Nouvelles en famille - Septembre 2008
Fête de la croix Glorieuse
Sommaire
- Le mot du Père Général
- Le père Etchécopar écrit...
- Un besoin de parole de profondeur de prière
- Session de préparation à la profession perpétuelle 2008
- Tour du monde en brèves
- 5mm avec... le Père Alberto
- In memoriam province du RIo de la Plata
- Le Père Etchécopar et l'approbation de la S.C.J.
chapelles de la paroisse bétharramite de Ciudad del Este - Paraguay (10/09/2008)
Le mot du Pére Général
Au mois doctobre, lÉglise sapprête à célébrer le Synode sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de lÉglise. Comme tout synode, cest un temps de grâce pour mobiliser lÉglise entière sur un sujet donné. Notre Congrégation ne saurait manquer cette occasion de réfléchir, de discerner et de faire le nécessaire pour mettre en valeur la Parole de Dieu dans notre vie de consacrés.
En lisant le Manifeste et dautres écrits de notre père saint Michel, on se rend compte de limportance quil accordait à la Parole de Dieu. Non seulement il cite abondamment la Bible, mais ses méditations personnelles à partir de lÉcriture montrent à quel point il en était familier. Comme saint Michel, nous avons fait lexpérience de cette rencontre du Christ qui, daprès Benoît XVI (Dieu est Amour, n°1), marque le début de la vie de foi à travers le contact et limpact dun passage de lÉcriture sainte en notre cur. La Parole de Dieu est lumière sur ma route, ou pour reprendre limage du P. Cencini, les lectures quotidiennes sont le morceau de pain que le Maître dépose dans notre sac pour affronter toute une journée de marche. Au long du chemin, nous puisons dans la parole pour garder notre tonus, avancer sous le soleil ou dans le froid, dun pas lourd ou alerte, en vrais disciples du Christ.
1. Nous célébrons la Parole. Chaque jour en communauté, nous célébrons la Parole de Dieu comme un don du Père de bonté pour fortifier notre foi et notre salut. Le Père bien-aimé nous prodige sa Parole à lEucharistie, à lOffice des lectures et aux autres temps de la Liturgie des Heures.
2. Nous intériorisons la Parole. Telle la rosée du matin (Is 55,10-11), il sagit dun moment essentiel pour assimiler la Parole et la faire fructifier. LÉcriture ne sera Parole vivante quà condition de lincarner dans notre vie. Lapôtre Jacques laffirme dans sa lettre : C'est pourquoi vous devez rejeter tout ce qui salit, tout ce qu'il vous reste de méchanceté, pour accueillir humblement la parole de Dieu semée en vous ; elle est capable de vous sauver. Mettez la Parole en application, ne vous contentez pas de l'écouter : ce serait vous faire illusion. Car écouter la Parole sans la mettre en application, c'est ressembler à un homme qui se regarde dans une glace, et qui, aussitôt après, s'en va en oubliant de quoi il avait l'air. Au contraire, l'homme qui se penche sur la loi parfaite, celle de la liberté, et qui s'y tient, celui qui ne l'écoute pas pour l'oublier, mais l'applique dans ses actes, heureux sera-t-il d'agir ainsi. (Jc 1,21-25) Ce mouvement dintériorisation et dincarnation est long et difficile, il demande des efforts, de la méthode et du temps. Il se fait par la méditation, à la façon de la lectio divina ou dautres méthodes, comme celle que propose saint Ignace. Je me retrouve bien dans les étapes quexposent certains livres du cardinal Martini: lectio, meditatio, oratio, contemplatio, discretio, operatio.
3. Nous témoignons de la Parole. Le témoignage ne se programme pas, il est spontané quand la Parole de Dieu a été comprise, assimilée, quand elle a touché notre cur, orienté nos décisions, et quelle se manifeste dans notre conduite : critères, valeurs, motivations et actions. Cest le propre de la vie chrétienne, caractérisé par ces vertus qui détonent dans la société ambiante, et suscitent la question irrésistible pointée par Paul VI : Pourquoi sont-ils ainsi ? (E.N. 21)
4. Nous annonçons la Parole. Quand nous répondons à la question irrésistible et que nous rendons compte de notre espérance avec douceur et respect (1P 3,15-16). La raison de notre style de vie nest autre que Jésus, Verbe fait chair (E.N. 22). En en rendant raison, nous annonçons Jésus et son Évangile à toute personne avec qui nous sommes en lien, dans toutes les dimensions de lexistence: communauté, pastorale, famille, travail, engagement politique, etc.
5. Nous prêchons la Parole. La plupart dentre nous exerce le ministère de la Parole propre à lordre presbytéral, le dimanche et en dautres occasions. Ce ministère consiste à mettre en relation la parole proclamée avec la vie de la communauté et le sacrement célébré. La communauté qui nous écoute est aussi sage que critique ; elle sait faire la différence entre des propos inspirés dun ouvrage à la mode et ceux qui viennent dune expérience personnelle du Christ nourrie de lÉcriture, car ils révèlent tout un chemin de vie avec la Parole.
6. Nous partageons la Parole. Dans la tradition de la vie consacrée, ce quon appelle collatio a toujours eu une place importante. Cest lacte par lequel la communauté religieuse se réunit afin que chaque frère ait la liberté de partager aux autres son compagnonnage avec la Parole, son expérience de lectio divina et la manière dont il a été témoin de luvre de Dieu chez les personnes rencontrées dans la mission. Ce témoignage, apporté avec simplicité, discrétion et respect, aide les frères à grandir dans la foi et donne sa véritable consistance à la communauté.
Le père Etchécopar écrit... au Père Magendie, le 4 septembre 1894
Ce mois est celui des pèlerinages à Lourdes et à Bétharram Il y en a eu plus que jamais peut-être à Lourdes, et peut-être des miracles plus éclatants : il fallait ce coup de pied aux ignominies de lhomme animal qui a essayé de faire monter une écume fétide jusquau pied Virginal de lImmaculée ! Le P. Garicoïts avait dit : « Lourdes enverra du monde à Bétharram. » Cette parole sest réalisée plus que jamais et au-delà : puisquon vient du Sanctuaire au Calvaire et sur la tombe vénérée.
Le pèlerinage national, tout seul, a déversé en quelques heures le mêmejour, trois trains de pèlerins sur la dévote Chapelle et sur la sainte colline
Un besoin de parole de profondeur de prière
Les apôtres se rassemblèrent autour de Jésus et lui rapportèrent tout ce qu'ils avaient fait et enseigné.
Il leur dit: "Venez à l'écart, dans un lieu solitaire et reposez-vous un peu." (Mc 6,30-32)
Ce magnifique épisode relate la rencontre des disciples avec leSeigneur, de retour de mission ; il me paraît important de lire aussi dans les blancs. Entre les retrouvailles autour de Jésus et ce que dit celui-ci, on peut imaginer que sintercalent les récits de la mission. De tels espaces manquent dans nos communautés, nous navons pas de lieux pour raconter la mission, et elle en devient une initiative individuelle ou un acte en solitaire. Les apôtres, eux, se réunissent autour de Jésus, sans doute pour raconter ce quils ont fait et comment ils lont fait, les personnes rencontrées, les succès et les échecs, la fatigue aussi, surtout la fatigue, car la réponse de Jésus est claire: Reposez-vous. Le Seigneur prend soin de létat desprit et de létat physique de ceux qui reviennent de mission
Nos journées ressemblent souvent à un tourbillon : elles sont pleines dengagements, de réunions, de responsabilités, de vie de travail et de vie de famille, et même quand elles ne sont pas spécialement chargées, nous sommes pris par la frénésie ambiante au point de vivre en courant alors quon pourrait faire autrement. Je ne sais pas si cela vous arrive mais le fait est que, les jours où je suis tranquille, je me débrouille toujours pour trouver quelque chose à faire Quand on est « à la bourre », on peut ne pas négliger la prière ni le temps consacré à la parole de Dieu, mais il est clair qualors la prière risque dêtre contaminée par notre rythme de vie, dêtre régulière mais superficielle, et finisse par être dite « en courant ».
Nous avons besoin de retrouver le calme qui permet de vivre plus en profondeur. Nous avons besoin de solitude : peut-être nous fait-elle un peu peur, car elle nous laisse avec nous-mêmes, elle nous met en face des côtés les plus beaux, les plus intéressants mais aussi les plus sensibles de notre vie. Dans la solitude, nous rencontrons aussi ce qui ne nous plaît pas en nous, de nous, et qui devient plus clair sans létourdissement des « choses à faire ». ( ) Nous avons besoin de la solitude de la conscience devant le Père, à lexemple de Jésus qui se retirait seul et entrait en dialogue avec Lui : telle est la condition pour écouter, pour parler, pour voir notre vie à Sa lumière, pour retrouver devant lui les désirs les plus forts de notre vie ; et puis, nous avons besoin de solitude pour faire jaillir une prière sincère
Nous avons besoins dune prière de vérité pour creuser en nous des attentes et regarder en face nos peurs, celles qui nous poussent à vivre souvent en chrétiens sur la défensive, sans élan, sans courage, sans joie. Ce peut être notre fait, ou celui de notre communauté ou de lÉglise. Oui, dans la prière nous pouvons regarder en face ces peurs qui font de nous des chrétiens plus prompts à défendre la valeur de leur foi quà en montrer la beauté, la pertinence. Et puis, nous devons prier lEsprit pour quil nous fasse comprendre cette époque cruciale pour le monde et pour lÉglise; nous avons besoin de comprendre où le Seigneur conduit le monde, et surtout de discerner les signes de sa présence. Parce quil y en a, même si, dans le tourbillon de la vie quotidienne envahie de préjugés et dincrédulité, il nest pas facile de reconnaître que Dieu est présent; du coup, on se laisse entraîner à ces lectures pessimistes qui voient le monde courir à la catastrophe, incapable den distinguer les lumières. Peut-être bien que ces lumières ne sont pas fulgurantes, mais si nous les manquons, cest que nous regardons ailleurs.
Il faut retrouver petit à petit le sens de lamour qui nous entoure, contempler Jésus comme le visage de lamour du Père, et donc lire le mystère du Seigneur avec cette clef de lamour; mais pas celui que nous voudrions mettre dans notre rapport à Lui, cet amour que nous recevons de Lui, et qui nous fait vivre. Notre temps a besoin damour.
Paola Bignardi
Session de préparation à la profession perpétuelle 2008
Du 1er juin au 31 juillet, la rencontre a regroupé 15 jeunes profès : 3 de la région Bse Marie de Jésus Crucifié : 2 de Thailande et 1 de lInde ; 6 de la région Auguste Etchécopar : 4 du Paraguay et 2 dArgentine ; 6 de la région Michel Garicoïts : 2 de la province dItalie (1 de Centrafrique et 1 dItalie), 4 de la province de France, Délégation de Côte dIvoire.
Léquipe danimation, nommée par le Supérieur Général, a voulu respecter la provenance des jeunes : Père Chan Kunu pour lAsie ; Père Gustavo Agin en Terre Sainte et P. Angelo Recalcati en France, pour lAmérique ; Père Laurent Bacho pour lAfrique-Europe ; Père Jean Lambert en Terre Sainte, comme guide des Lieux Saints.
Les intervenants extérieurs ont été nombreux : plusieurs religieux, avec une place spéciale pour le Supérieur général ; des apports très intéressants (Carmel de Bethléem, Filles de la Croix à Igon, Servantes de Marie et Bernardines à Anglet) ; les témoignages des différentes communautés...
Les grandes étapes de cette session :
- à Bethléem : connaissance mutuelle et Mystère de lIncarnation (1-11 juin) ; les Exercices Spirituels de 10 jours (12-21 juin) ; le Mystère pascal vécu en lien avec Jérusalem (22 juin1 juillet)
- à Nazareth : Vie du disciple et de lapôtre (1-8 juillet)
- en France : Sur les pas de Saint Michel (10-31 juillet)
Les impressions sur la Terre Sainte, en particulier la Galilée : « À Nazareth, jai apprécié Dieu-amour anéanti, Dieu parmi nous ». « Je suis marqué par la simplicité de Marie à lannonciation et invité à être attentif aux signes de Dieu Au Carmel, le prophète Élie ma interrogé sur mon degré de passion pour Dieu ». « Je suis marqué par lincarnation, Dieu qui nous rejoint dans la simplicité et la fragilité de nos vies ». « À Nazareth je redécouvre que la sainteté passe davantage dans la vie quotidienne que dans le merveilleux ». « Au Thabor, cest la contemplation de la beauté de la transfiguration dont je dois être témoin aujourdhui ». « À Abelin, je suis étonné par la pauvreté du lieu et invité à mappuyer sur la simplicité pour me disposer à obéir par amour ». « Au lac de Tibériade, je midentifie à Pierre avec mes craintes, mes échecs et mes succès ».
Le temps vécu à Bétharram et sur les pas de St Michel a été enrichissant et vécu avec intensité, malgré la fatigue compréhensible: cest le lieu source qui a été apprécié par tous. Ibarre a permis aussi un temps de réflexion important malgré la pluie. Igon a suscité aussi un désir fort de conversion chez plusieurs. Loyola a rassemblé ce que nous avions vécu au cours des Exercices Spirituels. Lourdes a constitué cette année de jubilé un temps précieux pour la prière, le respect du malade, une liturgie et une dévotion populaires nous invitant à la simplicité.
Deux insistances ont été soulignées au long des deux mois :
- la dimension personnelle était déterminante dans cette expérience : 1) nous avons insisté sur la prière personnelle ; le programme du matin préservait cela 2) le temps dintégration en fin de journée (18-19h) a été préservé au long de la session. 3) la rencontre avec laccompagnateur fortement recommandée.
- la dimension internationale était importante : notre groupe était bien représentatif de la réalité de la Congrégation. Certains manient les langues aisément ; dautres ont plus de mal. Nous avons été confrontés à cette réalité dans le partage. La liturgie (Office des heures et Eucharisties) a été le lieu par excellence de cet accueil des différentes langues, même si certains ont pu regretter le manque de créativité. Les enseignements étaient traduits dans les 3 langues grâce à des traducteurs bénévoles qui ont été des ouvriers dans lombre et que nous remercions.
Les différentes réalités de la congrégation ont été présentées, comme cela avait été demandé dans les lettres dinvitation. Il y a eu une bonne volonté générale dattention aux autres ; la patience dans lécoute et le respect des différences (les équipes de service favorisaient cela). Plusieurs ont noté ces points.
Une unanimité autour des Exercices Spirituels : dans lévaluation finale, tous ont noté combien ce temps a été fructueux dans le cheminement de la session. Tous ont apprécié le tact et la délicatesse du P. Gustavo Agin comme guide ; laccompagnement quotidien personnalisé a produit de bons fruits chez tous ; pour certains ce fut une expérience fondamentale.
Bien sûr des regrets ont aussi été exprimés dans lévaluation finale ; il y a eu des imperfections comme dans toute uvre humaine. Suivant les sensibilités, les temps de partage ont pu être insuffisants, le programme surchargé, les temps libres trop réduits. Certains ont aussi reconnu que leur engagement personnel aurait pu être plus intense. Mais tous ont noté que ce temps a été très utile dans létape dengagement où ils se trouvent ; la congrégation est devenue un ensemble de visages, reflétant dans la diversité des cultures le même charisme de St Michel. Un temps de grâce, mais aussi un temps qui engage chacun à des exigences plus fortes.
Tour du monde en brèves
RÉGION SAINT MICHEL - DÉLÉGATION DE CÔTE D'IVOIRE - 2008-09
Meilleurs Vux ! Jour de fête ce 14 septembre à la paroisse Saint-Bernard dAdiapodoumé: le Fr. Emmanuel Congo prononce ses vux perpétuels, tandis que les Frères Hyacinthe et Marius, (de Côte dIvoire) Antoine et Aristide (du Centrafrique) font leur première profession dans la Congrégation du Sacré Cur de Jésus. Soyons unis au Bétharram africain dans la prière et laction de grâces.
5 mn avec... le Père Alberto
Le P. Alberto Pensa, originaire du Nord de lItalie, est supérieur vice-provincial de Thaïlande depuis 2001. Nous avons profité de son passage à Rome pour linterroger sur la mission et les projets de la Congrégation dans ce pays.
Nef - Pouvez-vous nous brosser un rapide portrait de votre Vice-Province ?
Bétharram en Thaïlande est une réalité en pleine expansion. Cest limpression qui ressort de la lecture des statistiques et des comptes-rendus de professions et dordinations qui senchaînent ces derniers temps. De fait, depuis les deux premières en 1999 nous sommes arrivés à la treizième ordination sacerdotale cette année. Il convient néanmoins de pondérer ces impressions, car la vieille garde parvient au terme de sa course. Deux Pères sont rentrés dans leur pays pour ne pas être un poids, un autre pourrait suivre leur exemple. Il y a actuellement 7 aînés de plus de 70 ans, dont un, malade, de 87 ans.
Grâce aux jeunes, le Bétharram thaïlandais connaît un regain de vitalité. Dans la perspective de la régionalisation, la mission a été répartie sur trois communautés : celle de Chiang Maï, qui comprend Chiang Maï, Maepon, Huay Tong et Maetawar ; celle du Mékong avec Huay Bong, Ban Pong et Phayai ; celle de Sampran, composée des formateurs et des scolastiques. Vu limportance des jeunes éléments (les 2/3 des religieux, sans compter les étudiants), il est difficile de prévoir lavenir. La vie est mouvement, croissance, transformation perpétuelle. Il faut donc laisser le champ libre à lespérance.
Comment Bétharram est-il perçu par lÉglise locale? et par la société ?
Je crois que Bétharram est bien vu et estimé en raison de ses traits propres: une vie humble, au contact des pauvres, la disponibilité à aller là où dautres nenvisageraient pas de se rendre. Dernier exemple en date: la fondation de Maetawar. Bétharram est estimé aussi pour le signe quil représente au sein dune société chrétienne thaï marquée par la grandeur des institutions éducatives et hospitalières. LÉglise catholique est symbole de richesse et de pouvoir, même si après elle fait de la bienfaisance: jai, donc je donne. Dans la société thaï, notre Congrégagtion est un grain de poussière, mais qui entre en contact avec elle lui voue estime et respect.
La Congrégation est-elle econnue légalement? En quoi est-ce important?
Bétharram na pas dexistence légale, sinon comme activité de lÉglise catholique. On est en train de faire des démarches en vue de créer une Fondation, surtout pour protéger luvre de Ban Pong. Les autres uvres sont couvertes indirectement par la Fondation Église catholique de Thaïlande: tant la résidence de Chiang Maï que le nouveau Séminaire de Sampran sont bâtis sur des terrains qui appartiennent légalement à Église catholique, ce qui est une sécurité du point de vue administratif et légal. Pour notre Fondation propre, nous espérons aboutir dici la fin de lannée.
Quels sont les principaux défis du point de vue pastoral, religieux, économique ?
Les défis sont ceux du monde moderne, où tout est remis en question. Autrefois, le monde des minorités ethniques où nous uvrons, formait une société simple, réceptive. Ce que disait le Père était parole dÉvangile. Il nen va plus ainsi aujourdhui. Les jeunes font des études, et sont facilement influencés par les nouveaux moyens de communication. Les vérités que font miroiter les médiasattirent plus que la Vérité mystérieuse et cachée.
Du point de vue économique,nous avons toujours vécu en faisant totale confiance à la Providence. Déçus ? Non. Préoccupés ? Parfois oui : sans revenus réguliers, il est difficile de sen sortir dans la société actuelle. On pourrait envisager douvrir une école. Mais lenseignement privé catholique regarde lavenir avec appréhension: chute des naissances, développement des écoles gouvernementales Ce nest pas le moment de suivre ce chemin. Un autre, alors ? Difficile de répondre.
Dans une vice-province en expansion, comment mettre au point et financer projets et activités ?
La Mission consiste à vivre auprès des gens, à se plonger dans leur façon de vivre simple et humble, non à faire les choses à leur place ou à les porter dans les bras : jai je te donne. Autrefois, faire la mission ne demandait pas de grandes ressources. Avec le Séminaire et les centres de formation pour jeunes, les choses ont changé. Personnellement, si jai pu créer luvre de Ban Pong (Maesai), cest grâce à laide de tas de personnes, des gouttes deau qui ont donné naissance à une source à débit continu, mais tout juste suffisant. Un projet éducatif ou de développement peut recevoir le soutien de qui se défie voire soppose à la religion, en particulier catholique. Cest différent avec le Séminaire. Si nous lavons construit, cest grâce aux offrandes venues dun peu partout, et il reste encore des millions de baths à trouver. Mieux : nous avons fini de payer en faisant des emprunts, avec lengagement de les rembourser. Dune façon ou dune autre, la construction sera payée.
Mais on nen finit jamais avec les frais de formation des séminaristes, ils tendent même à augmenter. Pensez que, bien quen vivant sobrement, avec le strict nécessaire, les coûts de formation sélèvent à plus de trois millions de baths par an. Doù limportance de porter à la connais-sance du plus grand nombre ce qui se passe en Thaïlande: une Vice-Province qui na pas dentrées régulières, seulement des dons, par nature aléatoires, et des dépenses énormes pour une entité comme la nôtre. Et pourtant, malgré tout, en avant toujours! Si une porte se ferme, Dieu nous ouvrira une fenêtre. Si ce que nous avons essayé de faire est la volonté de Dieu, il nous donnera les moyens de le conduire à son terme. Une chose très importante: que lesprit de Bétharram ne se perde pas
In memoriam province du RIo de la Plata
P. Ceferino Arce,SCJ
1er septembre1917 - 11 juillet 2008
Ce nest quun au-revoir
Dans sa tendresse le bon Dieu a interrompu son rêve paisible et la doucement caressé. Familier du mystère, Le 11 juillet dernier, le P. Arce a essayé de se mettre debout: les yeux grand ouverts, dans un sourire, il a prononcé une fois de plus son me voici, et il sen est allé. Enfin totalement libéré, comme laigle échappé au piège, il prit son essor vers le mystère fascinant du Père, mystère quil a vécu sans cesse et na cessé de transmettre avec son cur denfant, un cur grand, souriant, généreux. Cétait le vendredi 11 juillet 2008 à 17h35.
Me voici, Seigneur, pour faire ta volonté!
Le Père Ceferino Arce a vu le jour dans un foyer très chrétien dAmeghino, ville de louest de la Province de Buenos Aires, le 1er septiembre 1917. Ses parents, Pedro Celestino et Maria Baroque, élevèrent une famille nombreuse: Ceferino est le Second dune fratrie de 10. Baptisé à la paroisse Saint-Jean-Baptiste de sa ville natale, dès la prime enfance, il apprit à écouter la voix du Seigneur. Il fit sa première communion et reçut la confirmation dans cette même église où il servit comme enfant de chur.
Mais son coeur désirait plus. Le passage de Pères de Bétharram dans sa paroisse éveilla en lui la vocation missionnaire. Le me voici spontané et généreux dun cur dun enfant Cela le conduisit à lApostolicat du Sacré Coeur de Barracas. Il avait 14 ans.
Sans réserve, pour toujours, et sans marche arrière!
En 1939, frais émoulu du collège de Barracas, il fit partie du premier noviciat à dAdrogué. Lannée daprès il y où il prononça ses premiers vux, qui devinrent définitifs. Puis Au début de la 2e guerre mondiale, il gagna la Terre Sainte pour continuer sa formation bétharramite et ses études ecclésiastiques : cest à Jérusalem quil reçut lonction sacerdotale le 18 décembre 1943.
Par amour plus que pour tout autre motif
Son retour en Argentine, en pleine guerre, fut une véritable odyssée, semée daventures, racontées mille fois avec toujours de nouveaux détails bien sûr totalement véridiques !
En mars 1945, il commença son ministère au service de léducation, au collège San José de Buenos Aires. Il enseigna lhistoire, la géographie, le français et la religion. A Bariloche, pendant lété 1950, il est transféré apprit son transfert à la communauté de Barracas où il arriva, toujours disponible et souriant, il arriva dans le quartier de Barracas. Son zèle infatigable le conduisit à faire de tout : vicaire paroissial, de 1950 à 1991, avec les PP. Juan Capblanq et Eugenio Amitrano comme curés ; en 1951, il prend la charge de directeur de lécole, alors seulement primaire, sous le regard bienveillant et expérimenté du P. Théodore Fourcade, patriarche en ces lieux ; en 1958, noces dor de lécole, il créa les cours du soir au profit des adolescents et des adultes au travail. En 1972, il prit la direction du secondaire que la Congrégation était sur le point de fermer. Avec laudace qui le caractérisait, il a renversé la situation en ouvrant une filière de bac professionnel et en obtenant de larchevêché dêtre le premier collège catholique mixte de la ville sest évertué à lui offrir le meilleur : il linscrivit au « projet 13 », plan détudes à orientations commerciales, avec des ateliers a contra turno, délivrant le titre de bachelier professionnel ; avec le P. Eugenio Amitrano, ils obtinrent de larchevêché de Buenos Aires que le Sacré Cur soit le premier collège catholique mixte de Buenos Aires ; face à laugmentation des demandes dinscription, il fit face à la nécessité dagrandir le bâtiment et aménager de nouvelles classes. Pour ce faire, il créa des niveaux intermédiaires et ferma la cinéma Lux de létage supérieur ; il couvrit la cour intérieure pour créer un espace sûr de récréation des petits et des grands, et en vue des fêtes, célébrations et événements scolaires ; le collège fut réputé pour son chur dirigé par le Maître Mario Magnaric et pour son atelier théâtral, animé par le professeur Graciela Aristei et favorablement accueilli par le public.
Prendre dassaut ce que les autres refusent
Dun zèle inquiet et ardent, malgré ses multiples occupations et ses longues journées, le P. Arce trouvait le temps daccompagner des jeunes, petits et grands, bien-portants et malades, catholiques ou non, et de se faire proche deux, en simpliquant dans leurs problèmes.
Il nest de maison de Barracas qui nait reçu le Père Arce : que de bénédictions, de visites aux malades, de célébrations Avec les catéchistes Visita Gomez et Rosita de Guillemi, il fut lun des pionniers du travail social à la villa 21, doù proviennent (aujourdhui encore) beaucoup délèves de lEcole. Les anciens aujourdhui comme hier souvent oubliés et isolés aussi ont bénéficié de sa sollicitude : dans son école, il leur réserva des lieux pour la rencontre et pour les jeux de société ou de boules, dans le jardin. Il eut aussi un soin particulier pour la jeunesse en aménageant des espaces de loisirs et de détente pour les jeunes du quartier. Il fut assistant du Mouvement familial chrétien avec ses grands amis, le Docteur Guillemi et son épouse. Il aimait les enfants et les jeunes et veilla jusquau bout à leur transmettre sa joie et sa bonne humeur dans le cadre dune formation plus saine, plus proche, accessible, attentive à la santé physique et spirituelle de chacun. Il fut Aumônier du groupe scout n°7 Sacré Cur, fondé par le vénéré Père Boué dans la paroisse en 1938. Il a assimilé toute la richesse du mouvement, sa mystique très évangélique, très bétharramite, de service, de disponibilité : toujours prêt, qui revient à dire me voici. Il a fait sienne cette pédagogie ingénieuse de léducation de lenfant par lenfant, du jeune par le jeune, du plus petit par le plus grand, du grand comme protecteur du petit. En 1958, il fonda la communauté Guides n°8 Sacré Cur pour transmettre aux filles le même esprit et la même discipline.
Parmi ses Scouts et ses Guides, il sest distingué dans le service des enfants et des jeunes : Toujours en mouvement, généreux, aimant chanter, prier, prompt au sacrifice et à la plaisanterie, le P. Arce accompagna partout ses jeunes aux réunions de Conseil, rencontres, cours, veillées darmes, promesses, camps, arborant avec fierté et simplicité ses insignes et distinctions.
Obéissant sans conditions
Il quitta son cher Barracas en 1992. Avec une aisance toute bétharramite il passa par diverses résidences : Adrogué, léglise San Juan Bautista, le collège de la Plata sadonnant aux confessions messes, accompagnement des malades, et toujours entouré damis, tels M. Hugolino qui imprimait pour lui à San Juan la feuille mensuelle La voix qui crie dans le désert, ou cet habitant dAdrogué qui assurait que « le P. Arce aura toujours à ses côtés quelquun qui laime ». Et ce fut vrai jusquà la fin !
De La Plata il fut rappelé à son cher Barracas, à la demande des dirigeants scouts dont il accompagnait les camps chaque été. Déjà malade, ses souffrances lui donnaient conscience de ses limites, de la vulnérabilité de notre condition. Il les assumait avec bonne humeur : son médecin lui avait diagnostiqué une hypertrophie cardiaque ; le P. Arce commenta dun sourire : Maintenant, cest un défaut davoir un grand cur !
Petit, content, constant
Le Bon Dieu le conduisait sur le chemin de croix de son Fils. Le P. Arce sy livra avec simplicité, humilité, totale disponibilité, toujours fervent pour la prière, la communion, le sacrement des malades. On ne lentendit jamais se plaindre, ni de ses douleurs ni de personne ! Son grand cur ne gardait aucune trace de ressentiments même quand il subit des agressions ou des humiliations publiques, il ne disait jamais du mal des absents, il ne sest jamais complu dans la critique Au contraire, il voyait toujours le positif et ne manquait pas une occasion de le faire remarquer.
Il savait goûter les petits plaisirs de la vie : même malade, il savourait un bon plat, un verre de bon vin, un bon whisky ou un cognac, un peu de confiture de lait, des chocolats. Je ne devrais pas en prendre, mais pour une fois ! Il était passablement gourmand.
Les atteintes de lâge le crucifiaient : elles réduisaient son autonomie, sa mémoire, son élocution mais ne lempêchaient pas de communiquer.
Il était toujours prêt à concélébrer, à communier en chaise roulante, tandis que les fidèles qui le voyaient passer le caressaient, lembrassaient jusquà ce dimanche 6 juillet, 61e anniversaire de la canonisation de saint Michel Garicoïts.
La nuit du 10 juillet il fut hospitalisé pour obstruction intestinale : impossible dopérer en raison de son état de santé. A 13h30 le lendemain, ayant reçu les derniers sacrements, il sendormit paisiblement.
Tout près du feu !
Les adieux furent simples, pleins de larmes, de ferveur et de remerciements. Ses chers Scouts et Guides, les anciens élèves et leurs familles, beaucoup damis, tous défilèrent avec émotion devant son cercueil.
Quelques uns de ses frères de sang : Sr Teresa, Fille de la Croix, Marta, Juan et Ramon Arce, beaucoup de neveux et de parents étaient présents. Ils rappelaient des anecdotes du Père, frère, oncle toujours proche, toujours prêt à les marier ou à leur faire faire la première communion, à leur rendre visite, à donner son affection.
LEucharistie, présidée par Mgr Poli, Vicaire de la zone Flores et aumônier national scout, et concélébrée par le R.P. Enrique Miranda, Provincial de Bétharram et le P. José Maria di Paola, doyen de Boca Barracasa et curé de Notre-Dame de Caacupé, et plusieurs religieux, nous a rassemblées dans la mémoire du Seigneur.
A lautel même où le P. Arce annonça et offrit pendant tant dannées le Ressuscité, le Prêtre éternel nous ouvrit ses mystères pour conforter son peuple dans lespérance de la Vie éternelle et nous donna son Corps et son Sang, force vitale, aliment savoureux de tout pèlerin de la foi.
Pour ses obsèques, le chant entonné tant de fois par le Père Arce laccompagna jusquau "campement où le Seigneur a planté sa tente et la nôtre":
Ce nest quun au-revoir,
ce nest quun bref adieu!
Tout près du feu
le Seigneur nous rassemblera.
Francisco Daleoso,SCJ
Le Pére Etrchécopar et l'approbation de la Société du Sacré Coeur de Jésus
UNE ACTIVITÉ DÉBORDANTE
Après cette brève éclipse, lactivité du T.R.P. Etchécopar éclate en plein jour ; elle est si débordante quelle pousse jusquà Rome. Au lendemain de lintervention divine qui le comble, apparaît plus que jamais lhomme de Dieu.
Devant lassemblée générale réunie par ses soins le 18 août 1875 pour prendre connaissance de lapprobation romaine, au début de la première séance, il prend la parole et cest dabord pour inviter la communauté à bénir le Seigneur. Aussitôt que le Père Bérilhe commence, tous se lèvent pour écouter avec recueillement la lecture du décret de Pie IX, qui place Bétharram sous lautorité du Saint-Siège.
Quand le lecteur finit, le Père Estrate y ajoute le récit de son heureux voyage à Rome. Le T.R.P. ne linterrompt que pour exprimer le devoir de gratitude que chacun doit à Dieu et à ses instruments : sur Marie de Jésus Crucifié, Mgr Lacroix, Mlle Dartigaux et le Père Bianchi. Alors avec émotion et gravité, comme devant une relique, il prend dans ses mains et les présente à lassemblée les Constitutions romaines. Elles venaient darriver au matin même de ce mercredi 18 août 1875. Cétait un rouleau encore cacheté, tel quil était parti du Vatican ; avant de louvrir, il demande quon veuille lentendre sans rien dire, réservant plus tard les remarques ou observations à faire.
Quand le texte sachève, le T.R.P. en tire cette conclusion : « Le meilleur moyen de reconnaître la bonté visible de Dieu à notre égard dans toute cette affaire et dadhérer purement et simplement à ce qui nous est proposé par Rome, est daccepter toutes les modifications faites à notre premier travail, et de se mettre tout de suite et résolument à la pratique de ces Règles. »
Après ces paroles, de discussion, comme avant la séance certains lavaient souhaité, il ny en eut pas, lassemblée nen voulut point. Ces Constitutions furent votées à lunanimité moins un bulletin blanc. Après ce scrutin, les capitulants se sont levés comme un seul homme ; et le Deo gratias, lancé par le T.R.P. est repris par tous dans un grand cri dacclamation. Avec empressement, chacun sest dirigé vers le sanctuaire de Notre-Dame pour y chanter la joie comme un tonnerre dans un Te Deum daction de grâces.
Comme la remarqué un bon témoin, le Père Pagadoy, « chose étonnante, après douze années de tiraillements, de discussions et de souffrances, Bétharram est dans lallégresse. Tous sont heureux dêtre désormais à labri des fluctuations et, sur le rocher de Pierre, de retrouver lhéritage et la doctrine de leur bienheureux Père. »
Pierre Miéyaa,SCJ (1901-1981)
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