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14/04/2013

Nouvelles en Famille - 14 mai 2013

Nouvelles en Famille - 14 mai 2013

Sommaire

 

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Le mot du Supérieur général

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LE TROMPETTES DU JUBILÉ

Le dixième jour du septième mois, tu feras retentir le son éclatant de la trompette ;
le jour des Expiations, vous ferez passer la trompette dans tout votre pays. (Lév. 25, 9)

Un concert de trompettes m’a réveillé tôt ce matin. Au début, le son en était lointain mais à partir de sept heures du matin, les trompettes semblaient être proches, leur sonorité intense, mélodieuse et agréable, unissant leur mélodie à celle des cloches du sanctuaire de Bétharram qui sonnaient l’angelus du matin.  Par la suite, je remarquai que la musique s’éloignait en suivant la trajectoire du soleil vers l’occident. Ce même soleil qui, chaque matin, « semblable à un Époux sort hors de sa chambre nuptiale, s’élance en conquérant joyeux ; il paraît où commence le ciel et va jusqu’où le ciel s’achève, rien n’échappe à son ardeur » (Ps 19, 6-7) rappelant tellement le Verbe incarné aux yeux de saint Michel Garicoïts ; en effet, depuis le moment de sa conception, il s’élance aussi joyeux, tel un héros, à parcourir son chemin jusqu’à la croix.


C’est alors que j’ai commencé à comprendre qu’il s’agissait des trompettes du Jubilé qui avait commencé à retentir en Thaïlande pour se diriger vers l’Argentine, le Brésil et l’Uruguay en passant par toutes les communautés où les Bétharramites vivent la mission. Aujourd’hui, cela fait donc 150 ans, exactement le 14 mai 1863, que notre cher Père Garicoïts achevait son pèlerinage sur terre et commençait sa vie dans la gloire céleste à côté du Père, du cœur de Jésus, de l’Esprit Saint, de Marie et de saint Joseph avec les 144 000 élus dont parle l’Apocalypse. Cette année-là, le jour tomba le jeudi de l’Ascension.
Aujourd’hui, sur toute la terre, nous, les fils de saint Michel Garicoïts, religieux aussi bien que laïcs, commençons une année jubilaire et nous voulons proclamer, avec les trompettes, avec nos voix et par le témoignage de nos vies, les merveilles du Seigneur. « Du lever au coucher du soleil, louez soit le Nom du Seigneur ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! Chante au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles ! Bénis le Seigneur, ô mon âme, bénis le Seigneur ! Mon âme proclame le Seigneur ! Magnificat ! »
Oui, magnificat ! Pour le don précieux de la personne de saint Michel Garicoïts, notre Père, qui nous a engendrés à la vie religieuse, où nous pouvons vivre la joie !
Magnificat !... parce que le P. Garicoïts «?croyait que le Dieu des petits et des pauvres l’avait choisi pour ce but, lui, le petit pasteur de la dernière maison du hameau d’Ibarre ; lui, qui était un “massacre”, un “rien”. »
Magnificat !... parce que, depuis son enfance, Michel avait faim et soif de Dieu jusqu’à escalader les montagnes des alentours pour toucher le ciel là où sa maman lui avait dit que se trouvait le Bon dieu.
Magnificat !... parce qu’à Oneix, alors qu’il aspirait à la rencontre de Jésus dans la première communion, il lui fit connaître son amour, le consolant et le comblant de joie pour avoir trouver le trésor, la perle choisie.
Magnificat !... parce qu’il a vécu son chemin de formation à la prêtrise ayant toujours dû travailler en parallèle.
Magnificat !... parce que Jésus, Grand Prêtre éternel, et serviteur du Père, l’a rendu participant de son sacerdoce le 20 décembre 1823 dans la cathédrale de Bayonne.
Magnificat !... parce que le Père des miséricordes lui a fait le don de la conversion par le témoignage de la pauvreté consacrée des Filles de la Croix à Igon et de leur fondatrice, Sœur Jeanne Élizabeth Bichier des Âges ; la “dignité sacerdotale” était montée à la tête de Michel et lui avait alors fait oublier ses origines pauvres.
Magnificat !... parce que, dans « la solitude de 4 grands murs vides » à Bétharram, le P. Garicoïts a reçu le trésor du charisme : il vit des évêques pleurer et fit l’expérience de Jésus anéanti et obéissant, découvrant que son imitation était la véritable issue pour combattre les maux qui affligeaient ces temps-là.
Magnificat !... pour les compagnons qu’il a reçus en octobre 1835 pour vivre en communauté du charisme du Cœur de Jésus anéanti, doux et obéissant : les Pères Guimon, Perguilhem, Chirou, Larrouy, Fondeville comme tous ceux qui viendraient par la suite !
Magnificat !... parce que saint Michel vivait de l’amour de Dieu qu’il ressentait tel un feu en son cœur qui n’y tenait plus, comme il le confessa lui-même !
Magnificat !... parce qu’il a dû vivre l’expérience spirituelle de Jésus anéanti et obéissant à la manière d’Abraham : il obéit à son évêque quand bien même il avait la conviction qu’en suivant ce chemin, la congrégation, que Dieu lui-même lui avait pourtant demandé de fonder, allait vers sa disparition.
Magnificat !... parce que ce Dieu fidèle à ses promesses, en qui saint Michel avait entière confiance, confirma son œuvre : 20 ans après sa mort, le Pape Pie IX approuvait la congrégation?!
Magnificat !... pour la joie que Michel procura à tellement de personnes par son don de discernement, leur permettant de découvrir leur vocation et, par le sacrement de réconciliation, de vivre de l’amour de Dieu, vécu dans le pardon sacramentel.
Magnificat !... pour l’esprit missionnaire de Michel : depuis les missions populaires jusqu’au travail éducatif auprès de la jeunesse à Bétharram, Asson, Mauléon, Oloron, Orthez en dépit de l’opinion contraire de nombreux compagnons.
Magnificat !... pour l’obéissance et l’audace des premiers missionnaires envoyés en Argentine : les Pères Barbé, Larrouy, Guimon, Harbustan, Sardoy, et les frères Magendie, Fabien et Johannes, pour les missions populaires et éducatives qu’ils y ont réalisées avec tant de générosité, au point qu’elles se prolongent jusqu’à aujourd’hui !
Magnificat !... pour tant d’hommes et de femmes, de religieux et de laïcs, d’enfants, de jeunes et d’adultes qui, dans 15 pays, aujourd’hui encore veulent suivre, enthousiastes, la vie et le choix fait par Michel Garicoïts afin d’amener l’amour du Cœur de Jésus au cœur de ce monde où tant d’hommes et de femmes en ont besoin !
Magnificat !... pour la vie de tous ceux qui, dispersés de par le monde, continuent de témoigner de la douceur, de l’humilité et de l’obéissance du Cœur de Jésus, comme nous l’enseigne saint Michel Garicoïts !
Magnificat !... parce qu’en 1863 ceux qui l’aimaient avaient de la peine en le perdant alors qu’en 2013 nous vivons de lui dans la joie puisqu’après sa béatification en 1923 et sa canonisation en 1947, nous sommes portés à l’action de grâce pour les bienfaits dont le Bon Père l’a enrichi pour le bien de l’Église, comme pour tous les fruits qu’ils ont déjà produits !
Magnificat !... parce que la congrégation que le Seigneur lui a inspiré de fonder est maintenant dispersée par toute la terre et continue sa mission de porter aux autres le même bonheur que donne le fait de vivre de l’amour de Dieu manifesté en Jésus anéanti et obéissant !

Que les trompettes continuent de retentir, qu’elles ne s’arrêtent pas ; qu’avec elles, l’action de grâce se répande par toute la terre pour proclamer les merveilles qu’il a faites dans l‘humble pasteur basque d’Ibarre, Michel Garicoïts, et qu’il continue d’opérer dans ses disciples, religieux et laïcs d’un bout à l’autre de la terre !

Gaspar Fernández Pérez, SCJ

 

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smichel.jpgSaint Michel Garicoïts écrit...

La Providence dirige tout dans le monde. Elle emploie à l’exécution de ses desseins des moyens qui nous paraissent y être le plus opposés. Les impies eux-mêmes, qui la nient, la servent malgré eux. Souvent nous nous plaignons de ce qu’elle fait pour notre bien, et nous murmurons de ce qui nous est le plus avantageux.
Dieu brode sur nos têtes une étoffe magnifique. Levez les yeux, vous n’apercevez que le revers de l’ouvrage, et il ne vous présente qu’une grande confusion. Mais quand il vous sera donné de considérer le travail d’une région supérieure, vous le verrez tel qu’il est, et alors, vous serez surpris et ravi d’admiration à la vue de ce que, aujourd’hui, votre ignorance ose censurer. (Père, me voici, p. 81).

 


 

150e ANNIVERSAIRE DE LA MORT DE SAINT MICHEL

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14 MAI 1863

« Je voudrais l’appeler saint ; mais l’Église ne me le permet pas ; il n’appartient qu’au souverain Pontife de déclarer qu’un homme est saint ; je ne puis pas même l’appeler vénérable ; cependant je le crois saint, et c’est ce qui fait mon embarras ; je l’appelerai donc le digne, l’excellent, le vénéré prêtre, le bien-aimé supérieur de Bétharram. »
Nous sommes dans la chapelle de Bétharram le samedi 16 mai 1863. L’évêque de Bayonne, qui ne fut pas - c’est le moins qu’on puisse dire - un ardent défenseur de la fondation de la congrégation, prononce une homélie... prémonitoire.
Les Filles de la Croix, dans leur nécrologe, célèbrent elles aussi à l’unisson les vertus de leur confesseur : « Un prêtre vraiment selon le cœur de Dieu, d’un jugement exquis, d’une instruction solide, d’une simplicité admirable, d’un dévouement sans bornes. Il est mort pleuré et béni de tous, laissant la réputation et les œuvres d’un saint. »
Mais, au fond, qui mieux qu’un frère de route peut raconter celui qui, en un jour glorieux, vient de monter au Ciel ?...

M. Michel Garicoïts, supérieur des Prêtres auxiliaires du Sacré-Cœur de Jésus à Bétharram, est décédé le jour de l’Ascension, à trois heures du matin. La veille de ce jour, il était allé rendre visite à Mgr notre Évêque, qui se trouvait non loin de Bétharram. Le soir, il avait passé la récréation avec les prêtres, qu’il charma par la gaieté la plus aimable qui lui était habituelle?; et le matin de l’Ascension, saisi à deux heures par une suffocation terrible, muni des derniers sacrements, après avoir récité les actes de foi, d’espérance et de charité, et s’être écrié : « Mon Dieu, ayez pitié de moi ! », il s’est endormi dans le Seigneur, à l’âge de 66 ans. (...)
Notre supérieur était un homme vraiment mortifié ; il mangeait peu, dormait cinq heures, travaillait presque sans relâche, ne prenait pour ainsi dire pas de récréation, se montrait d’une bonté, d’une charité, d’une grâce inaltérables, quoique interrompu, tiraillé en sens divers par une multitude d’occupations, de détails continuels. Les affaires lui faisaient oublier la nourriture et le sommeil. Levé à trois heures, à l’étude à quatre heures, il professait une classe de philosophie à six heures et demie, une de théologie à onze heures, quelquefois restait au confessionnal jusqu’à quatre heures de l’après-midi, sans avoir pris de toute la journée aucune nourriture, puis revenait à ses livres, faisait une conférence aux prêtres, et donnait le reste de la journée à l’étude et aux autres offices qui regardent le supérieur d’une communauté.
Il paraissait infatigable, indifférent à tout ; cette abnégation totale et constante, il la puisait surtout dans le respect et l’amour qu’il avait voués à la volonté du Seigneur. Fiat voluntas tua ! voilà le cri continuel de son cœur. Le respect pour cette divine volonté, voilà ce qu’il a toujours prêché et cherché à inculquer ; l’oubli, le mépris de cette volonté adorable, voilà ce qu’il a combattu constamment et à outrance ; la chercher avec une délicatesse virginale, et l’accomplir en zouave, comme il le disait avec énergie, voilà le but où il faut tendre toujours. En deux mots, c’est l’histoire de sa vie. (...)
M. Garicoïts commença avec un seul prêtre, M. Guimon, l’œuvre des Prêtres auxiliaires. L’œuvre s’est développée lentement, péniblement au milieu des épreuves de tout genre. Aujourd’hui, elle compte 50 prêtres, 50 scolastiques, 30 frères coadjuteurs… Elle fournit des missionnaires pour le Béarn ; elle a trois résidences dans le diocèse, trois collèges pour l’instruction de la jeunesse. Elle a envoyé une petite colonie en Amérique pour fonder deux résidences, l’une à Montevideo, l’autre à Buenos-Ayres, et de plus, dans cette dernière ville, un collège qui a bien pris, grâce à Dieu.
Notre supérieur a travaillé aussi avec ardeur à l’établissement des Filles de la Croix. Plein d’admiration pour les vertus héroïques de ces bonnes religieuses, qui souffrirent beaucoup dans les premiers temps de la fondation, n’ayant pour dortoir pendant l’hiver qu’une espèce de hangar qui laissait tomber la neige sur leurs lits, etc., etc. M. Garicoïts soutenait leur courage et leur zèle… Quelquefois il était onze heures du matin, et ces saintes fondatrices, à jeun, attendaient l’arrivée du prêtre qui devait venir leur dire la messe et leur distribuer le pain des forts. (...)
Quant à la direction des âmes et à l’œuvre des vocations, M. Garicoïts avait reçu à un
haut degré le don du discernement des esprits. Avec ce don rare, avec son zèle toujours ardent, et aussi à l’aide des règles et des méthodes admirables de saint Ignace, qu’il maniait d’une façon supérieure et surprenante, il a sauvé, nous en sommes convaincus, un grand nombre d’âmes…
Avec un regard d’aigle, à travers tous les incidents, toutes les contradictions d’une vie agitée, il discernait comme d’inspiration, les touches du Saint-Esprit, les illusions du démon et sa queue tortueuse : «?Vous êtes un wagon déraillé ; voilà votre vie : dites Ecce Venio, entrez dans cette voie, et une fois bien orienté, prenez votre essor ».
Ceux qui l’ont suivi ont été heureux, et l’ont proclamé leur lumière et l’instrument
providentiel de leur salut. Après les avoir aidés à connaître leur vocation, il les soutenait dans les luttes et au milieu des obstacles qu’on rencontre presque toujours pour suivre sa vocation ; et avec une force invincible, et cependant accompagnée de prudence, il a renversé presque toujours tous les obstacles. (...)
Et ce cœur si intrépide était aussi bon que généreux ; cette âme d’apôtre, qui ne connaissait pas, pour ainsi dire, d’obstacle, était l’âme la plus tendre, la plus aimante qui fut jamais… Quand il voyait une âme s’égarer dans les sentiers du mal, la peine qu’il en ressentait allait jusqu’à lui faire perdre l’appétit et le sommeil… En parlant de Notre Seigneur Jésus Christ, de son amour, de sa tendresse dans la sainte Eucharistie, sa voix devenait tremblante et les larmes mouillaient ses yeux. Il se montrait vraiment le Père de tous, ne cherchant qu’à rendre service aux autres, même à ses propres dépens. (...)
Oh ! oui, c’était un saint ; jamais nous ne l’avons vu se rechercher lui-même, mais toujours nous l’avons vu occupé à chercher la volonté de Dieu, et à l’accomplir. Oh ! oui, c’était un saint orné de toutes les vertus chrétiennes, sacerdotales et apostoliques, qu’il suffisait de voir pour respecter et aimer la religion ; c’était le modèle des prêtres, une copie admirable de Notre Seigneur Jésus Christ. Et le Seigneur lui-même n’a-t-il pas voulu témoigner la sainteté de M. Garicoïts, en l’appelant à lui le jour même de l’Ascension, à trois heures du matin, heure à laquelle ce vaillant ouvrier commençait sa journée, au moment où Monseigneur notre Evêque donnait la confirmation dans notre canton, ce qui n’arrive que tous les 4 ou 6 ans ! Ah ! nous l’espérons fermement, il a voulu accomplir cette parole infaillible : Celui qui s’humilie sera élevé ; et il a envoyé son évêque prononcer sur les restes du plus humble des hommes, l’éloge le plus beau, je crois, le plus magnifique que puisse prononcer une bouche épiscopale. Tout le monde répète ces paroles, expression d’une conviction qu’on avait depuis longtemps… Aussi dès que le corps du défunt a été exposé à la vénération du public, on est accouru de toutes parts, pour appliquer sur le corps des objets de toute espèce ; des livres et autres objets de piété, des mouchoirs, des cravates, des habits… Plusieurs mères ont aussi présenté au corps vénéré leurs petits enfants d’un an, de deux ans… Et, chose remarquable, à mon avis, ces pauvres petits ont été au cadavre et l’ont touché sans pleurer, sans témoigner ni éloignement ni frayeur… Comme si ces innocents avaient reconnu que M. Garicoïts pendant sa vie était l’ami des petits enfants, qu’il attirait par ses caresses paternelles, et qui couraient après lui comme après un père et une mère. (...)
Augusto Etchécopar, SCJ
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PRIÈRE DU 150aire

Béni sois-tu Père,
Seigneur du ciel et de la terre…
Tu as regardé avec bienveillance,
Michel Garicoïts, notre père.
Tu l’as choisi et appelé pour lui confier
le charisme du Cœur doux, humble et obéissant
de ton Fils Bien Aimé.
En ce jubilé de sa montée au ciel,
nous, religieux et laïcs,
nous te rendons grâce pour le trésor de sainteté
que nous avons reçu de lui.
Donne-nous, Père,
de suivre fidèlement son témoignage de vie,
pour connaître, aimer, imiter et servir
le Cœur de Jésus.
Mets en nous la même passion
pour faire en tout ta volonté
et la même compassion
pour servir tous les hommes
au cœur de ce monde où Tu nous envoies.
Puisse la joie de notre consécration
illuminer nos vies et nos communautés
et éveiller chez des jeunes
le désir de partager la richesse du charisme
pour vivre l’Évangile. Amen.

 

SPIRITUALITÉ

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LES VERTUS DU SACRÉ CŒUR : L'OBÉISSANCE

S’il est ardu, voire inopportun, d’établir une hiérarchie entre les vertus du Sacré-Cœur, il se pourrait bien tout de même que l’obéissance soit la plus difficile à vivre avec constance et sérénité. « Obéir ? Moi ? Oui,... oui mais...»
« Se dépouiller de tout, surtout de soi pour s’abandonner entièrement à la loi d’amour » est un véritable défi pour la nature humaine. Pourtant, St Michel Garicoïts, émerveillé par l’exemple parfait du Fils, obéissant jusqu’à la mort et la mort sur la Croix, a fait de l’obéissance le pilier même de la Congrégation. Sans elle, va-t-il jusqu’à dire, celle-ci n’aurait plus lieu d’être.

L’amour du Fils à son Père se traduit par la vertu de l’obéissance. C’est la manière extérieure qui traduit la disposition intérieure de l’amour ! Parfois, nous aurions tendance à opposer l’intérieur et l’extérieur ; c’est vrai que l’extérieur ne traduit pas toujours avec justesse l’intérieur ; d’où l’hypocrisie que Jésus reprochait  souvent à ses contemporains. L’idéal se trouve dans la cohérence de vie de manière à ce que notre comportement soit la manifestation authentique de notre disposition intérieure. Lorsqu’il s’agit des vertus du Cœur de Jésus, notre référence est sûre et pour notre intérieur et pour notre extérieur : « Jésus-Christ, voilà notre miroir, notre exemple, qu’il ne faut jamais perdre de vue ; sa vie, ses actions, sa conduite intérieure, extérieure… se comparer sans cesse à Lui : “ton cœur est-il comme le sien ? À présent, comment agirait-il ?” » (DS 341).
Saint Michel a souffert de voir les dégâts commis par la désobéissance et l’insoumission dans l’Église même, au lendemain de la Révolution française. Il a voulu que la Société du Sacré Cœur de Jésus de Bétharram relève ce défi en insistant sur l’obéissance. « C’est l’obéissance qui est la forme de notre Société et la fait être congrégation de Bétharram. Ce qui doit nous caractériser, c’est l’esprit d’obéissance…. Si l’obéissance manque, la raison d’être manque. » L’obéissance dont il s’agit, c’est de reproduire celle de Jésus. Le texte fondateur met longuement l’accent sur Jésus anéanti et obéissant. Obéissance et amour vont de pair chez Jésus, depuis sa conception à Nazareth jusqu’à la mort sur la croix ; toute sa vie a été mobilisée par la volonté de son Père à réaliser volontairement et librement?; c’est une obéissance filiale. Le Fils de Dieu prend plaisir à remplir cette mission qui lui est confiée. Il le fait par amour et pour montrer l’amour aux hommes. L’obéissance proposée par l’Évangile est une obéissance filiale, non servile, réalisée dans une réelle liberté d’enfants de Dieu ; St Michel parle de « soumission amoureuse?».
Aujourd’hui, si, pour les religieux, l’obéissance est un vœu professé qui réclame le sacrifice de sa volonté propre pour le service de la congrégation, qu’en est-il pour des laïcs ? Même si le laïc n’est pas soumis par une loi juridique, il lui est demandé de réaliser la volonté de Dieu ; il ne peut se contenter d’intentions ou de déclarations : « Il ne suffit pas de me dire?: « Seigneur, Seigneur » pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21). « Quiconque fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, c’est lui mon frère, ma sœur, ma mère » (Mt 12, 50).
Pour des laïcs, l’obéissance peut s’exercer dans le milieu professionnel, comme dans le milieu familial. Ainsi le travail n’est pas entrevu seulement comme le gain d’un salaire (ce qui est déjà si important pour faire vivre la famille), mais aussi comme participation à l’œuvre de la création et donc une collaboration et un partenariat avec le Dieu Créateur. En ce cinquantenaire de l’ouverture du Concile Vatican II, il nous est bon de nous rappeler le sens que le chrétien doit accorder au travail?: «?Loin de considérer la créature raisonnable comme une sorte de rivale du Créateur, les chrétiens sont au contraire bien persuadés que les victoires du genre humain sont un signe de la grandeur divine et une conséquence de son dessein ineffable... Le message chrétien ne détourne pas les hommes de la construction du monde et ne les incite pas à se désintéresser du sort de leurs semblables ; il leur en fait au contraire un devoir plus pressant » (GS n° 34). Le travail professionnel est donc un champ pour faire la volonté de Dieu.
La réalisation de la volonté de Dieu trouve un lieu privilégié dans la vie du couple et de la famille ; l’Église insiste pour que le couple et la famille ne soient pas seulement des lieux de cohabitation mais de réelle communion de vie?: « La famille est une école d’enrichissement humain. Mais, pour qu’elle puisse atteindre la plénitude de sa vie et de sa mission, elle exige une communion des âmes empreintes d’affection, une mise en commun des pensées entre les époux et aussi une attentive coopération des parents dans l’éducation des enfants?» (GS 52). Se situer dans cette mission et s’y engager, telle est l’obéissance à laquelle vous êtes invités. Nous sortons donc de la conception étriquée de l’obéissance que nous pourrions avoir, qui la réduirait à l’exécution de quelques ordres reçus. Il s’agit d’accomplir la mission à laquelle nous avons donné un jour un « OUI » enthousiaste et qui réclame une générosité quotidienne.

QUESTIONS
1) « Faire la volonté de Dieu », c’est une devise utilisée par les bétharramites comme en-tête (FVD). Qu’est-ce que cela recouvre pour nous, religieux ou laïcs ?

2) Quelles sont les qualités intérieures, les dispositions du cœur à vivre dans nos différentes positions (communauté ou famille, travail ou mission) pour être  plus  fidèles à la spiritualité de notre Fondateur??

3) « Ce n’est pas par force qu’on reçoit ce que Dieu envoie, mais c’est avec respect et amour », telle était la leçon de St Michel au frère cuisinier quelques heures avant sa mort ; comment vivre aujourd’hui cet abandon à la volonté de Dieu ?

Laurent Bacho, SCJ

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NARRATIO  FIDEI

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5 minutes avec... ? Non, durant cette année jubilaire, la série d’interviews des communautés s’interrompt pour laisser place à une autre forme de témoignage de vie, à cœur ouvert. La célébration des 150 ans de la mort de notre saint Fondateur nous invite plus que jamais à méditer sur son parcours ici-bas, sur les vissicitudes de son existence, ses élans et ses profondes convinctions, sur cet acte de foi qu’il a partagé à travers ses écrits et son œuvre auprès des hommes et des femmes de son temps.
Pour nous aider dans cette méditation, nous avons demandé à quelques-uns de nos frères de bien vouloir nous raconter leur propre expérience de foi sur des thèmes chers à St Michel. N’est-ce pas là un moyen de cultiver la communion fraternelle, « de (nous) élever (nous-mêmes) et de porter les autres à la perfection?» (RdV 95, DS 331) ?
En ce 14 mai, jour anniversaire de la montée au Ciel de Michel Garicoïts, prêtre, le P. Gustavo Agín scj a pris un temps de silence, de réflexion et de prière, pour s’ouvrir à nous sur la Parole de Dieu (Jn 21,22) et sur un extrait de la Doctrine Spirituelle. À nous de l’écouter !

Extrait de la Parole de Dieu

« Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ! Toi, suis-moi ! » (Jn 21,22)

Un texte de St Michel

«  L’Amour, voila ce qui mène l’homme ; voilà le secret ressort qu’il faut découvrir dans les postulants et les novices ; voilà le germe divin à développer dans les cœurs. S’il manque, il n’y a rien à faire (…) L’amour doit toujours être humble et discret ; celui de Pierre va trop loin, l’apôtre s’occupe de ce qui ne le regarde pas. La croix doit être le partage de tous les amis du Sauveur?; mais la nature, le degré de l’épreuve est un secret qu’il se réserve. Arrière la curiosité indiscrète ! « Si je veux qu’il reste jusqu’à ce que je revienne, que t’importe ! Toi, suis-moi?!?» Saint Jean est admirable ; il ne dit rien, ne demande rien… pas d’indiscrétion, ni de curiosité… il est prêt à tout, ne désire rien savoir et s’abandonne paisiblement et amoureusement à la conduite de son cher Maître ! Ah ! si, comme saint Jean, nous étions toujours prêts à marcher, sans manifester ni opposition, ni murmures ; sans demander avec inquiétude?: « Je pars, qui me remplacera ? » sans nul autre souci que de répondre pleinement à l’appel de Notre-Seigneur : “Suis-moi, cela suffit ; que t’importe le reste??” Quel beau spectacle nous offririons à Dieu et aux hommes, et quel empire de tels exemples exerceraient sur les cœurs?!...?» (Pensées).

Silence personnel

Narratio... Je voudrais d’abord reconnaître combien je suis heureux de la vocation reçue ; autant que Pierre après la rencontre au bord du Lac de Tibériade...? je ne sais pas, mais heureux. Chaque fois que j’ai dû vivre une obéissance explicite formulée par mes supérieurs, telle qu’une nouvelle mission, je dois avouer que cela m’a coûté de l’accepter comme dans notre vocation : sans retard et sans réserve. Il m’a toujours fallu un temps de discernement... Réflexions, joies, lumières, ombres, luttes, etc. Une fois que, sans beaucoup d’alternatives d’ailleurs, je comprenais qu’il s’agissait de la Volonté de Dieu, alors j’y allais… Le fait d’avoir appris de mes aînés à me sentir libre pour choisir entre le «?bien?» et le «?mieux?» m’a beaucoup aidé. Je reconnais bien toutefois le religieux que j’ai été et continue d’être dans le Pierre qui doute et a peur. J’admire Jean, mais je n’ai ni sa finesse, ni sa radicalité et sa fidélité modèles. Lorsqu’en 1998, je quittai le collège San José (prêt à fermer d’ailleurs), je me suis posé cette question : À quoi vont me servir ces trois années de service comme jeune ministre ? Quand ils m’ont proposé de me préparer à travailler pour la formation, j’ai demandé à mon supérieur : « ce sera au moins pour 10 ans???». Puis, devenant maître des novices pour la Région, je me suis dit : « Ils me régionalisent ! Désormais, je n’appartiendrai plus à aucune réalité locale ! » Quand j’ai été appelé à devenir Régional, ils m’ont dit?: « Si la région te tombait sur les épaules… tu dirais quoi ??». Déconcerté, j’ai passé une nuit blanche, puis j’ai accepté. Tant de fois j’ai un peu renâclé… Comme vous voyez, je suis un « autre Pierre », toujours effrayé sur sa barque. Jésus doit rire de moi et me dire : Homme de peu de foi !

Comment ces passages me parlent-ils??
J’ai approfondi cette indiscrétion de Pierre à propos de l’avenir de Jean. J’ai l’impression que la plupart des Bétharramites actuels (moi y compris) sont comme Pierre. Jean, que je considère comme le croyant parfait, représente un peu à mes yeux la «?famille de Bétharram?» telle que la rêvait St Michel. Je me rends compte combien cette attitude de Pierre, certes blâmable mais tellement humaine, est présente dans nos vies. Nous sommes préoccupés par ce que nous avons été, sommes et serons… Nous sommes angoissés, nous nous posons des questions et interrogeons les autres. Nous nous comparons, nous nous regardons dans l’autre. C’est là une attitude qui ne nous quitte pas à mesure que les années passent… Fort heureusement, il y a d’autres saints frères de notre petite famille religieuse qui ne se sont pas arrêtés à ce genre de problèmes… Ce sont les « petits Jean » de toujours, habitués à pencher leur tête sur la poitrine du Seigneur, à aider de leur témoignage.
La réponse de Jésus me marque : « Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je revienne, que t’importe !... Toi, suis-moi ! ». Intérieurement, je me dis qu’il pourrait poursuivre en disant : « Suis-moi ! Parce qu’au moment choisi, j’entrerai dans l’histoire humaine. Je suis venu pour sauver et continuerai de le faire. N’aie pas peur, vis simplement comme moi et abandonne-moi toute ta vie. »
Je me suis rappelé cette phrase du psaume 128, 3 : « Sur mon dos, des laboureurs ont labouré, creusant leurs sillons. Mais le Seigneur a brisé l’attelage des impies. » Le Seigneur me dit, lui qui libère les peuples et les cœurs : « Je labourerai la terre et te donnerai la semence pour que tu la sèmes, douce et profonde, ainsi tu auras la vie en abondance. ». « Tu es mon élu, mon instrument. Remets t’en à la Miséricorde de Jésus, le visage humain de l’amour divin. »
Au fur et à mesure de la maturité, je crois de plus en plus en ce Dieu incarné, qui marche avec le Peuple au long de son Histoire. Si nous marchons avec Lui, qui sera contre nous ?

Comment traduire cette parole dans ma vie ?
Nous savons que, dans la suite de Jésus, nous n’atteignons pas tout ce que nous nous proposons de vivre. J’essaie de garder un cœur de disciple. Apprendre des personnes, de la charge comme de la responsabilité, des erreurs comme du succès, etc, surtout apprendre à apprendre. Parce que, face à la vie, nous ne faisons pas toujours ce que nous devons ni, souvent, ce que nous pouvons. Comme Régional, j’ai souvent été édifié par la disponibilité bétharramite de quelques uns de mes frères, lorsque je leur demandais un changement de communauté ou bien d’accepter une charge de supérieur ou tout simplement de se laisser aider ou de se réconcilier avec quelqu’un d’autre. Quelle disponibilité dans la réponse de certains au « Suis-moi » du Christ ! Combien mes « oui » étaient petits face à celui de tel ancien, octogénaire, qui acceptait un changement ou à celui d’un frère malade qui n’a pas arrêté de travailler jusqu’à sa mort, ou celui de ce jeune religieux plein de force évangélique qui me disait en souriant : « Me voici » pour répondre à un appel missionnaire de Bétharram et tenait sa parole.
Combien j’ai appris ! Je demande au Seigneur de pouvoir continuer à reconnaître son visage à travers celui de mes frères qu’Il m’a donnés ! Telles les brebis dociles qui reconnaissent la voix de leur Berger et accomplissent ce qu’elles ont proclamé. J’ai aussi appris à patienter face aux brebis moins dociles et inquiètes, qui ne se laissent pas conduire par l’Esprit Saint, pas plus que par ses pauvres représentants. Elles nous aident à nous rappeler à chaque instant qui est le Maître du Troupeau et de la Moisson : le Bon Pasteur et le Roi, et, pour s’être éloignées, elles en sont plus aimées de Lui.
J’apprends, jour après jour, de certains laïcs, proches de cette attitude de Jean, qu’ils comprennent la fragilité de nos religieux et acceptent la co-responsabilité dans l’évangélisation, dans nos œuvres bétharramites avec un esprit de disponibilité et d’appartenance qui aurait bien à en remontrer à quelques uns des nôtres…
Finalement, mon oreille de disciple s’est tenue attentive à la parabole vivante qu’ont été certains de nos frères anciens s’avançant, de façon exemplaire, vers le Bétharram du ciel : abandonnés, comme le Bon Larron, entre les mains ouvertes de Jésus crucifié.

Sur quoi pourrais-je porter mon attention ?
Le chemin est long : « Mange et bois ! » dit le Seigneur à Elie. J’ai la conviction que Bétharram, tel un désert en ce XXIe s., conduit lentement au mont Horeb. Je le perçois profondément, parce que le Cœur de Jésus, en qui j’ai confiance, conduit, transfiguré, à la rencontre du Dieu vivant. L’horizon est mon point de mire. De façon quasiment imperceptible, le changement s’est fait en moi, par l’écoute de la Parole qui m’accompagne et a permis à mon cœur d’être tout brûlant. Ce que je souhaiterais le plus, c’est que cet amour pour Jésus, anéanti et obéissant qui, un jour, m’a séduit, puisse aussi séduire beaucoup d’autres afin que nous puissions ensemble continuer l’édification de l’Église. Regardant aujourd’hui ceux qui font partie de notre famille, je leur répète ce que m’a dit, il  y a un mois de cela, le tout nouvel archevêque de Buenos Aires, Mgr Poli, alors que je le saluais à la fin de la messe de son installation : « Monseigneur, lui disais-je, je vous exprime l’amitié des pères de Bétharram (que certains, ici, appellent Bayonnais)?!?» Il s’est réjoui, m’a embrassé et dit?: «?Qu’ils continuent de vivre !.. merci ! cela me réjouit beaucoup ; courage ! »
Oui ! continuons à vivre ! Si la Vie me procure la joie, alors, voilà ce que je souhaite depuis ce moment : devenir toujours plus vivant, joyeux, afin de partager avec tous, plus spécialement les plus pauvres, isolés et nécessiteux de l’Amour de Dieu. Ainsi, je ressemblerai, nous ressemblerons, plus à Jean qu’à Pierre : « Si je veux qu’il reste vivant jusqu’à ce que je revienne, que t’importe ??» Bétharram vit ! Il vit pour aimer et partager le même bonheur qui nous remplit le cœur..
Amen.

 

Une prière

Dieu d’amour, tu m’as appelé à te suivre de près dans cette petite famille de Bétharram.
Tu nous as donné ton fils Jésus comme modèle, attrait et moyen afin de nous présenter, humbles devant toi, avec un cœur dilaté d’amour pour toutes les « victimes de l’absence d’amour » dans ce monde.
Enseigne-nous à te servir tels des disciples, convertis à la mission et animés du Feu irrésistible de la Pâque de ton Fils crucifié et ressuscité.
Père, fais que nous bâtissions un monde plus humain et attentif à son anéantissement qui fait de nous des hommes plus dignes et plus saints.
Que cette obéissance par amour que nous proclamons, nous en vivions à la manière dont l’ont vécue Marie, saint Michel et le Père Etchécopar.
Qu’avec eux, nous fassions de notre vie un Magnificat de joie qui résonne par toute la terre. Amen.

 

 

Fils spirituel des “Bayonnais”, le P. Gustavo Eduardo Agín est un Argentin de souche. Sa vocation est peut-être bien née sur les bancs de l’école, car il connaît et s’attache à la congrégation depuis ses toute jeunes années d’écolier passées à Barracas, où il perçoit la force du témoignage de certains Bétharramites, notamment le P. Ceferino Arce.
Depuis sa première profession, le 24 février 1990, il avance doucement et sans bruit sur son chemin, assumant les charges qu’on lui confie bientôt et qui ne sont pas de tout repos : assistant de l’administration provinciale du Rio de la Plata, supérieur de la communauté de formation de Martin Coronado, supérieur régional de la Région P. Auguste Etchécopar...
De par ses qualités d’écoute et de discernement, le P. Gustavo est aussi tout naturellement sollicité pour accompagner les novices de sa Région ainsi que les jeunes se préparant à la profession perpétuelle lors des sessions internationales. Attention, ne l’imaginez pas cependant marchant devant tous ces jeunes comme un éclaireur, mais plutôt cheminant avec eux côte à côte, guidant chacun de leurs pas sur les pas de Jésus?!
Pour cette première Narratio Fidei, en ce 14 mai 2013, merci à lui d’avoir accepté ce partage authentique et fraternel.


 

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5. LES CONSTITUTIONS DE 1869 ET DE 1870

 

1869 On ne pouvait en rester là. Le P. Etchécopar, portant le résultat négatif à Mgr Lacroix, sut lui proposer et lui faire agréer un moyen nouveau pour sortir de l’impasse : l’évêque laisserait la Congrégation faire elle-même sa règle, quitte à la lui soumettre pour approbation avant de la présenter à Rome.
On s’empressa de profiter de ce bon mouvement du prélat et l’on rédigea - un peu à la hâte, il est vrai - une Constitution qui semblait convenir à la Communauté. Par crainte d’un refus épiscopal, toutefois, on se tint le plus près possible des statuts précédemment rejetés pour leur insuffisance.
On en resta même trop près. Car, si l’évêque approuva sans modifications le texte qui lui était présenté, acceptant par surcroît de le soumettre lui-même à Rome quand il se rendrait au Concile sur le point de s’ouvrir, le Saint-Siège se montra plus difficile et exigea les deux conditions suivantes pour donner son approbation : que l’Institut « ait sa vie propre sous l’autorité d’un supérieur nommé par lui et pris dans son sein?; que les membres, en faisant le vœu de pauvreté, ne se réservent que la nue-propriété de leurs biens et qu’ils renoncent à l’administration, à l’usage et à l’usufruit de ces biens ».
Cette décision fut transmise à Bétharram par le Secrétaire général de l’évêché, M. Inchauspé. Il fallait donc se remettre à l’œuvre. On s’y remit.

1870 Le Chapitre général convoqué se réunit le 17 août 1870 pour élaborer le nouveau Code ; mais la chose s’avéra tout de suite très laborieuse, comme on le voit par les actes de cette assemblée. Les anciens, profondément marqués par le saint Fondateur, voulaient des règles entièrement conformes à sa pensée. Ceux qui étaient venus après et n’avaient pas connu les origines demandaient plus de liberté et redoutaient surtout les exigences du vœu de pauvreté. D’aucuns proposaient de prendre simplement les statuts des anciens Chapelains de Bétharram, d’autres d’adopter la Règle des Lazaristes. Les discussions furent serrées. L’Esprit-Saint intervint à la fin, comme il arrive dans les Conciles, et l’on rédigea un texte qui reflète assez bien la pensée de saint Michel, quoique les formules ne rappellent les siennes que d’assez loin. Il y avait surtout un remarquable chapitre sur l’esprit de l’Institut.
Cette Constitution fut aussitôt portée à Bayonne, mais Mgr Lacroix ne se pressa pas d’y souscrire. Regrettait-il sa condescendance de l’année précédente?? Toujours est-il qu’il garda la Règle dans son armoire une année entière, et ce n’est qu’à force d’insistances qu’on obtint son approbation (18 octobre 1871), et encore avec la restriction que ce texte ne serait pas présenté à Rome.
L’Institut vécut quatre ans sous cette règle. Elle permit, en 1872, de procéder à des élections régulières, qui maintinrent le P. Chirou comme supérieur, tandis que le P. Etchécopar était élu vice-supérieur et visiteur général.
On connaît l’intervention miraculeuse de Sœur Marie de Jésus Crucifié qui décida Mgr Lacroix à envoyer ces règles à Rome, au mois de mai 1875. C’est alors que l’Évêque écrivit, ou du moins signa le texte suivant :
« Très Saint Père, j’ai le bonheur de posséder dans mon diocèse une congrégation de prêtres réguliers, établie sous le nom de Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, suivant une règle commune sous la direction d’un supérieur général. Fondée en 1832 par un prêtre animé de l’Esprit de Dieu, à l’ombre du sanctuaire antique et vénéré de Notre-Dame de Bétharram, elle a grandi et prospéré avec une rapidité merveilleuse. »
Suivait une appréciation très élogieuse de ces religieux, et le prélat achevait, non sans mérite, par ces lignes :
« Je crois cette pieuse association digne d’être encouragée, et j’unis mes supplications à celles des pieux prêtres qui la composent pour que Votre Sainteté daigne accorder à leurs constitutions l’approbation apostolique. »
Avec ce document et le voyage à Rome du P. Estrate et du chanoine Bordachar, Bétharram faisait le pas décisif qui allait réaliser l’un des vœux les plus chers au cœur du Père Garicoïts.

Pierre Duvignau, SCJ

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