciel là où sa maman lui avait dit que se trouvait le Bon dieu.
Magnificat !... parce quà Oneix, alors quil aspirait à la rencontre de Jésus dans la première communion, il lui fit connaître son amour, le consolant et le comblant de joie pour avoir trouver le trésor, la perle choisie.
Magnificat !... parce quil a vécu son chemin de formation à la prêtrise ayant toujours dû travailler en parallèle.
Magnificat !... parce que Jésus, Grand Prêtre éternel, et serviteur du Père, la rendu participant de son sacerdoce le 20 décembre 1823 dans la cathédrale de Bayonne.
Magnificat !... parce que le Père des miséricordes lui a fait le don de la conversion par le témoignage de la pauvreté consacrée des Filles de la Croix à Igon et de leur fondatrice, Sur Jeanne Élizabeth Bichier des Âges ; la dignité sacerdotale était montée à la tête de Michel et lui avait alors fait oublier ses origines pauvres.
Magnificat !... parce que, dans « la solitude de 4 grands murs vides » à Bétharram, le P. Garicoïts a reçu le trésor du charisme : il vit des évêques pleurer et fit lexpérience de Jésus anéanti et obéissant, découvrant que son imitation était la véritable issue pour combattre les maux qui affligeaient ces temps-là.
Magnificat !... pour les compagnons quil a reçus en octobre 1835 pour vivre en communauté du charisme du Cur de Jésus anéanti, doux et obéissant : les Pères Guimon, Perguilhem, Chirou, Larrouy, Fondeville comme tous ceux qui viendraient par la suite !
Magnificat !... parce que saint Michel vivait de lamour de Dieu quil ressentait tel un feu en son cur qui ny tenait plus, comme il le confessa lui-même !
Magnificat !... parce quil a dû vivre lexpérience spirituelle de Jésus anéanti et obéissant à la manière dAbraham : il obéit à son évêque quand bien même il avait la conviction quen suivant ce chemin, la congrégation, que Dieu lui-même lui avait pourtant demandé de fonder, allait vers sa disparition.
Magnificat !... parce que ce Dieu fidèle à ses promesses, en qui saint Michel avait entière confiance, confirma son uvre : 20 ans après sa mort, le Pape Pie IX approuvait la congrégation?!
Magnificat !... pour la joie que Michel procura à tellement de personnes par son don de discernement, leur permettant de découvrir leur vocation et, par le sacrement de réconciliation, de vivre de lamour de Dieu, vécu dans le pardon sacramentel.
Magnificat !... pour lesprit missionnaire de Michel : depuis les missions populaires jusquau travail éducatif auprès de la jeunesse à Bétharram, Asson, Mauléon, Oloron, Orthez en dépit de lopinion contraire de nombreux compagnons.
Magnificat !... pour lobéissance et laudace des premiers missionnaires envoyés en Argentine : les Pères Barbé, Larrouy, Guimon, Harbustan, Sardoy, et les frères Magendie, Fabien et Johannes, pour les missions populaires et éducatives quils y ont réalisées avec tant de générosité, au point quelles se prolongent jusquà aujourdhui !
Magnificat !... pour tant dhommes et de femmes, de religieux et de laïcs, denfants, de jeunes et dadultes qui, dans 15 pays, aujourdhui encore veulent suivre, enthousiastes, la vie et le choix fait par Michel Garicoïts afin damener lamour du Cur de Jésus au cur de ce monde où tant dhommes et de femmes en ont besoin !
Magnificat !... pour la vie de tous ceux qui, dispersés de par le monde, continuent de témoigner de la douceur, de lhumilité et de lobéissance du Cur de Jésus, comme nous lenseigne saint Michel Garicoïts !
Magnificat !... parce quen 1863 ceux qui laimaient avaient de la peine en le perdant alors quen 2013 nous vivons de lui dans la joie puisquaprès sa béatification en 1923 et sa canonisation en 1947, nous sommes portés à laction de grâce pour les bienfaits dont le Bon Père la enrichi pour le bien de lÉglise, comme pour tous les fruits quils ont déjà produits !
Magnificat !... parce que la congrégation que le Seigneur lui a inspiré de fonder est maintenant dispersée par toute la terre et continue sa mission de porter aux autres le même bonheur que donne le fait de vivre de lamour de Dieu manifesté en Jésus anéanti et obéissant !
Que les trompettes continuent de retentir, quelles ne sarrêtent pas ; quavec elles, laction de grâce se répande par toute la terre pour proclamer les merveilles quil a faites dans lhumble pasteur basque dIbarre, Michel Garicoïts, et quil continue dopérer dans ses disciples, religieux et laïcs dun bout à lautre de la terre !
Gaspar Fernández Pérez, SCJ

Saint Michel Garicoïts écrit...
La Providence dirige tout dans le monde. Elle emploie à lexécution de ses desseins des moyens qui nous paraissent y être le plus opposés. Les impies eux-mêmes, qui la nient, la servent malgré eux. Souvent nous nous plaignons de ce quelle fait pour notre bien, et nous murmurons de ce qui nous est le plus avantageux.
Dieu brode sur nos têtes une étoffe magnifique. Levez les yeux, vous napercevez que le revers de louvrage, et il ne vous présente quune grande confusion. Mais quand il vous sera donné de considérer le travail dune région supérieure, vous le verrez tel quil est, et alors, vous serez surpris et ravi dadmiration à la vue de ce que, aujourdhui, votre ignorance ose censurer. (Père, me voici, p. 81).
150e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SAINT MICHEL

14 MAI 1863
« Je voudrais lappeler saint ; mais lÉglise ne me le permet pas ; il nappartient quau souverain Pontife de déclarer quun homme est saint ; je ne puis pas même lappeler vénérable ; cependant je le crois saint, et cest ce qui fait mon embarras ; je lappelerai donc le digne, lexcellent, le vénéré prêtre, le bien-aimé supérieur de Bétharram. »
Nous sommes dans la chapelle de Bétharram le samedi 16 mai 1863. Lévêque de Bayonne, qui ne fut pas - cest le moins quon puisse dire - un ardent défenseur de la fondation de la congrégation, prononce une homélie... prémonitoire.
Les Filles de la Croix, dans leur nécrologe, célèbrent elles aussi à lunisson les vertus de leur confesseur : « Un prêtre vraiment selon le cur de Dieu, dun jugement exquis, dune instruction solide, dune simplicité admirable, dun dévouement sans bornes. Il est mort pleuré et béni de tous, laissant la réputation et les uvres dun saint. »
Mais, au fond, qui mieux quun frère de route peut raconter celui qui, en un jour glorieux, vient de monter au Ciel ?...
Notre supérieur était un homme vraiment mortifié ; il mangeait peu, dormait cinq heures, travaillait presque sans relâche, ne prenait pour ainsi dire pas de récréation, se montrait dune bonté, dune charité, dune grâce inaltérables, quoique interrompu, tiraillé en sens divers par une multitude doccupations, de détails continuels. Les affaires lui faisaient oublier la nourriture et le sommeil. Levé à trois heures, à létude à quatre heures, il professait une classe de philosophie à six heures et demie, une de théologie à onze heures, quelquefois restait au confessionnal jusquà quatre heures de laprès-midi, sans avoir pris de toute la journée aucune nourriture, puis revenait à ses livres, faisait une conférence aux prêtres, et donnait le reste de la journée à létude et aux autres offices qui regardent le supérieur dune communauté.
Il paraissait infatigable, indifférent à tout ; cette abnégation totale et constante, il la puisait surtout dans le respect et lamour quil avait voués à la volonté du Seigneur. Fiat voluntas tua ! voilà le cri continuel de son cur. Le respect pour cette divine volonté, voilà ce quil a toujours prêché et cherché à inculquer ; loubli, le mépris de cette volonté adorable, voilà ce quil a combattu constamment et à outrance ; la chercher avec une délicatesse virginale, et laccomplir en zouave, comme il le disait avec énergie, voilà le but où il faut tendre toujours. En deux mots, cest lhistoire de sa vie. (...)
M. Garicoïts commença avec un seul prêtre, M. Guimon, luvre des Prêtres auxiliaires. Luvre sest développée lentement, péniblement au milieu des épreuves de tout genre. Aujourdhui, elle compte 50 prêtres, 50 scolastiques, 30 frères coadjuteurs Elle fournit des missionnaires pour le Béarn ; elle a trois résidences dans le diocèse, trois collèges pour linstruction de la jeunesse. Elle a envoyé une petite colonie en Amérique pour fonder deux résidences, lune à Montevideo, lautre à Buenos-Ayres, et de plus, dans cette dernière ville, un collège qui a bien pris, grâce à Dieu.
Notre supérieur a travaillé aussi avec ardeur à létablissement des Filles de la Croix. Plein dadmiration pour les vertus héroïques de ces bonnes religieuses, qui souffrirent beaucoup dans les premiers temps de la fondation, nayant pour dortoir pendant lhiver quune espèce de hangar qui laissait tomber la neige sur leurs lits, etc., etc. M. Garicoïts soutenait leur courage et leur zèle Quelquefois il était onze heures du matin, et ces saintes fondatrices, à jeun, attendaient larrivée du prêtre qui devait venir leur dire la messe et leur distribuer le pain des forts. (...)
Quant à la direction des âmes et à luvre des vocations, M. Garicoïts avait reçu à un
haut degré le don du discernement des esprits. Avec ce don rare, avec son zèle toujours ardent, et aussi à laide des règles et des méthodes admirables de saint Ignace, quil maniait dune façon supérieure et surprenante, il a sauvé, nous en sommes convaincus, un grand nombre dâmes
Avec un regard daigle, à travers tous les incidents, toutes les contradictions dune vie agitée, il discernait comme dinspiration, les touches du Saint-Esprit, les illusions du démon et sa queue tortueuse : «?Vous êtes un wagon déraillé ; voilà votre vie : dites Ecce Venio, entrez dans cette voie, et une fois bien orienté, prenez votre essor ».
Ceux qui lont suivi ont été heureux, et lont proclamé leur lumière et linstrument
providentiel de leur salut. Après les avoir aidés à connaître leur vocation, il les soutenait dans les luttes et au milieu des obstacles quon rencontre presque toujours pour suivre sa vocation ; et avec une force invincible, et cependant accompagnée de prudence, il a renversé presque toujours tous les obstacles. (...)
Et ce cur si intrépide était aussi bon que généreux ; cette âme dapôtre, qui ne connaissait pas, pour ainsi dire, dobstacle, était lâme la plus tendre, la plus aimante qui fut jamais Quand il voyait une âme ségarer dans les sentiers du mal, la peine quil en ressentait allait jusquà lui faire perdre lappétit et le sommeil En parlant de Notre Seigneur Jésus Christ, de son amour, de sa tendresse dans la sainte Eucharistie, sa voix devenait tremblante et les larmes mouillaient ses yeux. Il se montrait vraiment le Père de tous, ne cherchant quà rendre service aux autres, même à ses propres dépens. (...)
Oh ! oui, cétait un saint ; jamais nous ne lavons vu se rechercher lui-même, mais toujours nous lavons vu occupé à chercher la volonté de Dieu, et à laccomplir. Oh ! oui, cétait un saint orné de toutes les vertus chrétiennes, sacerdotales et apostoliques, quil suffisait de voir pour respecter et aimer la religion ; cétait le modèle des prêtres, une copie admirable de Notre Seigneur Jésus Christ. Et le Seigneur lui-même na-t-il pas voulu témoigner la sainteté de M. Garicoïts, en lappelant à lui le jour même de lAscension, à trois heures du matin, heure à laquelle ce vaillant ouvrier commençait sa journée, au moment où Monseigneur notre Evêque donnait la confirmation dans notre canton, ce qui narrive que tous les 4 ou 6 ans ! Ah ! nous lespérons fermement, il a voulu accomplir cette parole infaillible : Celui qui shumilie sera élevé ; et il a envoyé son évêque prononcer sur les restes du plus humble des hommes, léloge le plus beau, je crois, le plus magnifique que puisse prononcer une bouche épiscopale. Tout le monde répète ces paroles, expression dune conviction quon avait depuis longtemps Aussi dès que le corps du défunt a été exposé à la vénération du public, on est accouru de toutes parts, pour appliquer sur le corps des objets de toute espèce ; des livres et autres objets de piété, des mouchoirs, des cravates, des habits Plusieurs mères ont aussi présenté au corps vénéré leurs petits enfants dun an, de deux ans Et, chose remarquable, à mon avis, ces pauvres petits ont été au cadavre et lont touché sans pleurer, sans témoigner ni éloignement ni frayeur Comme si ces innocents avaient reconnu que M. Garicoïts pendant sa vie était lami des petits enfants, quil attirait par ses caresses paternelles, et qui couraient après lui comme après un père et une mère. (...)

PRIÈRE DU 150aire
Seigneur du ciel et de la terre
Tu as regardé avec bienveillance,
Michel Garicoïts, notre père.
Tu las choisi et appelé pour lui confier
le charisme du Cur doux, humble et obéissant
de ton Fils Bien Aimé.
En ce jubilé de sa montée au ciel,
nous, religieux et laïcs,
nous te rendons grâce pour le trésor de sainteté
que nous avons reçu de lui.
Donne-nous, Père,
de suivre fidèlement son témoignage de vie,
pour connaître, aimer, imiter et servir
le Cur de Jésus.
Mets en nous la même passion
pour faire en tout ta volonté
et la même compassion
pour servir tous les hommes
au cur de ce monde où Tu nous envoies.
Puisse la joie de notre consécration
illuminer nos vies et nos communautés
et éveiller chez des jeunes
le désir de partager la richesse du charisme
pour vivre lÉvangile. Amen.
SPIRITUALITÉ

LES VERTUS DU SACRÉ CUR : L'OBÉISSANCE
« Se dépouiller de tout, surtout de soi pour sabandonner entièrement à la loi damour » est un véritable défi pour la nature humaine. Pourtant, St Michel Garicoïts, émerveillé par lexemple parfait du Fils, obéissant jusquà la mort et la mort sur la Croix, a fait de lobéissance le pilier même de la Congrégation. Sans elle, va-t-il jusquà dire, celle-ci naurait plus lieu dêtre.
Lamour du Fils à son Père se traduit par la vertu de lobéissance. Cest la manière extérieure qui traduit la disposition intérieure de lamour ! Parfois, nous aurions tendance à opposer lintérieur et lextérieur ; cest vrai que lextérieur ne traduit pas toujours avec justesse lintérieur ; doù lhypocrisie que Jésus reprochait souvent à ses contemporains. Lidéal se trouve dans la cohérence de vie de manière à ce que notre comportement soit la manifestation authentique de notre disposition intérieure. Lorsquil sagit des vertus du Cur de Jésus, notre référence est sûre et pour notre intérieur et pour notre extérieur : « Jésus-Christ, voilà notre miroir, notre exemple, quil ne faut jamais perdre de vue ; sa vie, ses actions, sa conduite intérieure, extérieure
se comparer sans cesse à Lui : ton cur est-il comme le sien ? À présent, comment agirait-il ? » (DS 341).
Saint Michel a souffert de voir les dégâts commis par la désobéissance et linsoumission dans lÉglise même, au lendemain de la Révolution française. Il a voulu que la Société du Sacré Cur de Jésus de Bétharram relève ce défi en insistant sur lobéissance. « Cest lobéissance qui est la forme de notre Société et la fait être congrégation de Bétharram. Ce qui doit nous caractériser, cest lesprit dobéissance
. Si lobéissance manque, la raison dêtre manque. » Lobéissance dont il sagit, cest de reproduire celle de Jésus. Le texte fondateur met longuement laccent sur Jésus anéanti et obéissant. Obéissance et amour vont de pair chez Jésus, depuis sa conception à Nazareth jusquà la mort sur la croix ; toute sa vie a été mobilisée par la volonté de son Père à réaliser volontairement et librement?; cest une obéissance filiale. Le Fils de Dieu prend plaisir à remplir cette mission qui lui est confiée. Il le fait par amour et pour montrer lamour aux hommes. Lobéissance proposée par lÉvangile est une obéissance filiale, non servile, réalisée dans une réelle liberté denfants de Dieu ; St Michel parle de « soumission amoureuse?».
Aujourdhui, si, pour les religieux, lobéissance est un vu professé qui réclame le sacrifice de sa volonté propre pour le service de la congrégation, quen est-il pour des laïcs ? Même si le laïc nest pas soumis par une loi juridique, il lui est demandé de réaliser la volonté de Dieu ; il ne peut se contenter dintentions ou de déclarations : « Il ne suffit pas de me dire?: « Seigneur, Seigneur » pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21). « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, cest lui mon frère, ma sur, ma mère » (Mt 12, 50).
Pour des laïcs, lobéissance peut sexercer dans le milieu professionnel, comme dans le milieu familial. Ainsi le travail nest pas entrevu seulement comme le gain dun salaire (ce qui est déjà si important pour faire vivre la famille), mais aussi comme participation à luvre de la création et donc une collaboration et un partenariat avec le Dieu Créateur. En ce cinquantenaire de louverture du Concile Vatican II, il nous est bon de nous rappeler le sens que le chrétien doit accorder au travail?: «?Loin de considérer la créature raisonnable comme une sorte de rivale du Créateur, les chrétiens sont au contraire bien persuadés que les victoires du genre humain sont un signe de la grandeur divine et une conséquence de son dessein ineffable... Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables ; il leur en fait au contraire un devoir plus pressant » (GS n° 34). Le travail professionnel est donc un champ pour faire la volonté de Dieu.
La réalisation de la volonté de Dieu trouve un lieu privilégié dans la vie du couple et de la famille ; lÉglise insiste pour que le couple et la famille ne soient pas seulement des lieux de cohabitation mais de réelle communion de vie?: « La famille est une école denrichissement humain. Mais, pour quelle puisse atteindre la plénitude de sa vie et de sa mission, elle exige une communion des âmes empreintes daffection, une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans léducation des enfants?» (GS 52). Se situer dans cette mission et sy engager, telle est lobéissance à laquelle vous êtes invités. Nous sortons donc de la conception étriquée de lobéissance que nous pourrions avoir, qui la réduirait à lexécution de quelques ordres reçus. Il sagit daccomplir la mission à laquelle nous avons donné un jour un « OUI » enthousiaste et qui réclame une générosité quotidienne.
QUESTIONS
1) « Faire la volonté de Dieu », cest une devise utilisée par les bétharramites comme en-tête (FVD). Quest-ce que cela recouvre pour nous, religieux ou laïcs ?
2) Quelles sont les qualités intérieures, les dispositions du cur à vivre dans nos différentes positions (communauté ou famille, travail ou mission) pour être plus fidèles à la spiritualité de notre Fondateur??
3) « Ce nest pas par force quon reçoit ce que Dieu envoie, mais cest avec respect et amour », telle était la leçon de St Michel au frère cuisinier quelques heures avant sa mort ; comment vivre aujourdhui cet abandon à la volonté de Dieu ?
Laurent Bacho, SCJ

NARRATIO FIDEI

5 minutes avec... ? Non, durant cette année jubilaire, la série dinterviews des communautés sinterrompt pour laisser place à une autre forme de témoignage de vie, à cur ouvert. La célébration des 150 ans de la mort de notre saint Fondateur nous invite plus que jamais à méditer sur son parcours ici-bas, sur les vissicitudes de son existence, ses élans et ses profondes convinctions, sur cet acte de foi quil a partagé à travers ses écrits et son uvre auprès des hommes et des femmes de son temps.
Pour nous aider dans cette méditation, nous avons demandé à quelques-uns de nos frères de bien vouloir nous raconter leur propre expérience de foi sur des thèmes chers à St Michel. Nest-ce pas là un moyen de cultiver la communion fraternelle, « de (nous) élever (nous-mêmes) et de porter les autres à la perfection?» (RdV 95, DS 331) ?
En ce 14 mai, jour anniversaire de la montée au Ciel de Michel Garicoïts, prêtre, le P. Gustavo Agín scj a pris un temps de silence, de réflexion et de prière, pour souvrir à nous sur la Parole de Dieu (Jn 21,22) et sur un extrait de la Doctrine Spirituelle. À nous de lécouter !
Extrait de la Parole de Dieu
« Si je veux quil demeure jusquà ce que je vienne, que timporte ! Toi, suis-moi ! » (Jn 21,22)
Un texte de St Michel
« LAmour, voila ce qui mène lhomme ; voilà le secret ressort quil faut découvrir dans les postulants et les novices ; voilà le germe divin à développer dans les curs. Sil manque, il ny a rien à faire ( ) Lamour doit toujours être humble et discret ; celui de Pierre va trop loin, lapôtre soccupe de ce qui ne le regarde pas. La croix doit être le partage de tous les amis du Sauveur?; mais la nature, le degré de lépreuve est un secret quil se réserve. Arrière la curiosité indiscrète ! « Si je veux quil reste jusquà ce que je revienne, que timporte ! Toi, suis-moi?!?» Saint Jean est admirable ; il ne dit rien, ne demande rien pas dindiscrétion, ni de curiosité il est prêt à tout, ne désire rien savoir et sabandonne paisiblement et amoureusement à la conduite de son cher Maître ! Ah ! si, comme saint Jean, nous étions toujours prêts à marcher, sans manifester ni opposition, ni murmures ; sans demander avec inquiétude?: « Je pars, qui me remplacera ? » sans nul autre souci que de répondre pleinement à lappel de Notre-Seigneur : Suis-moi, cela suffit ; que timporte le reste?? Quel beau spectacle nous offririons à Dieu et aux hommes, et quel empire de tels exemples exerceraient sur les curs?!...?» (Pensées).
Silence personnel
Narratio... Je voudrais dabord reconnaître combien je suis heureux de la vocation reçue ; autant que Pierre après la rencontre au bord du Lac de Tibériade...? je ne sais pas, mais heureux. Chaque fois que jai dû vivre une obéissance explicite formulée par mes supérieurs, telle quune nouvelle mission, je dois avouer que cela ma coûté de laccepter comme dans notre vocation : sans retard et sans réserve. Il ma toujours fallu un temps de discernement... Réflexions, joies, lumières, ombres, luttes, etc. Une fois que, sans beaucoup dalternatives dailleurs, je comprenais quil sagissait de la Volonté de Dieu, alors jy allais
Le fait davoir appris de mes aînés à me sentir libre pour choisir entre le «?bien?» et le «?mieux?» ma beaucoup aidé. Je reconnais bien toutefois le religieux que jai été et continue dêtre dans le Pierre qui doute et a peur. Jadmire Jean, mais je nai ni sa finesse, ni sa radicalité et sa fidélité modèles. Lorsquen 1998, je quittai le collège San José (prêt à fermer dailleurs), je me suis posé cette question : À quoi vont me servir ces trois années de service comme jeune ministre ? Quand ils mont proposé de me préparer à travailler pour la formation, jai demandé à mon supérieur : « ce sera au moins pour 10 ans???». Puis, devenant maître des novices pour la Région, je me suis dit : « Ils me régionalisent ! Désormais, je nappartiendrai plus à aucune réalité locale ! » Quand jai été appelé à devenir Régional, ils mont dit?: « Si la région te tombait sur les épaules
tu dirais quoi ??». Déconcerté, jai passé une nuit blanche, puis jai accepté. Tant de fois jai un peu renâclé
Comme vous voyez, je suis un « autre Pierre », toujours effrayé sur sa barque. Jésus doit rire de moi et me dire : Homme de peu de foi !
Comment ces passages me parlent-ils??
Jai approfondi cette indiscrétion de Pierre à propos de lavenir de Jean. Jai limpression que la plupart des Bétharramites actuels (moi y compris) sont comme Pierre. Jean, que je considère comme le croyant parfait, représente un peu à mes yeux la «?famille de Bétharram?» telle que la rêvait St Michel. Je me rends compte combien cette attitude de Pierre, certes blâmable mais tellement humaine, est présente dans nos vies. Nous sommes préoccupés par ce que nous avons été, sommes et serons
Nous sommes angoissés, nous nous posons des questions et interrogeons les autres. Nous nous comparons, nous nous regardons dans lautre. Cest là une attitude qui ne nous quitte pas à mesure que les années passent
Fort heureusement, il y a dautres saints frères de notre petite famille religieuse qui ne se sont pas arrêtés à ce genre de problèmes
Ce sont les « petits Jean » de toujours, habitués à pencher leur tête sur la poitrine du Seigneur, à aider de leur témoignage.
La réponse de Jésus me marque : « Si je veux quil demeure jusquà ce que je revienne, que timporte !... Toi, suis-moi ! ». Intérieurement, je me dis quil pourrait poursuivre en disant : « Suis-moi ! Parce quau moment choisi, jentrerai dans lhistoire humaine. Je suis venu pour sauver et continuerai de le faire. Naie pas peur, vis simplement comme moi et abandonne-moi toute ta vie. »
Je me suis rappelé cette phrase du psaume 128, 3 : « Sur mon dos, des laboureurs ont labouré, creusant leurs sillons. Mais le Seigneur a brisé lattelage des impies. » Le Seigneur me dit, lui qui libère les peuples et les curs : « Je labourerai la terre et te donnerai la semence pour que tu la sèmes, douce et profonde, ainsi tu auras la vie en abondance. ». « Tu es mon élu, mon instrument. Remets ten à la Miséricorde de Jésus, le visage humain de lamour divin. »
Au fur et à mesure de la maturité, je crois de plus en plus en ce Dieu incarné, qui marche avec le Peuple au long de son Histoire. Si nous marchons avec Lui, qui sera contre nous ?
Comment traduire cette parole dans ma vie ?
Nous savons que, dans la suite de Jésus, nous natteignons pas tout ce que nous nous proposons de vivre. Jessaie de garder un cur de disciple. Apprendre des personnes, de la charge comme de la responsabilité, des erreurs comme du succès, etc, surtout apprendre à apprendre. Parce que, face à la vie, nous ne faisons pas toujours ce que nous devons ni, souvent, ce que nous pouvons. Comme Régional, jai souvent été édifié par la disponibilité bétharramite de quelques uns de mes frères, lorsque je leur demandais un changement de communauté ou bien daccepter une charge de supérieur ou tout simplement de se laisser aider ou de se réconcilier avec quelquun dautre. Quelle disponibilité dans la réponse de certains au « Suis-moi » du Christ ! Combien mes « oui » étaient petits face à celui de tel ancien, octogénaire, qui acceptait un changement ou à celui dun frère malade qui na pas arrêté de travailler jusquà sa mort, ou celui de ce jeune religieux plein de force évangélique qui me disait en souriant : « Me voici » pour répondre à un appel missionnaire de Bétharram et tenait sa parole.
Combien jai appris ! Je demande au Seigneur de pouvoir continuer à reconnaître son visage à travers celui de mes frères quIl ma donnés ! Telles les brebis dociles qui reconnaissent la voix de leur Berger et accomplissent ce quelles ont proclamé. Jai aussi appris à patienter face aux brebis moins dociles et inquiètes, qui ne se laissent pas conduire par lEsprit Saint, pas plus que par ses pauvres représentants. Elles nous aident à nous rappeler à chaque instant qui est le Maître du Troupeau et de la Moisson : le Bon Pasteur et le Roi, et, pour sêtre éloignées, elles en sont plus aimées de Lui.
Japprends, jour après jour, de certains laïcs, proches de cette attitude de Jean, quils comprennent la fragilité de nos religieux et acceptent la co-responsabilité dans lévangélisation, dans nos uvres bétharramites avec un esprit de disponibilité et dappartenance qui aurait bien à en remontrer à quelques uns des nôtres
Finalement, mon oreille de disciple sest tenue attentive à la parabole vivante quont été certains de nos frères anciens savançant, de façon exemplaire, vers le Bétharram du ciel : abandonnés, comme le Bon Larron, entre les mains ouvertes de Jésus crucifié.
Sur quoi pourrais-je porter mon attention ?
Le chemin est long : « Mange et bois ! » dit le Seigneur à Elie. Jai la conviction que Bétharram, tel un désert en ce XXIe s., conduit lentement au mont Horeb. Je le perçois profondément, parce que le Cur de Jésus, en qui jai confiance, conduit, transfiguré, à la rencontre du Dieu vivant. Lhorizon est mon point de mire. De façon quasiment imperceptible, le changement sest fait en moi, par lécoute de la Parole qui maccompagne et a permis à mon cur dêtre tout brûlant. Ce que je souhaiterais le plus, cest que cet amour pour Jésus, anéanti et obéissant qui, un jour, ma séduit, puisse aussi séduire beaucoup dautres afin que nous puissions ensemble continuer lédification de lÉglise. Regardant aujourdhui ceux qui font partie de notre famille, je leur répète ce que ma dit, il y a un mois de cela, le tout nouvel archevêque de Buenos Aires, Mgr Poli, alors que je le saluais à la fin de la messe de son installation : « Monseigneur, lui disais-je, je vous exprime lamitié des pères de Bétharram (que certains, ici, appellent Bayonnais)?!?» Il sest réjoui, ma embrassé et dit?: «?Quils continuent de vivre !.. merci ! cela me réjouit beaucoup ; courage ! »
Oui ! continuons à vivre ! Si la Vie me procure la joie, alors, voilà ce que je souhaite depuis ce moment : devenir toujours plus vivant, joyeux, afin de partager avec tous, plus spécialement les plus pauvres, isolés et nécessiteux de lAmour de Dieu. Ainsi, je ressemblerai, nous ressemblerons, plus à Jean quà Pierre : « Si je veux quil reste vivant jusquà ce que je revienne, que timporte ??» Bétharram vit ! Il vit pour aimer et partager le même bonheur qui nous remplit le cur..
Amen.
Une prièreDieu damour, tu mas appelé à te suivre de près dans cette petite famille de Bétharram. Tu nous as donné ton fils Jésus comme modèle, attrait et moyen afin de nous présenter, humbles devant toi, avec un cur dilaté damour pour toutes les « victimes de labsence damour » dans ce monde. Enseigne-nous à te servir tels des disciples, convertis à la mission et animés du Feu irrésistible de la Pâque de ton Fils crucifié et ressuscité. Père, fais que nous bâtissions un monde plus humain et attentif à son anéantissement qui fait de nous des hommes plus dignes et plus saints. Que cette obéissance par amour que nous proclamons, nous en vivions à la manière dont lont vécue Marie, saint Michel et le Père Etchécopar. Quavec eux, nous fassions de notre vie un Magnificat de joie qui résonne par toute la terre. Amen. |
Fils spirituel des Bayonnais, le P. Gustavo Eduardo Agín est un Argentin de souche. Sa vocation est peut-être bien née sur les bancs de lécole, car il connaît et sattache à la congrégation depuis ses toute jeunes années décolier passées à Barracas, où il perçoit la force du témoignage de certains Bétharramites, notamment le P. Ceferino Arce. Depuis sa première profession, le 24 février 1990, il avance doucement et sans bruit sur son chemin, assumant les charges quon lui confie bientôt et qui ne sont pas de tout repos : assistant de ladministration provinciale du Rio de la Plata, supérieur de la communauté de formation de Martin Coronado, supérieur régional de la Région P. Auguste Etchécopar... De par ses qualités découte et de discernement, le P. Gustavo est aussi tout naturellement sollicité pour accompagner les novices de sa Région ainsi que les jeunes se préparant à la profession perpétuelle lors des sessions internationales. Attention, ne limaginez pas cependant marchant devant tous ces jeunes comme un éclaireur, mais plutôt cheminant avec eux côte à côte, guidant chacun de leurs pas sur les pas de Jésus?! Pour cette première Narratio Fidei, en ce 14 mai 2013, merci à lui davoir accepté ce partage authentique et fraternel. |
5. LES CONSTITUTIONS DE 1869 ET DE 1870
1869 On ne pouvait en rester là. Le P. Etchécopar, portant le résultat négatif à Mgr Lacroix, sut lui proposer et lui faire agréer un moyen nouveau pour sortir de limpasse : lévêque laisserait la Congrégation faire elle-même sa règle, quitte à la lui soumettre pour approbation avant de la présenter à Rome.
On sempressa de profiter de ce bon mouvement du prélat et lon rédigea - un peu à la hâte, il est vrai - une Constitution qui semblait convenir à la Communauté. Par crainte dun refus épiscopal, toutefois, on se tint le plus près possible des statuts précédemment rejetés pour leur insuffisance.
On en resta même trop près. Car, si lévêque approuva sans modifications le texte qui lui était présenté, acceptant par surcroît de le soumettre lui-même à Rome quand il se rendrait au Concile sur le point de souvrir, le Saint-Siège se montra plus difficile et exigea les deux conditions suivantes pour donner son approbation : que lInstitut « ait sa vie propre sous lautorité dun supérieur nommé par lui et pris dans son sein?; que les membres, en faisant le vu de pauvreté, ne se réservent que la nue-propriété de leurs biens et quils renoncent à ladministration, à lusage et à lusufruit de ces biens ».
Cette décision fut transmise à Bétharram par le Secrétaire général de lévêché, M. Inchauspé. Il fallait donc se remettre à luvre. On sy remit.
1870 Le Chapitre général convoqué se réunit le 17 août 1870 pour élaborer le nouveau Code ; mais la chose savéra tout de suite très laborieuse, comme on le voit par les actes de cette assemblée. Les anciens, profondément marqués par le saint Fondateur, voulaient des règles entièrement conformes à sa pensée. Ceux qui étaient venus après et navaient pas connu les origines demandaient plus de liberté et redoutaient surtout les exigences du vu de pauvreté. Daucuns proposaient de prendre simplement les statuts des anciens Chapelains de Bétharram, dautres dadopter la Règle des Lazaristes. Les discussions furent serrées. LEsprit-Saint intervint à la fin, comme il arrive dans les Conciles, et lon rédigea un texte qui reflète assez bien la pensée de saint Michel, quoique les formules ne rappellent les siennes que dassez loin. Il y avait surtout un remarquable chapitre sur lesprit de lInstitut.
Cette Constitution fut aussitôt portée à Bayonne, mais Mgr Lacroix ne se pressa pas dy souscrire. Regrettait-il sa condescendance de lannée précédente?? Toujours est-il quil garda la Règle dans son armoire une année entière, et ce nest quà force dinsistances quon obtint son approbation (18 octobre 1871), et encore avec la restriction que ce texte ne serait pas présenté à Rome.
LInstitut vécut quatre ans sous cette règle. Elle permit, en 1872, de procéder à des élections régulières, qui maintinrent le P. Chirou comme supérieur, tandis que le P. Etchécopar était élu vice-supérieur et visiteur général.
On connaît lintervention miraculeuse de Sur Marie de Jésus Crucifié qui décida Mgr Lacroix à envoyer ces règles à Rome, au mois de mai 1875. Cest alors que lÉvêque écrivit, ou du moins signa le texte suivant :
« Très Saint Père, jai le bonheur de posséder dans mon diocèse une congrégation de prêtres réguliers, établie sous le nom de Prêtres du Sacré-Cur de Jésus, suivant une règle commune sous la direction dun supérieur général. Fondée en 1832 par un prêtre animé de lEsprit de Dieu, à lombre du sanctuaire antique et vénéré de Notre-Dame de Bétharram, elle a grandi et prospéré avec une rapidité merveilleuse. »
Suivait une appréciation très élogieuse de ces religieux, et le prélat achevait, non sans mérite, par ces lignes :
« Je crois cette pieuse association digne dêtre encouragée, et junis mes supplications à celles des pieux prêtres qui la composent pour que Votre Sainteté daigne accorder à leurs constitutions lapprobation apostolique. »
Avec ce document et le voyage à Rome du P. Estrate et du chanoine Bordachar, Bétharram faisait le pas décisif qui allait réaliser lun des vux les plus chers au cur du Père Garicoïts.
Pierre Duvignau, SCJ
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